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retraite obligatoire2. Dans les pays développés, les besoins d’investissement structurants sont
liés à la nécessaire adaptation de l’appareil productif au vieillissement de la population et au
changement climatique qui passe par des projets liés à différents domaines: énergie,
innovation, croissance des PME, universités et recherche… Il s’agit de financer des
infrastructures nouvelles mais aussi de renouveler celles qui sontdevenues caduques et
inadaptées au tournant climatique.
Le coût élevé de ces besoins de long terme pose naturellement la question du financement. Si
les banques et les Etats sont considérés traditionnellement comme les financeurs naturels de
ces besoins, la crise financière puis la crise de la dette souveraine ont changé la donne. Depuis
2010, les Etats et les banques ont dû mettre en œuvre respectivement des politiques d’austérité
et de consolidation et de deleveragingqui les empêchentdes’engager dans des politiques
d’investissements d’envergure. Dès lors s’ouvre un débat sur la nature du système financier et
donc sur une nouvelle répartition des acteurs qui y participent et les moyens de financement à
mettre en œuvre. Dans la mesure où près des trois quarts de l’économie européenne
continentale sont actuellement financés par l’intermédiation bancairede bilan (transformation
des dépôts en crédits) ou de marché (achat et vente de titres) la question est de savoir s’il
convient de conserver ce partage des risques qui est en faveur des banques européennes ou
bien de s’orienter progressivement vers le système financier Anglo-Saxon où les marchés
financiers financent l’essentiel des besoins de l’économie.
Dans cette dernière optique, il s'agit de trouver ailleurs les ressources nécessaires et les
acteurs susceptibles de s'engager dans le financement de la croissance de long terme. Une des
pistes envisageables serait de se tourner vers les investisseurs à long terme qui connaissent
une montée en puissance avec les évolutions démographiques, la nationalisation des rentes
pétrolières et les déséquilibres des balances de paiements. Par la nature de leur passif,
composé d’engagements contractuels intergénérationnels (fonds de pension et compagnies
d’assurance), de capitaux publics (fonds souverains), ou collectifs (fondations familiales ou
universitaires), ces entités financières disposent en effet de capitaux propres abondants et ont
une faible dépendance au refinancement des marchés de court terme. En conséquence, ils
disposent d’une épargne longue qui leur permet de prendre des risques et d’immobiliser du
capital contrairement aux banques. En raison de ces spécificités, ces derniers pourraient en
effet participer au financement de l’économie mais sans pour autant se substituer à l’Etat et
aux banques.
Si au contraire, on décide de conserver le système financier actuel de l’Europe Continentale,
la question du rôle effectif des banques se pose comme intermédiaire financier, dont
l’existence est justifiée théoriquement dans leur capacité à non seulement, organiser le
transfert des fonds depuis les agents qui épargnent vers ceux qui souhaitent emprunter, mais
aussi à rendre compatible leurs motivations antagoniques en termes de prix, d’échéances, de
rendements ou de liquidité. L’intermédiation financière naît de ce qui fait obstacle aux
relations directes de financement entre prêteurs et emprunteurs.En produisant des services
d’informations liés à la sélection des emprunteurs, en se spécialisant dans l’achat et la vente
d’actifs financiers, en traitant des volumes financiers très élevés en provenance ou à
destination des clients en grand nombre, les intermédiaires financiers réduisent les asymétries
d’information entre prêteurs et emprunteurs et accèdent à des coûts unitaires de collecte ou de
prêts (coûts opérationnels, de négociation ou de recherche d’information…) plus bas que ceux
2Le financement de ces retraites devrait, en grande partie, se faire par capitalisation. Aussi, les investisseurs
institutionnels vont être appelés à se développer, notamment au travers de la création de fonds de pension, de par
cette accumulation potentielle de montants d’épargne collective substantiels.