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stratégie de traçage génétique qui marque les cellules souches et les cellules progénitrices
qui expriment l’oncogène, leur permettant de suivre le devenir de ces cellules ainsi que leur
descendance au cours du temps. De manière intéressante, ils ont découvert que seules les
cellules souches et non les cellules progénitrices étaient capables d’initier des tumeurs lors
de l’activation d’un oncogène. « C’était particulièrement intéressant d’observer que les
clones dérivés de cellules progénitrices grandissaient en taille mais restaient gelés dans un
état pré-tumoral alors que les clones dérivés des cellules souches s’étendaient rapidement
et menaient à la formation de carcinomes basocellulaires », commente Adriana Sánchez-
Danés, la première auteur de l’étude.
En collaboration avec le Professeur Benjamin D Simons du Cavendish Laboratory et du
Gordon Institute à l’Université de Cambridge au Royaume-Uni, les chercheurs ont développé
un modèle mathématique sur base de leur analyse clonale, qui définit pour la première fois,
à l’échelle d’une seule cellule, la dynamique quantitative de l’initiation tumorale depuis
l’activation de l’oncogène jusqu’au développement de tumeurs invasives. De manière
intéressante, ils ont trouvé que l’activation oncogénique dans les cellules progénitrices mène
à la formation de lésions pré-tumorales qui sont gelées dans cet état et ne peuvent
progresser en tumeurs invasives. En revanche, l’expression d’un oncogène dans les cellules
souches mène à une expansion clonale plus rapide et caractérisée par une augmentation
des divisions symétriques combinée à une meilleure résistance à la mort cellulaire, menant
au développement de clones qui progressent en tumeurs invasives. Ces données
démontrent que cibler les cellules souches, qui résident au sommet de la hiérarchie cellulaire
de l’épiderme, est requis pour la formation de tumeurs.
En conclusion, cette étude fournit d’importantes avancées dans la compréhension des
changements de dynamique cellulaire qui mènent à la formation des cancers et démontrent
que la capacité des cellules exprimant un oncogène à former des tumeurs dépend de la
dynamique clonale caractéristique de la cellule à l’origine du cancer. « Cette découverte
démontre non seulement que la cellule à l’origine du cancer a une importance primordiale,
mais également que les cellules souches sont plus sensibles à l’initiation tumorale à cause
de leur capacité naturelle à s’auto-renouveler et à résister à la mort cellulaire. Ce mode de
développement tumoral suggère que des thérapies qui stimuleraient la différenciation
cellulaire ou l’apoptose devraient être efficaces pour traiter le carcinome basocellulaire, et
devraient mener à la régression tumorale ainsi qu’à prévenir la récidive des tumeurs. »
explique Cédric Blanpain, le dernier auteur de cet article paru dans la revue Nature.
Ce travail a été soutenu par le FNRS, le Télévie, une bourse de la Fondation Contre le
Cancer, la Fondation ULB, le Wellcome Trust et le Trinity College Cambridge, la Fondation
Betterncourt Schueller, la Fondation Baillet Latour et le European Research Council (ERC).
Les journalistes doivent faire référence à Nature comme étant source de la nouvelle
couverte.