Se reconnaître libéral, serait-ce un gros mot ?
Pour commencer, il y a souvent erreur sur la définition du libéralisme qui n’est ni une idéologie ni
une doctrine économique, mais plus simplement une philosophie basée sur un double principe
fondamental : le droit prime l’État, et l’individu l’emporte sur la collectivité, ce qui est le cas, par
exemple, aux États-Unis, enGrande-Bretagne ou en Suisse. Or, en France, c’est tout le contraire :
l’État est supérieur au droit, et le collectif l’emporte sur le citoyen avec comme conséquence que
le social passe avant l’économie. L’État peut même y changer le droit selon les nécessités ou les
majorités du jour, ou selon les circonstances historiques. Les Américains ont la même Constitution
depuis l’origine, tandis que la France, pendant la même période, a vu passer deux empires, deux
ou trois monarchies, cinq constitutions républicaines, sans compter quelques régimes hybrides,
comme le Consulat ou Vichy.
Cette instabilité est liée à notre histoire moderne très belliqueuse qui commence par une
Révolution sanglante pour se terminer par deux guerres mondiales après lesquelles nos
intellectuels d’extrême gauche n’ont rien trouvé de mieux que de participer à la création d’une
catastrophe idéologique, le communisme, basé sur une dictature du collectivisme poussé à son
paroxysme, dans lequel les individus comptent à peine plus que des fourmis.
Apparatchiks à la mode soviétique
De plus, nous vivons dans un curieux pays qui a su créer, au fil du temps, une nouvelle classe
sociale, au sens marxiste du terme, une noblesse d’État dont les privilèges et les vanités
dépassent l’entendement : les énarques qui nous gouvernent – qu’ils soient de gauche ou de
droite -, ces apparatchiks à la mode soviétique, se considèrent en effet comme étant seuls
capables de diriger le pays alors qu’ils sont proprement incompétents en matière économique.
Non seulement on ne leur a rien appris à l’Ena sur les réalités économiques, mais ils n’ont pas eu,
après l’Ena, la moindre expérience de l’entreprise ni la moindre envie d’aller voir sur place
comment réussissent nos voisins et nos cousins, à de rares exceptions près. Ce qui n’a pas
empêché Hollande et Moscovici d’avoir été « professeurs d’économie » (sic) à Sciences Po
pendant de longues années. Pour y enseigner quoi ? L’économie administrée à la française ? Le
modèle « social-démocrate » français ?
Avec la mondialisation qui demande des guerriers libéraux, et non des collectivistes fatigués, il
nous faudrait plus que jamais des managers dans nos ministères, alors que nous n’y avons que de
hauts fonctionnaires et des politiciens. Nous n’avons personne du bon côté, et pléthore de l’autre
! Ces énarques (de gauche et de droite), emmitouflés dans leurs certitudes et engoncés dans leur