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I. INTRODUCTION
1. Au cours des quatre dernières années, cette Commission a exploré sous tous ses aspects ce
que de nombreuses personnes considèrent désormais comme la plus grave crise économique
mondiale depuis les années 30. Cette crise a des conséquences pour tous les membres de
l’Alliance. Elle modifie à d’importants égards les relations entre l’Amérique du Nord et l’Europe au
sens large et elle a, aujourd’hui, de profondes répercussions sur les relations entre les différents
pays européens et les institutions qui régissent ces relations. Il est encore beaucoup trop tôt pour
mesurer pleinement l’impact de ces changements.
2. Pour l’Europe, le dilemme s’inscrit dans le contexte plus large de l’instabilité monétaire
mondiale. De graves préoccupations se manifestent aujourd’hui non seulement face au problème
de la dette souveraine dans plusieurs pays de la zone euro, mais également face aux déficits
budgétaire et des comptes courants des Etats-Unis. L’aptitude des Etats-Unis à résoudre ce
problème à long terme, en raison surtout de divisions politiques marquées, constitue un facteur
d’inquiétude supplémentaire. Les risques liés à un défaut souverain de pays comme la Grèce et
une contagion potentielle à certaines parties de la zone euro sapent la confiance mondiale. D’après
l’OCDE, l’Europe est confrontée à de graves problèmes budgétaires, financiers et structurels,
auxquels nulle solution adéquate n’est apportée, ce qui suscite de profondes inquiétudes quant à la
capacité décisionnelle des Européens. (OCDE, 2011).
3. La situation reste d’ailleurs très préoccupante dans la zone euro. Or, ses gouvernements
membres réagissent en ordre dispersé face à des défis de plus en plus graves pour l’ordre
monétaire et financier européen. En Europe, la politique implique des négociations lentes et
patientes, alors que les crises financières progressent comme une traînée de poudre. Face à la
crise actuelle, on constate une déconnexion manifeste entre le rythme de l’élaboration des
politiques d’une part et le développement accéléré de la crise d’autre part. Les autorités
américaines doivent, quant à elles, encore remédier à leurs graves problèmes structurels, mais il
existe des signes encourageants d’une reprise sous-tendue par le secteur manufacturier aux
Etats-Unis. Cette reprise demeure toutefois fragile et, de l’avis général, une aggravation de la crise
dans la zone euro ferait peser une grave menace sur la relance aux Etats-Unis. On comprend, dès
lors, que l’administration américaine accorde une attention particulièrement minutieuse aux efforts
de l’Europe pour résoudre la crise de la dette souveraine de plusieurs de ses membres et pour
restaurer la confiance dans le projet de l’euro proprement dit.
4. En fait, l’ensemble de l’économie mondiale a en fait intérêt à la stabilisation de l’euro.
Ensemble, le dollar et l’euro représentent 90 % des avoirs en devises étrangères des
gouvernements et banques centrales du monde entier. Ces deux monnaies constituent au moins
les trois quarts des réserves en devises étrangères mondiales pour les échanges entre le FMI et
ses membres, ainsi que pour les titres de créance libellés en devises étrangères. Elles représentent
donc les unités d’échange essentielles dans les systèmes commerciaux et financiers mondiaux.
(Eichengreen, janvier/février 2012) On comprend dès lors que la perception d’une crise monétaire
d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique compromette non seulement les économies européennes et
nord-américaine, mais également le système financier mondial dans son ensemble.
5. Bien que le présent rapport se concentre en grande partie sur la crise de l’euro et ses
implications, il est important de noter dès l’abord que la confiance dans le dollar est, elle aussi,
sévèrement érodée depuis quelques années. Les acrobaties de l’année dernière pour parvenir à un
nouveau plafond de la dette ont suscité de profondes préoccupations quant au manque de
consensus fondamental au sein de l’édifice politique américain pour trouver le meilleur moyen de
résoudre le double problème de l’envol du niveau d’endettement des Etats-Unis et du faible niveau
de croissance. Dans le sillage de la crise actuelle, Standard & Poor’s a, pour la première fois, rayé
les Etats-Unis de sa liste d’emprunteurs sans risque, indiquant que « le fossé entre les partis
politiques a sapé […] la confiance dans l’aptitude des autorités publiques à gérer les finances
(américaines)». (Dash & Appelbaum, 5 août 2011) L’Europe est confrontée à un scepticisme plus