Quand les Chinois rachètent la France: aubaine ou menace?
L'afflux massif d'investisseurs chinois en France encourage les uns et effraie les autres. Qu'est-ce
qui aura finalement le dernier mot? Le profit momentanéou l'orgueil national?Ces dix dernières années, les rapportséconomiques et commerciaux franco-chinois ont un fort impact sur léconomie française, mais les investissementsétrangers ne deviendront nocifs pour la France
que lorsqu'il s'agit des secteurs stratégiques, a déclaréàSputnik Charles-Henri Gallois, responsable national de l'UPR pour les questionséconomiques."L'investissementétranger n'est pas si nocif en soi, cela commenceàle devenir quand il s'agit des secteurs stratégiques. On peut penseràdes secteurs de lénergie. Par exemple, Alstom qui aétérachetérécemment par General
Electric. C'est un secteur stratégique et c'est dangereux de laisser ce secteuràdes puissancesétrangères. Quand il s'agit de lénergie, quand il s'agit de l'armement ou du patrimoine et on va finalement de la sûretémême de l'Etat, cela commenceàdevenir problématique", a indiqué
M.Gallois.En France, les investissements chinois se sont dirigés en 2014 vers l'industrie et les
infrastructures aéroportuaires et hôtelières. Ils restent en valeurs absolues moins importants que
les investissements français en Chine mais le rééquilibrage a commencéavec un décollage de
l'investissement chinois vers l'Europe: +200% en 2015, selon des experts.L'Empire du Milieu ne
cesse, en effet, de racheter des entreprises françaises, allant des aéroports (comme celui de
Toulouse-Blagnac, décidée en décembre 2014 et réalisée en avril 2015) jusqu'aux clubs de
football (en juillet dernier, Sochaux-Montbéliard est devenu le premier club européenàpasser
totalement sous contrôle chinois). "Le gros problème c'est qu'effectivement il y a des cas
médiatisés. Je pense notammentàFram qui est en passe dêtre achetéje penseégalementà
l'aéroport de Toulouse dont les Chinois ont pris des parts plus que significatives. Si vous voulez,
c'est plus le secteur qui va faire +scandale+, puisqu'effectivement les aéroports c'est une partie de
notre infrastructure, c'est notre dimension stratégique pour la France et làforcément cela devient problématique", a ajoutéM.Gallois.Même PSA Peugeot Citroën n'est plus une entreprise
familiale: avec l'arrivée de l'Etat français et du groupe chinois Dongfeng au capital, la famille
fondatrice a perdu le contrôle qu'elle exerçait depuis plus de 200 ans. Parmi les contrats chinois
les plus connus on trouve le rachat, en 2003, par le chinois TCL, fabricant de matérielélectronique, de la branche téléviseurs de Thomson, ce qui l'a portéau rang de premier fabricant
de téléviseurs au monde.Selon M.Gallois, l'UPR dénonce depuis longtemps les traités européens
qui empêchentàl'Etat français "d'interdire des rachats, par exemple d'entreprises françaises du
patrimoine ou autres sans exception" sous le prétexte que cela entrave le mouvement des
capitaux au sein de l'UE et visàvis des pays tiers, et notamment de la Chine. Au final, pourrait-
on voir les joyaux du patrimoine français passer sous pavillon rouge? Fait fâcheux: aujourd'hui,
un château sur deux (ou presque), en Bourgogne notamment, est vendu aux Chinois. Une
centaine de châteaux de Bordeaux sont sous contrôle chinois. Ce qui n'est pasétonnantétant donnéque l'Empire céleste est la première destination des vins de Bordeaux en volume et que
les investissements chinois y progressent ces dernières années d'une manière exponentielle.
Ainsi, l'homme d'affaires chinois Jinshan Zhang a achetéen 2012 le château du Grand MouëysàCapianàl'est de Cadillac, dans l'Entre-deux-Mers. Et ce, avec l'ambition d'en faire un grand vin
mais aussi un hôtel de luxe avec salles de séminaire pour le tourisme d'affaire chinois, plus un
restaurant avec cuisine française et chinoiseIls investissent beaucoup dans tout ce qui est
agroalimentaire, ou même le domaine du vin, par exemple. Les Chinois ont rachetéde nombreux châteaux. Mais après il y aégalement le tourismeIls investissent beaucoup en Bourgogne, ils investissent massivement dans le vin bordelaisJe pense que
médiatiquement on en parle plus, même si l'affaire Alstom a fait beaucoup de vagues, comme ce