
Un jugement honteux 
Au moment même de votre sacre, journée internationale de célébration des droits humains, un tribunal de 
Kairouan a rendu au nom du peuple qui n'en demandait pas tant, un jugement honteux, usant de pratiques 
moyenâgeuses brisant la vie de jeunes étudiants bien innocents. 
Sur la base de violations indignes de leur vie privée, on les a flétris et livrés à une vindicte populaire exploitée 
par des voix irresponsables. Cela se s'est au nom de lois qui sont pourtant devenues caduques du fait des droits 
et libertés nouveaux consacrés par la Constitution. 
Une surenchère politicienne indigne est venue même justifier l'injustifiable, au prétexte qu'un tel jugement 
serait conforme à la religion qui doit primer le droit positif, envenimant la confiance des jeunes dans leurs 
autorités, du peuple dans sa justice et des démocrates dans l'État de droit. 
Un tel argument est doublement faux; car d'abord la religion ne prime pas le droit positif. Ensuite et surtout, 
car l'islam n'est pas homophobe et n'intervient pas dans la vie privée des gens qu'il protège tout au contraire. 
C'est l'immixtion des autorités dans l'intimité des gens qui doit être punie et non le comportement de ces jeunes 
innocents qu'il faut libérer sans plus tarder. Le quartet devrait inviter le ministère public à faire appel de cet 
indigne et inique jugement. 
L'islam n'est pas homophobe 
L'homosexualité qui est une pratique sexuelle parfaitement naturelle chez certains n'a jamais été interdite en 
islam correctement lu. Ni le Coran ni la sunna ne comportent de prescriptions en la matière; or, il n'est nulle 
interdiction légale sans texte clair et précis. 
Ce que nous avons hérité du «fiqh» est un effort d'interprétation des jurisconsultes inspirés par la tradition 
judéo-chrétienne, venu défigurer la tolérance islamique. L'article 230 du code pénal n'est ainsi qu'une 
survivance de la morale du colonisateur qui n'a aboli chez lui l'homophobie qu'en 1982. 
Peut-on continuer à honorer en Tunisie une homophobie qui viole l'islam tout autant que la constitution et les 
engagements internationaux de la Tunisie ? Est-il tolérable dans une Tunisie nobélisée de continuer à pratiquer 
le teste anal et à violer l'intimité des gens sur la base de lois scélérates? 
Le cannabis n'est pas plus nocif que la cigarette   
Nulle avancée démocratique ne sera possible en Tunisie si l'on n'abolit pas les lois scélérates de la dictature. 
Outre une réforme en profondeur qui exigera du temps, il urge de prendre deux initiatives immédiates, à haute 
valeur symbolique au nom de la sauvegarde de la paix sociale. 
Car il est inadmissible que des terroristes et des délinquants attentant à la paix publique soient moins 
sévèrement traités que des homosexuels ou des consommateurs du cannabis. 
La loi 52 fait certes l'objet d'une réforme qui traîne en longueur et qui ne dépénalise pas la consommation. Or, 
celle-ci est désormais aussi fréquente chez les jeunes que le fait de fumer une cigarette. Fumer un joint est 
même moins nocif au vu des études scientifiques récentes le prouvant. 
Alors, jusqu'à quand brimer la jeunesse en emprisonnant des innocents qu'on transforme en délinquant, et bien 
pis, en terroristes, révoltés contre un ordre social injuste ?