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L’anthropologie développe d’ailleurs, sur les thématiques éducatives, des recher-
ches interdisciplinaires avec la psychologie notamment, par exemple pour étudier
les ethnothéories parentales qui analysent les attentes et exigences des parents envers
leurs enfants, en fonction des capacités qu’ils leur prêtent à un âge donné. Pour
répondre aux interrogations de nos sociétés face aux dicultés rencontrées par
l’école, aux États-Unis et en Europe notamment, elle a adapté ses théories, issues de
l’anthropologie culturelle, an d’analyser les situations des minorités ethniques à
l’école et leur problème d’échec scolaire, ou encore pour comprendre les malenten-
dus culturels entre enseignants et élèves. Elle a donc été sollicitée pour proposer des
solutions aux dicultés pédagogiques rencontrées par les enseignants, et on a vu
par exemple en France à partir des années , dans les classes, la mise en place
par certains enseignants de la pédagogie de l’interculturalité, pour faire face à ces
dicultés.
L’anthropologie intéresse également les sciences de l’éducation pour sa métho-
dologie de l’enquête qui suppose une immersion sur le terrain et une observation
participante. Ces outils méthodologiques, repris également par des chercheurs de
disciplines voisines, notamment les sociologues, ont permis de développer une eth-
nographie de l’école attentive aux acteurs. Ils protent aussi aux professionnels déjà
en situation d’immersion qui utilisent ces techniques pour analyser leurs pratiques,
comme en témoigne un numéro de la revue Spirale coordonné par Michelle Guigue
et intitulé « Ethnographie de l’école » 9. Le numéro de la revue Ethnologie française
consacré à l’anthropologie de l’école et dirigé par Jean-Paul Filiod témoigne égale-
ment de l’apport de l’anthropologie à l’univers scolaire, qui, au-delà de méthodes
d’enquête, propose des outils conceptuels et des problématiques qui retravaillent
des questions des sciences de l’éducation.
En accueillant l’anthropologie dans sa réexion interdisciplinaire, les scien-
ces de l’éducation permettent à celle-ci une valorisation nouvelle d’objets qu’elle
considérait comme marginaux. Si jusqu’à présent les processus de développement,
d’intégration et d’apprentissage ont mobilisé les recherches autour de l’enfance, les
anthropologues ont dans leur discipline des outils conceptuels leur permettant de
développer une recherche centrée sur l’enfance. Celle-ci permet de considérer les
enfants comme un groupe social et suppose par exemple d’étudier, comme le fait
Hirschfeld, la culture enfantine 10. De manière plus globale, la démarche oblige à
saisir le point de vue des enfants sur leur expérience sociale et non, tel qu’il a été
classique de le faire, de s’enquérir du seul point de vue des adultes sur les sujets qui
les concernent. Il reste alors aux anthropologues de l’enfance à montrer aux scien-
ces de l’éducation l’intérêt d’une recherche ainsi centrée, intérêt que les chercheurs
de leur discipline éponyme ne semblent pas prêts à reconnaître.
9. Spirale .
10. Voir aussi Delalande .