INTRODUCTION
Le village actuel se situe en fond de vallée de la rade de Brest, à l'emplacement
même de l'estuaire de la rivière de Daoulas. Dominant le versant le plus élevé, c'est là
que s'est installée l'Abbaye Augustinienne de Daoulas dont la fondation vers la fin du
Xlle siècle serait à l'origine de la naissance de cette petite ville bordée de bras de mer
(pl. I). La présence de chanoines réguliers dont l'identité, la fonction sociale et
économique entraînaient des rapports fréquents avec l'extérieur apparaît comme un
facteur déterminant de l'existence, vers le milieu du XÏÏIe siècle au moins, du bourg de
Daoulas.
Suite aux demandes répétées et motivées du Conseil Général du Finistère,
propriétaire des lieux depuis 1984, des sondages archéologiques furent entrepris au
mois de Juillet 1990. Les informations glanées lors de cette première campagne de
fouille ainsi que l'observation de quelques documents et plans anciens (Besnard 1771,
Bigot 1875 et Chaussepied 1880) ont guidé nos recherches. Elles ont également permis
d'identifier avec précision les phases d'occupation tardives (phases 5 et 6) ce qui n'était
pas rendu possible par la seule lecture de la stratigraphie.
En revanche les données concernant l'implantation de l'Abbaye romane et
l'existence présumée d'un établissement antérieur étaient extrêmement rares et
inconsistantes. En l'absence de plans et autres documents anciens originaux, on doit se
contenter d'un cartulaire du début du XIXe siècle (Archives départementales du
Finistère, 1H79) dont le premier titre certain est une copie de la confirmation faite en
1186 par Hervé, vicomte de Léon, de la donation primitive faite à l'abbaye par ses
parents Guyomarch et Nobile et qui permettrait de replacer la fondation romane aux
alentours de 1173. Il en va de même, pour toute la période médiévale et il faut attendre
le XVIIe et le XVIIIe siècle pour disposer de plusieurs monographies retraçant l'histoire
de l'abbaye (Pinson 1696, Levot 1875, Peyron 1897). Néanmoins, comme on le verra
tout au long de cette étude, l'historiographie du site souffre de nombreuses incohérences
que l'on peut expliquer en partie par la personnalité et le statut de ses auteurs (cf.
annexe 2, p. 2-4). Les difficultés d'interprétation d'une telle documentation expliquent
que l'on ait pu émettre diverses hypothèses sur les premières origines de l'Abbaye, à
partir notamment de la vie légendée de Saint Jaoua (Legrand, p. 52-58).