terminal dans une catégorie Cest un objet T∈Ctel que tout objet Xpossède un unique morphisme
X→T.) La catégorie des espaces topologiques et celle des variétés différentielles ont un objet
terminal qui est le point ; c’est parce qu’il est de dimension 0qu’il ne perturbe pas la relation
dim(X×Y) = dim(X) + dim(Y).
Dans une catégorie qui possède un objet terminal, le produit est un cas particulier de produit
fibré. Le produit fibré porte bien son nom : c’est un produit pour des objets fibrés au-dessus d’une
base S, et c’est pour mesurer la dimension des fibres que l’invariant dim∗est pertinent.
2.6.5 Définition. Dans une catégorie C, le produit fibré de deux
morphismes f:X→Set g:Y→Sest un objet Zmuni de
deux morphismes p1:Z→Xet p2:Z→Ytels que fp1=gp2,
avec la propriété suivante : pour toute paire de morphismes u:
W→Xet v:W→Ytels que fu =gv, il existe un unique
morphisme w:W→Ztel que u=p1wet v=p2w. On dit que
uet vsont les composantes de wet on note w= (u, v). Lorsqu’il
existe, le produit fibré est unique à unique isomorphisme près et
il est noté X×f,S,g You simplement X×SY.
Wv
##
u
%%
w
$$
X×SYp2//
p1
Y
g
Xf//S
Par exemple, dans la catégorie des ensembles le produit fibré est l’ensemble {(x, y); f(x) = g(y)}
muni des deux projections naturelles.
2.6.6 Théorème. Le produit fibré X×SYde deux morphismes f:X→Set g:Y→Sexiste
dans la catégorie des schémas.
Preuve : Premier cas : X= Spec(A),Y= Spec(B),S= Spec(R)tous trois affines. Dans ce
cas, se donner des morphismes u:W→Xet v:W→Ytels que fu =gv est équivalent à se
donner des morphismes d’anneaux u0:A→Γ(W, OW)et v0:B→Γ(W, OW)tels que u0f0=v0g0,
d’après 1.8.7. Comme la somme amalgamée de Aet Ble long de Rdans la catégorie des anneaux
commutatifs unitaires est leur produit tensoriel, on en déduit qu’il existe un unique morphisme
d’anneaux w0:A⊗RB→Γ(W, OW)par lequel u0et v0se factorisent. Au morphisme w0est associé
un morphisme de schémas w:W→Spec(A⊗RB). Ceci montre que X×SY= Spec(A⊗RB).
Deuxième cas : seul Sest affine. Choisissons des recouvrements ouverts affines X=∪Xiet
Y=∪Yket notons Xi,j =Xi∩Xj,Yk,l =Yk∩Yl. D’après le premier cas, les produits fibrés
Zi,k := Xi×SYkexistent. Il n’est pas difficile de voir que le produit fibré Xi,j ×SYk,l existe également
et qu’on peut le réaliser comme un ouvert dans les schémas Zi,k,Zi,l,Zj,k et Zj,l. Plus précisément,
notons Z=Zi,j,k,l le sous-schéma ouvert p−1
1(Xi,j)∩p−1
2(Yk,l)dans Zi,k =Xi×SYk, où p1:Zi,k →Xi
et p2:Zi,k →Yksont les projections. On vérifie immédiatement que Zpossède la propriété universelle
du produit fibré (catégorique) Xi,j ×SYk,l. Ceci réalise ce produit fibré comme un ouvert de Zi,k et
la même construction permet de le voir comme un ouvert de Zi,l,Zj,k et Zj,l. On peut alors recoller
les schémas Zi,k le long des ouverts Zi,j,k,l pour former un schéma X×SY. (Il s’agit d’un recollement
ordinaire dans lequel l’ensemble d’indices de la famille de schémas à recoller est un produit cartésien
de deux ensembles.) Vérifions que c’est bien le produit fibré attendu. Étant donnés u:W→Xet
v:W→Ytels que fu =gv, on considère les ouverts Wi,k =a−1(Xi)∩b−1(Yk)dans W. On construit
des morphismes Wi,k →Xi×SYkqui se recollent en un morphisme W→X×SY.
Troisième cas : cas général. Soit S=∪Siun recouvrement de Spar des ouverts affines. Soient
Xi=f−1(Si)et Yi=g−1(Si)qui sont ouverts dans Xet Y. Par restriction, on dispose de morphismes
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