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La gale ou scabiose
Docteur Stéphane GAYET
Infectiologue et hygiéniste – Médecin praticien hospitalier au CHRU Strasbourg
Responsable de l’antenne régionale d’Alsace de lutte contre l’infection nosocomiale (ARLIN)
Parasitologie
Sur le plan parasitologique, la gale humaine ou scabiose est une maladie parasitaire,
cutanée, très contagieuse, due à un minuscule animal à la limite du pouvoir
séparateur de l’œil humain. C’est un Arthropode microscopique, grisâtre, de forme
globuleuse, ovalaire et appartenant à la classe des Arachnides, donc proche des
araignées et surtout des tiques, qui possèdent toutes quatre paires de pattes. Cet
agent infectieux est un sarcopte ce qui signifie coupeur de chair, scientifiquement
Sarcoptes scabiei, variéou sous-espèce hominis, laquelle est strictement humaine.
Cet ectoparasite qu’est le sarcopte appartient au groupe immense des Acariens. La
femelle mesure environ un tiers et le mâle un quart de millimètre, ce qui en fait un
organisme à la frontière entre le microscopique et le macroscopique. L’accouplement
a lieu à la surface de la peau et la femelle fécondée s’enfouit, puis pond
quotidiennement plusieurs œufs, de deux à cinq. Ils éclosent en trois à cinq jours,
donnant naissance à une larve qui devient adulte en un peu moins de 3 semaines,
après plusieurs stades. Le pouvoir pathogène est essentiellement à l’activide la
femelle. On estime qu’elle vit entre 1 mois et demi et 2, voire 3 mois. La taille des
œufs excède un peu le dixième de millimètre.
Epidémiologie
Sur le plan épidémiologique, cette parasitose est fréquente et cosmopolite. Elle se
manifeste souvent sous la forme d’épidémies, avec une prédilection pour les enfants
et les personnes âgées qui vivent en communauté ou en collectivité. C’est ainsi que
des épidémies de gale surviennent régulièrement, d’une part, dans les écoles et
autres établissements accueillant des enfants, et d’autre part, dans les
établissements d’hébergement pour personnes âgées et dans les services de
gériatrie. On rencontre également des foyers épidémiques à l’occasion de
mouvements de population, tels que des migrations ou des voyages touristiques,
ainsi que chez les personnes sans domicile fixe. Les sujets immunodéprimés
développent facilement des formes profuses et extrêmement contagieuses de gale.
Histo physio pathogénie
Sur les plans histo et physio-pathogéniques, le sarcopte de la gale est un acarien
fouisseur, à l’instar de la taupe et de la courtilière. Il creuse donc des galeries dans la
partie profonde de la couche cornée, kératinisée de l’épiderme, en progressant à
raison d’1 à 3 millimètres par jour. C’est en somme un parasite cytophage qui se
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nourrit de kératinocytes et de lymphe. Ses sécrétions et ses excréta sont irritants et
sensibilisants, à l’origine du prurit marqué, signe essentiel de l’infestation parasitaire,
lui-même à l’origine des lésions de grattage. Le caractère prolifique des sarcoptes et
l’incapacité des défenses immunitaires de les éradiquer font que la gale n’a aucune
tendance spontanée à la guérison ; au contraire, sans traitement efficace, son
évolution chronique est habituelle.
Contagiosité
Sur le plan de la contagiosité, l’homme est l’unique réservoir de ce parasite qui ne
peut se multiplier que dans sa peau. Pour pouvoir développer la gale, une personne
doit théoriquement recevoir au minimum une jeune femelle fécondée. Or, une
personne infestée héberge une ou plusieurs dizaines d’adultes, en cas de gale
commune, et plusieurs centaines, s’il s’agit d’une forme profuse. Le sarcopte adulte,
après contamination, pénètre dans la peau en l’espace d’une heure environ.
L’incubation est habituellement silencieuse, ou discrète, et dure en moyenne 3
semaines, du moins en cas de primo-infestation, avec des extrêmes allant de 2 à 6
semaines. Lors d’une réinfestation, cette période d’incubation est beaucoup plus
brève, de 1 à 3 jours.
La transmission de l'agent infectieux s’effectue dans la majorité des cas de façon
interhumaine directe, par voie de contact, c’est-à-dire de peau à peau. Le contact,
pour permettre cela, ne doit pas être furtif, mais suffisamment appuyé et prolongé :
cette circonstance peut se produire par exemple en cas de promiscuité, de soins de
nursing, de jeux physiques ou encore de relation sexuelle.
La transmission indirecte de l’agent infectieux est nettement plus rare, sauf en
présence d’une forme profuse, beaucoup plus contagieuse. Elle se fait alors par
l’intermédiaire d’un vecteur inerte, essentiellement de nature textile, comme un
vêtement particulièrement une manche longue, la fine peau des poignets étant
davantage vulnérable vis-à-vis des sarcoptes, un drap, une couverture, un
revêtement de siège ou encore du linge de toilette.
Il paraît assez évident que cette maladie est favorisée par un manque d’hygiène,
qu’elle soit corporelle, vestimentaire ou encore domestique.
La survie des sarcoptes adultes, en dehors du corps humain, peut varier de 1 ou
2jours, si les conditions ambiantes sont défavorables, à 5, voire 7jours, en présence
de chaleur et d’humidité. Celle des œufs et larves, plus résistants, peut aller jusqu’à
10 jours. Parmi les moyens physico-chimiques de tuer ces parasites, en dehors du
corps humain, la chaleur est très efficace, une température supérieure à 55°C leur
étant rapidement fatale. En revanche, il faut souligner que les antiseptiques et les
désinfectants cutanés, parmi lesquels les produits hydro-alcooliques pour l’hygiène
des mains, efficaces sur les bactéries et certains virus, n’ont pratiquement aucun
effet sur les sarcoptes.
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Clinique
Sur le plan clinique, le signe essentiel est le prurit assez intense, à recrudescence
vespérale et surtout nocturne, souvent source d’insomnie, outre les lésions de
grattage, parfois importantes. Dans la forme commune du moins, il épargne en gle
générale le visage et le dos, et siège principalement au niveau de la face antérieure
des poignets, des espaces interdigitaux, des régions axillaires, de la région
ombilicale, de la ceinture, des plis sous-fessiers et des organes génitaux.
Les zones infestées comportent classiquement des sillons scabieux fins, sinueux et
grisâtres, se terminant par une vésicule perlée, et en association avec des papulo-
nodules ; mais cet aspect, très évocateur, n’est pas toujours visible, loin de là, et le
diagnostic de gale est en pratique fréquemment hésitant et retardé.
Prévention
La prévention primaire repose à l’évidence sur l’hygiène. Immédiatement après un
contact manuel contaminant, le lavage simple des mains et des poignets élimine les
sarcoptes ; le lavage à 60°C, des éléments textiles contaminés, permet de les tuer,
les adjuvants acaricides étant ici inutiles.
La prévention secondaire, pour éviter la dissémination, passe par un diagnostic et un
traitement curatif précoces. Il est crucial d’évoquer rapidement la gale devant un
prurit insolite et bien marqué.
Traitement
Le traitement comporte une règle fondamentale : il concerne simultanément la
personne infestée et toutes celles qui ont eu un contact étroit avec elle. Longtemps
réduit aux produits topiques, l’arsenal thérapeutique de la gale est aujourd’hui
transformé par le traitement systémique par voie orale. Ce dernier est d’autant plus
intéressant que, d’une part, il est facile et rapide à administrer et que, d’autre part, les
applications cutanées et répétées des produits locaux peuvent se montrer irritantes
et même sensibilisantes, et que leur observance est parfois défectueuse. Toutefois,
la sécurité de son administration, chez l’enfant de moins de 15 kg, n’est pas établie.
Si c’est le traitement topique qui est choisi, il doit concerner tout le corps.
En complément du traitement curatif et quel qu’il soit, il faut laver les vêtements, les
draps et le linge de toilette, de préférence en machine et à 60°C ou plus. À part
d’éventuels sièges recouverts de textile et possiblement contaminés, une
désinfection spéciale de l’environnement est inutile.
La forme clinique dite profuse cessite le plus souvent une hospitalisation. Son
traitement curatif fait appel en priorià un médicament oral, au besoin pété et
associé à un traitement local cutané.
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La persistance d’un prurit, 8 à 15 jours après le traitement, peut traduire, certes une
vraie persistance par mauvaise observance ou résistance parasitaire, une
réinfestation, mais aussi une irritation cutanée due au traitement, un eczéma de
contact, une acarophobie ou bien un prurit d’autre cause.
Conclusion
En conclusion, ectoparasitose très contagieuse due à un minuscule acarien, la gale
reste fréquente. La bénignité de la forme commune ne doit pas occulter les situations
fort préoccupantes, liées aux épidémies survenant en collectivité, surtout de
personnes âgées, et la gravité des formes profuses. Il faut un diagnostic précoce
pour traiter efficacement la personne atteinte ainsi que tous ses contacts.
Bibliographie
HEID E., TAIEB A., CRICKX B., BERBIS P. : Ectoparasitoses cutanées : gale et
pédiculose. Ann Dermatol Venereol : 2002, 129 : 2S25-2S28.
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CASTOR C., PERRET F., HUC B., FILLEUL L. : Investigation et prise en charge
d’une épidémie de gale dans une maison de retraite. Pyrénées-Atlantiques,
France, novembre 2005-jan-vier 2006. Bulletin épidémiologique hebdomadaire
(BEH) : n°18, 29/04/2008, p. 152 à 155.
Ministère de la santé, de la famille et des personnes handicapées. Direction
générale de la santé (DGS) : Avis du conseil supérieur d’hygiène publique de
France, Section des maladies transmissibles, relatif à la conduite à tenir devant
un cas de gale (séance du 27/06/2003), 4 p.
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