1
Tourisme et Développement Régional :
Proposition d’une stratégie de spécialisation infra-régionale
adaptée aux spécificités des petites économies isolées.
2
REMERCIEMENTS
Je remercie tout d’abord les membres du jury :
BARTHELEMY Philippe, Professeur à l’Université de Toulon et du Var
GASPERINI Eric, Maître de conférences à l’Université de Nice Sophia Antipolis
ORSONI Jacques, Professeur à l’Université de Corse Pascal Paoli
pour l’intérêt qu’ils ont porté à mes travaux et la disponibilité dont ils ont fait preuve.
Evidemment, mes plus grands remerciements sont à l’adresse de mon Directeur de thèse : Le Professeur Bernard
FUSTIER qui avec beaucoup de patience, de disponibilité et d’encouragements a su orienter mes recherches et m’aider à
organiser mon travail pour le mener à bien.
Je remercie également tous ceux qui ont contribué à la réalisation de ce travail et en particulier :
_ Les « experts » qui sont intervenus dans la partie application de cette thèse.
_ La S.N.C.M. et la Collectivité Territoriale de Corse pour leur indispensable soutien logistique.
Enfin, je tiens à remercier mes parents pour leur aide, leur confiance et leur soutien sans faille.
à m e s p a r e n t s . . .
3
SOMMAIRE
PREMIERE PARTIE
TOURISME ET DEVELOPPEMENT
Chapitre I : Du tourisme en général et de ses particularités.
Section 1 : L’activité « Tourisme ».
1. Historique.
2. La diversification des formes de tourisme.
Section 2 : Les propriétés du tourisme.
1. Quelques principes de base de l’économie du tourisme.
2. Le « produit touristique » : bien ou service ?
3. Effets des particularités du produit touristique.
Section 3 : Les acteurs et leurs rôles.
1. Les acteurs du tourisme.
2. Répartition des rôles.
Chapitre II : Développement touristique.
Section 1 : Particularités des petites économies insulaires.
1. L’isolement géographique.
2. Importance de la diversification et autres spécificités.
3. Les atouts des petites économies insulaires.
Section 2 : Des possibilités de développement.
1. Un secteur qui évolue.
2. Maximiser sous contraintes.
Section 3 : Eléments d’économie régionale.
1. La théorie de la base.
2. Le développement endogène.
3. Le développement identitaire.
4. La coopération régionale.
SECONDE PARTIE
DEVELOPPEMENT TOURISTIQUE DURABLE
Chapitre III : La spécialisation : une forme de coopération.
Section 1 : Principes d’économie internationale.
1. Les différents courants.
2. Les apports de Ricardo.
3. Rôle de la demande dans l’échange international.
4. La théorie des dotations factorielles.
Section 2 : La spécialisation micro-régionale.
1. La théorie des « flux comparatifs ».
2. Extensions de la théorie.
3. Comportements du consommateur.
Section 3 : Analyse du comportement des « décideurs ».
1. Prise de décision.
2. Sortir du dilemme.
3. Méthodes d’incitation à la spécialisation.
Chapitre IV : Méthodes d’application de la stratégie.
Section 1. Evaluation des caractéristiques d’une zone.
1. Méthodes d’évaluation hétérodoxes.
2. L’analyse multicritère.
3. Méthodes de synthèse d’opinions d’experts.
Section 2. Evaluation de la sensibilité d’un territoire.
1. Présentation générale du problème d’évaluation.
2. Le modèle satisfaction-regret.
3. La démarche évaluative menée sur le terrain.
4. Résultats.
5. Prolongements de l’analyse.
4
INTRODUCTION
Le tourisme est souvent l’activité économique principale des petites économies isolées et en particulier dans les
milieux insulaires. Toutefois, dans la plupart des cas il ne suffit pas à donner à ces régions l’élan qui leur manque pour sortir d’un
état de mal-développement. Trop souvent concentrée dans le temps (saison estivale) et dans l’espace (littoral), l’activité touristique
possède un impact nécessairement limité sur l’économie régionale. Plus fondamentalement, cette concentration spatio-temporelle
se traduit par une faible diversification de l’offre touristique qui, dans un contexte concurrentiel, est un lourd handicap que les
régions doivent surmonter pour réaliser leur développement.
On propose, dans cette recherche, une stratégie de développement touristique qui vise à étaler l’activité dans le temps et
dans l’espace. Elle se fonde sur une véritable coopération entre les décideurs locaux des sites à développer et repose sur une forte
interaction avec le monde rural. On insistera sur ce dernier point comme sur les quelques principes de base à respecter pour
s’octroyer l’adhésion des populations locales ; conditions absolument nécessaires à la durabilité de la stratégie. On attachera une
attention toute particulière, parmi les caractéristiques de la demande touristique, à l’importance des aménités environnementales
incitant à la reconnaissance du travail d’entretien et de valorisation des espaces naturels par les exploitants agricoles (notons que
cette reconnaissance est également l’une des exigences premières des populations locales dans leur ensemble).
L’analyse des diverses formes que prend aujourd’hui l’activité touristique nous amènera à remarquer que la stratégie doit
prendre en considération les caractéristiques recherchées par le consommateur. On démontrera alors sans trop de difficultés que
chaque site a intérêt à se spécialiser dans la production (et/ou l’exploitation) des caractéristiques pour lesquelles il possède un
avantage comparé (et à plus forte raison s’il dispose d’un avantage absolu ou lui conférant une situation de quasi-monopole).
Globalement, la gamme et la quantité totale de caractéristiques seront plus importantes que celles résultant de décisions
individuelles des responsables locaux. La modélisation de cette observation s’inscrit dans le cadre de la « nouvelle » théorie du
consommateur (Lancaster, 1971), mais la fonction de production des caractéristiques est couplée avec le modèle ricardien (des
avantages comparatifs), ce qui permet la prise en compte des quantités de travail nécessaires à la valorisation des caractéristiques
liées à l’environnement.
Nous mettrons en évidence les multiples difficultés auxquelles se heurte la réalisation d’une telle politique de
développement et chercherons à chaque fois un moyen d’y remédier. Enfin, nous testerons la faisabilité de la stratégie ainsi définie
en s’essayant à l’appliquer sur un territoire donné.
Ce travail se décompose donc en deux parties puisqu’une analyse minutieuse de l’activité touristique (offre, demande et
mécanismes) et des particularités de son exploitation en milieu isolé sera indispensable à l’établissement d’une stratégie prétendant
les associer harmonieusement. Ce n’est qu’après avoir convenablement cerné les points clefs soulevés par cette analyse préalable
que l’on pourra envisager l’emploi de moyens adéquats susceptibles d’adapter l’exploitation de l’activité touristique à
l’environnement naturel, social, culturel, spécifique des milieux insulaires et plus généralement des petites économies isolées. Nous
présentons ci-après le détail et le déroulement de ces deux phases de notre travail.
Première partie : Tourisme et développement (en milieu insulaire).
Cette première partie se divise logiquement en deux chapitres (conformément à ce que nous avancions plus haut). Puisque
l’on s’intéresse au développement touristique en milieu insulaire, la stratégie devra permettre l’adaptation des particularités de
l’activité touristique aux spécificités des petites économies isolées. Aussi :
Le chapitre premier traitera « Du tourisme en général et de ses particularités ». Il s’agira ici de présenter dans un premier temps
(après un bref historique de l’évolution du tourisme) les diverses formes que revêt aujourd’hui l’activité touristique ; nous
analyserons ensuite les mécanismes spécifiques de ce que l’on appelle de plus en plus couramment « l’économie du tourisme » ;
nous terminerons sur la répartition des rôles, la détermination des responsabilités respectives des différents acteurs en matière de
développement et d’exploitation de l’activité.
_ La première section fera ressortir l’évolution fulgurante et la pluralité des produits constituant le secteur tourisme. On
comprendra comment ses éléments ont conduit les pays du monde entier à intégrer et souvent à décerner une place d’honneur à
cette activité dans leur économie. Les revenus engendrés par l’activité touristique constituent même aujourd’hui la principale
ressource de certains pays ; c’est le cas notamment des petites économies insulaires. Cependant, cette activité reste très spécifique,
et si quelques études cherchent à l’assimiler à une industrie comme une autre, d’autres s’efforcent de montrer le contraire. Quoi
qu’il en soit, on parle aujourd’hui d’économie du tourisme, mais aussi de mécanismes qui lui sont propres.
_ Ce sont ces mécanismes que l’on exposera dans une deuxième section. Nous présenterons les notions de base de l’activité telles
que le multiplicateur touristique décrit notamment par Durant, Gouirand et Spindler (1994) ou les agrégats. Nous attacherons une
attention toute particulière à la formation d’un produit touristique ; nous verrons en effet que plusieurs éléments constituent un
produit. Cette réflexion aura son importance par la suite car elle nous conduira par exemple à agir sur les différents éléments d’un
même produit pour l’adapter aux variations d’humeur de la demande, et le rendre ainsi plus performant.
_ La nécessité de bien connaître les acteurs du tourisme, exploitants, responsables et décideurs sera démontrée dans une troisième
section. Cela nous permettra, par exemple, de savoir à quel niveau il faut agir pour modeler l’activité à l’environnement. On notera
ainsi que dans ce domaine le pouvoir est de plus en plus délégué au niveau le plus proche du « terrain », à savoir aux collectivités
locales.
On aura évidemment, dans ce premier chapitre, mis l’accent sur les multiples éléments qui devront orienter notre stratégie
de développement pour la rendre efficiente. Le pouvoir cisionnel de plus en plus délégué au niveau local, les divers éléments
5
entrant dans la constitution d’un produit touristique, l’immense pluralité de ces produits et la perpétuelle évolution (et
modification) des exigences de la demande auront une influence capitale sur les méthodes de développement à envisager.
La maîtrise de l’activité que l’on souhaite exploiter ne suffit pas forcément à la rendre « optimale » sur le terrain. D’autres
considérations, des « externalités » à l’activité proprement dite vont engendrer des effets tant positifs que négatifs sur les
performances escomptées. Cela n’a jamais été aussi vrai que dans l’activité touristique. La mise en oeuvre d’une politique de
développement touristique ne saurait être envisagée sans l’adhésion des populations locales, c’est l’une de ces externalités qu’il est
nécessaire d’étudier et d’intégrer dans la construction de la politique en question.
Dans le second chapitre intitulé « Développement touristique en milieu insulaire », de nombreux autres facteurs relatifs
aux spécificités des milieux insulaires font l’objet d’une étude détaillée. Il est impératif de connaître le milieu sur lequel on
travaille, à plus forte raison lorsqu’il s’agit d’un espace aussi particulier. Dans le cas de petites économies isolées, éloignement et
isolement impliquent des effets sur l’économie que ne connaissent pas les grands pays. Sur de tels territoires, ce serait commettre
une grossière erreur que de vouloir calquer un développement touristique sur les principes courants révélés par la théorie
économique classique. On pourra néanmoins s’en inspirer et insérer certains éléments de ces notions reconnues pour construire une
stratégie « personnalisée ».
_ La première étape passe donc par une bonne connaissance des particularités du terrain. Nous verrons dans une première section
ce qu’isolement et éloignement impliquent pour une économie. Mais nous montrerons également que cela n’engendre pas que des
difficultés. Il est effectivement important de connaître les avantages que l’on peut tirer d’une telle situation pour, le moment venu,
savoir les mettre plus en valeur encore, en les intégrant judicieusement dans les décisions d’orientation de l’organisation planifiée.
_ C’est dans la seconde section que l’on va répertorier toutes les « externalités » directement liées au secteur tourisme. Qu’il
s’agisse de son évolution permanente ou des contraintes économiques, sociales et environnementales, ces phénomènes inhérents à
l’activité tourisme valables empiriquement (et relevés dans le premier chapitre), n’auront cependant pas les mêmes effets selon leur
espace d’application. Il sera important non seulement de les connaître mais aussi d’anticiper leurs conséquences probables en
milieu isolé afin de se préparer à une meilleure gestion possible de ces phénomènes. Quelques règles et contraintes (économiques,
sociales et environnementales) à respecter doivent faire l’objet d’une étude approfondie si l’on ne veut pas risquer d’être pris au
dépourvu devant des erreurs de jugement qu’il serait difficile de corriger après coup. L’analyse de « ce qu’il faudra faire sachant
cela » est une étape obligée à toute édification d’une politique de développement.
_ Cette orientation finalement choisie devra, bien sûr, s’inspirer également des théories « classiques » traitées par les sciences
économiques. Nous verrons que, selon notre idée de départ, les principaux fondements sur lesquels on souhaite s’appuyer
aboutiront à d’autant de formes de développements. Ce sont en fait ces fondements qui donneront son originalité à l’organisation
de l’économie qui prendra racine. Les apports des sciences économiques en matière de développement sont vastes et multiples, la
plupart du temps, ces théories ont pour objectif de pallier une difficulté ou les conséquences d’un phénomène particulier engendré
tantôt directement par le marché de l’offre et de la demande, tantôt par une volonté précise de mettre en place une stratégie
politique budgétaire, d’échanges internationaux, sociale, ou autre. Ainsi, de nombreux économistes se sont penchés sur certains
aspects propres aux économies insulaires, au développement touristique, ou encore aux échanges et autres formes de coopération.
Ce sont quelques unes de ces théories économiques élaborées à des fins spécifiques que nous présenterons afin d’y puiser les
éléments et principes susceptibles d’apporter des solutions aux problèmes mis en évidence précédemment, et qui naissent, pour une
part, des spécificités qui accompagnent la mise en oeuvre d’une stratégie de développement touristique insulaire.
Seconde partie : Développement touristique durable.
La nécessité pour un petit pays de s’ouvrir autant que faire se peut sur ses voisins, ne serait-ce que pour élargir son marché
et bénéficier ainsi d’une plus forte économie d’échelle, semble incontournable, sous peine d’aboutir rapidement à un état de
développement stationnaire. Les éléments développés dans notre première partie montrent que les avantages non négligeables en
terme de ressources naturelles, culturelles et environnementales dont disposent souvent les régions insulaires viennent encourager
cette logique d’ouverture en la rendant réalisable, notamment par le biais du tourisme.
Partagées entre le besoin d’exporter ces richesses pour aller de l’avant et le désir de les protéger pour sauvegarder leur identité, ces
petites économies isolées devront trouver un compromis entre ces deux principes que la théorie économique semble mettre en
opposition, au vu des quelques éléments d’économie régionale exposés précédemment (théorie de la base, développement
endogène). Les principes du développement identitaire et des diverses formes de coopération, laissent entrevoir de réelles
possibilités d’ouverture sur le marché international. C’est une combinaison de ces différentes théories que nous chercherons à
mettre au point tout au long de notre seconde partie. La stratégie à proposer dans ces milieux spécifiques ne peut être, elle aussi,
que spécifique. Elle devra à la fois être adaptée aux besoins en devises étrangères, dont nous parlions plus haut, et au maintien
d’une certaine « intégrité régionale » ; ce que l’on pourrait traduire grossièrement par : augmenter le niveau de vie sans toucher au
mode de vie des résidents.
Notre recherche s’effectuera en deux temps (deux chapitres). Il faudra d’abord trouver une stratégie susceptible de
répondre à nos attentes (celles des petites économies isolées) en nous appuyant sur des phénomènes et théories économiques
reconnus, avant de nous assurer de sa possible mise en oeuvre « sur le terrain ».
Le troisième chapitre « La spécialisation : forme de coopération » nous conduira donc dans un premier temps à nous intéresser à
certains éléments d’économie internationale qui viendront renforcer la structure des idées que l’on se fait déjà de la stratégie à
mettre en place. Il sera ensuite nécessaire d’étudier les répercussions de la politique choisie d’une part sur la demande et, d’autre
part sur l’offre. Le système d’exploitation mis en place devra être acceptable et accepté par le consommateur et les décideurs
1 / 149 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !