Autoriser l'avortement pour en réduire le nombre
 L'association Capdéma estime que le droit à l'avortement doit être reconnu. Elle
propose aussi d'abaisser la majorité sexuelle à 16 ans et de pénaliser l'entrave au
libre exercice de l'IVG.
Capdema, association marocaine oeuvrant pour la promotion des droits humains et de
la démocratie, a planché sur une proposition de dépénalisation de l'avortement.
L'exercice qui allie raisonnement juridique et statistique conclue à la nécessité de
dépénaliser totalement et d'encadrer l'interruption volontaire de grossesse (IVG) pour être
en conformité avec la constitution et le droit international et pour réduire le taux
d'avortement.
Les articles 449 et suivants sont en contradiction avec la Constitution et le droit
international
Capdema défend l'argument que les articles 449 et suivants du Code pénal marocain
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pénalisant l'exercice de l'IVG sont à la fois anticonstitutionnels et anti-conventionnels.
L'article 31 de la Constitution consacre l'égal accès aux droits de santé et le devoir de
l'Etat et des établissements publics d'oeuvrer à la mobilisation de tous les moyens
disponibles pour faciliter la jouissance de ce droit.
La convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des
femmes pose également que l'Etat doit éliminer la « discrimination à l'égard des femmes
dans le domaine des soins de santé en vue de leur assurer les moyens d'accéder aux
services médicaux, y compris ceux qui concernent la planification de la famille ».
L'association rappelle également que l'OMS définit la santé comme un état de complet
bien être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de
maladie ou d'infirmité.
L'association invoque l'exemple turc et tunisien démontrant ainsi la possibilité pour un
Etat musulman d'autoriser l'exercice de l'IVG. En Tunisie, l'IVG est autorisée dans les 3
premiers mois depuis 1973. En Turquie, cette autorisation est intervenue en 1983 jusqu'à
la dixième semaine.
Dépénaliser l'avortement conduit à réduire le taux d'avortement
L'association invoque également un raisonnement statistique pour asseoir sa
proposition.
Le Maroc affiche un taux d'IVG de 33% pour 100 naissances vivantes, d'après les
calculs de l'association. A l'appui de données mondiales, les auteurs démontrent
qu'autoriser l'exercice de l'IVG dans un délai de 14 semaines permettrait d'abaisser ce
taux à 25%. Les données mondiales montrent que le délai est corrélé négativement avec
le taux d'avortement. Sur la base d'une distribution du taux d'avortement en fonction du
délai légal d'IVG paramétrée avec les données mondiales, les auteurs concluent que le
délai de 14 semaines permet à la fois de minimiser le taux d'avortement et les risques
médicaux portés sur la santé de la mère.
La deuxième hypothèse posée par les auteurs est que ce taux d'avortement pourrait
être encore minimisé si les besoins en contraceptifs étaient totalement satisfaits. En effet,
même si le Maroc a entrepris des efforts pour démocratiser les contraceptifs, leur usage
n'est pas généralisé, et la demande insuffisamment satisfaite.
Or la libéralisation de l'IVG pourrait avoir pour effet de démocratiser l'usage des
contraceptifs. La légalisation de l'exercice de l'IVG peut avoir un effet informatif sur la
nécessité d'un usage contraceptif pour limiter les grossesses non désirées. De plus elle
pourrait avoir pour effet de réduire un tabou social autour de la contraception et permettre
un débat ouvert sur ces questions de santé.
C'est pourquoi l'association milite pour une éducation sexuelle, comme corollaire
essentiel du droit à l'IVG. Les femmes, notamment les plus jeunes, doivent être
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informées sur les possibilités contraceptives qui leur sont offertes. Le ministère de la
Santé doit accompagner ces femmes dans leur démarche en mettant en place une
agence d'assistance sociale.
L'association estime également le coût du dispositif IVG qui serait minime. Ainsi, sur la
base des données mondiales de dépenses de santé et de l'élasticité de la consommation
des Marocains, le coût de l'IVG serait inférieur à 1.500 DH par femme, soit une
enveloppe de 400 MDH par an ou 1% des dépenses de santé du Maroc.
Dépénaliser totalement l'exercice de l'IVG
Capdéma propose ainsi cette réforme:
-la suppression des articles 449 et suivants du code pénal, pénalisant l'IVG.
-l'inscription dans le code de santé public des articles suivants: «Toute femme enceinte
qui ne souhaite pas mener sa grossesse à terme peut demander à un médecin
l'interruption de celle-ci. » « Cette interruption ne peut être pratiquée au-delàde la
quatorzième semaine. »
Le cas des mineures
Parce que les cas d'avortements clandestins parmi les mineures sont légions au Maroc
- 9,3% des 15-19 ans auraient recours à un tel acte - Capdéma propose une disposition
propre à cette classe d'âge. Requérir le consentement des parents à l'acte d'IVG ferait
obstacle au libre choix de la mineure de poursuivre ou non sa grossesse. En revanche, la
fille mineure doit être accompagnée dans cette lourde démarche par un service de
planning familial.
Capdéma propose donc :
-de fixer l'âge de la majorité sexuelle à 16 ans ;
-que le consentement des parents de la fille mineure pour l'exercice de l'IVG ne soit pas
requis ;
-d'instituer une agence d'assistance sociale sous la tutelle du ministère de la Santé,
laquelle informera et accompagnera la mineure dans sa démarche d'IVG. Cette dernière
devra obligatoirement proposer à la fille mineure après l'intervention une deuxième
consultation ayant notamment pour but de l'informer sur la contraception.
Pénaliser l'entrave à l'IVG
Pour préserver le libre choix de la femme à l'exercice de l'IVG, tout acte visant à
empêcher ce libre-exercice doit être pénalisé, poursuit le projet de réforme de Capdéma.
Toute intimidation, menace, perturbation de l'accès aux établissements médicaux est
constitutive d'une entrave à l'IVG, laquelle doit ainsi être considéré comme un délit dans
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le code pénal punissable de 18 mois de prison et d'une amende de 5.000 DH.
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