Figure majeure du Quattrocento, Fra Angelico marque la transition entre la fin du Moyen
Age et la Renaissance. Que conserve-t-il des principes de la peinture médiévale et
comment s’inscrit-il dans cette volonté des artistes de la Première Renaissance de proposer
une vision nouvelle de l’homme et de la nature ?
La peinture gothique est sur fond d’or, sans profondeur. Les artistes privilégient la ligne et la
couleur, avec un sens du rythme exceptionnel. C’est ce que l’on voit notamment dans l’art
de Lorenzo Monaco à ses débuts. Il ne représente pas ce que l’œil voit. Dans la vision
« moderne », il s’agira d’une certaine manière, de quitter les cieux pour revenir sur terre. En
ce qui concerne les figures humaines, Fra Angelico n’a pas à proprement parler peint des
expressions : nous n’en sommes pas encore au stade de l’individualisation. Mais il sort
néanmoins les personnages de l’iconographie religieuse gothique traditionnelle. Il use de
principes de composition très complexes.
Le Martyre de saint Côme et saint Damien, peint vers 1440 et conservé au musée du Louvre,
est un bon exemple. Il y a le plan oblique de la muraille et le jeu d’ombre et de soleil qui
donne une profondeur nouvelle, puis le regard se porte vers les cinq arbres au centre de
l’image. Viennent ensuite les collines et, enfin, le chemin qui ramène l’œil du spectateur ver
le premier plan. Le double martyr, sujet de l’œuvre, apporte le mouvement à l’ensemble. Fra
Angelico développe un style original, sans suivre des règles objectives de perspective, mais
en réintroduisant une poésie dans ses œuvres. Après lui, autour de 1470, Sandro Botticelli
(vers 1444-1510) renouvellera à ton tour le genre.
Fra Angelico est-il un peintre reclus, solitaire, ou s’intéresse-t-il aux autres artistes de son
temps et à ce qui se passe en dehors du couvent San Domenico de Fiesole ?