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Myopathie de Duchenne
Retarder l’évolution
La dystrophie musculaire de Duchenne
(DMD) est un exemple particulièrement inté-
ressant car le nombre de pistes thérapeuti-
ques pharmacologiques évoquées y est très
important.
Pour certains auteurs, malgré les effets
secondaires induits (ostéoporose, cataracte,
fractures), l’administration de corticosté-
roïdes chez les patients atteints de DMD
apporte des bénéfi ces en regard de l’histoire
naturelle de la maladie. Deux études, l’une
canadienne et l’autre américaine, ont évalué
les effets au long cours respectivement du
défl azacort et de la prednisone. Les résul-
tats montrent que la corticothérapie permet
de prolonger l’ambulation et de ralentir
la dégradation de la fonction respiratoire.
Ces résultats doivent être modulés car, ces
études prennent comme élément de compa-
raison l’histoire naturelle de la maladie sans
tenir compte des progrès réalisés dans la
prise en charge des patients. Enfi n pour éva-
luer le bénéfi ce réel de ce type de traitement,
la qualité de vie des patients reste un des
critères essentiels à considérer.
Outre les stéroïdes, la recherche de phar-
macothérapies, susceptibles de retarder
l’évolution de la maladie, est très active
notamment aux USA. Des recherches impli-
quant la créatine, la glutamine, les extraits
de thé vert, la vitamine E, le
coenzyme Q10 sont en cours. Il
s’agit d’études, encore au stade
pré-clinique voire dans certains
cas en phase clinique, évaluant
l’effet des produits seuls ou en
association. L’inhibition de la
myostatine est une piste théra-
peutique également explorée.
Chez les patients atteints de
DMD, les résultats des travaux
sur la gentamicine, antibiotique
capable en principe d’induire
des sauts de codons stop sont
aujourd’hui décevants. Les
essais actuels ne permettent
cependant pas de savoir si
l’hypothèse doit être remise en
cause ou si les doses adminis-
trées sont insuffi santes pour
obtenir un effet thérapeutique
(sachant que la toxicité rénale et
auditive de la gentamicine est un frein à une
augmentation des doses).
Plusieurs pistes explorées
Les travaux impliquant le transfert de gène
par adénovirus sont toujours d’actualité,
même si cette voie ne semble pas la plus
prometteuse. Les vecteurs AAV (associa-
ted adenovirus), s’avèrent plus effi caces
pour transfecter le muscle, mais leur petite
capacité représente un inconvénient majeur
pour le transfert des gènes de grande taille.
Par conséquent, beaucoup de travaux se
sont orientés vers les minidystrophine et
microdystrophine, constructions minimales
du gène de la dystrophine supposées avoir
une fonctionnalité suffi sante pour inverser le
phénotype dystrophique.
Des travaux ont montré l’importance du
choix du promoteur pour le transfert de gène
dans le muscle. Un promoteur spécifi que du
muscle induit beaucoup moins d’effets en
limitant la réponse infl ammatoire et immu-
nologique.
Outre la thérapie génique stricto sensu,
des oligonucléotides antisens peuvent être
utilisés pour entraîner des modifi cations
d’épissage : il s’agit d’induire, lors de la
transcription, un saut des exons porteurs
des mutations responsables de la maladie
(«exon skipping»), afi n de créer une protéine
Une voie pharmacologique ?
L’effet bénéfi que du blocage de la myostatine tant sur la masse
que sur la fonction musculaire a été démontré. L’injection
intrapéritonéale hebdomadaire, durant 3 mois, d’anticorps dirigés
contre la myostatine chez des souris mdx entraîne (par comparaison
à un groupe contrôle non traité) une augmentation de leur masse
musculaire relative plus importante que celle de leur poids corporel.
On observe une hypertrophie musculaire (augmentation du diamètre
des fi bres et pas de leur nombre), mais la proportion des fi bres
centronucléées (signe de régénération) est plus importante. La
fonction musculaire est nettement améliorée (tests de contraction
tétanique à l’appui). L’étude du diaphragme montre une diminution
des infi ltrats infl ammatoires et de la dégénérescence des fi bres.
L’élévation importante des créatine kinases musculaires sériques
est très nettement atténuée. Le blocage de la myostatine constitue
donc une nouvelle voie potentielle à explorer pour un traitement
pharmacologique des maladies neuromusculaires.
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