
FIG 2012 – La Turquie entre trois mondes 5
Intervention de A. SCHAÏNOS : La laïcité en Turquie
La laïcité est très élitiste en Turquie, depuis 1920. En effet, historiquement instaurée
à cette date sous Mustafa Kémal, la laïcité ne concernait alors que les citadins, qui
ne représentaient à cette époque que 20 % de la population.
Aujourd’hui, la laïcité est encore superficielle, car le pouvoir politique a pu changer
les citadins. À partir de 1950, l’exode rural fut très fort et entraîna des changements
dans les structures citadines. Le phénomène s’accélère vers 1980, avec un
deuxième exode rural impulsé sous l’action du FMI et de la Banque mondiale qui
réforment le secteur agricole, puis un troisième, vers 2000, avec un nouveau
programme du FMI en 1999 (3 millions de personnes ont quitté l’agriculture
entre 2003 et 2008). Ayant perdu leur culture campagnarde, ces populations se sont
trouvées « égarées » dans les villes et ont constitué des fiefs électoraux pour le parti
politique de leur religion, véhiculant leurs valeurs.
Actuellement, on passe d’une laïcité superficielle à une laïcité typique de la Turquie.
Intervention de Marcel BAZIN : La question kurde
Marcel Bazin présente une carte de 1950 jusque 1965 avec la langue maternelle et
la deuxième langue la mieux comprise : en 1950, juste avant l’exode rural avec les
bastions d’origine des grands groupes linguistiques, on remarque une grande
homogénéité de l’aire turcophone et une aire considérable sur 13 départements).
Le kurde est une langue du dialecte iranien.
Dans les années 1930, des déplacements forcés de Kurdes ont eu lieu en vue de les
assimiler dans des villages turcs ; cette loi fut annulée en 1947, ce qui a permis leur
retour dans leurs villages d’origine. Ils sont ensuite repartis vers l’ouest et les
grandes villes pour trouver du travail : la ville actuelle la plus peuplée de Kurdes est
Istanbul, suivie de Téhéran.
Le GAP, grand programme de développement économique régional du sud kurde
(base hydraulique avec 20 grands barrages), a entraîné une situation très complexe
et difficile pour les habitants de la région.
Le fait kurde a maintenant émergé, la langue kurde n’est plus interdite : journal,
édition, partis politiques.
Mais une complexité sur le fait kurde persiste, avec une faiblesse pour la stabilité
turque et une complexité dans les relations avec les voisins.