Réseau d`expertise et de valorisation en biomasse forestière

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Mémoire présenté par le
Réseau d’expertise et de
valorisation en biomasse
forestière
à la
Commission sur les enjeux
énergétiques du Québec
Octobre 2013
Table des matières
MISE EN CONTEXTE ..................................................................................................................... 3
La filière biomasse forestière dans La Matapédia et les préoccupations de la Commission sur les
enjeux énergétiques du Québec ...................................................................................................... 6
Les GES et les objectifs pour atteindre cette réduction ................................................................... 7
TABLEAU 1 – Répartition régionale du potentiel de chaufferies aux granules et aux copeaux ...... 8
TABLEAU 2 – Listes des projets réalisés au Bas-Saint-Laurent et en attente de réalisation ........ 10
Les besoins énergétiques du Québec et la production d’énergie renouvelable comme énergie à
reconnaître et sécuritaire ............................................................................................................... 11
La biomasse forestière : une énergie à reconnaître, une énergie sécuritaire ......................... 11
La biomasse forestière : source d’énergie, moteur de l’économie et de diversification, modèle
d’innovation.................................................................................................................................... 13
TABLEAU 3 – Les retombées dans la MRC de La Matapédia ....................................................... 15
TABLEAU 4 – Retombées potentiels durant la phase d’implantation de projets (5 ans) ............... 16
NOS RECOMMANDATIONS ........................................................................................................ 17
CONCLUSION ............................................................................................................................... 17
Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière
2
MISE EN CONTEXTE
Le ministère des Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation du
territoire par le biais de sa Politique nationale de la ruralité 2007-2014, créait en
2008 les expériences de Laboratoires ruraux. Cette initiative avait pour but de
« mener une expérience dans un secteur défini, ou dans plusieurs secteurs
intégrés, couvrant différentes dimensions : organisation, approche utilisée,
partenariat, utilisation des ressources humaines et naturelles, essais pratiques,
ressources à mettre en valeur, mise en œuvre de scénarios de développement
originaux. Les résultats escomptés du laboratoire devaient démontrer une
progression au fil des années et une durabilité au terme du projet ».
En février 2009, le gouvernement du Québec mettait de l’avant un Plan de
valorisation de la biomasse forestière. Ce plan d’action reconnaissait le potentiel
de cette ressource disponible en grande quantité, mais qui, jumelé à une plus
grande utilisation du bois dans la construction au Québec, nous invitait « dans une
perspective de développement durable, à innover et à créer de la richesse pour
l’ensemble du Québec. »
Ces deux initiatives allaient permettre de créer une véritable synergie au
sein des entreprises et des organisations de la MRC de La Matapédia.
En effet, l’obtention par la Coopérative forestière de la Matapédia d’un projet
de Laboratoire rural visant à mettre en valeur l’utilisation de la biomasse forestière
pour le chauffage des bâtiments publics, la volonté du milieu de se mobiliser autour
de cette expérience porteuse d’avenir, allait devenir une filière aujourd’hui
reconnue à travers le Québec.
Le projet répondait de façon originale à un problème crucial pour les milieux
ruraux : celui de l’abolition du tarif préférentiel d’Hydro-Québec (tarif biénergie pour
les bâtiments publics) combiné à l’augmentation constante des coûts de l’énergie,
augmentation qui rendait très problématique le chauffage des bâtiments et des
équipements d’utilité publique ou communautaire. Ces coûts pouvaient dans une
large mesure mettre en péril la survie même de plusieurs communautés rurales
puisqu’ils influaient sur leur capacité à maintenir ouvertes leurs églises ou leurs
écoles. Le recours à la biomasse forestière comme source d’énergie thermique
permettrait aux gestionnaires d’être à l’abri des hausses subites et importantes du
prix de l’énergie, y compris celles de l’électricité.
Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière
3
C’est ainsi qu’en 2009, une première chaufferie à la biomasse forestière
était aménagée au Centre hospitalier d’Amqui. Cette initiative allait devenir un
moteur de diversification du secteur forestier et contribuer à l’essor de l’économie
matapédienne. Elle allait également permettre l’acquisition d’expertise dans le
domaine de la chauffe. Nous avons pu assister à l’implantation de nouveaux
services dans les secteurs liés à la réalisation d’études de faisabilité techniques et
financière pour l’implantation des projets de chaufferies, à l’ingénierie, à la gestion
de projets, au développement de nouvelles compétences au niveau de la
recherche et du développement, à l’acquisition de connaissances en ce qui a trait
à l’approvisionnement et au conditionnement de la biomasse forestière ainsi que
le développement de la formation. De plus, La Matapédia peut maintenant compter
sur une grappe industrielle compétente dans le domaine de la fabrication de
composantes et de l’installation de chaudières à la biomasse forestière.
Un 2e projet de chaufferie allait être initié par le Service de recherche et
d’expertise en transformation des produits forestiers afin de se doter d’une
chaudière à la biomasse forestière conçue par des industriels de La Matapédia.
Véritable laboratoire, ce prototype de petite dimension et spécialement conçu pour
la biomasse forestière résiduelle permet d’acquérir des connaissances sur la
combustion et d’effectuer du transfert de connaissances vers les entreprises.
En 2010, l’expertise développée dans La Matapédia autour de la filière de
la biomasse forestière a été regroupée au sein d’un réseau d’experts, le Réseau
d’expertise et de valorisation en biomasse forestière. Ce savoir-faire est
maintenant mis à la disposition de l’ensemble des régions du Québec désireuses
de développer le chauffage à la biomasse. Plusieurs régions du Québec sont
venues s’en inspirer et le savoir-faire des entreprises s’exporte maintenant sur la
scène régionale et provinciale. Pensons notamment aux partenariats d’affaires qui
se sont développés au niveau de l’approvisionnement en biomasse forestière, de
la réalisation d’études de faisabilité technique et financière, à l’expertise au niveau
de la recherche et du développement et de la formation.
Au cours de l’année 2012, une nouvelle chaufferie à la biomasse forestière
a été installée à ville de Causapscal. Cette nouvelle installation, en plus de
chauffer des bâtiments municipaux, fournit également l’énergie pour l’église et
l’école primaire. Ce projet a permis de développer une nouvelle expertise, soit celle
de la production d’énergie à partir d’un réseau de chaleur. En 2013, quatre
nouvelles chaufferies verront également le jour, ce qui permettra à La Matapédia
de devenir une véritable vitrine technologique pour le chauffage à la biomasse
forestière puisqu’elle offrira un éventail de chaufferies avec des modèles différents
les uns des autres.
Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière
4
Force est de constater que l’expertise de La Matapédia a dépassé les
frontières de son territoire. Cette filière est maintenant citée en exemple à travers
le Canada et à l’extérieur du pays. Des partenariats de coopération ont été signés
en 2010 avec la région de Joenssu en Finlande dans le but de promouvoir
l’utilisation de la biomasse forestière dans un objectif de réduction des gaz à effet
de serre, de favoriser le transfert de connaissances et de développer des
partenariats d’affaires.
En mai 2011, une délégation de l’OCDE, regroupant des spécialistes en
économie de divers pays du monde, visitait La Matapédia et rencontrait le Réseau
biomasse afin d’en connaître davantage sur cette expérience. La démarche de
l’OCDE avait pour but d’alimenter une réflexion portant sur les impacts
économiques des politiques d’investissement en énergie renouvelable dans les
régions rurales à travers le monde. L’OCDE dans son rapport Linking renewable
energy to rural development 1 conclut que:« L'énergie renouvelable (ÉR) est
proposée dans plusieurs endroits comme nouvelle source potentielle et importante
d'emplois et de croissance en milieux ruraux dans les pays de l'OCDE, et comme
moyen d'aborder les préoccupations en matière de sécurité environnementale et
énergétique. »
Ce rapport regroupe des informations toutes aussi intéressantes les unes
que les autres et peut s’avérer très inspirant dans la démarche actuelle.
1
Linking renewable energy to rural development –ISBN Number: 9789264180420 – OCDE – octobre 2012 – page 17
Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière
5
La filière biomasse forestière dans La Matapédia et les préoccupations
de la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec
La Commission sur les enjeux énergétiques du Québec reconnaît l’importance
d’entendre les citoyens et les organisations se prononcer sur les préoccupations
suivantes qui guideront les interventions du gouvernement du Québec en matière
d’énergie, à savoir :
 La réduction des émissions de gaz à effet de serre et les moyens pour une
meilleure réduction;
 Les objectifs pour atteindre cette réduction
 Les surplus d’Hydro-Québec
 L’efficacité énergétique et l’utilisation plus optimale de l’énergie
 Les besoins énergétiques du Québec et la production d’énergie
renouvelable comme secteur de développement et d’innovation;
 L’exploration et l’exploitation responsables des réserves d’hydrocarbures
vs l’enrichissement collectif des Québécois(es);
 La sécurité et la diversité des approvisionnements énergétiques;
Cependant, notre réflexion s’attardera principalement sur des
préoccupations qui touchent de façon plus pointue les champs de compétence du
Réseau biomasse et sur lesquelles notre organisation est en mesure d’émettre des
opinions fondées à partir de l’expertise qu’elle possède. Nous nous efforcerons
d’enrichir le débat sur des interrogations qui nous interpellent davantage soit :




La réduction des GES et les objectifs pour atteindre cette réduction
les besoins énergétiques du Québec et la production d’énergie
renouvelable comme secteur de développement et d’innovation
La biomasse forestière : une énergie à reconnaître, une énergie
sécuritaire
La biomasse forestière : source d’énergie, moteur de l’économie et
de diversification, modèle d’innovation
Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière
6
Les GES et les objectifs pour atteindre cette réduction
Nous sommes d’avis qu’il est temps, plus que jamais, de revoir nos façons
de faire en matière de réduction des GES et d’utilisation du pétrole. Pour ce faire,
le gouvernement du Québec a déjà signifié de façon importante son intention de
réduire les GES dans son Plan d’action sur les changements climatiques 20132020 et d’interpeller les collectivités et principalement les municipalités dans
l’atteinte de ces objectifs.
Certaines régions se démarquent déjà par rapport à d’autres sur le plan de
la diversité des sources d’énergies renouvelables en substitution au pétrole. C’est
le cas, notamment chez-nous, au Bas-Saint-Laurent où l’on retrouve de vastes
expériences d’utilisation et de production de nouvelles énergies. La biomasse
forestière, la biométhanisation et la production d’énergie éolienne sont des
exemples bien concrets de filières qui ont vu le jour au cours des dernières années
dans notre région.
Nous croyons que le gouvernement aurait tout intérêt à encourager voir
supporter les régions qui ont pris un virage vers la production d’énergie verte.
Atteindre un objectif de réduction de 25% des GES peut être réalisable si le
gouvernement devient un partenaire de premier plan au soutien des différentes
filières énergétiques émergentes au Québec. Pour ce faire, il doit respecter deux
principes fondamentaux : les bâtiments publics comme modèle d’utilisation
d’énergie renouvelable et l’adoption d’un principe de la bonne énergie à la bonne
place.
Nous croyons que le support financier du gouvernement est essentiel à
court et moyen terme au développement de la filière biomasse forestière. Cette
implication financière pourrait sans doute diminuer si le nombre de bâtiments
publics chauffés à la biomasse forestière augmentait. Nous pourrions ainsi générer
une véritable économie verte par la création de produits et services liés à
production d’énergie à partir de cette ressource. À titre d’exemple, des unités de
fabrication de chaudières pourraient voir le jour dans certaines régions rurales et
fournir le marché québécois. Actuellement, un tel scénario est impossible étant
donné que la demande est insuffisante pour permettre la rentabilité de telles
unités.
Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière
7
Certaines institutions ayant déjà fait un virage vers la biomasse forestière,
dont le Centre hospitalier d’Amqui, ont exigé des investissements importants de la
part des gestionnaires étant donné le coût élevé des équipements de chauffe.
Actuellement, le marché des chaudières à la biomasse forestière de moins de
500kw est peu développé. Plusieurs bâtiments publics nécessiteraient l’utilisation
d’appareils de chauffage de cette capacité ou de moindre puissance. Nous avons
illustré dans les lignes précédentes un exemple bien concret d’un secteur des
secteurs développement que pourrait permettre la création d’une filière biomasse
forestière bien structurée. Nous pourrions ainsi créer de la richesse au sein des
communautés rurales et faire un véritable modèle de développement durable.
Le gouvernement du Québec doit devenir un modèle d’utilisation des
énergies renouvelables, comme la biomasse forestière dans des endroits où elle
est facilement accessible et disponible. Il contribuera ainsi, et ce pour une large
part compte-tenu de l’important parc immobilier dont il dispose, à prêcher par la
réduction des GES tout en contribuant à l’essor économique des régions rurales
du Québec. Le tableau 2 qui suit, tiré d’une étude réalisée par ÉcoTec consultants
pour le compte de la Fédération des coopératives forestières du Québec, illustre
bien le potentiel de développement de telles chaufferies :
TABLEAU 1 – Répartition régionale du potentiel de chaufferies aux granules et aux copeaux
2
Mars 2012
Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière
8
Nous croyons également, que la substitution du mazout par d’autres formes
d’énergie doit également se faire en cohérence et en complémentarité avec les
différentes politiques et réflexions mises de l’avant par le gouvernement. Ce
dernier devrait favoriser une meilleure communication entre les ministères afin
d’éviter que les politiques ou les réflexions soumises par l’un, ne viennent pas à
l’encontre ou mettre en doute les actions de l’autre.
Permettez-nous de citer quelques exemples. Le Plan de valorisation de la
biomasse forestière, la Politique nationale de la ruralité et ses laboratoires ruraux,
les programmes de financement du Bureau de l’efficacité et de l’innovation
énergétiques (substitution du mazout par la biomasse forestière) sont autant de
mesures et d’intervention qui encouragent l’implantation de filières énergétiques
au Québec et plus particulièrement, de la biomasse forestière.
À cet égard, les programmes de substitution du mazout vers la biomasse
forestière gérés par le Bureau de l’efficacité et de l’innovation énergétiques qui ont
pris fin en décembre 2012 font encore l’objet de révision importante de la part du
ministère des Ressources naturelles ainsi que du ministère du Développement
durable, Faune et Parcs dans le cadre du PACC 2. Ce programme a fait ses
preuves et il a permis à plusieurs régions du Québec, notamment notre région La
Matapédia, de développer l’expertise dans ce domaine et de transférer ces
connaissances à d’autres régions. Il s’est également avéré un moteur important de
développement économique, question que nous aborderons un peu plus loin dans
ce document en plus de réduire de façon significative les GES.
L’impasse actuelle face au renouvellement de ce programme prive les
régions désireuses de développer le chauffage à la biomasse forestière d’une
importante source de financement, freine le développement de cette filière, et ce
sans compter les économies que pourraient réaliser nos institutions locales et
régionales.
Le tableau 3qui suit dresse la liste des projets réalisés à ce jour au BasSaint-Laurent et ceux en attente de réalisation
3
Tableau résumé des projets réalisés au Bas-Saint-Laurent et en attente de réalisation – Gestion conseil PMI – octobre 2013
Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière
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TABLEAU 2 – Listes des projets réalisés au Bas-Saint-Laurent et en attente de réalisation
Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière
10
Au printemps 2011, un groupe de travail réunissait une importante brochette
de personnes issues de ministères, d’organismes, de municipalités et de divers
horizons socio-économiques du Québec et de ses régions. Fortement inspirée par
les résultats des expériences de Laboratoire rural, cette démarche réalisée à la
demande du MAMROT portait sur « l’identification des potentiels des
communautés rurales en matière de production d’énergies nouvelles et
renouvelables de façon à en favoriser la mise en valeur pour en optimiser les
retombées dans ces collectivités. »
Le rapport de ce groupe de travail « L’énergie renouvelable : source
naturelle de succès pour le développement rural »4 proposait des
recommandations et un éventail de pistes d’action pour favoriser l’émergence de
filières énergétiques dans les régions, dont celle de la biomasse forestière. L’une
d’elles proposait entre autres « d’appuyer financièrement la mise en place de
centres régionaux d’expertise et d’accompagnement en efficacité énergétique et
en production d’énergie renouvelable »5.
Toutes ces réflexions sont-elles véritablement prises en compte dans
l’élaboration et la reconduction de politiques gouvernementales ou en ignore-t-on
l’existence ?
Les besoins énergétiques du Québec et la production d’énergie renouvelable
comme énergie à reconnaître et sécuritaire
La biomasse forestière : une énergie à reconnaître, une énergie
sécuritaire
La reconnaissance de la biomasse forestière comme source d’énergie
renouvelable au même titre que les autres formes d’énergie comme l’éolien, le gaz
naturel, l’énergie solaire constitue une bataille importante pour le Réseau
d’expertise et de valorisation en biomasse forestière. Nombreux sont les exemples
que nous pourrions citer où nous avons dû intervenir auprès des gestionnaires de
politiques gouvernementales afin que soit considérée la biomasse forestière
comme les autres sources d’énergie.
4
5
Avril 2011- ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire ISBN 978-2-921318-61-7
« L’énergie renouvelable : source naturelle de succès pour le développement rural » - Actions liées à la recommandation 2 –p.38
Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière
11
Ce secteur de l’énergie, en plus des différents obstacles auxquels il doit
faire face au niveau des normes gouvernementales, a également fait les frais de
la mauvaise presse livrée par Greenpeace lors de la saga entourant le rapport
« Biomasse ou biomascarade » qui a fait couler beaucoup d’encre à l’automne
2011 et dont les propos ont semé la controverse. Malheureusement, il nous est
permis de croire que cette polémique a peut-être freiné la reconduction des
programmes touchant la biomasse forestière.
Ce rapport contient très peu de nuances. Pour le commun des mortels, que
retient-on ? La biomasse forestière n’est pas un bon choix, elle pollue et on brûle
les forêts. Les médias n’ont retenu que les mauvais exemples cités par
Greenpeace. On a fait totalement abstraction des quelques lignes de ce rapport
qui reconnaissait des petits projets de chaufferies communautaires et qui
préconisaient et permettez-nous de citer la référence6 (page 3 du rapport) aux
chaufferies locales : « La combustion de résidus industriels, comme les sciures et
les écorces, en remplacement des carburants fossiles pour des systèmes de
chauffage locaux à petite échelle, constitue la façon la plus efficace d’utiliser la
biomasse forestière ».
Bien que Greenpeace reconnaisse l’utilisation des résidus d’usine, la
biomasse forestière utilisée dans les chaufferies communautaires de La
Matapédia et d’autres régions est prélevée à partir de résidus de coupe. Cela tient
compte aussi des directives du BEIE qui reconnaît la biomasse forestière
résiduelle comme source d’énergie dans son programme d’aide à la substitution
du mazout. La récolte est effectuée dans un esprit de développement durable et
de préservation de la ressource où une grande partie de la matière est laissée au
sol. On estime à plus de 50 % la quantité de biomasse laissée sur le parterre de
coupe et la récolte fait l’objet d’un suivi environnemental rigoureux. De plus, on a
déterminé que pour que cette activité respecte les principes de réduction de GES,
le transport de la biomasse forestière pour l’alimentation des chaufferies doit
s’effectuer à l’intérieur d’un rayon de 100 kilomètres, ce qui est actuellement
respecté dans La Matapédia.
Le transport de la biomasse forestière comparativement au mazout ne
risque pas de mettre en péril la vie de citoyens comme ce fût le cas cet été dans
la tragédie de Lac-Mégantic, mais, également dans les tragédies maritimes
provoquées par les déversements de pétrole. Bref, l’utilisation de cette ressource
forestière constitue un enjeu économique important dont les retombées se font
sentir directement dans les communautés locales en plus d’être géré localement.
6
« De biomasse à … biomascarade » novembre 2011 – page 3
Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière
12
Donc, permettez-nous d’espérer que les politiques gouvernementales
actuelles et futures ne soient pas dictées par l’influence de groupes de pressions
environnementales dont les propos sont souvent injustifiés. Les politiques doivent
faire l’objet de la plus grande impartialité et reposer sur des données précises et
scientifiques tout en tenant compte des impacts sur les collectivités locales.
La biomasse forestière : source d’énergie, moteur de l’économie et de
diversification, modèle d’innovation
Le Réseau biomasse forestière a permis à l’économie matapédienne de se
diversifier. Bien que le développement de cette filière ne soit pas la solution à tous
source d’énergie, moteur de l’économie, de diversification et d’innovation
les obstacles du secteur forestier, elle favorise un développement complémentaire
aux opérations forestières traditionnelles. Elle permet la mise en valeur accrue
d’une ressource largement présente en région, et ce, au profit de la communauté.
De plus, la récolte de la biomasse forestière permet de revaloriser une ressource.
Beaucoup déplorent le fait que cette biomasse (bois non-commercial) soit laissée
sur les parterres de coupe et assimilent cette pratique à un gaspillage. Par ailleurs,
la valorisation de la biomasse est un objectif visé non seulement au niveau local,
mais il l’est également au niveau régional et provincial.
Il est important de souligner que le prélèvement de cette matière s’effectue
dans un esprit de préservation de la ressource. L’approvisionnement en biomasse
forestière est réalisé à partir de méthodes de gestion et de récolte durables,
compétitives et efficaces en termes d’atténuation des émissions de gaz à effets de
serre (GES) à l’échelle des communautés forestières.
Toutefois, il ne faut pas négliger une dimension importante de cette nouvelle
solution pour le remplacement de combustibles fossiles. L’utilisation de la
biomasse forestière à des fins énergétiques contribue au maintien des
équipements publics, communautaires et religieux, maintien qui devient de plus en
plus problématique pour les petites municipalités rurales. En plus de réaliser des
économies substantielles, elle réduit de façon considérable la dépendance aux
pétroles tout en réduisant le recours aux énergies fossiles.
Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière
13
Notons également l’aspect recherche et développement constitue une
dimension importante de son utilisation à d’autres fins que la chauffe. L’exploration
de nouvelles avenues pour l’utilisation de cette ressource a permis au Service de
recherche et d’expertise en transformation des produits forestiers (SEREX) de
développer d’importants travaux. En effet, au cours des dernières années,
l’organisme a développé des expertises sur la densification de la biomasse sous
forme de granules ou de bûches énergétiques, la combustion directe en chaudière
et la conversion énergétique par les procédés de pyrolyse, de carbonisation et
gazéification. D’autres travaux ont également porté sur l’amélioration de la qualité
des huiles pyrolytiques pour le remplacement du mazout dans des chaudières
industrielles et leur conversion en biocarburants.
Bref, la filière biomasse forestière a permis de diversifier l’économie
matapédienne et de générer des retombées économiques importantes en plus de
permettre une diversification de son économie. Voici quelques exemples de ces
retombées :
Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière
14
TABLEAU 3 – Les retombées dans la MRC de La Matapédia
Les retombées dans La MRC de La Matapédia
Création d’emplois générés par la filière biomasse forestière
depuis janvier 2010
Récolte biomasse
1
Entretien de chaufferies
1
Service-conseil
4
Ingénierie
1
Formation
1
Chercheur spécialiste combustion
1
Total
10 emplois
Sans compter la consolidation de nombreux emplois du secteur forestier et les emplois indirects
Note : Si l’on compare la population de Montréal (3 824 221) et la population de la MRC de La
Matapédia (18 573 habitants) et les impacts au niveau de la création d’emplois, un tel projet à
Montréal aurait créé 2078 emplois.
Les investissements liés à l’implantation de la biomasse forestière dans La Matapédia
Investissements directement liés à la biomasse forestière
au niveau des services, des équipements
2 M$
Implantation de chaufferies à la biomasse à ce jour (4 chaufferies)
4 860 000 $
Autres projets de chaufferies au cours de 2012-2013
2 M$
Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière
15
TABLEAU 4 – Retombées potentiels durant la phase d’implantation de projets (5 ans)
Sur un horizon de 5 ans (scénario de 3 projets par année)
Retombées potentiels durant la phase d’implantation de projets (5 ans)
11 423 000 $
Substitution – coût énergie fossile :

An 1 : 460 500 $

An 2 : 921 000 $

An 3 : 1 381 500 $

An 4 : 1 597 500 $

An 5 : 1 669 500 $
Total : 6 030 000 $
Économies nettes

An 1 : 245 000 $

An 2 : 490 000 $

An 3 : 735 000 $

An 4 : 870 000 $

An 5 : 915 000 $
Total : 3 255 000 $
Si l’on considère uniquement le projet du Centre hospitalier d’Amqui depuis
l’implantation de la chaufferie à la biomasse forestière, les économies réalisées
depuis 2010 représentent des économies de plus de 100 000 $ annuellement. Ces
montants ont pu être réinvestis dans des services à la communauté.
Il en va de même pour les municipalités qui ont amorcé le virage. Ces
dernières pourront maintenir des services (loisirs, cultures, éducation et autres)
dans leur communauté qui, autrement, auraient été réduits ou abolis, à brève
échéance, face à l’incapacité financière d’en assurer la pérennité.
Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière
16
NOS RECOMMANDATIONS

Reconnaître la biomasse forestière comme énergie renouvelable en
remplacement des carburants fossiles au même titre que les autres
énergies;

Promouvoir l’utilisation de la biomasse forestière auprès des différents
paliers gouvernementaux

Fixer des objectifs clairs en matière d’utilisation de la biomasse forestière
dans le chauffage des bâtiments publics et autres institutions;

S’assurer que ces objectifs d’utilisation de la biomasse forestière soient
intégrés dans les différentes normes gouvernementales touchant l’efficacité
énergétique et qu’elles fassent l’objet d’un suivi rigoureux dans son
application;

Soutenir financièrement l’utilisation de la biomasse forestière en
substitution des énergies fossiles par des programmes adaptés, à court et
moyen terme;

Supporter la recherche et le développement et le transfert technologique
dans le domaine de l’utilisation de la biomasse forestière à d’autres fins que
le chauffage;

Gérer la nouvelle politique énergétique sur la base du principe de la bonne
énergie à la bonne place;
Réseau d’expertise et de valorisation en biomasse forestière
17
CONCLUSION
Changer nos contraintes en opportunités. Voilà ce qui devrait dicter nos
actions pour les années futures afin de réduire notre dépendance au pétrole. Nous
devons rapidement apporter les changements nécessaires pour amorcer ce
virage. D’autres pays, comme les pays scandinaves, ont déjà trouvé des solutions
pour pallier à ce problème et constituent des modèles à suivre.
La population du Québec et celle des régions sont de plus en plus
conscientes qu’il faut rapidement poser des gestes pour changer les
comportements. On peut déjà observer que ce changement devient une motivation
pour les communautés rurales à faire autrement et à développer des initiatives qui,
tout en garantissant une plus grande indépendance énergétique, deviennent un
moteur économique important.
C’est le cas de la MRC de La Matapédia qui, par l’implantation de sa filière
biomasse forestière pour le chauffage institutionnel, peut démontrer après
quelques années d’existence, qu’il est possible à la fois de réduire les GES et de
faire de l’énergie un moteur de développement économique durable.
Il est primordial que le gouvernement du Québec fasse les bons choix dans
l’adoption de sa nouvelle politique énergétique. Il faut qu’il s’appuie sur des
expériences concluantes en matière de production d’énergie. Les régions peuvent
devenir des modèles à ce chapitre. Si on leur en donne la chance, les collectivités
pourront prendre leur place et devenir des partenaires dans la lutte aux
changements climatiques. Elles pourront ainsi garantir leur indépendance
énergétique, développer leur économie, réduire les gaz à effet de serre et assurer
le bien-être et la sécurité de leur population.
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