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entrant dans la constitution d’un produit touristique, l’immense pluralité de ces produits et la perpétuelle évolution (et
modification) des exigences de la demande auront une influence capitale sur les méthodes de développement à envisager.
La maîtrise de l’activité que l’on souhaite exploiter ne suffit pas forcément à la rendre « optimale » sur le terrain. D’autres
considérations, des « externalités » à l’activité proprement dite vont engendrer des effets tant positifs que négatifs sur les
performances escomptées. Cela n’a jamais été aussi vrai que dans l’activité touristique. La mise en oeuvre d’une politique de
développement touristique ne saurait être envisagée sans l’adhésion des populations locales, c’est l’une de ces externalités qu’il est
nécessaire d’étudier et d’intégrer dans la construction de la politique en question.
Dans le second chapitre intitulé « Développement touristique en milieu insulaire », de nombreux autres facteurs relatifs
aux spécificités des milieux insulaires font l’objet d’une étude détaillée. Il est impératif de connaître le milieu sur lequel on
travaille, à plus forte raison lorsqu’il s’agit d’un espace aussi particulier. Dans le cas de petites économies isolées, éloignement et
isolement impliquent des effets sur l’économie que ne connaissent pas les grands pays. Sur de tels territoires, ce serait commettre
une grossière erreur que de vouloir calquer un développement touristique sur les principes courants révélés par la théorie
économique classique. On pourra néanmoins s’en inspirer et insérer certains éléments de ces notions reconnues pour construire une
stratégie « personnalisée ».
_ La première étape passe donc par une bonne connaissance des particularités du terrain. Nous verrons dans une première section
ce qu’isolement et éloignement impliquent pour une économie. Mais nous montrerons également que cela n’engendre pas que des
difficultés. Il est effectivement important de connaître les avantages que l’on peut tirer d’une telle situation pour, le moment venu,
savoir les mettre plus en valeur encore, en les intégrant judicieusement dans les décisions d’orientation de l’organisation planifiée.
_ C’est dans la seconde section que l’on va répertorier toutes les « externalités » directement liées au secteur tourisme. Qu’il
s’agisse de son évolution permanente ou des contraintes économiques, sociales et environnementales, ces phénomènes inhérents à
l’activité tourisme valables empiriquement (et relevés dans le premier chapitre), n’auront cependant pas les mêmes effets selon leur
espace d’application. Il sera important non seulement de les connaître mais aussi d’anticiper leurs conséquences probables en
milieu isolé afin de se préparer à une meilleure gestion possible de ces phénomènes. Quelques règles et contraintes (économiques,
sociales et environnementales) à respecter doivent faire l’objet d’une étude approfondie si l’on ne veut pas risquer d’être pris au
dépourvu devant des erreurs de jugement qu’il serait difficile de corriger après coup. L’analyse de « ce qu’il faudra faire sachant
cela » est une étape obligée à toute édification d’une politique de développement.
_ Cette orientation finalement choisie devra, bien sûr, s’inspirer également des théories « classiques » traitées par les sciences
économiques. Nous verrons que, selon notre idée de départ, les principaux fondements sur lesquels on souhaite s’appuyer
aboutiront à d’autant de formes de développements. Ce sont en fait ces fondements qui donneront son originalité à l’organisation
de l’économie qui prendra racine. Les apports des sciences économiques en matière de développement sont vastes et multiples, la
plupart du temps, ces théories ont pour objectif de pallier une difficulté ou les conséquences d’un phénomène particulier engendré
tantôt directement par le marché de l’offre et de la demande, tantôt par une volonté précise de mettre en place une stratégie
politique budgétaire, d’échanges internationaux, sociale, ou autre. Ainsi, de nombreux économistes se sont penchés sur certains
aspects propres aux économies insulaires, au développement touristique, ou encore aux échanges et autres formes de coopération.
Ce sont quelques unes de ces théories économiques élaborées à des fins spécifiques que nous présenterons afin d’y puiser les
éléments et principes susceptibles d’apporter des solutions aux problèmes mis en évidence précédemment, et qui naissent, pour une
part, des spécificités qui accompagnent la mise en oeuvre d’une stratégie de développement touristique insulaire.
Seconde partie : Développement touristique durable.
La nécessité pour un petit pays de s’ouvrir autant que faire se peut sur ses voisins, ne serait-ce que pour élargir son marché
et bénéficier ainsi d’une plus forte économie d’échelle, semble incontournable, sous peine d’aboutir rapidement à un état de
développement stationnaire. Les éléments développés dans notre première partie montrent que les avantages non négligeables en
terme de ressources naturelles, culturelles et environnementales dont disposent souvent les régions insulaires viennent encourager
cette logique d’ouverture en la rendant réalisable, notamment par le biais du tourisme.
Partagées entre le besoin d’exporter ces richesses pour aller de l’avant et le désir de les protéger pour sauvegarder leur identité, ces
petites économies isolées devront trouver un compromis entre ces deux principes que la théorie économique semble mettre en
opposition, au vu des quelques éléments d’économie régionale exposés précédemment (théorie de la base, développement
endogène). Les principes du développement identitaire et des diverses formes de coopération, laissent entrevoir de réelles
possibilités d’ouverture sur le marché international. C’est une combinaison de ces différentes théories que nous chercherons à
mettre au point tout au long de notre seconde partie. La stratégie à proposer dans ces milieux spécifiques ne peut être, elle aussi,
que spécifique. Elle devra à la fois être adaptée aux besoins en devises étrangères, dont nous parlions plus haut, et au maintien
d’une certaine « intégrité régionale » ; ce que l’on pourrait traduire grossièrement par : augmenter le niveau de vie sans toucher au
mode de vie des résidents.
Notre recherche s’effectuera en deux temps (deux chapitres). Il faudra d’abord trouver une stratégie susceptible de
répondre à nos attentes (celles des petites économies isolées) en nous appuyant sur des phénomènes et théories économiques
reconnus, avant de nous assurer de sa possible mise en oeuvre « sur le terrain ».
Le troisième chapitre « La spécialisation : forme de coopération » nous conduira donc dans un premier temps à nous intéresser à
certains éléments d’économie internationale qui viendront renforcer la structure des idées que l’on se fait déjà de la stratégie à
mettre en place. Il sera ensuite nécessaire d’étudier les répercussions de la politique choisie d’une part sur la demande et, d’autre
part sur l’offre. Le système d’exploitation mis en place devra être acceptable et accepté par le consommateur et les décideurs