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IMPACT DU CHANGEMENT
CLIMATIQUE SUR LES RÉSEAUX
DE CHALEUR
En revanche sur la période 1979-2004 (Figure 2.b),
la tendance de l’amplitude journalière de température
est beaucoup plus hétérogène. On observe même une
augmentation de cet écart de température sur de nom-
breuses régions dont le Sud-Est des Etats-Unis, une
grande partie de l’Europe et le Sud-Est de la Chine.
Causes physiques de la décroissance du DTR
Les causes physiques de cette diminution de
l’écart de température intra-journalier sont encore
incertaines. En particulier peu d’études ont été me-
nées à ce sujet. De plus elles ont souvent été réalisées à
partir de jeux de données restreints. Les résultats pré-
sentés ci-dessous sont donc à prendre en compte avec
précaution. Ils sont susceptibles d’évoluer rapidement
en fonction des prochaines études qui paraîtront sur
ce sujet.
La réduction de l’amplitude journalière de tempé-
rature a été mise en relation avec l’augmentation des
émissions anthropiques de polluants (gaz à effet de
serre et aérosols).
Les aérosols, particules en suspension dans l’atmos-
phère, réfléchissent le rayonnement solaire incident.
Ils diminuent ainsi la température de surface diurne
(Tmax). L’augmentation du nombre de ces aérosols du
fait des activités humaines a longtemps été un argu-
ment en faveur de la décroissance de l’écart de tempé-
rature intra-journalier. Cependant une étude (Stone et
Weaver, 2002) montre que l’effet des aérosols est né-
gligeable (effet direct des aérosols compensé par leur
rétroaction sur la vapeur d’eau). Ainsi la décroissance
de cet écart de température résulterait uniquement de
l’augmentation des concentrations de gaz à effet de
serre dans l’atmosphère.
Stone et Weaver (2003) ont également montré que
l’amplitude journalière de température est plus sen-
sible aux rétroactions du changement climatique
qu’à l’effet direct de l’augmentation des concentra-
tions de gaz à effet de serre (augmentation du Tmin in-
duit par l’augmentation de l’effet de serre). Dans une
étude statistique, ils montrent que l’augmentation du
couvert nuageux et l’augmentation de l’humidité dans
le sol sont les principales causes de la réduction de
l’amplitude journalière de température pour la plu-
part des cas étudiés.
L’augmentation du couvert nuageux (impact
plus fort des nuages bas précipitant) induit une
réduction de l’énergie solaire qui atteint la sur-
face (réduction de Tmax) et capture l’énergie infra-
rouge qui s’échappe de la surface au cours de la
nuit (augmentation de Tmin)
L’augmentation de l’humidité dans le sol permet
d’une part un refroidissement plus rapide de la sur-
face au cours de la journée grâce au processus d’éva-
poration et d’autre part atténue l’augmentation de la
température au cours de la journée via l’augmentation
de la capacité thermique du sol.
Une exception à cette règle : l’hiver aux moyennes
latitudes où la neige peut recouvrir le sol. Elle isole
alors la surface (empêche l’effet de l’humidité dans le
sol) et en augmente les propriétés réflectives (ce qui
réduit l’impact de la réflexion du rayonnement solaire
par les nuages).
La question de l’impact du changement de l’utili-
sation des sols a également été posée (Stone et Wea-
ver, 2003). Il semblerait que ce facteur puisse avoir un
effet non négligeable sur l’amplitude journalière de
température à l’échelle locale et régionale.
A ce jour, il n’existe pas dans la littérature d’élé-
ments explicatifs concernant la stabilisation de l’am-
plitude diurne de température à partir de 1979.
Performance des modèles – validation
sur la période historique
Le changement observé de l’amplitude du cycle
diurne de température est plus important que celui
simulé par la plupart des modèles (-0.08°C contre
-0.02°C par décennie sur la période 1950-1993).
L’étude de Stone et Weaver (2002) montre que
dans l’hémisphère Nord, leur modèle sous-estime la
tendance de l’amplitude journalière de température
principalement à cause d’une surestimation du Tmax
en été et en automne et à d’une sous-estimation du
Tmin au printemps et en hiver. Dans l’hémisphère Sud,
les conclusions sont plus incertaines en raison du
manque de données (peu de stations de mesures).
Dans cette étude, les écarts modèles/observations
sur la tendance de l’amplitude journalière de tempé-
rature ont principalement été attribués à la mauvaise
représentation de l’augmentation de la couverture
nuageuse par les modèles.
Amplitude journalière de température
et changement climatique futur
L’écart maximal de température mesuré au cours
d’une journée devrait continuer à décroître dans le
futur suite à l’intensification du réchauffement cli-
matique (Figure 3.a).
Cependant cette décroissance n’affecte pas l’en-
semble du globe. Le sud des Etats-Unis, l’Amérique