MODULE TRAUMATO L’annonce du handicap post-traumatique Me CHERIFI 24/10/2005 I) INTRODUCTION La pathologie traumatique est encore une pathologie mal connue car il existe un certain nombre de confusions qui entourent la question du traumatisme : o concerne la durée du traumatisme (aigue ou chronique) o frontière entre notion de stress et de traumatismes o événement sous-jacent au traumatisme o troubles qui peuvent être associés au traumatisme (spécificité ou non des troubles) II) DEFINITION A) Notion de stress On peut définir le stress comme une réaction biologique, physiologique et psychologique d'alarme de mobilisation et de défense de l'individu face à une agression, une menace ou encore face à une situation inopinée. Il s'agit d'une réaction particulière et spécifique à chaque individu au niveau psychologique : o focalise l'attention de l'individu sur la situation o mobilise les capacités cognitives de l'individu o incite une prise de décision et une action le stress est utile à chaque individu est adaptatif (à l'environnement) permet d'échapper à une situation où un danger si n'est pas en mesure de s'y confronter permet de faire face à des situations grâce à des mécanismes de défense : coping (manière de faire face d'un individu à une situation qui vit comme stressante) la réaction de stress s'arrête avec une sensation d'épuisement si le stress éprouvé est trop intense, trop prolongée ou répétée avec des courts intervalles, il peut perdre sa valeur adaptative : stresse dépassé (inhibition stuporeuse, agitation incoordonné, fuite panique) B) Définition du traumatisme Le mot traumatisme vient du grec «traumatismos » qui veut dire action de blessés, mais ce jour vient du terme «trauma » blessure en psychologie, le concept traumatisme psychique a été emprunté à la pathologie chirurgicale : transmission d'un choc mécanique exercé par un agent extérieur sur une partie du corps en y provoquant une blessure ou une contusion III) traumatisme psychique : transmission d'un choc psychique par un agent psychologique extérieur sur le psychisme de l'individu en y provoquant des perturbations psychologiques ou psychopathologiques l'événement sous-jacent au traumatisme fait effraction au travers des défenses du sujet notion de traumatismes psychiques ou trauma : phénomène d'effraction du psychisme et de débordements de ces défenses par les excitations violentes liées à la survenue d'un agent agressant ou menaçant pour la vie ou l'intégrité physique ou psychique de l'individu qu'il soit exposé comme victime, témoin ou acteur. Un nouvel événement ne peut être dit traumatique, seul le sujet peut le caractériser comme tel selon sa personnalité, son histoire, ses mécanismes de défense LES REPERCUTIONS PSYCHOLOGIQUE DU TRAUMATISME A) Notion de choc psychologique On appelle choc psychologique, l'état dans lequel le sujet se trouve pendant une durée variable (réaction aiguë en général) dans le post immédiat du traumatisme psychologique. L'absence de réaction au traumatisme dans le post immédiat peut être inquiétante, mais l'individu peut réagir de manière différée (quelques jours voire quelques mois) le plus souvent lorsque l'individu est passif le choc psychologique se caractérise par son caractère d'exception, il y ait une éruption imprévue d'un événement qui peut avoir une valeur traumatique, le sujet ne peut s'y adapter, il y a un sentiment de rupture entre l'avant et l'après traumatisme, trois mouvements particuliers liés à la question du traumatisme : o vécu de mort : « j'aurais pu mourir » o sentiment d'arbitraire : « pourquoi moi ? » o perte de contrôle, sentiment d'impuissance : « rien pu faire » chez les personnes confrontées à un événement dit traumatique, on voit souvent observer une réaction d'effroi, de blocage de la pensée, de sidération (liées au choc psychologique) réaction transitoire, normal et qui s'estompe après le traumatisme, dans les suites immédiates du choc psychologique, on va observer des manifestations anxieuses, qui peuvent constituer des symptômes soit de stress aigu, soit de syndrome de stress post-traumatique, soit un trouble de l'adaptation B) Le stress après un traumatisme 1) Stress aigu La caractéristique essentielle de l'état de stress aigu et le développement d'une anxiété dissociative (sentiment subjectif de torpeur, de détachement et où d'absence de réactivité émotionnelle) les symptômes de l'état de stress aigu sont éprouvés durant ou immédiatement après le traumatisme, durant au moins deux jours et disparaissent dans les quatre semaines après la fin de l'événement dit traumatique. Si les symptômes persistent +1 mois c'est un tableau chronique troubles parfois associés : o profond désespoir, sentiment d'avoir tout perdu, symptômes peuvent être suffisamment sévères pour remplir les critères d'un épisode dépressif majeur o si l'événement a entraîné le décès ou la buée sur graves de quelqu'un, certaines personnes peuvent présenter une culpabilité démesurée (d'être indemne) ne peut avoir fourni suffisamment d'aide, part de responsabilité non justifiée, culpabilité du survivant (syndrome de Lazard) 2) Stress post-traumatique Il se caractérise par : o reviviscence : événement constamment revécu (souvenir répétitif et envahissant, rêve : cauchemar avec sentiment de détresse, détresse lors de l'exposition à des situations où lieux ou indice qui font penser à l'événement) o l'évitement : les stimuli associés à l'événement sont évités de manière persistante (conversation, lieu, gens) o l'hyperactivité neurovégétative : difficultés d'endormissement, sommeil interrompu, irritabilité, difficultés de concentration, hypervigilance, réaction de sursaut exagéré les symptômes débutent environ trois mois après le choc, bien qu'il puisse exister plusieurs mois voire plusieurs années avant les premiers symptômes n'apparaissent sentiment de culpabilité douloureuse associée (survivant), possibilités de développer des conduites phobiques par rapport à la situation où l'objet en relation avec le traumatisme 3) Troubles de l'adaptation Troubles non spécifiques au traumatisme catégorie clinique dite résiduelle, utilisés pour décrire des états cliniques qui sont une réaction à un facteur de stress identifiables et qui ne répondent pas aux critères d'un autre trouble spécifique ci-dessus le vécu et durée de l'hospitalisation, etc. manifestation singulière d'un individu à l'autre, au niveau émotionnel, comportemental, témoigne toujours d'une souffrance liée à des difficultés de faire face à la situation symptômes parfois associés : humeur dépressive, coloration anxieuse, ou association des deux exemple de troubles : agressivité IV) TRAUMATISME ET TRAVAIL DE DEUIL Vivre un traumatisme entraîne des réaménagements psychiques, une souffrance, des pertes A) Notion de deuil Constitue un processus normal qui est fait d'un ensemble de réactions physiques, psychologiques, affective et comportemental en rapport avec la perte ou la disparition d'un être cher, d'un objet, d'une tradition, d'une conception de vie dans le cas de la pathologie traumatique, la perte peut être vécue au niveau des capacités propres de la personne, d'un membre de son corps, d'une conception de vie, d'un projet de vie, d'un emploi B) Processus de deuil Cinq étapes qui renvoient à des réactions normales dans la durée varient selon le vécu de la personne, elles ne sont pas forcément pathologiques : o le déni o la protestation o la dépression rédactionnelle o le marchandage o l'acceptation l'étape selon CUBLER ROSS C) Amputations et deuil La perte d'un membre conduit nécessairement à la perte de fonctions, de capacité l'expérience de l'amputation est douloureuse (physique et psychique) elle est souvent réalisée dans un contexte d'urgence lors de lésions irrémédiables l'amputation peut être réalisée dans un deuxième temps lors de complications ou de traitement conservateur non efficace l'amputation est expliquée au patient, et fait l’objet d’un double choc (accident + amputation) sentiment de punition dans un premier temps, l'individu va être incapable de subir la réalité de la perte (déni), indispensable à la reconstruction de l'image de soi (travail de deuil) puis protestation voir parfois réaction de rage, tentative de faire revenir la situation corporelle antérieure, d'autant plus vite que l'appareillage souvent difficile ne fait que confronter la personne à la perte du membre dépression rédactionnelle : découragé, déstabilisé jusqu'à perdre le goût de la vie, perte douloureuse, humeur de l'individu déprimé, insomnies, perte d'appétit, anxiété parfois complications du deuil : dépression majeure, culpabilité démesurée, l'idée de mort indépendante à l'événement traumatique, sentiment morbide de dévalorisation, ralentissement psychomoteur marqué marchandage : tractations internes en vue de changer le cours de la réalité, la personne va se projeter dans l'avenir et met en place des aménagements pour faire face à la réalité, de manière progressive l'acceptation : phase de reconstruction et de réorganisation, la personne réalise progressivement l'importance que va prendre la prothèse dans sa vie, il est important de ne pas court-circuiter les autres étapes d'où l'importance de l'accompagnement de la personne le travail de reconstruction de l'image de soi dépend du processus de deuil, de la +/bonne intégration de la perte V) PROBLEMATIQUE LIEE AU TRAUMATISME A) Syndrome du membre fantôme Terme utilisé pour décrire les différents types de sensations vécues par la personne amputée dans la partie du corps qui n'est plus la la personne ressent des sensations dans la partie du corps qu'elle sait absente (chaud, froid, crampes, fourmillement) douleur associée siégeant dans la partie amputée, accentuée par un vécu d'anxiété et de souffrances liées à la perte au niveau sensoriel, la partie du cerveau à gardée en mémoire les messages neuronaux transmis à ce membre au niveau psychologique, difficultés du deuil, maintenir les sensations permet en quelque sorte de ne pas vivre la perte B) Le vécu du handicap Pathologie traumatique peut être associée au handicap, car peut persister des séquelles, diminution de ses capacités antérieures, appareillage suite à l'amputation référer le handicap aux normes sociales, adaptation de la personne à la société la personne est handicapés si au-delà d'une période de six mois elle doit avoir recours à des aides extérieures pour pallier la perturbation dont elle souffre, atténuer ses conséquences, prévenir les aggravations et trouver un travail adapté vécue d'infantilisation, intrusion dans l'intimité poursuite du travail ? aménagement du travail ? conditions de travail ? reclassement professionnel géré par la COTOREP lorsque le travail tient une place importante pour la personne, le vécu de dévalorisation important, de culpabilité (ne plus être à la hauteur) demande un travail de soutien dans la modification de sa carrière il faut l'aider à reformuler de nouveaux projets de vie, reconstruction, réinsertion socioprofessionnelle, sur un temps +/- long VI) SYNDROME DE LAZARD Culpabilité démesurée lors d'une blessure d'un proche ou d'une autre personne syndrome du survivant la personne vit dans la peur angoissante de la récidive la mort dont elle a échappé va devenir une préoccupation morbide, labilité émotionnelle (calme apparent, angoisse envahissante) le risque d'isolement social, difficultés au travail, difficultés d'adaptation Conclusion : intégrer la famille dans la prise en charge