Pour les enseignants - Le français à la mesure d`un continent

©Le français à la mesure d’un continent : un patrimoine en partage (CRSH/GTRC, dir. F. Martineau, Université d’Ottawa)
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À VOUS DE JOUER !
Corrigé
Les néologismes :
témoins d’un remarquable dynamisme
Tout un espace créatif !
La langue française s’enrichit constamment en créant de nouveaux mots
ou néologismes. Pour cela, divers procédés sont utilisés, parmi lesquels
la dérivation par préfixe et suffixe, la composition et la siglaison.
! La dérivation par préfixe et suffixe
Par exemple, le terme antirouille comprend le mot de base rouille auquel
on a ajouté le préfixe anti- « contre » (Gaudin et Guespin, p. 254,
p. 256).
De même, le nom, balayage est formé du verbe (la base) balayer auquel
on a ajouté le suffixe -age qui signifie « action de » (Gaudin et Guespin,
p. 270).
! La composition
« La composition peut être définie comme la juxtaposition de deux
éléments qui peuvent servir de base à des dérivés. » (Niklas-Salminen,
p. 72).
Notons que certains mots composés présentent des « cas les unités ne
sont ni soudées, ni reliées par un trait d’union […]. » Par exemple : col
blanc, cordon bleu (Gaudin, Guespin, p. 281), table ronde (ibid., p. 282), le
crime organisé (ibid., p. 283).
« Traditionnellement, on oppose deux types de composés : l’un, dit
"savant" […] ; l’autre, dit "populaire" » (Mortureux, p. 46).
o
Ressources utiles
François Gaudin et Louis
Guespin, Initiation à la lexicologie
française. De la néologie au
dictionnaire, Bruxelles, Duculot,
2000, p. 251-301.
Marie-Françoise Mortureux,
La lexicologie entre langue et
discours, Paris, Armand
Colin, 2001, p. 19-58.
Aïno Niklas-Salminen, La
lexicologie, Paris, Armand Colin,
1997, p. 52-89.
Alain Polguère, Lexicologie et
sémantique lexicale. Notions
fondamentales, Québec, Les Presses
de l’Université de Montréal, 2003,
p. 55-66.
Alain Rey (dir.), Le Petit Robert,
Paris, Le Robert, 2013.
TLFI : Trésor de la langue française
informatisé, http://atilf.atilf.fr
Exercice 6
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La composition savante « emprunte aux autres langues classiques [grec
et latin] ses bases et sa syntaxe interne [...] xénophobe est un composé
savant » (Mortureux, p. 46).
Ces racines grecques ou latines « ne constituent en général pas des unités
lexicales autonomes […]. Il existe aussi des composés hybrides formés
d’un élément latin et d’un élément grec :
automobile (auto du grec autos "soi-même, lui-même" + mobile du
latin mobilis "qui se meut" » (Niklas-Salminen, p. 74).
La composition populaire, parfois appelée composition simple ou
classique, consiste à créer un mot avec des mots français « qui ont une
existence autonome par ailleurs [...] comme dans essuie-glace » (Niklas-
Salminen, p. 75). La composition populaire « utilise les bases françaises
et les assemble suivant l’ordre de la syntaxe française. [...] ouvre-boîte
[est] un composé populaire. » (Mortureux, p. 46).
N.B. : Pour reconnaitre un mot dérivé ou composé, « [L]a considération
de l’autonomie constitue, à première vue, un bon critère de
reconnaissance :
- combinaison de deux unités autonomes = composé
- combinaison d’une unité autonome et d’une unité non autonome =
dérivé.
[Cependant, o]n trouve des éléments non autonomes dans des formes
considérées comme des composés. Urbanologue, chronologie, etc., [... sont]
des composés sans aucun élément autonome. » (Gaudin et Guespin,
p. 253).
! Les mots-valises
Les mots-valises sont créés par procédé de composition, à partir de
syllabes empruntées à deux mots. « Ce mode de formation procède par
réduction de deux mots sans souci d’une logique morphologique : il
suffit que l’on puisse retrouver les mots de base : franglais a connu un
franc succès, on y retrouve aisément français et anglais. » (Gaudin,
Guespin, p. 291).
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Remarque : la nouvelle orthographe et les mots dérivés et composés
De nombreux mots composés et dérivés sont affectés par la réforme de
l’orthographe de 1990. Ils sont recensés sous l’onglet « Mots concernés »
du site Renouvo : http://www.renouvo.org/liste.php?t=3&lettre=p.
Le Renouvo (Réseau pour la nouvelle Orthographe) établit clairement les
nouvelles règles issues de la réforme.
« Le trait d’union et la soudure :
Le trait d’union est remplacé par la soudure dans tous les composés de
"contr(e)-" et "entr(e)-", pour lesquels on poursuit l’action commencée par
l’Académie en 1835, 1878 et 1935 (ex. : "contrappel", "entretemps" sur le
modèle de "contrepoint", "entrevue").
Le trait d’union est remplacé par la soudure dans tous les composés de
"extra-", "infra"-, "intra-", "ultra-" (ex. : "extrafort" sur le modèle de
"extraordinaire"), comme les composés de "en", "sur", "supra", déjà
soudés.
N.B. Le trait d’union est maintenu dans les mots la soudure
engendrerait une prononciation défectueuse (ex. : "extra-utérin").
Le trait d’union est remplacé par la soudure dans les composés
d’éléments savants, en particulier en "-o" (ex. : "autoécole" sur le modèle
de "radioactif").
N.B. Le trait d’union est maintenu dans les noms propres et termes
géographiques où il sert à marquer une relation de coordination entre les
deux termes (ex. : "gréco-romain").
Le trait d’union est remplacé par la soudure dans certains composés
formés à l’origine d’un verbe et d’un nom, ou d’un verbe et de "-tout", les
composés avec "basse-", "mille-", "haut(e)-", et quelques autres composés
(ex. : "croquemonsieur", "mangetout", "millepatte", "portemonnaie",
"rondpoint" sur le modèle de "faitout", "passeport", "portefeuille").
Le pluriel
Les noms composés, avec trait d’union, formés à l’origine soit d’une
forme verbale et d’un nom, soit d’une préposition et d’un nom, perçus
comme des mots simples, prennent la marque du pluriel au second
élément, seulement et toujours lorsqu’ils sont au pluriel (ex. : "un essuie-
main", "des essuie-mains", "un cure-ongle", "des cure-ongles", "un
garde-meuble", "des garde-meubles" qu’il s’agisse de personnes ou de
choses –, "un après-midi", "des après-midis" un millepatte", "des
millepattes" sur le modèle de "un millefeuille", "des millefeuilles").
N.B. La règle ne concerne pas les quelques composés dont le second
élément contient un article (ex. : "trompe-l’œil") ou commence par une
majuscule (ex. : "prie-Dieu"). » Renouvo (Réseau pour la nouvelle
orthographe du français), « Nouvelles règles ».
Renouvo (Réseau pour la nouvelle
orthographe du français), « Nouvelles
règles », www.renouvo.org/regles,
consulté le 11 mars 2014.
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! Les mots-valises
Les mots-valises sont créés par procédé de composition, à partir de
syllabes empruntées à deux mots. « Ce mode de formation procède par
réduction de deux mots sans souci d’une logique morphologique : il
suffit que l’on puisse retrouver les mots de base : franglais a connu un
franc succès, on y retrouve aisément français et anglais. » (Gaudin et
Guespin, p. 291).
Dans l’exemple de courriel, nous retrouvons la première syllabe du mot
courrier et la première syllabe du mot électronique. Du reste, la finale -iel
fait entrer ce mot dans le paradigme des termes informatiques : logiciel,
progiciel, ludiciel, pourriel, etc. Cette finale fonctionne comme un suffixe
dont le sens approximatif serait « qui est relatif à l’informatique ».
! La siglaison
Des nouveaux mots sont créés par la siglaison et sa variante
l’acronymie, c’est-à-dire en utilisant la suite des lettres initiales d’une
expression ou d’un syntagme. « La suite des initiales peut donner un
résultat qui, soit permet la prononciation du sigle comme celle de
n’importe quel autre mot (ex. : sida), soit contraint à l’épeler (ex. : SNCF,
RATP), soit autorise les deux solutions (ex. : ONU) » (Mortureux, p. 54).
« Un sigle qui se prononce comme une suite de syllabes, plutôt qu’en
épelant les lettres qui le composent, est appelé acronyme : OTAN,
NASA, etc. » (Polguère, p. 66).
Remarquons le cas particulier du sigle B.D. (bande dessinée) qui s’écrit
aussi bédé. Il a donné lieu à des dérivés comme bédéiste amateur de
bédés ») qui apparait dans Le Petit Robert 2013.
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À VOUS DE JOUER !
!
! ! Dans la liste des néologismes qui suit, déterminez le processus de
création des mots, et placez-les dans le tableau ci-dessous.
!
agroalimentaire, apesanteur, bon enfant, bédé, canyonisme, cégep,
clavarder, courriel, essencerie, frigorifique, gélule, interplanétaire,
monocycle, néologisme, ONU, patinoire, pomme de terre, porte-avions,
portemanteau, retransmettre, sida, tiers-monde
Procédés de création
Dérivation avec préfixe
Dérivation avec suffixe
Composition
simple
Composition
savante
Mots-valises
Siglaison
Ressources utiles
DFP : Pierre Auger, Normand
Beauchemin, Claude Poirier et
A.E Shiaty, Dictionnaire du français
plus : à l’usage des francophones
d’Amérique, Montréal, Centre
éducatif et culturel, 1988.
Jean-Claude Boulanger (dir.),
Dictionnaire québécois d’aujourd’hui,
Québec, DicoRobert, 1993.
François Gaudin et Louis
Guespin, Initiation à la lexicologie
française. De la néologie au
dictionnaire, Bruxelles, Duculot,
2000, p. 251-301.
Aïno Niklas-Salminen, La
lexicologie, Paris, Armand Colin,
1997, p. 52-89.
Office québécois de la langue française :
http://www.oqlf.gouv.qc.ca
Alain Rey (dir.), Le Petit Robert,
Paris, Le Robert, 2013.
TLFI : Trésor de la langue
française informatisé,
http://atilf.atilf.fr
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