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fréquemment utilisée en milieu rural de pays en développement, notamment pour évaluer
monétairement les effets d'un changement de l'utilisation des sols. Bojö (1991) utilise, par exemple,
cette technique d'évaluation pour apprécier l'utilité sociale d'un programme Farm Improvement with
Soil Conservation au Lesotho. La valeur écologique du milieu naturel préservé est estimée à partir de
la dégradation attendue de la fertilité des sols sans ce projet (baisse de 1%/an), de la baisse consécutive
de la productivité agricole (diminution annuelle de 7kg de maïs et de 8kg de sorgho par hectare), et de
la tendance probable des prix de ces deux produits dans le futur (+2%/an pour le maïs, -2%/an pour le
sorgho). Ces données de marché permettent alors de fournir une estimation minimale de la valeur de la
fonction écologique.
Dépenses de protection : l'évaluation économique des actifs naturels peut se faire par l'estimation des
dépenses réelles de protection que sont prêts à engager les acteurs économiques pour prévenir la
dégradation de l'environnement. A partir des dépenses réelles des ménages, il est possible de tracer
une courbe de demande pour la protection contre ces nuisances, mettant en relation la quantité de
protection demandée et le prix de cette protection.
Biens substituables : si l'on admet que deux biens d'usage équivalent ont des valeurs d'échange
comparables, alors la valeur économique d'un actif naturel non-marchand utilisé pour un usage
déterminé peut être estimée à partir du prix des biens marchands qui fournissent le même service. On
utilisera par exemple le prix des médicaments « modernes » pour donner une valeur économique à des
éléments de la pharmacopée traditionnelle qui obtiennent le même résultat curatif.
Les préférences sont révélées sur un marché substitut lorsque le prix d’un bien marchand est influencé
par la présence d'un bien ou service environnemental non-marchand mais sans qu'une relation directe
puisse être établie. Il est alors envisageable de décomposer le prix de ces biens marchands pour
connaître la valeur implicite des actifs environnementaux qui y sont incorporés. Sur le marché
immobilier, par exemple, le prix des maisons dépend partiellement de la qualité du milieu qui les
environne (méthode des prix hédonistes). De la même manière, les dépenses en temps et en argent que
consentent des individus pour effectuer une visite à un parc national ou à une source d’eau potable
peut permettre d'apprécier la valeur économique qu'ils accordent à cet actif naturel (méthode des coûts
de transport).
L'évaluation économique par les préférences exprimées par un consommateur sur le
marché fictif d’un bien environnemental. Cette technique d’évaluation contingente suit trois
étapes:
- une phase de préparation de l'enquête visant à construire un marché fictif dans lequel l'individu
pourra donner une réponse aussi réaliste que possible: les enquêtés doivent pouvoir calquer leurs
réponses au scénario hypothétique sur leurs comportements en marchés réels.
- une phase d'entretien individuel qui, par le biais d’un questionnaire, incite les individus à révéler
correctement leurs préférences pour le bien proposé sur le marché hypothétique. Pour cela, il est
nécessaire de proposer aux enquêtés un indicateur des préférences (consentement à recevoir ou
consentement à payer) et un mode de paiement qui soient réalistes et cohérents avec le scénario
hypothétique.
- une phase de traitement des données qui permet d’estimer, à partir des consentements exprimés, la
courbe de demande pour le bien environnemental. Le calcul du consentement moyen nécessite un
traitement statistique qui vise à écarter les réponses anormales ou à distinguer les "vraies" des
"fausses" réponses nulles. Un second intérêt de l'analyse statistique des réponses est de vérifier
que le consentement exprimé pour l'actif naturel est en accord avec les variables socio-
économiques des individus enquêtés.
L'évaluation indirecte (pas de préférence):
La méthode dose-effet évalue monétairement la variation de la qualité/quantité de l'environnement en
observant les conséquences physiques que ce changement entraîne. La démarche est identique à celle
de la méthode d'évaluation par le changement de productivité si ce n'est que, dans ce cas, la
dégradation de l'environnement ne modifie pas directement la fonction de production des ménages:
elle a un impact physique global qui est évalué en recourant à des données monétaires déconnectées de
l'expression des préférences individuelles. Cette méthode d'évaluation indirecte présente deux