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Fleurs d’encre 3e – Chapitre 13. Fatalité et pouvoir au cœur du tragique
SUJET COMPLET NOUVEAU BREVET : MACBETT
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Conforme aux nouvelles
dispositions de l’épreuve du
nouveau brevet des collèges
Macbett
Cette pièce est une parodie du drame de W. Shakespeare, Macbeth. La scène se situe sur un champ
de bataille, lors de l’affrontement entre les armées de l’archiduc Duncan, menées par les généraux
Macbett et Banco, et celle de Candor et Glamiss.
L’OFFICIER, portant une sorte de fauteuil ou trône ambulant.
Entrent par la gauche Lady Duncan et l’archiduc ; lady Duncan précède l’archiduc, elle
a une couronne, une longue robe verte et fleurie ; elle est vêtue avec un certain faste. Derrière
l’archiduchesse entre la suivante, belle et jeune personne, qui reste debout près de la sortie.
Duncan va s’installer ; les deux autres debout à ses côtés.
L’OFFICIER
Venez, venez, Monseigneur, la bataille s’est éloignée. La mitraille n’arrive plus jusqu’ici. Pas de
balle perdue. N’ayez crainte. Il y a même des passants qui se promènent.
DUNCAN
Candor a-t-il été vaincu ? S’il est vaincu, l’a-t-on exécuté ? A-t-on tué Glamiss comme je l’avais
ordonné ?
L’OFFICIER
Il faut espérer. Vous auriez dû aller voir de plus près. L’horizon est tout rouge. Cela semble
continuer, mais au loin, au loin. Attendez la fin. Soyez patient, Monseigneur.
DUNCAN
Et si c’est Macbett ou Banco qui ont le dessous ?
LADY DUNCAN
Vous prendrez les armes vous-même, vous irez au combat.
DUNCAN
S’ils sont vaincus, où me réfugier ? Le roi de Malte est mon ennemi. L’empereur de Cuba aussi. Le
prince des Baléares aussi. Les rois de France et d’Irlande également. J’ai beaucoup d’ennemis à la
cour d’Angleterre. Où aller ? Où me réfugier ?
L’OFFICIER
Faites confiance, Monseigneur, à Macbett et Banco. Ce sont de bons généraux, braves, énergiques,
parfaits stratèges. Ils ont déjà fait leurs preuves, pas mal de fois.
DUNCAN
Je suis bien obligé de leur faire confiance. De toute façon je vais prendre des précautions. Que l’on
selle mon meilleur cheval, celui qui ne rue pas, et ma meilleure embarcation, la plus stable sur les
flots, avec des canots de sauvetage. Que ne puis-je commander à la lune, qu’elle soit pleine, au ciel,
qu’il soit étoilé, car je voyagerai de nuit. C’est plus prudent. La prudence est mère de la sagesse. Je
porterai moi-même une cassette de pièces d’or. Mais où irions-nous ? Au Canada, peut-être, ou aux
États-Unis.
L’OFFICIER
Attendez encore. Ne vous découragez pas.
Arrive un soldat, blessé, titubant.
DUNCAN
Qu’est-ce que c’est que cet ivrogne ?
© Hachette Livre, 2012.
Fleurs d’encre 3e – Chapitre 13. Fatalité et pouvoir au cœur du tragique
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L’OFFICIER
Ce n’est pas un ivrogne. Ça m’a l’air d’un soldat blessé.
DUNCAN
Si tu viens de la bataille, donne-moi des nouvelles. Qui sont les vainqueurs ?
LE SOLDAT BLESSÉ
Qu’est-ce que ça peut faire ?
L’OFFICIER
On te demande qui a gagné, s’il y a des gagnants ! Réponds, c’est ton Seigneur, ici devant toi, qui te
le demande.
DUNCAN
Je suis ton souverain, l’archiduc Duncan.
LE SOLDAT BLESSÉ
Dans ce cas, c’est différent. Excusez, je suis blessé. J’ai reçu un coup de lance et plusieurs coups de
pistolet.
Il chancelle.
DUNCAN
Tu ne vas pas faire semblant de t’évanouir. Alors tu parles, oui ou non ? Qui a gagné ? Est-ce que
c’est eux ou bien les nôtres ?
LE SOLDAT BLESSÉ
Excuses, je ne le sais pas trop. J’en ai plus qu’il ne m’en faut. Pour vous dire la vérité, je suis parti
bien plus tôt. Avant la fin.
DUNCAN
Tu aurais dû rester.
L’OFFICIER
Il n’aurait plus été là, Seigneur, pour répondre à vos questions. […]
DUNCAN, au soldat.
Es-tu vraiment des nôtres ?
LE SOLDAT BLESSÉ
Qui ça, les nôtres ?
L’OFFICIER
Mais l’archiduc et l’archiduchesse que tu vois devant toi.
LE SOLDAT BLESSÉ
Je n’ai pas vu Monseigneur sur le champ de bataille.
Eugène Ionesco, Macbett © Éditions Gallimard, 1972.
Tous les droits d’auteur de ce texte sont réservés. Sauf autorisation, toute utilisation de celui-ci autre que la
consultation individuelle et privée est interdite. http://www.gallimard.fr/
© Hachette Livre, 2012.
Fleurs d’encre 3e – Chapitre 13. Fatalité et pouvoir au cœur du tragique
SUJET COMPLET NOUVEAU BREVET : MACBETT
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Première partie : Compréhension de texte, réécriture et dictée
COMPRÉHENSION DU TEXTE
1. a. Quel est le type de phrase dominant dans les répliques de Duncan ? b. « S’il est vaincu » :
analysez cette proposition. c. 2e réplique, (« Candor a-t-il été vaincu »… « où me réfugier »),
relevez deux autres propositions similaires. d. En vous appuyant sur les réponses précédentes,
dites quel est le sentiment éprouvé par Duncan.
2. a. Quel est le type de phrase dominant dans les répliques de l’officier ? b. Qu’est-ce que cela
révèle de sa relation avec le roi ?
3. a. De quels traits de caractère Duncan fait-il preuve dans ce passage ? b. Quel est le ton de ce
portrait ? Justifiez en citant le texte.
4. « Tu aurais dû », « Il n’aurait plus été » : a. Quels sont le mode et le temps de ces deux verbes ?
b. Donnez l’infinitif de chacun de ces verbes.
 Questions de synthèse
5. Quel jugement sur la guerre et sur le pouvoir le soldat exprime-t-il ? Justifiez à l’aide du texte.
6. Relevez et analysez des éléments de comique dans les répliques et les didascalies.
7. Pour vous, cette scène est-elle plutôt comique ou plutôt tragique ? Justifiez.
RÉÉCRITURE
Transposez les deux passages suivants en employant le discours indirect. Vous commencerez le
premier par « L’officier disait… », le second par « Duncan demanda… ».
a. Il faut espérer. Vous auriez dû aller voir de plus près. L’horizon est tout rouge. Cela semble
continuer, mais au loin, au loin. Attendez la fin. Soyez patient, Monseigneur.
b. Alors tu parles, oui ou non ? Qui a gagné ? Est-ce que c’est eux ou bien les nôtres ?
DICTÉE
Banco
Une à une les prédictions des sorcières se sont réalisées dans l’ordre annoncé. Elles n’avaient
pas prédit l’assassinat de Duncan auquel j’ai apporté ma contribution. Mais comment Macbett
serait-il devenu le chef de cet État sans que Duncan meure ou sans qu’il abdique en faveur de
Macbett, ce qui était impossible constitutionnellement. Un trône se prend par la force. Ce qui non
plus n’a pas été dit, c’est que Lady Duncan deviendrait Lady Macbett. Ainsi Macbett a tout. Je n’ai
rien. Quelle carrière exceptionnelle : la richesse, la gloire, le pouvoir, la femme ! Il est comblé. J’ai
frappé Duncan, je lui en voulais. En quoi cela peut-il m’avancer dans ma réussite personnelle ?
C’est vrai, Macbett m’a fait des promesses. Il m’a dit que je serai vizir. Mais est-ce qu’il tient ce
qu’il promet ?
Eugène Ionesco, Macbett © Éditions Gallimard, 1972.
Tous les droits d’auteur de ce texte sont réservés. Sauf autorisation, toute utilisation de celui-ci autre que la
consultation individuelle et privée est interdite. http://www.gallimard.fr/
© Hachette Livre, 2012.
Fleurs d’encre 3e – Chapitre 13. Fatalité et pouvoir au cœur du tragique
SUJET COMPLET NOUVEAU BREVET : MACBETT
© Hachette Livre, 2012.
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Seconde partie : Rédaction
SUJET D’IMAGINATION
Imaginez et racontez la fuite de Duncan. Vous respecterez dans votre récit le caractère du
personnage.
Consignes complémentaires :
Selon le choix du professeur ces consignes peuvent être ou non détaillées aux élèves. On peut aussi
leur demander d’expliciter les attentes.
 Vous rédigerez un texte narratif et non pas théâtral.
 Vous veillerez à mêler des éléments tragiques et comiques comme dans le texte de
Ionesco.
SUJET DE RÉFLEXION
En vous appuyant sur les textes que vous avez lus ou étudiés, expliquez quelles images du pouvoir
la tragédie met en scène.
Consignes complémentaires :
Selon le choix du professeur ces consignes peuvent être ou non détaillées aux élèves. On peut aussi
leur demander d’expliciter les attentes.
 Organisez votre devoir en deux ou trois paragraphes consacrés chacun à une image du
pouvoir.
 Ne vous contentez pas de citer des œuvres : expliquez en quoi elles illustrent vos
arguments.
© Hachette Livre, 2012.
Fleurs d’encre 3e – Chapitre 13. Fatalité et pouvoir au cœur du tragique
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Corrigé
Première partie : Compréhension de texte, réécriture et dictée
COMPRÉHENSION DU TEXTE
1. a. Il s’agit de phrases interrogatives. b. Il s’agit d’une proposition subordonnée circonstancielle,
elle est complément circonstanciel de condition du verbe « exécuter ». c. Les deux autres
propositions sont : « Et si c’est Macbett ou Banco » et « S’ils sont vaincus ». d. Duncan est très
angoissé de ne pas connaître l’issue du combat.
2. a. Les phrases injonctives dominent dans les répliques de l’officier. b. L’officier semble dominer
le roi, il cherche à le calmer et à le rassurer.
3. a. Duncan semble très peureux car il hésite à s’avancer sur le champ de bataille, l’officier doit le
rassurer : « N’ayez crainte » ; cette peur ne fera d’ailleurs que de croître au fil de la scène : « C’est
plus prudent. La prudence est mère de sagesse ». Duncan fait preuve d’une grande dureté face au
soldat blessé : « Tu ne vas pas faire semblant de t’évanouir ». Il est égoïste et autoritaire : « A-t-on
tué Glamiss comme je l’avais ordonné ? ». b. Le ton utilisé est très critique, tout à fait satirique, le
personnage du roi est ridiculisé : « portant une sorte de fauteuil ou trône ambulant », « Je porterai
moi-même une cassette de pièces d’or ».
4. a. Les deux verbes sont conjugués au conditionnel passé. b. Le premier verbe est le verbe
« devoir » et le second, le verbe « être ».
 Questions de synthèse
5. Le soldat blessé ne semble rien comprendre à la guerre qu’il a dû mener : « Qu’est-ce que ça
peut faire ? », celle-ci ne semble pas avoir de sens pour lui. D’autre part, il fait remarquer non sans
ironie et avec une volonté de critiquer le pouvoir que Duncan n’était pas sur le champ de bataille :
« Je n’ai pas vu Monseigneur sur le champ de bataille ».
6. On peut dans cette scène relever plusieurs procédés comiques :
Un comique de situation : décalage entre le faste de la cour (didascalie initiale) et le champ de
bataille.
Le quiproquo : le roi prend le soldat pour un ivrogne.
Le comique de caractère : couardise du roi, autoritarisme aveugle.
Le comique du langage : répétition à l’intérieur des répliques du roi, opposition entre le langage du
roi et celui du soldat.
7. La scène est tragi-comique, elle oscille entre ces deux tonalités. La pièce est une réécriture
d’une tragédie de Shakespeare, elle utilise donc des procédés liés au tragique : le sujet de la scène
est grave, il s’agit de la guerre. Les personnages sont nobles, leur destin est en train de se jouer. Le
personnage du roi montre bien cette ambivalence de ton : à la fois autoritaire et violent, il semble
aussi perdu comme un enfant. Il est ridiculisé dans la scène et provoque le sourire du spectateur.
L’écriture de la scène lui donne une tonalité comique et satirique.
© Hachette Livre, 2012.
Fleurs d’encre 3e – Chapitre 13. Fatalité et pouvoir au cœur du tragique
SUJET COMPLET NOUVEAU BREVET : MACBETT
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RÉÉCRITURE
Transposez les deux passages suivants en employant le discours indirect. Vous commencerez le
premier par « L’officier disait… », le second par « Duncan demanda… ».
a. L’officier disait qu’il fallait espérer, qu’il aurait dû aller voir de plus près, que l’horizon était tout
rouge et que cela semblait continuer, mais au loin. Il lui disait d’attendre la fin et d’être patient.
b. Duncan lui demanda si oui ou non il allait parler (ou « s’il allait parler »), qui avait gagné, si
c’était eux ou bien les leurs.
Seconde partie : Rédaction
SUJET D’IMAGINATION
Imaginez et racontez la fuite de Duncan. Vous respecterez dans votre récit le caractère du
personnage.
Le sujet demande à l’élève de raconter la fuite du roi. Il s’agit donc d’écrire un récit et non un texte
théâtral. Les questions du texte en éclairant le personnage du roi ont permis de préparer
l’écriture.
Les indicateurs de réussite seront donc les suivants :
- Le texte est un récit qui raconte la fuite du roi.
- Le texte développe certains traits de caractère du roi : égoïsme, autoritarisme, lâcheté,…
- Le texte a respecté la double tonalité tragi-comique du texte d’Eugène Ionesco.
SUJET DE RÉFLEXION
En vous appuyant sur les textes que vous avez lus ou étudiés, expliquez quelles images du
pouvoir la tragédie met en scène.
Ce sujet de réflexion demande aux élèves d’étudier quelles images du pouvoir la tragédie met en
scène. Ils pourront s’appuyer sur ce texte mais aussi sur leurs lectures ; pour les préparer au sujet,
on peut les inviter à lire ou relire les pages 270 à 276 du manuel.
Pour aider les élèves, le plan est largement suggéré.
Les critères de réussite à prendre en compte seront les suivants :
- Capacité à proposer plusieurs images du pouvoir : le pouvoir absolu et arbitraire des rois
(Duncan), le poids du pouvoir (dilemme de Créon ou de Pyrrhus), l’aveuglement lié au
pouvoir,…
- Capacité à illustrer la réflexion à l’aide d’exemples bien choisis et surtout développés.
Ce sujet peut aussi être proposé dans la perspective de la liaison 3 e/2de.
© Hachette Livre, 2012.
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