II – La naissance de l’écriture 1) De l’idée et des mots aux signes Tablette pictographique en calcaire, Mésopotamie, vers 3500-2900 av. J-C. Tablette cunéiforme en argile, Mésopotamie, vers 2350 av. J-C. Tablette cunéiforme en argile, Mésopotamie, vers 2350 av. J-C. L’évolution du signe du vase L’évolution du signe du roi Brique de fondation du temple de Girsu, Lagash, v. 2500 av. J.-C. Traduction du texte en sumérien « Ur Nanshe, le roi de Lagash, le fils de Gunidu, a bâti le temple de Girsu ». Vase de pierre, Mésopotamie, vers 2250 av. J.-C. Traduction du texte en akkadien « [Le dieu] Naram-Sin, roi des quatre régions ». Poids en pierre, Mésopotamie, vers 2030 av. J.-C. Traduction du texte en sumérien « Cinq mines, certifiées. Shu-Sin, roi fort, roi d’Ur, roi des quatre régions. ». Tablette rapportant le creusement d’un canal par le roi Hammurabi, Mésopotamie, 1792-1750 av. J.-C. Extrait de la traduction du texte en akkadien « Moi, Hammurabi, le roi fort, le roi de Babylone, le roi qui se fait obéir des quatre régions, l'instrument des victoires du [dieu] Marduk, le pasteur qui contente son cœur, lorsque [les dieux] Anum et Enlil m'eurent donné à gouverner le pays de Sumer et d'Akkad [et] qu'ils m'en eurent remis les rênes dans les mains, je creusai le canal [dit] Hammurabi est la richesse du peuple, qui apporte l'eau de la fertilité au pays de Sumer et d'Akkad… ». Plaque de fondation en cuivre, Assyrie, 721-705 av. J.-C. Texte en langue assyrienne écrit en cunéiforme L’évolution du signe du roi Vers 2500 av. J.-C. Vers 1792-1750 Vers 2030 2250 av. J.-C. av. J.-C. av. J.-C. 725-705 av. J.-C. L’évolution du signe du roi 17921750 av. J.-C. Vers 2500 av. J.-C. Vers Vers 2030 2250 av. J.-C. av. J.-C. 725-705 av. J.-C. L’évolution du signe de l’eau La plus ancienne écriture connue est l’écriture cunéiforme. D’abord composée de dessins, elle s’est progressivement simplifiée en désignant les idées et les mots sous la forme de lignes droites et de coins, exprimant des sons. L’argile, support principal de l’écrit En Mésopotamie, les scribes écrivaient sur des tablettes d’argile molle à l’aide d’un roseau taillé (calame). Reconstitution de l’écriture cunéiforme sur une tablette d’argile avec un calame Le cunéiforme : la forme principale d’écriture dans l’Orient ancien L’écriture cunéiforme se répandit dans tout l’Orient sauf l’Egypte, mais déclina à partir du Ier millénaire av. J.-C. au profit de l’écriture alphabétique. Tablette cunéiforme concernant une vente d’esclave du temple de l’Eanna à Uruk, 539 av. J-C. Georg Friedrich Grotefend fut le premier à déchiffrer partiellement, en 1802, une inscription cunéiforme en vieux perse, lithographie, vers 1830 2) L’écriture : un nouvel outil pour les hommes Les tablettes de comptabilité Tablette en cunéiforme archaïque en argile, Mésopotamie, vers 3200-3100 av. J-C. Des chiffres Une main = symbole de la propriété Un triangle et des cornes = une vache Une croix dans un cercle = un mouton Tablette contenant le salaire du personnel de l’épouse d’Uruka Gina, Mésopotamie, vers 28002450 av. J.-C. Les marchands et les gérants des temples ont d’abord utilisé l’écriture pour conserver la trace de leurs échanges commerciaux ou la mémoire de leurs biens. Tablette de comptabilité en argile, Mésopotamie, vers 1900 av. J.-C. Les tablettes littéraires Tablette en argile contenant le poème « Lamentations sur la ruine d’Ur », Mésopotamie, vers 2000 avant J.-C. Tablette relatant l’épopée de Gilgamesh, Mésopotamie, règne d’Assurbanipal (668-627 av. J.-C.) Les tablettes religieuses Tablette en argile contenant un hymne adressé à la déesse Ishtar assimilée à la planète Vénus, Uruk, IIe millénaire avant J.-C. Cylindre [A] en terre cuite commémorant la construction du sanctuaire du dieu Ningirsu par le roi Gudea, Mésopotamie, vers 2125-2110 av. J.-C. Contenu : Le cylindre, mêlant les plans humain et divin, rapporte la décision, formulée à Ningirsu par le dieu-suzerain Enlil, « de faire bâtir un temple dans notre ville [de Girsu] » car, explique-t-il, « un prince de vaste intelligence appliquera son intelligence » à cette réalisation. Ningirsu, aussitôt, se manifeste à Gudea dans un rêve, parle de son temple, précise ses désirs, dicte ses volontés, décrit sa future gloire : « J'étendrai sur le monde le respect de mon temple ; sous mon nom l’univers depuis l'horizon s’y rassemblera ; et [même les pays lointains] Magan et Meluhha, sortant de leurs montagnes, y descendront ». Alors des bords de la Méditerranée jusqu’aux villes de l’Indus, bois de construction, métaux, bitumes, blocs de pierre toutes choses que Sumer, pays agricole, ne possède pas convergent vers Lagash. Lorsqu’enfin, après purification de la ville et de ses habitants, Gudea se met à l'ouvrage, il élève à son dieu un temple majestueux. Cylindre [B] en terre cuite commémorant la construction du sanctuaire du dieu Ningirsu par le roi Gudea, Mésopotamie, vers 2125-2110 av. J.-C. Contenu : Le cylindre nous apprend que le dieu vivra désormais dans ce sanctuaire avec son épouse, auprès de laquelle, à chaque nouvel an, au cours de la cérémonie du Mariage Sacré, il renouvellera l’enfantement du monde et fera repartir le Soleil pour une nouvelle course annuelle. Gudea installe autour de Ningirsu des serviteurs divins et humains, chargés, les uns et les autres, des services de la Table, de la Guerre, de l’Agriculture, des Pêcheries, du Bâtiment, étendant leur office jusqu’aux frontières de l'Etat, sur les prairies, les marais et les champs ; car, pour les Sumériens, le temple vit moins du pays que le pays ne vit et ne profite du temple, et, comme Ningirsu le dit expressément à Gudea, « grâce à l’établissement du temple, l’abondance viendra ; les grands champs seront fertiles, canaux et fossés seront remplis à ras bord... ; dans Sumer coulera une huile abondante, s’amoncellera une laine surabondante ». Les tablettes techniques Tablette en argile contenant une préparation médicale contre la paralysie de la bouche, Mésopotamie, Ier millénaire avant J.-C. L’utilisation de l’écriture a aussi permis la conservation et la diffusion de milliers de textes littéraires, religieux ou médicaux. L’invention de l’écriture est donc bien liée au développement des premières villes et du commerce en Mésopotamie. L’écriture cunéiforme sur le cylindre [B] de Gudea, Mésopotamie, vers 2125-2110 av. J.-C. 3) L’écriture : un outil de roi Figurine-clou en cuivre commémorant la fondation du temple de la déesse Ninhursag sous le règne de Shulgi, Suse, XXIe siècle avant J.-C. Prière au dieu guerrier Ninurta pour le roi d’Isin Ur-Ninurta, Mésopotamie, IIe millénaire av. J.-C. Tablette en argile portant un hymne au roi Lipit-Ishtar d’Isin, Mésopotamie, vers 1749-1712 av. J.-C. Les scribes, maîtres de l’écriture Tablette en argile portant sur l’éducation d’un scribe, Mésopotamie, 1749 av. J.-C. Extraits de la traduction du texte « Qu’as-tu fait à l'école ? – J’ai récité ma tablette, j’ai déjeuné, puis j’ai préparé ma nouvelle tablette ; je l’ai couverte d’écriture, je l’ai terminée ; puis on m’a indiqué ma récitation, et dans l’après-midi on m’a indiqué mon exercice d’écriture. [...] Puisses-tu atteindre les sommets de l’art du scribe [...]. De tes frères, sois le guide, de tes amis, le chef [...]. Tu as bien accompli ton éducation, tu es désormais un homme de savoir. ». Gouverner un vaste Etat dépassant les limites de la cité, comme celui d’Ur au IIIe millénaire avant Jésus-Christ, nécessitait l’écriture. Les rois en avait besoin pour transmettre des informations, pour faire connaître leurs lois ou prier leurs divinités. C’est pour cela que les scribes, qui maîtrisaient l’écriture, avaient une haute position sociale.