2/3
URL: http://www.hls-dhs-dss.chF13934.php
© 1998-2017 DHS: tous les droits d'auteur de cette publication sont réservés au Dictionnaire historique de la Suisse, Berne. Les textes sur
support électronique sont soumis aux mêmes règles que les textes imprimés. Droits d'utilisation et modalités de citation (PDF)
forêts, les communaux (Biens communaux) et les haies le long des chemins et des bordures des champs
fournissaient toute une palette de plantes et fruits sauvages, utilisés pour l'alimentation ou à d'autres fins. La
cueillette se différencie difficilement de l'exploitation professionnelle des forêts, comme la récolte de la résine
(Gemmage) et des tanins (écorce de chêne notamment), et des activités paysannes traditionnelles telles que
la coupe de branches de saule et de noisetier pour lier les gerbes et cercler les tonneaux, la récolte de foin,
de ramées, de branches, de glands et de faînes comme nourriture et litière pour le bétail (Cultures
fourragères). Les coutumiers villageois, les règlements sur les biens communaux et les droits forestiers
seigneuriaux réglaient les droits d'usage; dès le XVIe s., ces derniers furent progressivement limités, ce qui
entraîna régulièrement des conflits.
A l'époque moderne, la cueillette conserva son importance, même en dehors des périodes de disette;
jusqu'au XIXe s., elle resta indispensable pour les familles pauvres, également durant les bonnes années de
récoltes. Pour prévenir les carences nutritives, l'homme a besoin d'une grande variété d'aliments. Les plantes
cultivées, encore peu diversifiées, ne suffisaient pas à couvrir ces besoins multiples. Au Moyen Age et durant
les temps modernes, fruits et herbes sauvages complétaient donc les produits du jardin pour fournir les
vitamines et les minéraux que la nourriture à forte dominante céréalière (surtout dans les régions à blé) ne
contenait pas en quantité suffisante.
Une large partie de la population récoltait, suivant la saison, bon nombre de fruits sauvages: baies, cerises,
pommes, épines-vinettes, alises, parfois baies d'amélanchiers, pignons d'arolle dans les Alpes. Au XVIe s., la
palette de fruits sauvages récoltés comprenait au moins vingt-neuf espèces. S'y ajoutaient des légumes et
salades sauvages tels le cresson de fontaine, la mâche, les épinards sauvages, la pulmonaire, les
pâquerettes, les orties et des herbes sauvages dont les huiles essentielles, le mucilage et les tanins avaient
des vertus alimentaires ou médicinales. Au cours d'un processus long et fastidieux, les femmes s'occupaient
de la récolte des fruits sauvages, puis de leur préparation et de leur conservation: par séchage ou par cuisson
en ajoutant du sucre ou du miel (purée, compote, gelée et confiture). Même à la fin du XIXe s., ces douceurs
passaient pour des produits de luxe dans les familles ouvrières; d'une manière générale, elles faisaient partie
du superflu des provisions d'hiver. Des spécialités locales naquirent parfois de ces préparations, que certains
confectionnaient spécialement pour la vente; la région de Bâle connaissait par exemple le Buttenmost,
concentré de cynorrhodon riche en vitamines. Lors de disettes (Famine) ou de crises de subsistances, on
récoltait durant l'hiver racines et tubercules. Au printemps, les premières pousses et feuilles se
consommaient sous forme de salades ou de soupes. Il existait de nombreuses recettes de pains de disette,
préparés à partir de carottes, raifort, radis blanc, oignons, feuilles, copeaux de bois et pives.
Les glands, moulus et torréfiés, et la racine de la chicorée sauvage servirent de succédané de café jusqu'au
lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. Actuellement, la cueillette est avant tout un passe-temps de
champignonneurs et d'amateurs de produits faits maison: ils récoltent surtout des baies et fruits des bois, de
nombreuses herbes comme l'ail des ours et l'aspérule odorante, des bourgeons de sapin, les fleurs et fruits du
sureau.
Auteur(e): Margrit Irniger / EMA
Références bibliographiques
Bibliographie
Préhistoire et Antiquité
– Ch. Jacquat Hauterive-Champréveyres 2, 1989
– D. Mania, Auf den Spuren des Urmenschen, 1990
– M. Zvelebil, «Plant Use in the Mesolithic and its Role in the Transition to Farming», in Proceedings of
the Prehistoric Society, 60, 1994, 35-74