Histoire – Géographie :
Composition
AFADEC – Jean-Christophe Couvenhes – Droits de reproduction réservés 4
de femmes spartiates et d’Hilotes durant la première guerre de Messsénie (deuxième moitié
du VIIIe), soit fils de femmes spartiates et de jeunes gens de rang inférieur dans la cité de
Sparte.
3) Les modalités de la colonisation archaïque
Traditionnellement, on considère que la colonisation se définit avant tout comme une
entreprise publique et planifiée. Ce caractère essentiel distingue la colonisation des mobilités
individuelles et des mobilités temporaires, notamment les mobilités professionnelles (cf. les
métèques de l’époque classique). Cela est fondamentalement juste, même si dans nombre de
récits (souvent postérieurs de quelques siècles) on insiste sur des individualités, notamment
celle de l’oikiste. Les colons de l’époque archaïque partent en groupe, par pentécontère (50
rameurs par navire long), avec armes mais sans trop de bagages, notamment sans femmes
puisqu’on considère en général qu’ils prennent femmes sur place, soit par rapt, soit par
contrat (cf. les noces de Massalia, relatées par Justin), ce qui crée un corps de colons métissé
dès les origines. Les données archéologiques corroborent ce point de vue (fibules indigènes
dans des tombes féminines interprétées comme des épouses de Grecs à Pithécusses). Par la
suite, il a pu y avoir des epoikoi , c’est-à-dire des colons additionnels, avec peut-être des
femmes ( ?)
Les récits de fondation témoignent de l’usage de règles précises. À cette époque,
l’entreprise coloniale procède d’une consultation de l’oracle d’Apollon Pythien à Delphes, par
l’intérmédiaire de la Pythie, une prophétesse, pour savoir en quel pays fonder une colonie (de
ce point de vue, le spartiate Dorieus qui a tenté une aventure en Libye en 514-512 est un
contre-exemple qui rate de ce fait son entreprise). On note la participation d’un oikiste, un
« fondateur » (parfois appelé aussi archégétès) auxquels obéissent les colons et qui
commence par sacrifier aux dieux et allumer sur l’autel le feu emporté du foyer (hestia) de la
métropole. Sur la foi de ces récits, postérieurs et de rares documents épigraphiques tardifs,
on considère que l’oikiste est aussi celui qui trace le plan de la future ville, délimite les
espaces sacrés et profanes, accorde des périmètres de lotissement, négocie avec les
populations locales pour la possession (plus ou moins pacifiquement accordée) de la chôra,
partage et distribue des lots de terres (kléroi). Battos est l’archétype de l’oikiste, aristocrate qui
finit par fonder une dynastie de rois à Cyrène. L’oikiste doit être dissocié de l’éponyme, un
dieu ou un héros, qui donne son nom à la colonie. Toutefois, l’oikiste prend place dans un
récit mythique qui lui fait quitter l’histoire ; à sa mort il est « héroïsée » : son hérôon, c’est-à-
dire son tombeau monumental, est localisé à l’intérieur de la ville, sur l’agora ou dans un
sanctuaire (téménos) consacré à un dieu, ce qui l’extrait du monde des simples citoyens
(inhumés à l’extérieur des murs de la ville).
Enfin, une colonie à cette époque n’implique pas une intégration territoriale, une annexion,
pas même un rapport de dépendance à l’égard de la métropole. Une partie de la cité-mère
s’est détachée pour donner naissance à une nouvelle polis qui la prend pour modèle.
Institutionnellement, puisque le magistrat éponyme de Mégare est le basileus (« archonte-
roi »), celui d’Héraclée du Pont (fondation de Mégare) doit certainement être aussi le basileus,
d’autant que celui de Callatis (fondation d’Héraclée du Pont) est encore le basileus. Mais les