Les Cahiers
22
Contactologie
Le choix de la lentille dépend du profil de la cornée.
Des schémas existent, inclus dans des programmes
informatisés, qui permettent d’obtenir des lentilles
sur mesure en fonction de la topographie de la cornée
considérée et du résultat que l’on cherche à obtenir.
Le principe du traitement (aplatissement pour remo-
delage de la cornée) est donc le même que celui de la
chirurgie réfractive, à ceci près que les modifications
cornéennes induites par la CRT sont réversibles.
Bien qu’évidentes, les contre-indications méritent
d’être rappelées
Il s’agit des pathologies de la surface oculaire, des
dystrophies épithéliales et endothéliales, du kérato-
cône, des érosions récurrentes épithéliales, des syn-
dromes secs sévères et des pupilles larges (qui
seraient responsables d’un résultat inadéquat).
L’utilisation de la CRT pour traiter des enfants soulève
le problème des complications potentielles, d’ailleurs
relatées dans la littérature. Si la méthode suscite l’en-
thousiasme des patients, des fabricants et des opto-
métristes à travers le monde et en France, l’éthique la
plus élémentaire devrait donc imposer de ne pas l’uti-
liser chez l’enfant, jusqu’à en savoir plus.
La recherche des contre-indications doit aussi tenir
compte de la sélection des patients : bons ou mauvais
candidats pour la méthode.
La première expérience clinique
française a débuté en mars 2003
Pour collecter des informations fiables
à l’adresse des patients
La première étude française, menée en partie à
l’Hôtel-Dieu (Paris) dans le service du Professeur
Renard, était justifiée par l’engouement du public et de
certains professionnels, par la multiplication des
publications qui traitent d’orthokératologie, et par
l’amélioration des matériaux et de la fabrication des
lentilles. Son but était de tester la méthode afin de
sécuriser les pratiques, de recueillir des données pré-
cises et de les diffuser. Il s’agissait de tester l’efficacité
des nouvelles lentilles d’orthokératologie, de contrôler
les changements réfractifs et leur évolution dans le
temps, d’étudier les variations topographiques et l’état
de surface cornéenne et de fixer les limites de cette
orthokératologie moderne.
Quarante patients ont été enrôlés, dont la myopie
s’échelonnait de –1 à –4. Bien que le recul ait été d’un
an chez certains d’entre eux, l’orateur n’a présenté
que les résultats de l’étude à six mois.
L’excentricité : un point important pour adapter
des lentilles de CRT
Plus l’excentricité est faible, plus les chances de réus-
sir une adaptation d’orthokératologie diminuent. Si
l’on considère la réduction de la myopie, la qualité du
résultat varie aussi avec le rayon de courbure : faible
rayon de courbure et forte excentricité augmentent les
chances alors que grand rayon de courbure et faible
excentricité les réduisent.
En mai 2004 et en France, seul le laboratoire
Technolens était en mesure de proposer des lentilles
d’orthokératologie à la norme CE. Celles-ci sont fabri-
quées sur mesure pour chaque patient. Pour en effec-
tuer le calcul, il faut communiquer au laboratoire : la
réfraction, les diamètres cornéens horizontal et verti-
cal, les rayons de courbure, l’excentricité cornéenne
et, surtout, la vidéotopographie, qui, selon les pro-
grammes, calcule l’excentricité. Cela permet d’emblée
de dire au patient s’il pourra ou non bénéficier du trai-
tement, en fonction de l’excentricité et de l’état de sa
cornée.
Au cours de l’étude présentée, le premier essai, d’une
durée de 30 minutes, a comporté la pose, le contrôle
d’acuité visuelle (certains patients portent la lentille
pour conduire la nuit), l’analyse de l’image fluo et de la
topographie. Le test est positif si le centrage est satis-
faisant, s’il n’existe ni serrage, ni bulle, ni autre ano-
malie. Après cette étape, les patients revenaient le
matin après avoir dormi avec leur équipement, de
façon à vérifier l’absence d’incident nocturne, à
contrôler l’acuité avec et sans lentille, à effectuer une
topographie et un examen en biomicroscopie.
Des résultats encourageants qui ne dispensent pas
d’user de prudence
Selon cette étude, débutée en mars 2003, les patients
sont satisfaits. L’acuité visuelle sans correction
demande en général 12 heures pour se stabiliser et
36 heures pour retrouver sa valeur de départ, une fois
le port de lentilles interrompu. L’aplatissement cor-
néen est maximal dès le 8ejour de port et stable jus-
qu’à 6 mois. Sur de petites myopies, la stabilité de
l’effet réfractif pendant 48 heures permet à certains
patients de ne porter leurs lentilles qu’une nuit sur
deux (il peut s’agir d’une bonne indication pour les
sportifs).
L’évaluation de trois topographes différents au cours
de ce travail a montré que tous les appareils ne sont
pas équivalents. Pour optimiser les résultats, il
convient donc d’utiliser des topographes de dernière
génération, qui disposent d’une grande précision.
Aucun cas de néovaisseaux n’a été déploré dans cette