L’atteinte cardiaque
s’accompagne souvent de cachexie,
facteur pronostique
défavorable à l’animal,
et parfois même la cause
de sa mort.
Ainsi, surveiller le statut nutritionnel
et adapter la ration alimentaire
permettent de conserver la masse
maigre et la qualité de vie du chien,
ou du chat cardiopathe.
Il est recommandé de faire maigrir
un animal cardiopathe obèse,
car cela améliore sa qualité de vie
(toux, fatigue à l’effort).
S
i l’origine d’une affection cardiaque va-
rie d’un animal à l’autre, les conséquen-
ces métaboliques sont souvent com-
munes et évoluent en fonction de la gravité
de l’atteinte organique.
De façon schématique, la diminution de
l’efficacité cardiaque induit une hypoperfu-
sion tissulaire, responsable d’une hypoxie
et d’une diminution de l’apport en nutri-
ments aux cellules. Ces phénomènes entraî-
nent des modifications hormonales (insuline,
cortisol, catécholamines), responsables
d’une augmentation du catabolisme et
d’une diminution de l’anabolisme.
Ils s’accompagnent également de la produc-
tion de cytokines inflammatoires, responsables
d’une augmentation des destructions cellulai-
res et de la production de radicaux libres.
L’augmentation de ce stress oxydant
conduit à un stress oxydatif par insuffisance
des défenses anti-oxydantes de l’orga-
nisme. Les radicaux libres ainsi produits et
non neutralisés induisent un syndrome in-
flammatoire généralisé et une destruction
cellulaire [11].
Plus la maladie progresse, plus les consé-
quences métaboliques sont profondes, et
plus les signes cliniques sont importants.
L’animal devient ainsi dysorexique, puis ano-
rexique, et la dénutrition va s’accentuer. Ce
cercle vicieux se prolonge jusqu’à la mort de
l’animal.
Le soutien nutritionnel a donc pour but de
limiter les effets cataboliques de l’atteinte
cardiaque et de conserver une qualité de
vie satisfaisante. Un suivi régulier du statut
nutritionnel et une surveillance de la prise
alimentaire sont donc nécessaires.
Il convient de surveiller la masse maigre afin
de limiter l’apparition de la cachexie en
adaptant la ration à l’atteinte cardiaque et à
l’appétit de l’animal
(photo 1)
.
L’ajustement en nutriments suit l’évolution
de la maladie et l’appétit de l’animal.
Toutefois, il convient de faire maigrir l’ani-
mal obèse si son poids a des répercussions
cliniques.
LA QUALITÉ DE VIE
DE L’ANIMAL CARDIOPATHE
Pour les propriétaires de chats et de chiens
atteints d’affections cardiaques, il a été
montré récemment que la qualité de vie de
leur animal est plus importante que sa lon-
gévité [15, 16]. Dans ces enquêtes, un ques-
tionnaire a été développé pour établir un
score de qualité de vie, donc pour tenter
d’objectiver partiellement le ressenti des
propriétaires.
COMMENT SURVEILLER
LA CACHEXIE CARDIAQUE
La cachexie est un phénomène actif
(cf dé-
finition)
que l’on retrouve chez l’homme lors
de certaines affections métaboliques,
comme l’insuffisance cardiaque, l’insuffi-
sance rénale ou le cancer. Elle est également
observée chez le chat et le chien [8].
nourrir un animal
cardiopathe
Laurence Yaguiyan-Colliard
Unité de Médecine de l’Élevage et du Sport
École Nationale Vétérinaire d’Alfort
7 avenue du Général de Gaulle
94704 Maisons-Alfort cedex
Objectifs pédagogiques
Évaluer le statut nutritionnel
d’un chien ou d’un chat.
Prendre en compte
la qualité de vie de l’animal.
Évaluer l’opportunité
d’un amaigrissement.
Adapter les apports
nutritionnels en fonction
de l’évolution de la maladie.
Limiter l’apparition
et le développement
de la cachexie.
nutrition
Essentiel
Quelle que soit l’atteinte
cardiaque, les modifications
métaboliques
sont profondes.
Le soutien nutritionnel
permet de limiter les effets
cataboliques de l’atteinte
cardiaque et de conserver
une qualité de vie
satisfaisante.
Ce Labrador a une note d’état corporel de 3/9
et un score de masse musculaire de 3
(amyotrophie extrême).
- L’atteinte cardiaque associée à une dysorexie marquée
a entraîné en quelques semaines un état cachectique.
- L’état de dénutrition est sévère et nécessite une prise
en charge nutritionnelle rapide (ration appétente,
riche en matières grasses et en protéines)
(photo L.Yaguiyan-Colliard, CHUVA).
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Prix éditorial
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RUBRIQUE
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE
canine-féline vol 12 / n°54
56 - JUIN 2013
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