qu’à la 2ème heure de l’HGPO, étaient
associés significativement au risque
de décès par cancer du foie, avec des
Hazards Ratios (HR) ajustés sur l’âge
et l’IC égaux respectivement à 2,45
(IC95 % = 1,63 à 3,70) et 3,05 (IC 95%
= 1,95 à 4,77), avec un effet dose-
réponse [22]. Dans ce même article,
une relation inverse était décrite entre
le niveau d’insulinémie et le risque
de décès par cancer des lèvres, de la
cavité buccale, du larynx, du pharynx
et de l’estomac, mais il est vraisem-
blable que cette relation était due à un
facteur de confusion représenté par
la consommation d’alcool, mal prise
en compte dans l’analyse statistique
[22]. Un sous-groupe de 864 policiers
de cette Etude Prospective Parisienne
a eu une mesure de la GH à jeun (GH0)
(médiane = 0,5 mg/l) et à la 2ème heure
de l’HGPO (GH2) (95ème percentile =
1,1 mg/l) et 171 parmi eux sont décédés
après un suivi moyen de 18 ans. Après
avoir exclu 3 sujets ayant un taux de
GH très élevé probablement lié à une
acromégalie, le risque de décès toutes
causes était significativement associé à
une valeur de GH0 > 0,5 mg/l (p = 0,02)
et à une valeur de GH2 > 1,1 mg/l (p =
0,004), et le HR ajusté sur l’âge et l’IC
pour un décès par cancer associé à un
taux de GH2 > 1,1 mg/l était significati-
vement augmenté, égal à 2,59 (IC95 %
= 1,17 à 5,73) [23]. Dans l’étude de
Rancho Bernardo, 633 hommes âgés
de 73,4±7,5 ans à l’inclusion ont eu
une mesure d’IGF-1 (médiane = 96 ng/
ml), puis 368 sont décédés, dont 74
par cancer, durant les 18 années de
suivi. Une association positive signi-
ficative a été mise en évidence entre
le taux initial d’IGF-1 et le risque de
décès par cancer (p = 0,039) [24]. Par
rapport aux hommes ayant un taux
d’IGF-1 ≤ 100 ng/ml, les sujets ayant
un taux d’IGF-1 > 100 ng/ml (46 %
de l’échantillon) avaient un HR de
décès par cancer, ajusté sur l’âge, le
taux d’IGF-BP1, l’IC, le rapport tour
de taille/tour de hanches, la consom-
mation d’alcool et de tabac, l’activité
physique et les antécédents de cancer,
égal à 1,82 (IC95 % = 1,11 à 2,96) et le
risque de décès par cancer augmentait
progressivement avec les taux crois-
sants d’IGF-1, avec un HR ajusté égal
à 1,61 (IC95 % = 1,28 à 2,02) pour un
taux d’IGF-1 de 120 à 159 ng/ml, à
2,05 (IC95 % = 1,41 à 2,98) pour un
taux d’IGF-1 de 160 à 199 ng/ml et à
2,61 (IC95 % = 1,46 à 4,64) pour un
taux d’IGF-1 ≥ 200 ng/ml [24]. Ces
données épidémiologiques appor-
tent des arguments complémen-
taires importants et convergents pour
conforter les hypothèses hormonales
décrites plus haut, faisant jouer un
rôle essentiel à l’insuline et à l’IGF-1
dans la relation diabète/hyperglycé-
mie-cancer. La place centrale tenue
par l’hyperinsulinémie dans cette
relation sera encore soulignée dans
les chapitres consacrés par ailleurs au
risque de cancer associé aux traite-
ments du diabète.
Concernant la protection vis-à-
vis du cancer de la prostate chez les
hommes diabétiques, elle pourrait
être liée à la réduction du taux des
androgènes chez les hommes atteints
de DT2 [25], un taux élevé d’andro-
gènes étant connu pour être associé à
un risque accru de cancer de la pros-
tate [26]. Une étude épidémiologique
finlandaise récente semble confirmer
cette hypothèse : elle a montré que
la réduction du cancer de la prostate
était identique quel que soit le traite-
ment antidiabétique utilisé, et qu’elle
était essentiellement liée à la durée
du diabète, d’autant plus importante
que le diabète était ancien [27]. Cette
constatation renforce l’hypothèse
d’un mécanisme hormonal puisqu’on
sait par ailleurs que le taux d’andro-
gènes diminue avec le vieillissement
chez l’homme [28]. De plus, un méca-
nisme génétique pourrait également
intervenir, quelques gènes étant impli-
qués dans les deux pathologies, avec
en particulier un allèle de HNF-1B qui
prédispose au DT2 et qui protège du
cancer de la prostate [29].
Diabète et cancer
du pancréas
La difficulté à évaluer et à expli-
quer l’association entre diabète et
cancer du pancréas provient du fait
que le diabète peut être une manifes-
tation précoce du cancer du pancréas,
avant que celui-ci ne soit reconnu :
comme pour toutes les localisations
de cancer, le DT2 et l’insulino-résis-
tance pourraient être la conséquence
d’un cancer débutant encore non
diagnostiqué, mais de plus, pour le
pancréas, le DT2 pourrait aussi être
lié à l’état pré-cancéreux du pancréas
avec des conséquences sur la capa-
cité d’insulino-sécrétion, moins sans
doute du fait du volume tumoral que
de la mise en circulation localement
de peptides diabétogènes, d’après des
études de biologie moléculaire [30].
C’est dire que, pour le pancréas plus
encore que pour tout autre siège de
cancer, il est indispensable de n’in-
clure dans les analyses que les cancers
dont la découverte a suivi le diagnos-
tic du diabète avec un délai d’au moins
un an entre les deux diagnostics. C’est
en particulier ce qui a été fait pour
sélectionner les 17 études cas-témoins
et les 19 études de cohorte incluses
dans la méta-analyse de Huxley [4].
Dans ce travail, 9220 cas de cancer
du pancréas ont été réunis, montrant
un risque significativement augmenté
de cancer du pancréas en cas de DT2
avec un odds ratio de 1,82 (IC95 % =
1,66 à 1,89) mais aussi un important
degré d’hétérogénéité tant au sein des
études cas-témoins que des études de
cohorte, dû en particulier à la durée du
DT2 lors de la découverte du cancer :
les sujets ayant une courte durée de
diabète (1 à 4 ans) avaient un risque
plus important de cancer du pancréas
avec un odds ratio de 2,05 (IC95 %
= 1,87 à 2,25) par rapport aux sujets
ayant un diabète connu depuis 5 à 9
ans pour lesquels l’odds ratio était de
1,54 (IC95 % = 1,31 à 1,81) et ceux
dont la durée de diabète était de 10
ans et plus dont l’odds ratio était de
1,51 (IC95 % = 1,16 à 1,96). Cette rela-
tion négative du risque de cancer et de
la durée d’évolution du DT2 n’est pas
favorable à une forte relation de causa-
lité entre DT2 et cancer du pancréas
[4]. Indiquons qu’une relation quasi
identique a été mise en évidence entre
le DT1 ou le diabète juvénile et le
cancer du pancréas [31] : une méta-
analyse reposant sur 6 études cas-
témoins et 3 études de cohorte a mis
en évidence, par rapport à des sujets
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Médecine Clinique endocrinologie & diabète • Avril 2011 •
Le risque de cancer dans les maladies métaboliques
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