pénalisant l'exercice de l'IVG sont à la fois anticonstitutionnels et anti-conventionnels.
L'article 31 de la Constitution consacre l'égal accès aux droits de santé et le devoir de
l'Etat et des établissements publics d'oeuvrer à la mobilisation de tous les moyens
disponibles pour faciliter la jouissance de ce droit.
La convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des
femmes pose également que l'Etat doit éliminer la « discrimination à l'égard des femmes
dans le domaine des soins de santé en vue de leur assurer les moyens d'accéder aux
services médicaux, y compris ceux qui concernent la planification de la famille ».
L'association rappelle également que l'OMS définit la santé comme un état de complet
bien être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de
maladie ou d'infirmité.
L'association invoque l'exemple turc et tunisien démontrant ainsi la possibilité pour un
Etat musulman d'autoriser l'exercice de l'IVG. En Tunisie, l'IVG est autorisée dans les 3
premiers mois depuis 1973. En Turquie, cette autorisation est intervenue en 1983 jusqu'à
la dixième semaine.
Dépénaliser l'avortement conduit à réduire le taux d'avortement
L'association invoque également un raisonnement statistique pour asseoir sa
proposition.
Le Maroc affiche un taux d'IVG de 33% pour 100 naissances vivantes, d'après les
calculs de l'association. A l'appui de données mondiales, les auteurs démontrent
qu'autoriser l'exercice de l'IVG dans un délai de 14 semaines permettrait d'abaisser ce
taux à 25%. Les données mondiales montrent que le délai est corrélé négativement avec
le taux d'avortement. Sur la base d'une distribution du taux d'avortement en fonction du
délai légal d'IVG paramétrée avec les données mondiales, les auteurs concluent que le
délai de 14 semaines permet à la fois de minimiser le taux d'avortement et les risques
médicaux portés sur la santé de la mère.
La deuxième hypothèse posée par les auteurs est que ce taux d'avortement pourrait
être encore minimisé si les besoins en contraceptifs étaient totalement satisfaits. En effet,
même si le Maroc a entrepris des efforts pour démocratiser les contraceptifs, leur usage
n'est pas généralisé, et la demande insuffisamment satisfaite.
Or la libéralisation de l'IVG pourrait avoir pour effet de démocratiser l'usage des
contraceptifs. La légalisation de l'exercice de l'IVG peut avoir un effet informatif sur la
nécessité d'un usage contraceptif pour limiter les grossesses non désirées. De plus elle
pourrait avoir pour effet de réduire un tabou social autour de la contraception et permettre
un débat ouvert sur ces questions de santé.
C'est pourquoi l'association milite pour une éducation sexuelle, comme corollaire
essentiel du droit à l'IVG. Les femmes, notamment les plus jeunes, doivent être
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