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comme idée préconçue que le virage ambulatoire va aboutir, en quelque sorte d’office, à une
réduction du nombre de lits aigus et à une conversion en lits de jour.
14. Là encore, la CSL estime qu’il s’agit d’une affirmation gratuite dénuée de tout fondement. Il n’est
pas précisé en vertu de quels critères médicaux, ce virage ambulatoire va aboutir à une réduction du
nombre de lits aigus et dans quelle mesure ce virage ambulatoire serait compatible avec le maintien
de la qualité des prestations hospitalières.
15. Ainsi l’exposé des motifs prend notamment à titre de justification de la réduction du nombre de lits
aigus que :
1) le taux d’interventions chirurgicales réalisées en hospitalisation de jour au Luxembourg reste
largement inférieur à celui des pays voisins : en 2012, seulement 45,5% des chirurgies pour
cataracte y étaient réalisées en chirurgie de jour, contre 87,1% en France et 94,6% en
Belgique. Un tel exemple, sans préjudice quant à sa représentativité par rapport à l’ensemble
des interventions chirurgicales susceptibles de tomber sous le virage ambulatoire, devrait
plutôt servir d’argument pour maintenir ou augmenter le nombre de lits aigus plutôt que de le
réduire. A défaut de justification pour réduire le nombre de lits aigus rien que pour cet
exemple mène à la conclusion que le Gouvernement veut, coûte que coûte, réduire le nombre
de lits aigus pour certaines pathologies même s’il n’existe aucune raison médicale permettant
de garantir la qualité de la prestation hospitalière pour le patient. Rien que sur l’exemple d’un
taux trop bas de la cataracte réalisée en chirurgie de jour au Luxembourg, plusieurs questions
se posent. Quelle est la raison pour laquelle ce taux est si bas comparé aux pays voisins ? Y
a-t-il des raisons médicales et/ou de qualité de la prestation ? Quel est le nombre
d’autorisations préalables demandées par des assurés résidant au Luxembourg pour se faire
traiter à l’étranger ? En fin de compte, n’a-t-on pas mieux de renoncer, le cas échéant, à ce
genre d’interventions chirurgicales pour le laisser dans le giron d’un ou plusieurs hôpitaux
spécialisés de la Grande Région sinon au moins de maintenir au Luxembourg la chirurgie
stationnaire pour ce genre d’interventions ?
2) le nombre de séjours hospitaliers aigus a décru de près de 20% durant la dernière décennie
au Luxembourg (contrairement aux autres pays européens) et se situe en 2012 à 15,7
séjours/100 personnes, contre 16,6 séjours en Belgique, 18,6 séjours en France et 25,1
séjours en Allemagne. Ici encore la CSL se doit de constater qu’elle est dans l’impossibilité de
vérifier le bien-fondé voire la comparabilité de ces chiffres et de connaître les raisons qui sont
à la base de ces chiffres. A part le fait que plus de 40% de la main d’œuvre luxembourgeoise
constituent des frontaliers qui, en vertu de la législation européenne (règlements européens
883/2004 et 987/2009) ont le choix de se faire traiter tant dans leur pays de résidence que
dans leur pays d’affiliation, de plus en plus d’assurés résidant au Luxembourg profitent de
l’occasion de se faire traiter dans un autre pays de l’Union européenne en raison de
compétences médicales plus développées. A part l’absence du bien-fondé de justification
soutendant ces chiffres, force est de constater que les différences de chiffres par rapport aux
autres pays cités, à part l’Allemagne, sont minimes.
16. Par ailleurs, la planification hospitalière ne doit pas se limiter au seul nombre de lits, mais doit
prendre également en considération d’autres indicateurs. Il existe par exemple un ensemble
d’infrastructures qui génèrent également des coûts, sans nécessairement être liés aux lits. Une
meilleure planification implique aussi une meilleure utilisation dans le temps et l’espace des
établissements et équipements en étendant les horaires d’utilisation de ces derniers, tout en
respectant évidemment la qualité de vie des patients. Elle présuppose également un effort de
l’ensemble des hôpitaux pour mutualiser davantage leurs laboratoires et leurs achats communs
d’équipements médicaux et de médicaments en vue de réduire leurs dépenses.