Ascaridiose L’ascaridiose est une helminthiase strictement humaine et cosmopolite. C’est la parasitose la plus fréquente, atteignant environ un quart de la population mondiale. Elle prédomine dans les pays tropicaux à hygiène insuffisante et chez les enfants ; sa prévalence est faible en zone tempérée. Agent causal Ascaris lumbricoïdes est un némathelminthe de l’ordre des Ascaridida, de la superfamille des Ascarididae. Ce ver rond de couleur blanc rosé présente une cuticule finement striée et deux extrémités effilées. Le ver mâle mesure environ 15 cm et présente une extrémité postérieure recourbée en crosse munie de deux spicules copulateurs. Le ver femelle mesure de 20 à 25 cm et son extrémité postérieure est pointue et rectiligne. Cycle évolutif Les ascaris vivent pendant 12 à 18 mois dans l’intestin grêle, et plus précisément le jéjunum dans ses parties moyenne et proximale. Les femelles fécondées pondent des milliers d’œufs éliminés avec les selles dans le milieu extérieur. Les œufs ne sont pas embryonnés au moment de la ponte. L’embryon infestant n’apparaît qu’après un séjour de quelques semaines dans le milieu extérieur. Cette phase de maturation est favorisée par une température de 28 à 32 °C et une humidité importante, au moins égale à 80 %. L’œuf embryonné peut survivre plusieurs années (2 et 6 ans) dans la nature. La contamination de l’homme se fait par ingestion d’œufs embryonnés (eau, aliments souillés). Après éclosion des œufs dans l’estomac, la larve libérée traverse la paroi intestinale et gagne le foie par voie porte. Puis, elle atteint le cœur droit et ensuite le poumon ; elle traverse les parois alvéolaires pour remonter par les bronches et la trachée où elle est déglutie dans l’œsophage. C’est après retour dans l’intestin grêle que la larve devient adulte. L’accouplement des vers matures donnera naissance à des œufs qui seront éliminés dans les selles environ 2 mois après la contamination. Signes cliniques La maladie peut rester asymptomatique en cas d’infestation modérée, fréquente dans les pays tempérés à niveau d’hygiène correct. Elle ne sera décelée que fortuitement devant une hyperéosinophilie modérée. À l’inverse, cette parasitose peut donner à la période d’invasion des signes pulmonaires qui correspondent à une réaction locale d’hypersensibilité d’origine allergique dont l’intensité est proportionnelle au nombre de larves. Les signes cliniques réalisent le syndrome de Löffler. Il apparaît 3 à 16 jours après l’ingestion d’œufs et se manifeste par une fièvre autour de 38 °C, une toux sèche, quinteuse et une dyspnée modérée. À la phase d’état intestinale, les signes sont essentiellement digestifs et liés à la présence des vers adultes dans l’intestin. Ce sont des douleurs abdominales, nausées, vomissements et des diarrhées. Parfois des complications de type péritonite ou occlusion sont observées. Elles surviennent surtout dans les pays tropicaux en cas de forte infestation et sont en rapport avec les habitudes migratoires des vers et leur tendance à s’agglutiner en formant des pelotes de vers entremêlés. Diagnostic biologique — Hémogramme Il montre l’existence d’une hyperleucocytose variant entre 10 000 et 20 000 leucocytes par mm3 avec une hyperéosinophilie (10 à 60 % des leucocytes) qui au cours du temps reproduit la courbe de Lavier. Elle apparaît 1 semaine après l’infestation, atteint son maximum vers le 20e jour puis décroît lentement jusqu’au 45e jour. Elle atteint un plateau autour de 10 % qui persistera de façon prolongée. — Examen parasitologique L’examen parasitologique est négatif à la phase d’invasion, mais positif à la phase d’état. Deux à 3 mois après la contamination, les œufs apparaissent dans les selles et confirment facilement le diagnostic. Ils sont souvent abondants dans les infestations massives ou moyennes. Les œufs ont une forme ovoïde, une coque brune d’aspect mamelonné et mesurent en moyenne 60 à 70 μm de long sur 40 à 50 μm de large. La découverte d’un ver adulte dans les selles ou dans le liquide vomi est un moyen de diagnostic plus rare. — Diagnostic immunologique Il présente tout son intérêt pendant la phase de migration larvaire, lorsque l’examen parasitologique est impossible. L’antigène utilisé est préparé à partir de l’ascaris de porc, Ascaris suum (organes génitaux et liquides cœlomiques), d’Ascaris lumbricoïdes ou de Toxocara canis. Les réactions les plus utilisées sont : • la double diffusion en gélose (réaction d’Ouchterlony), l’électrosynérèse, l’immunoélectrophorèse. Ces techniques mettent en évidence des anticorps précipitants ; • l’immunofluorescence indirecte à l’aide de coupes d’ascaris. Cette technique serait plus spécifique. Mais il s’agit de technique « maison » ; • l’EIA, utilisé depuis peu de temps. La cinétique d’évolution des anticorps est calquée sur celle des polynucléaires éosinophiles : les anticorps apparaissent au cours de la 1re semaine suivant la contamination, sont abondants 15 jours à 3 semaines après l’infestation. La sérologie se négative quand les œufs apparaissent dans les selles. Il faut noter que ces réactions sérologiques sont des réactions de groupe, et qu’il existe de nombreuses réactions croisées avec d’autres helminthes, en particulier l’anguillulose, la toxocarose et les filarioses. Traitement De nombreux anti-helminthiques sont utilisables : flubendazole (Fluvermal®), thiabendazole (Mintezol®), pamoate de pyrantel (Combantrin®), mébendazole (Vermox®), ivermectine (Stromectol®) et albendazole (Zentel®). Ils entraînent la mort parasitaire. Les vers sont expulsés quelques jours après le traitement. Ces molécules sont actives dans la lumière intestinale. Ils ne sont pas actifs sur les larves au cours de la migration hépatique et pulmonaire. Le traitement doit être répété 2 à 3 semaines après la première cure. Ces médicaments ne sont pas indiqués chez la femme enceinte. ☞ ( Toxocarose Bourée P, Nozais JP. Ascaridiose. In : Nozais JP, Datry A, Danis M. Traité de parasitologie médicale. Paris : Pradel, 1996 ; pp. 409-422. Mbaye PS, Wade B, Klotz F. Ascaris et ascaridiose. EMC – Maladies Infectieuses 2003 ; 8-516-A-30, 8 p.