Résumé
Malgré d’importants progrès en recherche fondamentale et clinique, le cancer du sein, reste
à ce jour le premier cancer féminin en termes d’incidence et de mortalité.
Parmi les facteurs contribuant à son développement, notre laboratoire a mis en évidence le
rôle des neurotrophines, en particulier le NGF (Nerve Growth Factor) et son précurseur
(proNGF). D’autre part, les études récentes ont permis de démontrer l’importance des
cellules souches cancéreuses (CSC) dans la tumorigenèse et dans les phénomènes de
résistance thérapeutique et de métastase.
Mon projet de thèse avait pour but d’étudier les effets du NGF et du proNGF sur la
régulation des CSC de sein et d’évaluer la conséquence sur le développement tumoral. La
culture en mammosphères, qui permet la propagation de cellules moins différenciées, nous
a permis de démontrer que le NGF et le proNGF sont capables d’enrichir la population de
CSC dans plusieurs lignées de cellules épithéliales mammaires cancéreuses (MCF-7, T47-
D, BT-20). Cet enrichissement est lié à la surexpression de Sox2, facteur de transcription
essentiel dans l’autorenouvellement des cellules souches. De plus, nous avons démontré
que le NGF et le proNGF augmentent le pourcentage des cellules quiescentes. De façon
intéressante, le NGF et le proNGF peuvent également agir de façon préférentielle sur les
cellules quiescentes en augmentant leur capacité à former des sphères. Ces résultats
suggèrent que le NGF et le proNGF peuvent réguler le compartiment des CSC en
contrôlant la balance entre la prolifération et la quiescence. L’invalidation par siRNA de
p75NTR (récepteur commun des neurotrophines) réduit fortement la formation de sphères
ainsi que l’expression de Sox2, faisant de p75NTR un récepteur clé dans le contrôle de la
biologie des CSC. Les expériences de tumorigenèse chez les souris montrent que les
cellules cancéreuses de sein MCF-7 cultivées en présence de NGF et de proNGF en
condition mammosphères présentent une croissance tumorale accrue comparée aux cellules
contrôles. Cependant, seules les cellules prétraitées par le NGF forment des métastases
dans le cerveau, les poumons et le foie de façon systématique. L’analyse des cellules issues
de tumeurs primaires montre que seules les cellules prétraitées par le NGF subissent une
transition épithélio-mésenchymateuse. Ces travaux ont permis de monter que le NGF et le
proNGF contribuent à la régulation de la plasticité des cellules cancéreuses in vitro et in
vivo. Il serait intéressant d’approfondir les mécanismes moléculaires mis en jeu afin de
mieux comprendre leur implication dans la tumorigenèse mammaire.