La dernière partie aborde la question sous un angle plus sociologique. L’auteur
met en parallèle deux systèmes, en essayant de ressortir les éléments qui les
constituent, à savoir la démocratie grecque, et la démocratie actuelle.
Faisant le lien avec la construction psychique, développée dans la partie
précédente, il s’attache à mettre en lumière le rôle de notre imaginaire individuel et
collectif dans la naissance des institutions. En se basant sur deux systèmes politiques
où les lois sont produites par la société elle-même et non imposées par un pouvoir
divin et coercitif, l’auteur met en évidence que nous somme dans un monde en
perpétuel questionnement, en perpétuelle construction. C’est ce mode de
fonctionnement, où les interactions entre individus sont à l’origine de la genèse de
ses institutions, qui est le fondement même de la démocratie et par conséquent de
la recherche incessante du sens qu’elle se donne et de l’avenir qu’elle se construit.
Ainsi naitra la philosophie, dans un premier temps dans l’Antiquité grecque, et
ensuite, prendra tout son essor à notre époque contemporaine, grâce à l’évolution
de nos savoirs scientifiques et, dans un même temps, au recul de l’influence de
l’église. C’est alors que l’on peut parler de sociétés autonomes, ou qui vise à l’être
puisqu’elles ne répondent pas à une vérité divine et définitive. Il introduit la notion
de clôture et de rupture dans la recherche de signification de nos sociétés.
Or il existe une différence fondamentale entre ces deux formes de démocratie :
l’élection des représentants des instances supérieures qui ne répond pas aux mêmes
normes selon les époques. Le régime politique grec ancien s’attache à selectionner
les meilleurs (aristoi), alors que chez les modernes, il repose sur une sélection au
suffrage universel qui s’apparenterait finalement au choix d’un modèle quasi-
monarchique. Ainsi le pouvoir de nos jours est relégué à une sphère de spécialistes,
alors qu’il était partie intégrante du collectif chez les grecs. « L’Etat c’est le peuple »
ne se vérifie plus aujourd’hui, les lois n’étant plus lisibles par tous mais par un
corpus spécialisé. Il existe pourtant bien des experts chez les anciens, mais qui ne
concernent que la technique, la science, en aucun cas la politique. Cependant,
Platon sera le premier à proposer une professionnalisation de la politique,
considérant qu’elle nécessite un certain savoir-faire pour être correctement menée.
Autre point important, c’est l’élaboration et le choix des lois qui, chez les
anciens, sont soumises, discutées par tous, alors que chez les modernes, elles sont
décidées par les instances supérieures. Ainsi, le pouvoir judiciaire n’entretient pas
les mêmes relations avec les pouvoirs (chez les anciens, il est le fait de chacun), et
influe directement sur la construction de chacun des systèmes. Notre rapport à la loi
nous place de nos jours en subordination à l’Etat, qui s’est structuré en pouvoirs
exécutif et législatif selon une Constitution. Bien sur, l’auteur nous rappelle que si la
loi, la démocratie chez les anciens, sont le fait de tous, elle exclue certaines
catégories (femmes, esclaves). Nos sociétés modernes, elles, se veulent plus
universalistes, basées sur les droits de l’homme, mais posent encore des problèmes