Lemmens, Maarten. (2002). « The semantic network of Dutch posture verbs ». In Newman,
John. (ed.) The Linguistics of Sitting, Standing, and Lying. Amsterdam & Philadelphia:
John Benjamins, 103-139 (36p.).
Cet article représente la première publication importante de la recherche en cours sur les verbes de
localisation. Il trouve son origine dans l’analyse des verbes de position cardinaux en néerlandais, à
savoir staan être debout »), liggen être couché ») et zitten être assis »). Dans les langues
germaniques, ces verbes sont assez répandus suite au fait qu’ils sont généralement obligatoires dans
des expressions locatives situant une entité dans l’espace; l’anglais est une exception dans le groupe
des langues germaniques, la construction there is/are étant assez courante.
Dans le cadre de la théorie cognitive (développée surtout par R.W. Langacker) et s’appuyant
surun large corpus, notre article montre les mécanismes sémantiques qui ont déclenché l’usage
fréquent et obligatoire des verbes de position cardinaux en erlandais. L’analyse s’appuie sur
l’existence d’« images mentales » (angl. image schemata), structures cognitives abstraites dérivées
de notre expérience physique et culturelle du monde.
Intuitivement on dirait que la perception (conceptualisation) des dimensions VERTICALE et
HORIZONTALE est essentielle à l’usage des verbes liggen être couché ») et staan être debout »).
Néanmoins, la réalité linguistique est beaucoup plus complexe et subtile. Pour le verbe staan, les
dimensions réelles du référent peuvent être en conflit avec celles du verbe, parce que plus
importante que la dimension verticale est l’image abstraite d’une entité qui repose sur une base. Une
telle configuration déclenche invariablement un codage avec staan. Ce qui explique pourquoi le
néerlandophone conceptualise comme étant debout des objets ayant une dimension horizontale
saillante, comme par exemple, des assiettes sur la table, des téléphones sur le bureau, des voitures
dans la rue, etc. qui tous reposent sur leur base. L’analyse montre également que d’autres
associations liées à la position « debout » motivent des extensions métaphoriques, comme par
exemple les concepts de CONTROLE, d’EQUILIBRE, et de VISIBILITE. Le verbe liggen évoque la
dimension horizontale aussi bien que des concepts plus abstraits comme MALADIE, INACTIVITE,
DECES, etc.
Le verbe zitten (“être assis”) est le verbe le moins marqué pour une position spécifique; on
pourrait le considérer comme la gation de liggen et staan. Cette neutralité de zitten a fourni la
base à deux extensions sémantiques importantes et fréquentes. La première exprime l’idée que le
référent est contenu dans un espace étroit (CONTAINMENT-zitten), comme par exemple de l’argent
dans une poche, des CDs dans leur boîte, etc. L’autre exprime l’idée que le référent est fixé sur un
autre (CONTACT-zitten), comme c’est le cas pour les pieds d’une table ou une tache sur une chemise.
Les expressions métaphoriques suivent souvent la logique de la métaphorisation générale basée
sur l’espace. Par exemple, étant donné que le verbe zitten est utilisé pour exprimer qu’on est
contenu dans un espace, chaque situation abstraite conceptualisée en termes spatiaux peut donner
lieu à une expression avec zitten. Par exemple, en néerlandais on dit normalement qu’on est
« assis » dans une dépression ou des problèmes, ou que les négociations sont « assises » fixes.
D’autres usages métaphoriques ne sont pas si faciles à expliquer. Par exemple, les trois verbes
peuvent coder la notion qu’un processus ou une activité s’est arrêté, cependant la différence entre
eux n’est plus directement déductible de leur usage ‘normal’ mais dépend de métaphores plus
complexes. Si l’on conceptualise l’activité comme un objet qui bouge sur « la ligne temporelle »
(comme une personne qui marche ou un train qui roule), l’arrêt de l’activité est codé par staan. Au
contraire, si la conceptualisation sous-jacente est celle d’une partie de « la ligne du temps », c’est le
verbe liggen qui exprime qu’il n’y a plus d’activité. Cet usage suit la logique qui consiste à
exprimer la localisation d’une ligne horizontale avec liggen, elle même une conceptualisation
métaphorique dérivée de la localisation d’un objet concret de forme allongée en position horizontale
(comme par exemple une corde ou une poutre).
Pour beaucoup d’expressions plus idiomatiques, le lien avec les usages prototypiques n’est
souvent pas si clair, comme par exemple des portes ouvertes (conceptualisées comme étant « debout
ouvertes ») ou du texte qui est dit « debout » sur le papier (bien qu’il soit « couché » en français).
La question fondamentale est de savoir si les locuteurs néerlandophones perçoivent encore ces liens
faibles. Néanmoins, on constate que ces usages idiomatiques ont obtenu le statut d’une sorte de
noyau prototypique local qui fonctionne comme base pour des extensions sémantiques nouvelles.
Mots de clé: néerlandais, verbes de position, verbes de localisation, relations spatiales statiques
© Maarten Lemmens, June 2004
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