Mémoire présenté par le Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière à la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec Octobre 2013 Table des matières MISE EN CONTEXTE ..................................................................................................................... 3 La filière biomasse forestière dans La Matapédia et les préoccupations de la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec ...................................................................................................... 6 Les GES et les objectifs pour atteindre cette réduction ................................................................... 7 TABLEAU 1 – Répartition régionale du potentiel de chaufferies aux granules et aux copeaux ...... 8 TABLEAU 2 – Listes des projets réalisés au Bas-Saint-Laurent et en attente de réalisation ........ 10 Les besoins énergétiques du Québec et la production d’énergie renouvelable comme énergie à reconnaître et sécuritaire ............................................................................................................... 11 La biomasse forestière : une énergie à reconnaître, une énergie sécuritaire ......................... 11 La biomasse forestière : source d’énergie, moteur de l’économie et de diversification, modèle d’innovation.................................................................................................................................... 13 TABLEAU 3 – Les retombées dans la MRC de La Matapédia ....................................................... 15 TABLEAU 4 – Retombées potentiels durant la phase d’implantation de projets (5 ans) ............... 16 NOS RECOMMANDATIONS ........................................................................................................ 17 CONCLUSION ............................................................................................................................... 17 Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière 2 MISE EN CONTEXTE Le ministère des Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation du territoire par le biais de sa Politique nationale de la ruralité 2007-2014, créait en 2008 les expériences de Laboratoires ruraux. Cette initiative avait pour but de « mener une expérience dans un secteur défini, ou dans plusieurs secteurs intégrés, couvrant différentes dimensions : organisation, approche utilisée, partenariat, utilisation des ressources humaines et naturelles, essais pratiques, ressources à mettre en valeur, mise en œuvre de scénarios de développement originaux. Les résultats escomptés du laboratoire devaient démontrer une progression au fil des années et une durabilité au terme du projet ». En février 2009, le gouvernement du Québec mettait de l’avant un Plan de valorisation de la biomasse forestière. Ce plan d’action reconnaissait le potentiel de cette ressource disponible en grande quantité, mais qui, jumelé à une plus grande utilisation du bois dans la construction au Québec, nous invitait « dans une perspective de développement durable, à innover et à créer de la richesse pour l’ensemble du Québec. » Ces deux initiatives allaient permettre de créer une véritable synergie au sein des entreprises et des organisations de la MRC de La Matapédia. En effet, l’obtention par la Coopérative forestière de la Matapédia d’un projet de Laboratoire rural visant à mettre en valeur l’utilisation de la biomasse forestière pour le chauffage des bâtiments publics, la volonté du milieu de se mobiliser autour de cette expérience porteuse d’avenir, allait devenir une filière aujourd’hui reconnue à travers le Québec. Le projet répondait de façon originale à un problème crucial pour les milieux ruraux : celui de l’abolition du tarif préférentiel d’Hydro-Québec (tarif biénergie pour les bâtiments publics) combiné à l’augmentation constante des coûts de l’énergie, augmentation qui rendait très problématique le chauffage des bâtiments et des équipements d’utilité publique ou communautaire. Ces coûts pouvaient dans une large mesure mettre en péril la survie même de plusieurs communautés rurales puisqu’ils influaient sur leur capacité à maintenir ouvertes leurs églises ou leurs écoles. Le recours à la biomasse forestière comme source d’énergie thermique permettrait aux gestionnaires d’être à l’abri des hausses subites et importantes du prix de l’énergie, y compris celles de l’électricité. Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière 3 C’est ainsi qu’en 2009, une première chaufferie à la biomasse forestière était aménagée au Centre hospitalier d’Amqui. Cette initiative allait devenir un moteur de diversification du secteur forestier et contribuer à l’essor de l’économie matapédienne. Elle allait également permettre l’acquisition d’expertise dans le domaine de la chauffe. Nous avons pu assister à l’implantation de nouveaux services dans les secteurs liés à la réalisation d’études de faisabilité techniques et financière pour l’implantation des projets de chaufferies, à l’ingénierie, à la gestion de projets, au développement de nouvelles compétences au niveau de la recherche et du développement, à l’acquisition de connaissances en ce qui a trait à l’approvisionnement et au conditionnement de la biomasse forestière ainsi que le développement de la formation. De plus, La Matapédia peut maintenant compter sur une grappe industrielle compétente dans le domaine de la fabrication de composantes et de l’installation de chaudières à la biomasse forestière. Un 2e projet de chaufferie allait être initié par le Service de recherche et d’expertise en transformation des produits forestiers afin de se doter d’une chaudière à la biomasse forestière conçue par des industriels de La Matapédia. Véritable laboratoire, ce prototype de petite dimension et spécialement conçu pour la biomasse forestière résiduelle permet d’acquérir des connaissances sur la combustion et d’effectuer du transfert de connaissances vers les entreprises. En 2010, l’expertise développée dans La Matapédia autour de la filière de la biomasse forestière a été regroupée au sein d’un réseau d’experts, le Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière. Ce savoir-faire est maintenant mis à la disposition de l’ensemble des régions du Québec désireuses de développer le chauffage à la biomasse. Plusieurs régions du Québec sont venues s’en inspirer et le savoir-faire des entreprises s’exporte maintenant sur la scène régionale et provinciale. Pensons notamment aux partenariats d’affaires qui se sont développés au niveau de l’approvisionnement en biomasse forestière, de la réalisation d’études de faisabilité technique et financière, à l’expertise au niveau de la recherche et du développement et de la formation. Au cours de l’année 2012, une nouvelle chaufferie à la biomasse forestière a été installée à ville de Causapscal. Cette nouvelle installation, en plus de chauffer des bâtiments municipaux, fournit également l’énergie pour l’église et l’école primaire. Ce projet a permis de développer une nouvelle expertise, soit celle de la production d’énergie à partir d’un réseau de chaleur. En 2013, quatre nouvelles chaufferies verront également le jour, ce qui permettra à La Matapédia de devenir une véritable vitrine technologique pour le chauffage à la biomasse forestière puisqu’elle offrira un éventail de chaufferies avec des modèles différents les uns des autres. Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière 4 Force est de constater que l’expertise de La Matapédia a dépassé les frontières de son territoire. Cette filière est maintenant citée en exemple à travers le Canada et à l’extérieur du pays. Des partenariats de coopération ont été signés en 2010 avec la région de Joenssu en Finlande dans le but de promouvoir l’utilisation de la biomasse forestière dans un objectif de réduction des gaz à effet de serre, de favoriser le transfert de connaissances et de développer des partenariats d’affaires. En mai 2011, une délégation de l’OCDE, regroupant des spécialistes en économie de divers pays du monde, visitait La Matapédia et rencontrait le Réseau biomasse afin d’en connaître davantage sur cette expérience. La démarche de l’OCDE avait pour but d’alimenter une réflexion portant sur les impacts économiques des politiques d’investissement en énergie renouvelable dans les régions rurales à travers le monde. L’OCDE dans son rapport Linking renewable energy to rural development 1 conclut que:« L'énergie renouvelable (ÉR) est proposée dans plusieurs endroits comme nouvelle source potentielle et importante d'emplois et de croissance en milieux ruraux dans les pays de l'OCDE, et comme moyen d'aborder les préoccupations en matière de sécurité environnementale et énergétique. » Ce rapport regroupe des informations toutes aussi intéressantes les unes que les autres et peut s’avérer très inspirant dans la démarche actuelle. 1 Linking renewable energy to rural development –ISBN Number: 9789264180420 – OCDE – octobre 2012 – page 17 Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière 5 La filière biomasse forestière dans La Matapédia et les préoccupations de la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec La Commission sur les enjeux énergétiques du Québec reconnaît l’importance d’entendre les citoyens et les organisations se prononcer sur les préoccupations suivantes qui guideront les interventions du gouvernement du Québec en matière d’énergie, à savoir : La réduction des émissions de gaz à effet de serre et les moyens pour une meilleure réduction; Les objectifs pour atteindre cette réduction Les surplus d’Hydro-Québec L’efficacité énergétique et l’utilisation plus optimale de l’énergie Les besoins énergétiques du Québec et la production d’énergie renouvelable comme secteur de développement et d’innovation; L’exploration et l’exploitation responsables des réserves d’hydrocarbures vs l’enrichissement collectif des Québécois(es); La sécurité et la diversité des approvisionnements énergétiques; Cependant, notre réflexion s’attardera principalement sur des préoccupations qui touchent de façon plus pointue les champs de compétence du Réseau biomasse et sur lesquelles notre organisation est en mesure d’émettre des opinions fondées à partir de l’expertise qu’elle possède. Nous nous efforcerons d’enrichir le débat sur des interrogations qui nous interpellent davantage soit : La réduction des GES et les objectifs pour atteindre cette réduction les besoins énergétiques du Québec et la production d’énergie renouvelable comme secteur de développement et d’innovation La biomasse forestière : une énergie à reconnaître, une énergie sécuritaire La biomasse forestière : source d’énergie, moteur de l’économie et de diversification, modèle d’innovation Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière 6 Les GES et les objectifs pour atteindre cette réduction Nous sommes d’avis qu’il est temps, plus que jamais, de revoir nos façons de faire en matière de réduction des GES et d’utilisation du pétrole. Pour ce faire, le gouvernement du Québec a déjà signifié de façon importante son intention de réduire les GES dans son Plan d’action sur les changements climatiques 20132020 et d’interpeller les collectivités et principalement les municipalités dans l’atteinte de ces objectifs. Certaines régions se démarquent déjà par rapport à d’autres sur le plan de la diversité des sources d’énergies renouvelables en substitution au pétrole. C’est le cas, notamment chez-nous, au Bas-Saint-Laurent où l’on retrouve de vastes expériences d’utilisation et de production de nouvelles énergies. La biomasse forestière, la biométhanisation et la production d’énergie éolienne sont des exemples bien concrets de filières qui ont vu le jour au cours des dernières années dans notre région. Nous croyons que le gouvernement aurait tout intérêt à encourager voir supporter les régions qui ont pris un virage vers la production d’énergie verte. Atteindre un objectif de réduction de 25% des GES peut être réalisable si le gouvernement devient un partenaire de premier plan au soutien des différentes filières énergétiques émergentes au Québec. Pour ce faire, il doit respecter deux principes fondamentaux : les bâtiments publics comme modèle d’utilisation d’énergie renouvelable et l’adoption d’un principe de la bonne énergie à la bonne place. Nous croyons que le support financier du gouvernement est essentiel à court et moyen terme au développement de la filière biomasse forestière. Cette implication financière pourrait sans doute diminuer si le nombre de bâtiments publics chauffés à la biomasse forestière augmentait. Nous pourrions ainsi générer une véritable économie verte par la création de produits et services liés à production d’énergie à partir de cette ressource. À titre d’exemple, des unités de fabrication de chaudières pourraient voir le jour dans certaines régions rurales et fournir le marché québécois. Actuellement, un tel scénario est impossible étant donné que la demande est insuffisante pour permettre la rentabilité de telles unités. Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière 7 Certaines institutions ayant déjà fait un virage vers la biomasse forestière, dont le Centre hospitalier d’Amqui, ont exigé des investissements importants de la part des gestionnaires étant donné le coût élevé des équipements de chauffe. Actuellement, le marché des chaudières à la biomasse forestière de moins de 500kw est peu développé. Plusieurs bâtiments publics nécessiteraient l’utilisation d’appareils de chauffage de cette capacité ou de moindre puissance. Nous avons illustré dans les lignes précédentes un exemple bien concret d’un secteur des secteurs développement que pourrait permettre la création d’une filière biomasse forestière bien structurée. Nous pourrions ainsi créer de la richesse au sein des communautés rurales et faire un véritable modèle de développement durable. Le gouvernement du Québec doit devenir un modèle d’utilisation des énergies renouvelables, comme la biomasse forestière dans des endroits où elle est facilement accessible et disponible. Il contribuera ainsi, et ce pour une large part compte-tenu de l’important parc immobilier dont il dispose, à prêcher par la réduction des GES tout en contribuant à l’essor économique des régions rurales du Québec. Le tableau 2 qui suit, tiré d’une étude réalisée par ÉcoTec consultants pour le compte de la Fédération des coopératives forestières du Québec, illustre bien le potentiel de développement de telles chaufferies : TABLEAU 1 – Répartition régionale du potentiel de chaufferies aux granules et aux copeaux 2 Mars 2012 Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière 8 Nous croyons également, que la substitution du mazout par d’autres formes d’énergie doit également se faire en cohérence et en complémentarité avec les différentes politiques et réflexions mises de l’avant par le gouvernement. Ce dernier devrait favoriser une meilleure communication entre les ministères afin d’éviter que les politiques ou les réflexions soumises par l’un, ne viennent pas à l’encontre ou mettre en doute les actions de l’autre. Permettez-nous de citer quelques exemples. Le Plan de valorisation de la biomasse forestière, la Politique nationale de la ruralité et ses laboratoires ruraux, les programmes de financement du Bureau de l’efficacité et de l’innovation énergétiques (substitution du mazout par la biomasse forestière) sont autant de mesures et d’intervention qui encouragent l’implantation de filières énergétiques au Québec et plus particulièrement, de la biomasse forestière. À cet égard, les programmes de substitution du mazout vers la biomasse forestière gérés par le Bureau de l’efficacité et de l’innovation énergétiques qui ont pris fin en décembre 2012 font encore l’objet de révision importante de la part du ministère des Ressources naturelles ainsi que du ministère du Développement durable, Faune et Parcs dans le cadre du PACC 2. Ce programme a fait ses preuves et il a permis à plusieurs régions du Québec, notamment notre région La Matapédia, de développer l’expertise dans ce domaine et de transférer ces connaissances à d’autres régions. Il s’est également avéré un moteur important de développement économique, question que nous aborderons un peu plus loin dans ce document en plus de réduire de façon significative les GES. L’impasse actuelle face au renouvellement de ce programme prive les régions désireuses de développer le chauffage à la biomasse forestière d’une importante source de financement, freine le développement de cette filière, et ce sans compter les économies que pourraient réaliser nos institutions locales et régionales. Le tableau 3qui suit dresse la liste des projets réalisés à ce jour au BasSaint-Laurent et ceux en attente de réalisation 3 Tableau résumé des projets réalisés au Bas-Saint-Laurent et en attente de réalisation – Gestion conseil PMI – octobre 2013 Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière 9 TABLEAU 2 – Listes des projets réalisés au Bas-Saint-Laurent et en attente de réalisation Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière 10 Au printemps 2011, un groupe de travail réunissait une importante brochette de personnes issues de ministères, d’organismes, de municipalités et de divers horizons socio-économiques du Québec et de ses régions. Fortement inspirée par les résultats des expériences de Laboratoire rural, cette démarche réalisée à la demande du MAMROT portait sur « l’identification des potentiels des communautés rurales en matière de production d’énergies nouvelles et renouvelables de façon à en favoriser la mise en valeur pour en optimiser les retombées dans ces collectivités. » Le rapport de ce groupe de travail « L’énergie renouvelable : source naturelle de succès pour le développement rural »4 proposait des recommandations et un éventail de pistes d’action pour favoriser l’émergence de filières énergétiques dans les régions, dont celle de la biomasse forestière. L’une d’elles proposait entre autres « d’appuyer financièrement la mise en place de centres régionaux d’expertise et d’accompagnement en efficacité énergétique et en production d’énergie renouvelable »5. Toutes ces réflexions sont-elles véritablement prises en compte dans l’élaboration et la reconduction de politiques gouvernementales ou en ignore-t-on l’existence ? Les besoins énergétiques du Québec et la production d’énergie renouvelable comme énergie à reconnaître et sécuritaire La biomasse forestière : une énergie à reconnaître, une énergie sécuritaire La reconnaissance de la biomasse forestière comme source d’énergie renouvelable au même titre que les autres formes d’énergie comme l’éolien, le gaz naturel, l’énergie solaire constitue une bataille importante pour le Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière. Nombreux sont les exemples que nous pourrions citer où nous avons dû intervenir auprès des gestionnaires de politiques gouvernementales afin que soit considérée la biomasse forestière comme les autres sources d’énergie. 4 5 Avril 2011- ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire ISBN 978-2-921318-61-7 « L’énergie renouvelable : source naturelle de succès pour le développement rural » - Actions liées à la recommandation 2 –p.38 Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière 11 Ce secteur de l’énergie, en plus des différents obstacles auxquels il doit faire face au niveau des normes gouvernementales, a également fait les frais de la mauvaise presse livrée par Greenpeace lors de la saga entourant le rapport « Biomasse ou biomascarade » qui a fait couler beaucoup d’encre à l’automne 2011 et dont les propos ont semé la controverse. Malheureusement, il nous est permis de croire que cette polémique a peut-être freiné la reconduction des programmes touchant la biomasse forestière. Ce rapport contient très peu de nuances. Pour le commun des mortels, que retient-on ? La biomasse forestière n’est pas un bon choix, elle pollue et on brûle les forêts. Les médias n’ont retenu que les mauvais exemples cités par Greenpeace. On a fait totalement abstraction des quelques lignes de ce rapport qui reconnaissait des petits projets de chaufferies communautaires et qui préconisaient et permettez-nous de citer la référence6 (page 3 du rapport) aux chaufferies locales : « La combustion de résidus industriels, comme les sciures et les écorces, en remplacement des carburants fossiles pour des systèmes de chauffage locaux à petite échelle, constitue la façon la plus efficace d’utiliser la biomasse forestière ». Bien que Greenpeace reconnaisse l’utilisation des résidus d’usine, la biomasse forestière utilisée dans les chaufferies communautaires de La Matapédia et d’autres régions est prélevée à partir de résidus de coupe. Cela tient compte aussi des directives du BEIE qui reconnaît la biomasse forestière résiduelle comme source d’énergie dans son programme d’aide à la substitution du mazout. La récolte est effectuée dans un esprit de développement durable et de préservation de la ressource où une grande partie de la matière est laissée au sol. On estime à plus de 50 % la quantité de biomasse laissée sur le parterre de coupe et la récolte fait l’objet d’un suivi environnemental rigoureux. De plus, on a déterminé que pour que cette activité respecte les principes de réduction de GES, le transport de la biomasse forestière pour l’alimentation des chaufferies doit s’effectuer à l’intérieur d’un rayon de 100 kilomètres, ce qui est actuellement respecté dans La Matapédia. Le transport de la biomasse forestière comparativement au mazout ne risque pas de mettre en péril la vie de citoyens comme ce fût le cas cet été dans la tragédie de Lac-Mégantic, mais, également dans les tragédies maritimes provoquées par les déversements de pétrole. Bref, l’utilisation de cette ressource forestière constitue un enjeu économique important dont les retombées se font sentir directement dans les communautés locales en plus d’être géré localement. 6 « De biomasse à … biomascarade » novembre 2011 – page 3 Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière 12 Donc, permettez-nous d’espérer que les politiques gouvernementales actuelles et futures ne soient pas dictées par l’influence de groupes de pressions environnementales dont les propos sont souvent injustifiés. Les politiques doivent faire l’objet de la plus grande impartialité et reposer sur des données précises et scientifiques tout en tenant compte des impacts sur les collectivités locales. La biomasse forestière : source d’énergie, moteur de l’économie et de diversification, modèle d’innovation Le Réseau biomasse forestière a permis à l’économie matapédienne de se diversifier. Bien que le développement de cette filière ne soit pas la solution à tous source d’énergie, moteur de l’économie, de diversification et d’innovation les obstacles du secteur forestier, elle favorise un développement complémentaire aux opérations forestières traditionnelles. Elle permet la mise en valeur accrue d’une ressource largement présente en région, et ce, au profit de la communauté. De plus, la récolte de la biomasse forestière permet de revaloriser une ressource. Beaucoup déplorent le fait que cette biomasse (bois non-commercial) soit laissée sur les parterres de coupe et assimilent cette pratique à un gaspillage. Par ailleurs, la valorisation de la biomasse est un objectif visé non seulement au niveau local, mais il l’est également au niveau régional et provincial. Il est important de souligner que le prélèvement de cette matière s’effectue dans un esprit de préservation de la ressource. L’approvisionnement en biomasse forestière est réalisé à partir de méthodes de gestion et de récolte durables, compétitives et efficaces en termes d’atténuation des émissions de gaz à effets de serre (GES) à l’échelle des communautés forestières. Toutefois, il ne faut pas négliger une dimension importante de cette nouvelle solution pour le remplacement de combustibles fossiles. L’utilisation de la biomasse forestière à des fins énergétiques contribue au maintien des équipements publics, communautaires et religieux, maintien qui devient de plus en plus problématique pour les petites municipalités rurales. En plus de réaliser des économies substantielles, elle réduit de façon considérable la dépendance aux pétroles tout en réduisant le recours aux énergies fossiles. Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière 13 Notons également l’aspect recherche et développement constitue une dimension importante de son utilisation à d’autres fins que la chauffe. L’exploration de nouvelles avenues pour l’utilisation de cette ressource a permis au Service de recherche et d’expertise en transformation des produits forestiers (SEREX) de développer d’importants travaux. En effet, au cours des dernières années, l’organisme a développé des expertises sur la densification de la biomasse sous forme de granules ou de bûches énergétiques, la combustion directe en chaudière et la conversion énergétique par les procédés de pyrolyse, de carbonisation et gazéification. D’autres travaux ont également porté sur l’amélioration de la qualité des huiles pyrolytiques pour le remplacement du mazout dans des chaudières industrielles et leur conversion en biocarburants. Bref, la filière biomasse forestière a permis de diversifier l’économie matapédienne et de générer des retombées économiques importantes en plus de permettre une diversification de son économie. Voici quelques exemples de ces retombées : Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière 14 TABLEAU 3 – Les retombées dans la MRC de La Matapédia Les retombées dans La MRC de La Matapédia Création d’emplois générés par la filière biomasse forestière depuis janvier 2010 Récolte biomasse 1 Entretien de chaufferies 1 Service-conseil 4 Ingénierie 1 Formation 1 Chercheur spécialiste combustion 1 Total 10 emplois Sans compter la consolidation de nombreux emplois du secteur forestier et les emplois indirects Note : Si l’on compare la population de Montréal (3 824 221) et la population de la MRC de La Matapédia (18 573 habitants) et les impacts au niveau de la création d’emplois, un tel projet à Montréal aurait créé 2078 emplois. Les investissements liés à l’implantation de la biomasse forestière dans La Matapédia Investissements directement liés à la biomasse forestière au niveau des services, des équipements 2 M$ Implantation de chaufferies à la biomasse à ce jour (4 chaufferies) 4 860 000 $ Autres projets de chaufferies au cours de 2012-2013 2 M$ Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière 15 TABLEAU 4 – Retombées potentiels durant la phase d’implantation de projets (5 ans) Sur un horizon de 5 ans (scénario de 3 projets par année) Retombées potentiels durant la phase d’implantation de projets (5 ans) 11 423 000 $ Substitution – coût énergie fossile : An 1 : 460 500 $ An 2 : 921 000 $ An 3 : 1 381 500 $ An 4 : 1 597 500 $ An 5 : 1 669 500 $ Total : 6 030 000 $ Économies nettes An 1 : 245 000 $ An 2 : 490 000 $ An 3 : 735 000 $ An 4 : 870 000 $ An 5 : 915 000 $ Total : 3 255 000 $ Si l’on considère uniquement le projet du Centre hospitalier d’Amqui depuis l’implantation de la chaufferie à la biomasse forestière, les économies réalisées depuis 2010 représentent des économies de plus de 100 000 $ annuellement. Ces montants ont pu être réinvestis dans des services à la communauté. Il en va de même pour les municipalités qui ont amorcé le virage. Ces dernières pourront maintenir des services (loisirs, cultures, éducation et autres) dans leur communauté qui, autrement, auraient été réduits ou abolis, à brève échéance, face à l’incapacité financière d’en assurer la pérennité. Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière 16 NOS RECOMMANDATIONS Reconnaître la biomasse forestière comme énergie renouvelable en remplacement des carburants fossiles au même titre que les autres énergies; Promouvoir l’utilisation de la biomasse forestière auprès des différents paliers gouvernementaux Fixer des objectifs clairs en matière d’utilisation de la biomasse forestière dans le chauffage des bâtiments publics et autres institutions; S’assurer que ces objectifs d’utilisation de la biomasse forestière soient intégrés dans les différentes normes gouvernementales touchant l’efficacité énergétique et qu’elles fassent l’objet d’un suivi rigoureux dans son application; Soutenir financièrement l’utilisation de la biomasse forestière en substitution des énergies fossiles par des programmes adaptés, à court et moyen terme; Supporter la recherche et le développement et le transfert technologique dans le domaine de l’utilisation de la biomasse forestière à d’autres fins que le chauffage; Gérer la nouvelle politique énergétique sur la base du principe de la bonne énergie à la bonne place; Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière 17 CONCLUSION Changer nos contraintes en opportunités. Voilà ce qui devrait dicter nos actions pour les années futures afin de réduire notre dépendance au pétrole. Nous devons rapidement apporter les changements nécessaires pour amorcer ce virage. D’autres pays, comme les pays scandinaves, ont déjà trouvé des solutions pour pallier à ce problème et constituent des modèles à suivre. La population du Québec et celle des régions sont de plus en plus conscientes qu’il faut rapidement poser des gestes pour changer les comportements. On peut déjà observer que ce changement devient une motivation pour les communautés rurales à faire autrement et à développer des initiatives qui, tout en garantissant une plus grande indépendance énergétique, deviennent un moteur économique important. C’est le cas de la MRC de La Matapédia qui, par l’implantation de sa filière biomasse forestière pour le chauffage institutionnel, peut démontrer après quelques années d’existence, qu’il est possible à la fois de réduire les GES et de faire de l’énergie un moteur de développement économique durable. Il est primordial que le gouvernement du Québec fasse les bons choix dans l’adoption de sa nouvelle politique énergétique. Il faut qu’il s’appuie sur des expériences concluantes en matière de production d’énergie. Les régions peuvent devenir des modèles à ce chapitre. Si on leur en donne la chance, les collectivités pourront prendre leur place et devenir des partenaires dans la lutte aux changements climatiques. Elles pourront ainsi garantir leur indépendance énergétique, développer leur économie, réduire les gaz à effet de serre et assurer le bien-être et la sécurité de leur population. Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière 18