UNIVERSITE DE NANTES FACULTE DE MEDECINE MAITRISE EN SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES M.S.B.M MEMOIRE POUR LE CERTIFICAT D’ANATOMIE, D’IMAGERIE ET DE MORPHOGENESE 2002-2003 UNIVERSITE DE NANTES LA VEINE MESENTERIQUE INFERIEURE Par Maud CHOPLIN LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES Président du jury : Pr. J. LEBORGNE Vice-Président : Pr. J.M. ROGEZ Enseignants : • • • • • • • • • • Pr. O. ARMSTRONG Pr. P. COSTIOU Pr. D. CROCHET Pr. A. DE KERSAINT-GILLY Pr. B. DUPAS Pr. Y. HELOURY Pr. J.P. MOISAN Pr. N. PASSUTI Pr. R. ROBERT Pr. O. RODAT Ceran : Mlle M. GARCON – Assistant Ingénieur Laboratoire : S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique UNIVERSITE DE NANTES FACULTE DE MEDECINE MAITRISE EN SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES M.S.B.M MEMOIRE POUR LE CERTIFICAT D’ANATOMIE, D’IMAGERIE ET DE MORPHOGENESE 2002-2003 UNIVERSITE DE NANTES LA VEINE MESENTERIQUE INFERIEURE Par Maud CHOPLIN LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES Président du jury : Pr. J. LEBORGNE Vice-Président : Pr. J.M. ROGEZ Enseignants : • • • • • • • • • • Pr. O. ARMSTRONG Pr. P. COSTIOU Pr. D. CROCHET Pr. A. DE KERSAINT-GILLY Pr. B. DUPAS Pr. Y. HELOURY Pr. J.P. MOISAN Pr. N. PASSUTI Pr. R. ROBERT Pr. O. RODAT Ceran : Mlle M. GARCON – Assistant Ingénieur Laboratoire : S. LAGIER et Y. BLIN - Collaboration Technique Je tiens tout d’abord à remercier le Pr O. Amstrong pour m’avoir proposé ce sujet. Je remercie également Stéphane Lagier et Yvan Blin du Laboratoire d’Anatomie pour leur aide tout au long de mon travail de dissection et lors de la réalisation de ce mémoire. Enfin, je remercie les autres étudiants du MSBM pour leur présence et leur bonne humeur tout au long de cette année. I- INTRODUCTION II- RAPPELS ANATOMIQUES 1. Origine 2. Trajet 2.1. Première portion 2.2. Deuxième portion 2.3. Troisième portion 3. Rapports 3.1. Première portion 3.2. Deuxième portion 3.3. Troisième portion 4. Branches afférentes 4.1. La veine colique inférieure 4.2. La veine colique moyenne 4.3. La veine colique supérieure III- DISSECTIONS 1. Matériels et méthodes 2. Résultats 2.1. Origine 2.2. Trajet 2.3. Terminaison 2.4. Rapports 2.5. Quadrilatère de Rogie 2.6. Branches afférentes IV- DISCUSSIONS 1. Imagerie 2. Intérêt chirurgical 3. Intérêt clinique V- CONCLUSION VI- BIBLIOGRAPHIE I- INTRODUCTION : La veine mésentérique inférieure (VMI) collecte le sang veineux de la moitié gauche du côlon et de la majeure partie de l’ampoule rectale. Entièrement située à gauche de la ligne médiane, elle n’est satellite de son artère homologue que sur un très court trajet : elle monte à gauche de cette dernière. Elle naît dans le bassin à la face postérieure du rectum puis se dirige obliquement en haut à gauche jusqu’au niveau de l’angle duodéno-jéjunal, où elle devient transversale et où elle se jette à la face postérieure du pancréas. II- RAPPELS ANATOMIQUES : 1. Origine : Elle naît dans le bassin à la face postérieure du rectum faisant suite à la veine hémorroïdale supérieure (veine rectale supérieure). Cette veine est constituée par deux branches droite et gauche qui croisent obliquement les faces latérales de l’ampoule rectale avant de se fusionner ; ces branches ne suivent pas toujours rigoureusement le même trajet que les artères rectales droite et gauche. d’après A. BOUCHET-J. CUILLERET 2. Trajet : Globalement, la VMI réalise une vaste courbe à concavité droite. Son trajet peut être décrit selon trois portions. 2.1. Première portion : La VMI monte verticalement dans la racine primitive du mésocôlon pelvien, tantôt à gauche, tantôt à droite de l’artère hémorroïdale supérieure -branche de bifurcation de l’artère mésentérique inférieure (AMI). 2.2. Deuxième portion : A sa sortie du bassin, elle se dirige obliquement en haut et à gauche jusqu’au niveau de l’angle duodéno-jéjunal ; où elle s’incurve vers la droite pour devenir transversale suivant une courbe à concavité inférieure droite surplombant l’angle duodéno-jéjunal. La VMI croise ainsi, un peu audessus et à gauche de l’angle duodéno-jéjunal, le bord inférieur du corps du pancréas pour passer à sa face postérieure. 2.3. Troisième portion : Elle se termine à la face postérieure du pancréas en s’unissant à angle aigu avec la veine splénique pour former le tronc spléno-mésaraïque ou spléno-mésentérique, racine gauche de la veine porte (VP). Rarement, elle se jette directement dans le bord gauche de la veine porte. d’après G. PATURET d’après A. BOUCHET-J. CUILLERET 3. Rapports : 3.1. Première portion : - Elle s’étend en hauteur jusqu’à L4, entre les deux feuillets de la racine verticale du mésocôlon pelvien. - Elle est située à gauche de l’artère hémorroïdale supérieure et de la partie terminale de son artère homonyme qu’elle n’accompagne que pendant un trajet très court. - Elle croise avec l’AMI, les vaisseaux iliaques primitifs. - Elle croise le tronc ou les artères sigmoïdes en passant le plus souvent en arrière d’elles. - Elle répond en avant à l’anse sigmoïde. - Elle est accompagnée de troncs collecteurs lymphatiques. 3.2. Deuxième portion : - Assez longue, oblique en haut et à gauche. - Elle abandonne franchement son artère homonyme et occupe la région lombaire. - Sous le péritoine pariétal postérieur en dedans du côlon descendant. - Elle glisse sur la face antérieure du psoas, en dedans de l’uretère gauche et des vaisseaux spermatiques ou utéro-ovariens. - Elle croise en croix l’artère colique gauche supérieure près de son origine en passant tantôt en avant, tantôt et le plus souvent en arrière d’elle pour constituer l’arc vasculaire de Treitz ; puis croise presque au même niveau le nerf génito-crural. - Elle croise le pédicule rénal et parfois la face antérieure de la capsule surrénale gauche. - Au niveau de l’angle duodéno-jéjunal qu’elle contourne, elle décrit une crosse et soulève le péritoine en un repli, le repli duodénal supérieur, qui délimite la fossette duodénale supérieure. 3.3. Troisième portion : - La veine glisse sous la racine du mésocôlon transverse puis elle chemine à la face postérieure du corps du pancréas, où elle est appliquée contre cet organe par le fascia rétro-pancréatique de Toldt. - En avant, le pancréas la sépare de l’arrière cavité des épiploons et de l’estomac. - En arrière et par l’intermédiaire du fascia rétro-pancréatique de Toldt, elle répond au pilier gauche du diaphragme, à l’aorte abdominale qui donne naissance à ce niveau à l’AMS. - Accolé au segment terminal de la VMI, sus-jacent à la partie artério-veineuse de l’arcade de Treitz, se trouve un groupe important de ganglions lymphatiques. - Lorsque le tronc spléno-mésaraïque est court, la partie terminale de la VMI est comprise entre l’origine de l’AMS en bas et l’origine du tronc en haut : elle prend part à la constitution du quadrilatère de Rogie. A ce niveau se situent le ganglion semi-lunaire gauche et l’anse de Wrisberg. - En haut, elle est côtoyée par la veine splénique qui se rapproche de plus en plus d’elle. d’après G. PATURET 4. Branches afférentes : Les affluents de la VMI s’abouchent sur la concavité de ce vaisseau. 4.1. La veine colique inférieure : - satellites des artères, les veines du côlon sigmoïde convergent vers le bord adhérent du méso et se réunissent à hauteur du détroit supérieur. - issue des arcades veineuses de l’anse sigmoïde - tronc très court formé par la réunion des trois veines sigmoïdes. Logés dans le mésosigmoïde, ces veines suivent leurs artères homonymes en se plaçant sur un plan postérieur et inférieur par rapport aux artères. - Fréquemment les veines sigmoïdes se jettent dans la VMI par un ou deux troncs séparés. Le tronc le plus interne (et aussi le plus inférieur accompagne l’artère sigmoïde droite). 4.2. La veine colique moyenne : Elle naît de la partie moyenne du côlon descendant par la réunion de deux branches : l’une ascendante, l’autre descendante. C’est la veine du côlon descendant. Généralement très courte et presque transversale, elle se jette dans la VMI assez près de son point de croisement avec l’artère colique gauche supérieure. 4.3. La veine colique gauche supérieure : Elle se détache un peu au-dessous de l’angle gauche du côlon : elle ramène le sang veineux de cet angle et de la moitié gauche du côlon transverse. Elle n’est pas satellite de son artère. Son tronc très court se jette obliquement dans la VMI au niveau de la convexité de sa crosse. Cette veine s’anastomose avec la veine colique droite supérieure en formant une longue arcade ou système transversal de l’arcade marginale des colons, situés dans le mésocôlon transverse et satellite de l’arcade de Riolan. III- DISSECTIONS : 1. Matériels et méthodes : L’étude a porté sur quatre sujets : deux hommes et deux femmes. La 1ère dissection a été réalisée sur un sujet masculin de 89 ans frais puis formolé par la suite. L’objectif était de situer la VMI dans la cavité abdominale avec tous ses rapports. La 2ème dissection sur un sujet féminin formolé de 92 ans a permis de préciser les rapports de la VMI, et plus particulièrement sa terminaison dans la veine splénique, en raison d’une variation anatomique à ce niveau. Le sujet a ensuite été éviscéré afin de mettre en évidence les branches afférentes de la VMI. La 3ème dissection portait sur un sujet masculin frais (82 ans) injecté en veineux au latex bleu à partir de la veine porte. Le sujet a été secondairement éviscéré puis formolé. L’injection avait pour but de mettre en évidence les différentes branches afférentes ainsi que les branches à l’origine de la VMI. Enfin, la 4ème dissection effectuée sur un sujet féminin formolé de 88 ans montrait la terminaison de la VMI dans la veine splénique. La VMI a été abordée par une laparotomie allant de l’appendice xiphoïde à la symphyse pubienne. Des incisions sous-costales et le long de l’arcade crurale ont permis de découvrir la cavité abdominale. Après avoir récliné les anses grêles, la VMI était directement abordable à la face postérieure de l’angle duodéno-jéjunal. VUE ANTERIEURE DE LA VMI angle duodénojéjunal VMI Le sujet 3 a été injecté au latex bleu dans le système veineux portal à partir de la veine porte. L’injection de latex, a été suivie d’une autre d’acide acétique visant à solidifier le latex. La pièce a ensuite été éviscérée après section et ligature de l’aorte, de la VCI, de l’œsophage et du rectum. 2. Résultats : 2.1. Origine : La VMI naît de la veine hémorroïdale supérieure à la face postérieure du rectum, elle-même constituée de deux branches droite et gauche qui croisent obliquement les faces latérales du rectum. La VMI ainsi constituée, monte à gauche de son artère homologue, obliquement vers le haut et la gauche. ORIGINE DE LA VMI a. iliaque v. iliaque commune G commune AMI VMI a. rectale supérieure v. rectale supérieur 2.2. Trajet : A sa sortie du bassin et après avoir précroisé les vaisseaux iliaques, la VMI se dirige obliquement vers le haut et la gauche. Elle monte en avant du psoas où elle précroise la veine gonadique gauche, puis poursuit son trajet en dehors de l’uretère. Enfin, elle passe en avant du rein ou du pédicule rénal puis s’incurve vers la droite selon une courbe à concavité inférieure à hauteur de l’angle duodénojéjunal. VUE ANTERIEURE DU TRAJET DE LA VMI (INJECTION) v. pancréas splénique récliné v. colique VP supérieure VMS VMI v. colique moyenne G AMS tronc des sigmoïdiennes uretère G v. rectales 2.3. Terminaison : - disposition modale : Elle croise, un peu au-dessus et à gauche de l’angle duodéno-jéjunal, le bord inférieur du pancréas pour passer à sa face postérieure. Réalisant une courbe à concavité inférieure droite, elle devient presque transversale et s’unit à angle aigu avec la veine splénique. La réunion de ces deux veines, formant le tronc spléno-mésaraïque, constitue la racine gauche de la veine porte. VUE ANTERIEURE DE LA TERMINAISON DE LA VMI (INJECTION) v. porte pancréas récliné Tronc splénomésaraïque v. splénique VMI Angle duodénojéjunal AMS - variations : La VMI s’unit à la veine splénique à angle droit. VUE ANTERIEURE DE LA TERMINAISON DE LA VMI pancréas Tronc splénomésaraïque v. splénique VMI VUE ANTERIEURE DE LA TERMINAISON DE LA VMI Pancréas récliné v. splénique v. porte VMI VMS La VMI se termine directement dans le bord gauche de la veine mésentérique supérieure. Les rapports sont modifiés : la VMI précroise l’artère mésentérique supérieure au lieu de cheminer à sa gauche. VUE ANTERIEURE DE LA TERMINAISON DE LA VMI pancréas v. porte récliné v. splénique AMS v. rénale G VCI VMI 2.4. Rapports : 1ère portion : à droite : - l’artère hémorroïdale supérieure - la partie terminale de son artère homologue qu’elle accompagne pendant un court trajet. en arrière : - les vaisseaux iliaques primitifs gauches - le rachis qui s’étend en hauteur jusqu’à L4 en avant : - l’anse sigmoïde - le tronc ou les artères sigmoïdes (le plus souvent en avant de la VMI, mais parfois en arrière) VUE ANTERIEURE DE L’ORIGINE DE LA VMI AMI a. iliaque commune G VMI tronc artériel des v. iliaque commune G sigmoïdes v. rectale supérieure a. rectale supérieure 2ème portion : en avant : - le péritoine pariétal postérieur - l’artère colique supérieure gauche à gauche : - le colon descendant à droite : - l’uretère G - les vaisseaux spermatiques ou utéro-ovariens gauches en arrière : - la face antérieure du psoas - parfois l’artère colique supérieure gauche - le nerf génito-crural - le pédicule rénal ou la face antérieure du rein ou de la capsule surrénale gauche VUE ANTERIEURE DU TRAJET DE LA VMI Aorte abdominale rein G a. gonadique psoas V. rénale G a. colique supérieure G a. mésentérique inférieure v. gonadique G uretère G VMI côlon descendant 3ème portion : en avant : - le mésocôlon transverse - la face postérieure du corps du pancréas et par son intermédiaire l’estomac et l’arrière cavité des épiploons - l’angle duodéno-jéjunal en arrière : - le piler gauche du diaphragme en arrière et à droite : - l’aorte abdominale qui donne naissance à l’AMS TERMINAISON DE LA VMI (INJECTION) côlon transverse estomac VMI angle duodénojéjunal récliné VUE POSTERIEURE DU PANCREAS VP pancréas v. splénique tronc spléno- VMI mésaraïque 2.5. Le quadrilatère de Rogie : Le quadrilatère de Rogie délimite un cadre dans lequel l’AMS naît de l’aorte, délimité en haut par la veine splénique, en bas par la veine rénale gauche, à droite par la VCI et à gauche par la VMI. QUADRILATERE DE ROGIE v. splénique VCI v. rénale G AMS VMI aorte Lorsque la VMI se jette dans la veine mésentérique supérieure (VMS), elle ne constitue plus la limite gauche du quadrilatère de Rogie. QUADRILATERE DE ROGIE (VARIATION) v. splénique AMS v. rénale G VMI aorte VCI . 2.6. Branches afférentes : La veine colique inférieure : - issue des arcades veineuses de l’anse sigmoïde - tronc très court formé par la réunion des trois veines sigmoïdes - ces veines cheminent dans un plan postéro-inférieur par rapport à leurs artères homologues. La veine colique moyenne : - Elle naît de la partie moyenne du côlon descendant par la réunion de deux branches, l’une ascendante, l’autre descendante. - trajet court et transversal - Elle rétrocroise l’artère colique supérieure gauche avant de se jeter dans la VMI. La veine colique supérieure gauche : - n’est pas satellite de son artère. - Son tronc très court se jette obliquement dans la VMI au niveau de la convexité de sa crosse. BRANCHES AFFERENTES DE LA VMI ET AMI v. colique angle colique supérieure G v. colique a. colique moyenne supérieure G v. colique inférieure tronc des v. rectales côlon G artère colique moyenne a. colique inférieure G BRANCHES AFFERENTES DE LA VMI v. colique supérieure v. colique moyenne v. colique inférieure tronc des v. rectales L’arcade marginale des côlons : La veine colique supérieure gauche s’anastomose avec son homologue droit formant l’arcade marginale des colons, satellite de l ‘arcade de Riolan et située dans le mésocôlon transverse. ARCADE MARGINALE DES COLONS arcade marginale des côlons v. colique supérieure D VMS arcade de Riolan v. colique supérieure G VMI IV- DISCUSSIONS : 1- Imagerie : La VMI peut être visualisée par différentes techniques : Tomodensitométrie : La VMI est visible ici en L2. d’après Donald R. CAHILL, Matthew J. ORLAND, Gary M. MILLER IRM : Coupes axiales d’après WEIR , ABRAHAMS Coupes frontales d’après WEIR , ABRAHAMS Phase veineuse d’une artériographie mésentérique inférieure : Un cathétérisme de l’artère fémorale est réalisé sous anesthésie locale. Le produit de contraste radioopaque est ensuite injecté dans l’artère mésentérique inférieure. d’après WEIR , ABRAHAMS 2. Intérêt chirurgical : La VMI étant un rapport postérieur de l’angle duodéno-jéjunal, il existe un risque de lésion de la VMI lors d’une duodénojéjunectomie ou d’une duodénopancréatectomie totale. La duodénojéjunectomie est indiquée pour les traumatismes isolés de cette région, pour les tumeurs de D4 ou de la première anse jéjunale, pour les tumeurs du côlon transverse envahissant l’angle de Treitz (tableau de fistule côlo-duodénale possible), et également pour les ischémies aiguës affectant cette région. Deux voies d’abord du duodénum sont utilisées : la première et privilégiée, est réalisée par une incision sous-costale bilatérale ; la seconde voie, médiane sus et sous-ombilicale, est préférée si une mobilisation du colon droit et du mésentère est envisagée. La section entre ligature du muscle et du ligament de Treitz, l’ouverture du péritoine des fossettes duodénales et la manœuvre de Catell (libération du colon droit suivi d’une incision du feuillet gauche du mésentère) permettent l’exposition de D3 et D4. Le décollement duodéno-pancréatique est également indispensable pour une mobilisation aisée de la partie distale du duodénum. A cette phase de l’intervention, il faudra faire particulièrement attention à la VMI. L’exposition étant complète, le passage de l’index est possible à la face postérieure de D3 jusqu’à la première anse jéjunale. [6] SECTION ENTRE LIGATURES DU MUSCLE DE TREITZ [6] Ensuite, la section des petits vaisseaux est amorcée sur le jéjunum à gauche de l’axe mésentérique au niveau choisi pour la section distale, et poursuivi de proche en proche jusqu’à l’angle de Treitz. Une terminaison atypique de la VMI sur le versant gauche de la VMS étant possible, une attention particulière s’impose à ce stade de l’intervention. SECTION DES VAISSEAUX DE D4 [6] La duodénopancréatectomie est indiquée principalement pour les tumeurs pancréatiques de localisation céphalocorporéale ou étendues à la quasi-totalité voire la totalité du pancréas, pour les tumeurs multifocales intéressant plusieurs segments du pancréas. Il existe d ‘autres indications plus discutées. La laparotomie transversale bi-sous-costale est la voie d’abord la plus utilisée. L’angle colique est abaissé par section-ligature du ligament spléno-colique. Après décollement de la rate et du pancréas caudal, les vaisseaux rétro-pancréatiques sont abordés par la gauche. La face postérieure du pancréas corporéal est progressivement libérée de gauche à droite, par rapport à la face antérieure de l’AMS. La veine splénique est sectionnée et liée en amont de sa confluence avec la VMS et la VMI. La confluence spléno-mésentérique peut s’effectuer de façon plus caudale vers la gauche : dès lors, devant un envahissement tumoral veineux à la face postérieure du pancréas corporéo-caudal, l’exérèse nécessite le sacrifice de la VMI sans que cela entraîne de répercussion sur le drainage veineux mésentérique à condition que les veines mésentérique supérieure et porte restent perméables. SECTION DE LA VEINE SPLENIQUE A LA FACE POSTERIEURE DU PANCREAS [7] Après section-ligature, le corps et l’isthme du pancréas sont séparés du confluent mésentéricoporte qui reste en arrière. La dissection est ensuite poursuivie vers la droite par la libération de la tête du pancréas et de l’uncus pancréatique, par rapport à la face antérieure et au bord droit de l’axe mésentérico-porte. 3. Intérêt clinique : Il a été décrit un rare cas de panniculite mésentérique compliquée par une obstruction de la VMI. Il s’agit d’une maladie rare responsable d’une inflammation non spécifique du tissu graisseux mésentérique. L’examen physique du patient montrait une masse ferme localisée dans le bas abdomen. Les différentes investigations menées (lavement baryté, colonoscopie) ont mis en évidence une muqueuse irrégulière et œdématiée au niveau du côlon recto-sigmoïde. Dans la portion proximale du côlon sigmoïde, de volumineux vaisseaux dilatés et sinueux étaient retrouvés à la colonoscopie, correspondant aux lésions surélevées mises en évidence par lavement baryté. La masse, de densité légèrement plus forte que celle du tissu graisseux, a pu être visualisée par TDM : elle se développait à partir du mésentère entourant les vaisseaux mésentériques. Les angiographies du tronc coeliaque et de l’AMS étaient normales. Celle de l’AMI ne présentait pas d’anomalie au temps artériel. En revanche, au temps veineux, la VMI n’était pas visible. Le flux veineux de la région de la VMI retournait alors à la VMS par une branche collatérale – ceci confirmant l’obstruction de la VMI par la masse mésentérique. Les symptômes, par la suite, disparaissaient. Une série d’examen a permis de montrer la diminution progressive de la taille de la masse, puis sa disparition complète au bout de trois mois. TDM et lavement baryté montraient alors, une amélioration des zones lésées. L’évolution favorable est, ici, probablement dû à la formation d’une veine collatérale. Dans le traitement des panniculites mésentérique, les thérapies agressives sont donc à éviter, étant donné l’évolution favorable de la maladie malgré l’obstruction des vaisseaux. V- CONCLUSION : Comme les dissections ont pu le montrer, de nombreuses variations anatomiques concernent la VMI. Or, celle-ci étant un rapport postérieur de l’angle duodéno-jéjunal, il est important d’en tenir compte dans la chirurgie du duodénum. Il est à noter, également, son implication clinique notamment dans la panniculite mésentérique. Par ailleurs, la VMI tient un rôle important dans de nouvelles techniques[8], visant à dépister à un stade précoce la colique ischémique -complication possible de la chirurgie de l’aorte. Ceci est possible grâce à des prélèvements sanguins réalisés à partir de la VMI en peropératoire. VI BIBLIOGRAPHIE : [1] Atlas of Human Cross-Sectional Anatomy Donald R. Cahill, Matthew J. Orland, Gary M. Miller p. 30 [2] Atlas d’Anatomie Radiologique et d’Imagerie du Corps Humain Weir, Abrahams p. 121, 122, 126, 134 [3] Anatomie Topographique Descriptive et Fonctionnelle – Tome 4 A. Bouchet, J. Cuilleret p. 1934, 2073 [4] Traité d’Anatomie Humaine – Tome III G. Paturet p. 853, 865, 866 [5] Seo M.,Okada M., Okina S., Ohdera K., Nakashima R., Sakisaka S. Mesenteric Panniculatis of the Colon with Obstruction of the Inferior Mesenteric Vein : report of a case, Dis Colon Rectum.2001 ; 44 : 885-889 [6] Meyer C., de Manzini N., Rohr S. Duodénojéjunectomies, Encycl. Méd. Chir. Paris, Techniques chirurgicales – Appareil digestif. 1996 ; 40-415 [7] Jaeck D., Boudjema K., Bachellier P., Weber J.C., Aensio T., Wolf P. Duodénopancréatectomie totale, Encycl. Méd. Chir. Paris, Techniques chirurgicales – Appareil digestif. 1998 ; 40-480E [8] Conor B. Delaney, Neville F. Couse, Denis Mehigan, T. Vincent Keaveny. Inferior Mesenteric Venous Sampling, Pulse Oximetry, and Assessment of Colonic Perfusion During Aortic Aneurysm Surgery, Digestive Diseases and Sciences. 1999 ; 44 : 1786-1791