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25/11/2009 |
Féodalité
Par féodalité (le terme apparaît en français en 1515), les historiens entendent les rapports personnels, réglés
juridiquement, entre un seigneur et son vassal, ainsi que leurs répercussions sur les structures politiques,
militaires et économiques que l'on rencontre dans l'Europe du Moyen Age (Société féodale). Souvent pris
comme synonyme, le féodalisme a un sens plus large: la terminologie scientifique en a fait une catégorie
universelle. Dans la vision médiévale, le fief (lat. beneficium, all. lêhen) est au cœur non seulement de la
vassalité (qui concerne la noblesse), mais aussi des rapports de dépendance envers un seigneur foncier ou
envers une ville; en revanche, les spécialistes distinguent aujourd'hui entre le fief noble et la tenure
bourgeoise ou paysanne. Le mot latin feudum, issu du germanique fihu (bétail), prit à l'époque carolingienne
le sens restreint de terre remise en fief.
L'inféodation était un acte juridique formel qui comprenait l'hommage par lequel le vassal promettait
solennellement service et obéissance, le serment de fidélité accompagné, dans les territoires de la maison de
Savoie, comme en France, de l'échange du baiser, enfin l'investiture ou remise du fief. Quand le lien était
brisé par la mort, soit du seigneur, soit du vassal, les héritiers renouvelaient l'inféodation. Les obligations du
vassal étaient le service militaire (en campagne ou dans son château fort) et le conseil (convocation à la
cour); le seigneur devait garantir la possession du fief et offrir son assistance. Le manquement à la fidélité, la
félonie, entraînait la confiscation du fief. Au début, seule la haute noblesse pouvait détenir des fiefs; au
Moyen Age classique, des ministériaux et des bourgeois en furent aussi pourvus. En Allemagne, les
théoriciens médiévaux du droit féodal (Miroir de Souabe, Sachsenspiegel) élaborèrent une hiérarchie des liens
vassaliques qui comprenait sept degrés ou "enseignes" (Heerschild). Au bas Moyen Age, se répandit le fief de
bourse ou fief rente, qui consistait en une somme d'argent remise annuellement par le suzerain à son vassal.
1 - Origine
La "féodalité" franque (ou plutôt la vassalité), qui, déjà aux VIe et VIIe s., combinait les éléments personnel et
matériel, a une double origine: d'une part, la protection accordée par le roi à des hommes libres qui s'étaient
mis à son service, aliénant ainsi leur liberté, comme le montrent plusieurs indices, tels les termes de vassus
ou vassalus, dérivant du gallo-romain gwas (valet), le fait que lors de l'hommage le vassal place ses mains
jointes dans celle du seigneur (dation des mains) ou l'insistance mise sur le devoir d'obéissance; d'autre part,
la coutume germanique qui insistait sur la fidélité mutuelle entre un homme et son chef et contribua à
valoriser socialement la vassalité au VIIIe s.
A côté des liens personnels, l'élément matériel du fief (le bénéfice) joua très tôt un rôle important. Il tire son
origine, sous les Mérovingiens, de l'attribution à des vassaux de biens fonciers appartenant au seigneur, en
contrepartie de service militaire. Sous Charlemagne, une réforme de l'armée prescrivit l'obligation de servir,
non plus à tous les hommes libres, mais aux seuls vassaux, ce qui renforça leur rôle; le chevalier devint le
guerrier par excellence (Chevalerie). Notons cependant que les vassaux de la couronne et ceux de seigneurs
ecclésiastiques ou laïques ne constituaient pas un groupe homogène. En même temps se produisit une
féodalisation des charges publiques: les détenteurs d'offices royaux, tels les comtes et les margraves, furent
considérés comme des vassaux de la couronne, leurs offices et les terres afférentes de plus en plus comme
des fiefs. A ce moment déjà, les fiefs commencèrent à devenir héréditaires (Droit successoral), les règles
valables pour les alleux tendant à s'appliquer par analogie. Cette évolution, jointe au fait que certains
vassaux se mirent à tenir des fiefs de plusieurs seigneurs, fit perdre à la vassalité son caractère originel de
lien personnel. Au lieu que le fief vienne récompenser un service, le service fut rendu en raison du fief. La
féodalité permit aussi d'inclure l'Eglise dans l'édifice étatique, évêques et abbés étant investis en tant que