Ces pathologies, dont près de 8.000 sont recensées à travers le monde, concernent
une personne sur 20, soit 5% de la population. Souvent chroniques, évolutives et
graves, elles réduisent, pour beaucoup, l'espérance de vie, entraînent des gênes et des
incapacités voire, dans 9% des cas, une perte complète d'autonomie. A 80% d'origine
génétique, trois sur quatre se déclenchent dès l'enfance. Toutefois, certaines ne se
déclarent pas avant 30, 40 ou même 50 ans.
Pour Khadija Moussayer, présidente de l'Ammais, il est urgent pour le royaume de
s'intéresser aux maladies auto-immunes et systémiques en particulier, dont "75% sont
des maladies rares". Les personnes souffrant de ces pathologies ont un système
immunitaire qui "commet des erreurs et s'attaque aux composants de l'organisme",
explique la spécialiste en médecine interne et gériatrie à Médias24.
"Les maladies auto-immunes et systémiques ciblent 10% de la population mondiale.
Elles représentent la 3e cause de mortalité après le cancer. Et pourtant, alors que des
pays comme la France les incluent dans leurs politiques nationales, au Maroc, nous
n'avons aucun centre dédié. Nous n'avons pas non plus de plan national."
L'information reste fragmentée
Soulignant les efforts fournis par les CHU (surtout les services de génétique, médecine
interne et pédiatrie), le médecin insiste qu'il faut faire davantage à une échelle globale. Le
manque d'information aussi bien pour les patients que pour les professionnels et les
autorités se traduit en errances et en retards dans l'identification des pathologies. Sans
compter les insuffisances dans "la prise en charge, les traitements et les structures
adaptée".
Ainsi, la spécialiste affirme: "Beaucoup de patients ne sont jamais diagnostiqués et ne
sont soignés que sur la base de l'expression de leurs symptômes." Concrètement, le
parcours de soin est le nerf de la guerre. "Quand le patient a une douleur abdominale, il
va voir le gastroentérologue. Pour une fièvre, il se rend chez le médecin généraliste, qui
prescrit des médicaments. On ne recoupe pas les informations."
"Un nomadisme médical des patients parfois incontrôlé et l'absence de dossier médical
unique et centralisé rendent difficile une bonne prise en charge. Indéniablement, c'est
l'organisation des soins qui pêche au Maroc."
L'association plaide, d'après sa présidente, pour une véritable prise en compte de ces
problèmes au niveau national. "Par ailleurs, nous essayons de générer une mobilisation à
partir de la base. Pour ce faire, l'Ammais aide à la création d'associations de malades,
qui organisent des ateliers et des manifestations. L'une d'elles compte déjà 400
adhérents en 2 ans. A ce jour, une association a été fondée en rapport avec la fièvre
méditerranéenne, une autre liée à la sclérodermie, une troisième encore à la sarcoïdose.
Et de nouveaux organismes devraient également faire leur apparition prochainement."
En moyenne, d'après Khadija Moussayer, établir le diagnostic d'une maladie rare prend
"entre 2 et 10 ans".
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