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Cie Haut les crânes
Le texte
Un vieil homme, Aldebaran, originaire d'un petit village, Saint-André-du-Loing, enjoint un enfant, son préféré, son protégé, à partir faire une balade en
vélo avec lui. D’abord réticent, l’enfant se laisse vite convaincre par la verve du vieux et son enthousiasme communicatif. Ce périple sera l’occasion pour
tous deux d’un échange perpétuel. Au cours du chemin, Aldebaran n’a de cesse de transmettre à l’enfant tout ce qu’il sait: de la beauté de la nature au
nom des fleurs, à celui des oiseaux, des différents champignons, les délicieux et les traites. Il lui parle aussi du village, de ses habitants et de leurs
histoires…
Il lui apprend l’effort, la persévérance, l’endurance aussi…
Il lui confie les secrets de la bécane et les ruses pour ne pas flancher.
Ce bel équipage pédale si bien qu’il parvient bien vite au dernier sommet. Et qu’y aperçoivent-ils ?
Les plus grands coureurs du Tour de France !
Aldebaran se transforme alors en chroniqueur sportif, il commente la dernière étape à l'enfant ébloui.
L'enfant est surexcité : il le sait, il pourrait y arriver, les doubler tous.. gagner la course !
Pourtant le vieil homme, si près du but, le coupe dans son élan, l'arrête et lui intime de rebrousser chemin.
L’enfant est furieux. Il ne comprend pas le geste d’Aldebaran et lui en veut.
A travers ses jumelles, le vieux lui donne à voir la réalité de cette compétition, de cette course à la victoire: les mauvais gestes, les accrochages entre
coureurs, les coups de coude et autres fourberies…
L’individualisme et le besoin d’exister, surtout.
A n’importe quel prix.
Il lui enseigne la tempérance et la raison, l’importance d’un chemin valable, bien plus que l’ivresse de la victoire et ces bonheurs factices qu’elle procure.
L’enfant semble convaincu et rentre à grands coups de pédales à Saint-André. Pourtant, il s’interroge…
Il interroge le vieux sur les risques qu’il n’a pas pris, sur l’audace qu’il n’a pas eue. Celle de braver le cœur de celle qu’il aimait secrètement. L’échange
s’inverse… alors que le vieux s’affaiblit doucement.
Il faiblit tant et tant qu’il choisit alors de s’étendre à même le sol, au creux d’un fossé.
Et l’enfant près de lui, il s’endormira paisiblement, laissant l’hiver rentrer en lui…