f - Bibliothèque numérique du Service Régional de l`Archéologie

publicité
LES FOUILLES
DE L ABBAYE DE DAOULAS
f
(29043001) (FINISTERE)
DFS DE FOUILLE PROGRAMME
par
Michel BAILLIEU
A.F.A.N.
RENNES: SRA Bretagne
1995
r
liîSJ
SOMMAIRE
Avant propos
p
Introduction
p
Chapitre 1.
Chapitre 2.
Chapitre 3.
Les origines de la fondation romane
fin Xlle
f
Le monastère médiéval
Xin-XIVe
F
La guerre de Cent Ans et les premiers remaniements
fin XlVe - fin XVe
f
Au temps de la commende:réorganisation de l'espace
Milieu XVIe-XVUe
[
Du temps des Jésuites jusqu'aux dernières transformations
XVIIIe - XIXe
\
Chapitre 6.
Synthèse de l'histoire du site
p
Annexe 1
Tableau synchronique de l'histoire du site
Annexe 2
Etude documentaire
A. Léon
Chapitre 4.
Chapitre 5.
AVANT-PROPOS
Les résultats des sondages préliminaires effectués en 1990 ont entraîné la fouille
programmée de l'Abbaye Notre Dame de Daoulas entre le mois de Juillet 1991 et le
mois d'août 1994. Quatre campagnes ont été nécessaires pour l'élaboration de cette
étude, dont le financement a été pris en charge par le Conseil Général du Finistère,
maître d'ouvrage, avec une participation de l'Etat. Le centre culturel "Abbaye de
Daoulas" (1991-1992), puis l'association pour les fouilles archéologiques nationales
ont successivement assuré la gestion et le suivi de l'opération.
Les travaux de fouilles ont été effectués par de nombreux fouilleurs bénévoles.
L'encadrement, la réalisation des documents graphiques ainsi que la gestion du mobilier
ont été confiés le plus souvent à des étudiants stagiaires en histoire ou en archéologie
sous la responsabilité de M.Prigent et D. Thiron.
Des raisons matérielles et financières liées au montage des fouilles programmées
m'ont conduit à mener le plus souvent seul le traitement des données archéologiques
ainsi que les différentes études annexes. Cependant, une étude d'archives
complémentaire a été menée par Mlle A. Léon dans le cadre de la réalisation du
document final de synthèse.
Je tiens à remercier l'ensemble des personnes qui ont contribué à cette étude et
plus particulièrement A. Bardel, ingénieur à l'université de Rennes 2, responsable du
programme de recherches sur les établissements monastiques en Bretagne qui nous a
accueilli dans le laboratoire de l'U.R.2 où elle nous a fait bénéficier du fruit de son
expérience et de ses travaux. Enfin, je souhaite exprimer ma reconnaissance envers M .
Vaginay, conservateur régional de l'archéologie et J-Y.Tinevez, ingénieur chargé du
département du Finistère pour leurs diverses contributions à l'élaboration de cette étude.
1. vue d'ensemble de l'Abbaye.
INTRODUCTION
Le village actuel se situe en fond de vallée de la rade de Brest, à l'emplacement
même de l'estuaire de la rivière de Daoulas. Dominant le versant le plus élevé, c'est là
que s'est installée l'Abbaye Augustinienne de Daoulas dont la fondation vers la fin du
Xlle siècle serait à l'origine de la naissance de cette petite ville bordée de bras de mer
(pl. I). La présence de chanoines réguliers dont l'identité, la fonction sociale et
économique entraînaient des rapports fréquents avec l'extérieur apparaît comme un
facteur déterminant de l'existence, vers le milieu du XÏÏIe siècle au moins, du bourg de
Daoulas.
Suite aux demandes répétées et motivées du Conseil Général du Finistère,
propriétaire des lieux depuis 1984, des sondages archéologiques furent entrepris au
mois de Juillet 1990. Les informations glanées lors de cette première campagne de
fouille ainsi que l'observation de quelques documents et plans anciens (Besnard 1771,
Bigot 1875 et Chaussepied 1880) ont guidé nos recherches. Elles ont également permis
d'identifier avec précision les phases d'occupation tardives (phases 5 et 6) ce qui n'était
pas rendu possible par la seule lecture de la stratigraphie.
En revanche les données concernant l'implantation de l'Abbaye romane et
l'existence présumée d'un établissement antérieur étaient extrêmement rares et
inconsistantes. En l'absence de plans et autres documents anciens originaux, on doit se
contenter d'un cartulaire du début du XIXe siècle (Archives départementales du
Finistère, 1H79) dont le premier titre certain est une copie de la confirmation faite en
1186 par Hervé, vicomte de Léon, de la donation primitive faite à l'abbaye par ses
parents Guyomarch et Nobile et qui permettrait de replacer la fondation romane aux
alentours de 1173. Il en va de même, pour toute la période médiévale et il faut attendre
le XVIIe et le XVIIIe siècle pour disposer de plusieurs monographies retraçant l'histoire
de l'abbaye (Pinson 1696, Levot 1875, Peyron 1897). Néanmoins, comme on le verra
tout au long de cette étude, l'historiographie du site souffre de nombreuses incohérences
que l'on peut expliquer en partie par la personnalité et le statut de ses auteurs (cf.
annexe 2, p. 2-4). Les difficultés d'interprétation d'une telle documentation expliquent
que l'on ait pu émettre diverses hypothèses sur les premières origines de l'Abbaye, à
partir notamment de la vie légendée de Saint Jaoua (Legrand, p. 52-58).
2. Plan général
(Besnard,
ingénieur
de l'Abbaye, dressé
en
des ponts et chaussés
1771
à
Landerneauj
1X5
*
Au moment de débuter l'opération, nous ne disposions d'aucune information sur
l'état de conservation des bâtiments conventuels qu'il était d'ailleurs difficile de situer.
Le seul plan faisant référence aux "communs" était un levé de l'Abbaye (Besnard
1771,fig. 2, p. 5), donnant l'inventaire sommaire des bâtiments existants en cette fin de
XVIIIe siècle. Il convient de préciser également le caractère non conventionnel des
fondations Augustiniennes en matière d'architecture, contrairement aux ordres
Bénédictins ou Cisterciens dont les schémas de construction demeurent assez figés,
pouvant ainsi servir de référence.
Par conséquent, une opération de fouille programmée a été mise en place afin de
répondre aux nombreuses interrogations à propos de la nature, de l'organisation et
surtout de la chronologie d'un tel site. Elle s'inscrit dans le cadre d'un programme de
recherche sur les monastères bretons, placé sous la direction de Madame Bardel,
ingénieur de recherche à l'Université de Rennes 2 et responsable des fouilles de
l'Abbaye de Landevennec. Le site de Daoulas constitue une réelle opportunité d'étudier
l'unique fondation Augustinienne de Basse-Bretagne et de tenter ainsi d'expliquer les
raisons politiques et religieuses d'un tel choix (fig.3, p. 6).
LE ZONAGE ARCHEOLOGIQUE
Les sondages préliminaires auront également permis de poser les limites
physiques de la fouille et de définir le zonage archéologique. La galerie sud et le cloître
constituent respectivement les zones 1 et 3 (pl. III). Elles ont fait l'objet d'une fouille
exhaustive (campagne de 1991 et 1992) destinée à l'étude des bâtiments religieux.
Toutefois, on peut déplorer que pour des raisons de sécurité la galerie du chapitre n'ait
pu être fouillée. Le mur de façade, lourdement étayé à partir du mur bahut du cloître a
rendu les niveaux de sols instables et inaccessibles.
ZONE 1
Au cours des XIXe et XXe siècles, des travaux de drainage ont largement
perforé les sols de la galerie ouest ce qui les a rendus impropres à la fouille. Cependant,
plusieurs tombes auraient été mises au jour. Leur présence confirme l'existence d'un
cimetière qui se structure progressivement autour du cloître entre le XHIe et le XVIIe
siècle. A partir du XVIIIe siècle, il est transféré au sud de l'église comme en témoigne
le plan de Besnard dressé en 1771 (fig. 2, p. 5).
La célébration de l'office d'une part, et la proximité immédiate du cimetière établi
au XVIIIe siècle ont rendu la fouille impossible à l'intérieur comme à l'extérieur de
l'église. Cette contrainte nous prive d'informations fondamentales à propos du plan de
l'église primitive, en particulier sur la forme du choeur et sur l'existence d'un chevet plat
en remplacement de l'abside actuel. C'est pourquoi le plan que nous proposons demeure
incomplet et très hypothétique.
ZONE 2
La zone 2 (campagne 1993-1994) se situe à l'est du cloître, elle comprend les ailes
est et nord du monastère. Une haie d'arbustes et de branchages constitue la limite
orientale de la fouille qui s'étend au nord jusqu'à l'aplomb de l'escalier d'accès au jardin
de plantes, attesté dès le début du XVIIIe siècle (pl. IV, f ig. 2, p. 5). Ce secteur
comprend les salles des chapitres (Xlle, XVe, et XVIIe) ainsi que l'ensemble des
conventuels qui s'étendent au nord et à l'ouest pour se refermer sur le Logis de l'Abbé
(aile ouest). Les bâtiments post-médiévaux (cour 2072, salle 2050, bâtiment 2315:
phase 4),situés à l'est du mur (2053) du monastère se poursuivent à l'intérieur du jardin
des plantes. Une fouille complète de ces niveaux aurait entraîné la destruction des
jardins sans permettre pour autant d'améliorer de manière sensible nos connaissances.
D'ailleurs, les informations recueillies en zone 2 auront permis de replacer de manière
assez précise l'ensemble de ces structures dans l'histoire et dans la chronologie relative
du site.
En revanche, il n'a pas été possible de sonder le quart nord est de la zone 2, à
cause de la présence dans ce secteur d'un arbre "sycomore" dont la rareté a nécessité,
selon l'avis formel du conservateur adjoint du parc d'Armorique, la pose d'un périmètre
de protection. Cette impossibilité est d'autant plus regrettable que la partie insondée se
situe à l'emplacement où le mur 2167 est partiellement conservé. 2167 est le mur arrière
de l'aile Nord du monastère médiéval, à partir duquel s'organise le secteur des cuisines.
D'autres structures (bâtiment 2315 et dallage 2331) mises en évidence à l'extrémité
nord-est indiquent une importante réoccupation de l'espace aux XVIIe et XVIIIe
siècles. Bien que volontaire et forcée, l'impasse dans le quart nord ouest s'avère d'ores
et déjà fort dommageable dans l'optique d'une vision synthétique du site.
ZONE 3
Les vestiges mis au jour dans l'angle nord-ouest de la zone 3, lors du diagnostic
de 1990 nous ont déterminé à ouvrir l'aire du cloître dans son intégralité, soit 180 m2
environ, pour arriver à une vision synthétique de l'organisation du lavabo, vers lequel
converge une série de substructions regroupées dans la moitié nord de la zone 2 (pl.
n i ) . Devant la faiblesse du dépôt archéologique, compris dans ce secteur entre 0.10 et
0.30m, il nous a semblé cohérent de démarrer la fouille fine à partir du sol actuel, à la
côte N.G.F. de 28.70. Le fait de considérer l'ensemble des éléments de la stratigraphie,
y compris les plus récents, s'avéra un élément incontournable permettant de restituer en
chronologie relative l'occupation du cloître. Cette méthode a d'ailleurs été étendue à la
fouille de la galerie sud, laquelle a révélé des niveaux de circulation tardifs (phase 4 et
5), éléments une fois de plus déterminants pour la datation de l'ensemble.
METHODE DE FOUILLE
Contrairement aux zones 1 et 3, la zone 2 a nécessité un premier décapage
mécanique compte tenu de l'épaisseur à l'est des remblais d'installation des jardins.
auXVIIIe siècle. On passe de l'altitude 32.20m en limite de la fouille à l'est à 29.40m
N.G.F à l'ouest, contre le mur de façade du monastère 2178. Cette forte déclivité
entraîne une poussée des terres qui est d'ailleurs à l'origine de l'affaissement de la
façade vers la galerie. L'implantation des sondages a été effectuée à partir des limites
des structures révélées lors du décapage en prenant la précaution de laisser des bandes
témoins propres à des vérifications stratigraphiques. Au regard des premiers sondages
réalisés à l'intérieur du chapitre médiéval, on pouvait constater une conservation très
précaire des niveaux d'occupation médiévaux (phases 1 et 2), le plus souvent recoupés
ou totalement détruits par la campagne de reconstruction des abbés commandataires
(phase 4: cf. annexe 1) d'une part, mais surtout à cause de l'accumulation des remblais
de destruction (phases 5) au moment de l'abandon progressif du monastère, peu avant
la Révolution. Ces observations nous ont amené à fouiller finement la totalité de
l'espace, à partir des couches de destruction des bâtiments de la fin du XVIe ou du
début du XVIIe siècle. Dans ces conditions, la mise au jour de structures médiévales
(phase 1 et 2) bien qu' incomplètes et très fragmentées nous a permis d'avancer dans la
reconstitution du monastère roman. En l'absence d'une superposition significative des
sols, cela aura au moins facilité la mise en séquence, essentiellement basée sur
l'observation des reprises et des recoupements stratigraphiques.
Les vestiges des différentes phases d'occupation ont été traités et enregistrés de la
même manière en individualisant toutes les unités stratigraphiques. Les mises en phases
et en séquences qui en découlent tiennent compte de l'étude du bâti dont les données ont
été intégrées au diagramme stratigraphique. Une présentation simplifiée des différentes
phases d'occupation est renvoyée à la fin de l'étude sous la forme d'un tableau
chronologique (annexe 1). Les relevés de coupes ont été traités, par le biais de légendes
ou de trames afin de mettre en évidence la chronologie relative du site, basée le plus
souvent sur les recoupements stratigraphiques.
L'examen du mobilier étant en cours d'étude, il n'a pas été possible de présenter
dès maintenant ses résultats. Ce travail se fait en étroite collaboration avec l'équipe de
A. Bardel afin d'aboutir à une classification commune de la céramique médiévale et
post médiévale des sites de Daoulas et Landevennec. Par conséquent, une publication
de l'étude du mobilier céramique est envisagée ultérieurement.
La réalisation de ce document tient compte de l'évolution chronologique du site.
Chacune des grandes périodes de son histoire fait l'objet d'un chapitre particulier pour
lequel un plan d'ensemble, parfois restitué, a été élaboré. L'ensemble des figures
(photos, plans de détails et plans par phase) sont intégrer dans le texte, les planches
renvoyées à la fin de l'étude concerne les plans d'ensemble des zones 1, 2 et 3 ainsi que
les planches de dessins du mobilier. Cette étude est la synthèse des précédents rapports
de fouille (Baillieu, rapport de fouille 1990, 1991 et 1993). C'est pourquoi nous avons
pris le parti de resituer l'analyse archéologique dans son contexte historique, ceci afin
de poser dès maintenant les jalons de la future publication.
Une étude d'archives vient compléter ce travail (annexe 2), elle met en exergue la
réelle nécessité d'une confrontation des sources historiques et des données
archéologiques.
CHAPITRE 1
LES ORIGINES DE LA FONDATION ROMANE
ETAT DES CONNAISSANCES D'APRES LES ARCHIVES
La première occupation du site remonte à l'époque romane, au moment de la
fondation de l'abbaye de chanoines réguliers de Saint Augustin. Son origine reste mal
connue, les chartes relatant la fondation de l'Abbaye n'existent plus à l'heure actuelle,
on doit donc se contenter de "vidimus" c'est à dire de copies confirmatives d'actes
primitifs. Dans une récente étude (mémoire de D E.A. juin 1993),Mlle Léon met
l'accent sur l'origine double de la fondation à laquelle ont participé Geoffroy, évêque de
Quimper et Guyomarch, vicomte de Léon qui, vers 1173, dota l'Abbaye d'un certain
nombre de privilèges (Léon 1993, p 18-24). Ce compromis entre l'évêque et le seigneur
local est le reflet d'une société novatrice en pleine mutation, qui permet une
collaboration renforcée entre les pouvoirs laïcs et écclésiastiques.
La date de 1173 pourrait correspondre à la phase d'achèvement de la construction
de l'Abbatiale entamée probablement en 1167. En revanche l'examen de ces actes, et
notament la retranscription des titres de l'Abbaye (J. Pinvidic, 1662 et Dom Maurice,
1742-1746) ne permet pas de trancher en ce qui concerne l'introduction des chanoines
réguliers de Saint Augustin à Daoulas. Certaines sources font remonter le temps de la
première fondation à 1125 (Ogée 1.1, p.214) et même au tout début du Xlle siècle. Un
document de 1218 conservé à la bibliothèque nationale vient remettre en cause nos
acquis. Il s'agirait d'un vidimus de la fondation de l'Abbaye vers 1101 par Alain,
vicomte de Rohan. Toutefois, aucun texte ne peut corroborer cette hypothèse qui fut
rapportée plus tard au chanoine Pinson sans que celui ci n'ait pu le vérifier
personnellement à cause du mauvais état du manuscrit.
OBSERVATIONS ARCHEOLOGIQUES
L'observation des niveaux archéologiques n'a pas permis de vérifier l'hypothèse
selon laquelle la fondation romane se serait installée à l'emplacement d'un monastère
primitif au Vie siècle. Cette origine ancienne est basée autour de la vie légendée de
Saint Jaoua (Le Grand, p. 52-58). Par contre , la présence dans le batî de plusieurs
éléments d'architecture particulièrement frustres laisse entrevoir un décalage entre la
date de la fondation de 1173 et l'arrivée des premiers chanoines réguliers de Saint
Augustin. L'étude des élévations a mis en exergue des différences entre les chapiteaux
des baies géminées du chapitre et ceux du cloître et de l'église, datables du dernier quart
du Xlle siècle. Les bases à triple tores et à griffes, les chapiteaux à épannelage
tronconique avec un décor en gravure de lignes arrondies nous ramèneraient, d'un point
de vue stylistique, au tout début du Xlle siècle. On peut donc envisager la présence sur
ce site d'aménagements ou de structures dont les matériaux légers et périssables n'ont
pas permis la conservation mais qui témoigneraient de l'arrivée de la communauté
avant et pendant la construction du monastère roman.
A cette première phase, relative à la construction de l'église, correspond une série
de structures et autres substructions réparties entre le nord de la zone 3 et la partie sud
de la zone 2 (pl. III et IV). Une fosse 2145 de grande dimension (8m x4m) à été mise
au jour à l'emplacement de ce qui sera l'aile est du monastère (fig. 4). Creusée à partir
d'une poche d'argile naturelle à la côte de 29m, elle est recoupée au Sud par le mur 2235
(phase 2). 2145 est une fosse d'extraction d'argile, matière première indispensable très
souvent utilisée comme liant dans les constructions romanes (phase 1). Elle est restée
ouverte un certain temps comme en témoigne la couche d'altération 2228, présente aux
abords de la fosse. Son comblement, 2227 se compose de dalettes de schiste pilées
probablement issues du nivellement du rocher au moment de la construction des
communs (fig. 4). Les niveaux médiévaux 2226 et 2223, témoins des aménagements
internes du monastère viennent par la suite sceller les remplissages de la fosse 2145
(pl. VI et fig. 23, p. 34, coupe C-C')
4. La fosse d'extraction 2145.
LE CHANTIER DE CONSTRUCTION DE L'EGLISE
Les premiers niveaux mis au jour en zone 2 sont relatifs à l'installation dans ce
secteur du chantier de construction de l'Abbatiale (pl. HI). Un surcreusement rectiligne
du substrat, d' environ 0,50m, matérialise l'espace au nord. Un premier sol assez
régulier et peu épais 3107, tapisse le rocher à 28.10m N.G.F. Composé d'un mélange
de chaux, de sable et de coquillage, il prend l'aspect d'un mortier blanc très friable,
fréquemment utilisé comme liant dans les constructions romanes et en particulier dans
le mur 1015 du bas côté nord de l'église. 3107 est présent du nord au sud où il vient
recouvrir l'assise de fondation du murl015 (fig. 11, p. 20). Sa présence dans d'autres
secteurs du site est souvent l'unique témoin de l'occupation romane à partir duquel on
va pouvoir restituer le plan du monastère médiéval.
Le sol 3107 est recouvert par le niveau d'ardoises 3085, véritable sol de
circulation qui s'étend à l'ensemble de la zone de construction. Composé
essentiellement de matériaux de démolition, il marque vraisemblablement la fin de la
construction en gros oeuvre de l'église (fig. 5). Les couches 3117, remblai d'argile
brune compacte et 3122, niveau de lamettes de schistes recompactées recouvrent les
sols précédents jusqu'au niveau de la semelle de fondation du mur bahut du cloître à la
côte de 28.55m N.G.F. Cela correspond à l'altimétrie générale de ce secteur au moment
de l'installation du cloître.
5. Vue du cloître en cours de fouille: au premier plan, le sol de circulation 3085.
Des vestiges de 1' activité artisanale propre à l'édification de l'église apparaissent
sur ce chantier sous la forme de petites excavations ou de légéres traces de rubéfactions
très localisées. Elles montrent que le chantier était régulièrement entretenu avant d'être
arasé et nivelé vers la fin du Xlle siècle, au moment de la construction des batîments
conventuels. Cependant, les restes d'un atelier de fondeurs de cloche qui consacre la
phase d'achèvement de l'église a été mis au jour, il s'engage sous le mur bahut ou il est
recoupé par les aménagements post-médiévaux de la galerie sud (pl. m et fig. 6) . On a
pu dégager la meule 3176, support circulaire de 0.70m de diamètre, situé en fond de
fosse et à partir duquel on façonne extérieurement le noyau d'argile. Celui-ci est conçu
à l'aide d'un calibre aux dimensions internes de la cloche. La fausse cloche qui était
faite à cette époque de graisse ou de bronze a bien évidemment été détruite. Par contre,
une partie du four à bronze 3105 est conservée. Un bourrelet d'argile irrégulièrement
façonné 3113 donne au four l'aspect d'une fosse ovoide avec un effet de paroi vers
l'intérieur de la structure. Son remplissage 3136 contenait une grande quantité de
matériaux de démolition et d'éléments de rejet du four, parmi lesquelles une grande
quantité de scories de fer et de verre ainsi que des noyaux d'argile rubéfiée. Une
seconde fosse 3199 communique avec la structure principale par un conduit aménagé
dans la roche en place. D'après les remplissages 3200, 3202 et 3203, couche de charbon
de bois et niveaux d'argile cuite, il s'agit d'une fosse de rejet liée à l'activité du four
3105 (fig 7, p. 14). L'ensemble de ces niveaux est remblayé par les niveaux
d'installation du cloître 3117 et 3122.
Toutefois, le recoupement des sols de circulation 3085 et 3107 par les structures
du four à cloche indique deux séquences d'occupation distinctes à l'intérieur de la phase
1, relative à la fondation romane (fig. 5, p. 12). La première concerne la construction du
bâti de l'église, la seconde étant plutôt dévolue à son ornementation et à sa décoration
intérieure, comme la pose des vitraux ou la fabrication des cloches.
6. Le four à cloche 3105: au premier plan, reste de la meule circulaire 3176.
EST
7
Zone 2 - Relevés des murs bahuts
sud et ouest du
cloître
OUEST
Seuil
lm
XIXe
XIXe
PHASE 6
Xllle
PHASE 2
Le mobilier céramique contenu dans les sols 3085 et 3107 est parfaitement homogène.
La céramique onctueuse de production locale représente plus de 80 % du mobilier (pl.
VII, 2-3). Elle est associée le plus souvent à de la "saintonge",une vaisselle plus fine
mais qui est représentée la plupart du temps par quelques tessons isolés et difficiles à
identifier précisément (pl. VIII 2-3). On retrouve cette association dans les mêmes
proportions dans les remblais 3117 et 3122 qui ferment le chantier de construction (pl.
IX, 1-2) et (pl. X, 1 à 4). La nature du mobilier ne permet pas une datation très fine de
ces niveaux, elle permet néanmoins de confirmer définitivement les hypothèses des
historiens qui font remonter la fondation de l'Abbaye au dernier quart du Xlle siècle.
L'EGLISE ROMANE ET SON ARCHITECTURE
Au fil du temps, l'église de Daoulas a subi de nombreuses transformations allant
de la simple réparation jusqu'aux programmes de restauration ambitieux des XVIIe et
XIXe siècle. De ce fait, les éléments romans conservés sont peu nombreux et mal
connus. La façade en pignon et son bas-côté nord ainsi qu'une partie de la nef, sont les
seules parties qui présentent encore aujourd'hui des garanties quant à leur origine
romane (fig. 8, p. 16).
La nef est charpentée et s'éléve plus haut que les bas-cotés dont chaque partie est
couverte d'un toit particulier. Elle compte sept travées supportées par six piliers et
mesure 28,50m de long alors que la longueur totale de l'église est de 35,50m. Les piliers
sont cruciformes à l'exception des deux premiers, de forme cylindrique, situés prés de la
façade. Ces deux colonnes sont surmontées d'un chapiteau qui, du côté nord, est orné de
sculptures à motifs végétaux entouré d'un cordon simple. Le chapiteau de la colonne
sud est plus simple, en biseau, simplement surmonté d'un léger tailloir. Les piliers
supportent des arcades en plein cintre, à double rouleau et aux arêtes vives.Le choeur
actuel, séparé de la nef par un arc diaphragme, est formé d'une abside dont le mur
semi-circulaire s'étend entre deux larges piles à l'imposte moulurée au nord et ornée de
motifs végétaux au sud. Entre le XlVe et le XVIe siècle, le chevet a subi divers
remaniements oblitérant l'état antérieur.
Le mur intérieur de la façade occidentale symbolise à lui seul l'architecture de
l'église. Au rez- de- chaussée, on peut voir une porte de bois surmontée d'un tympan
semi-circulaire et d'une voussure en plein cintre à rouleau en ressaut. De chaque côté se
trouvent deux larges bandeaux à motifs géométriques; l'un rappelle le tressage et l'autre
reprend le motif des étoiles. Ce type de décor, également présent sur la vasque du
lavabo du cloître est très proche des motifs de vannerie retrouvés sur le mur de la nef de
la cathédrale de Bayeux.Le premier étage est composé de trois grandes baies en plein
cintre fortement ébrasées vers l'intérieur. Chacune d'elles est séparée de l'autre par une
petite colonne surmontée d'un chapiteau.
La façade de l'église s'inscrit bien dans la tradition des églises romanes de
Bretagne caractérisée par la verticalité de leur ligne (Grand, L'art roman en bretagne, p
110). Elle se termine en pignon, elle est divisé en trois registres horizontaux, mais
également verticaux par les contreforts qui la soutiennent et par les trois arcades du rez
-de-chaussée que surplombent les trois baies du premier étage.
XVIIIe
s.
XIXes.
8. Plan d'ensemble
du
monastère
La difficulté d'une restitution du plan primitif de l'église réside essentiellement dans la
forme de son chevet. Toutefois et même en admettant l'hypothèse d'un chevet à absides
du type de Landevennec ou Saint Gildas de Ruys, l'église devait très certainement se
prolonger au delà des limites actuelles avec un choeur des moines plus profond délimité
à l'est par le mur oriental du sanctuaire (fig. 10, p. 18). Celui-ci pouvait se trouver sous
la croisée qui soutenait le clocher et dont on aperçoit encore l'arc diaphragme séparant
la nef du choeur.
9. La façade en pignon de l'église romane.
10. Reconstitution
du monastère
médiéval
(XlIIe - XlVe siècle/
CHAPITRE 2
LE MONASTERE MEDIEVAL
La fin du Xlle siècle va voir, après l'achèvement de l'Abbatiale, la mise en place
progressive des bâtiments conventuels (fig. 10, p. 18). Celle-ci est motivée par
l'augmentation croissante des biens de l'Abbaye qui va connaître un essor important
tout au long du XHIe siècle. A cette époque, les chanoines étendent leur champ
d'influence de Cornouaille en Léon et également en Tréguier (annexe 2, p 6-7-8).
L'aménagement des communs avec notamment les travaux du cloître et de l'aile est a du
se poursuivre jusqu'au moment de la consécration de l'église en 1232. Une seconde
séquence de construction située aproximativement entre le milieu et la fin du XHIe
siècle va donner au monastère médiéval sa forme quasi définitive (fîg.10, p. 18). Le
secteur des cuisines et du réfectoire faisant face au cloître forme une aile rectangulaire
qui ferme le monastère au nord. L'achèvement des travaux se traduit par l'apparition du
logis de l'Abbé (aile ouest) dont l'origine est imputée à I.Guerault vers le milieu du
XlVe siècle (Peyron, 1887, p. 125).
OBSERVATIONS ARCHEOLOGIQUES
LE CLOITRE
Suite à l'installation du chantier de construction de l'église, la partie sud de l'aire
du cloître est remblayée et nivelée au niveau de l'affleurement de la roche mère, soit à
28.50m à l'est et 28.70m à l'ouest. La légère déclinaison des sols permet une meilleure
évacuation des eaux de pluies en direction de la pente naturelle vers l'ouest.
Contrairement aux côtés est et nord qui sont posés sur une simple assise débordante, les
murs sud et ouest ont une fondation plus profonde. Cela permet d'une part, de
compenser la baisse de niveau occasionnée par les travaux de l'église (fig. 7, p. 14) et
d'autre part de stabiliser les constructions là où le mur traverse des structures fossoyées
(fig.ll, p. 20) Contrairement au niveau de sols, les seuils marquant l'entrée du cloître au
nord et au sud sont conservés. Ils apparaissent à 28.60m N.G.F et sont tapissés d'une
fine couche de mortier de maerl, un matériau caractéristique très souvent employé aux
Xlle et XlIIe siècles. Le sol pouvait être de même facture ou bien plus simplement
matérialisé par un niveau d'argile damé en recouvrement de la roche.
Le cloître forme un rectangle de 14,60m sur 12, 45m avec douze arcades sur le
grand côté (nord-sud) et dix sur le petit. L'ensemble des supports est posé sur un mur
bahut de 0.35m de haut. Des colonnettes doubles étroitement soudées comme leurs
chapiteaux alternent avec des colonnettes simples, entourées à chaque angle par un
29
EST
|
OUEST
28.
Base du mur 1015
(mur du bas côté nord de
l'église)
EST
XIXit
XIIe\
Fondation
O
11.
Zone 1 : relevé des murs de la galerie
sud
du
cloître
lm
pilier formé de quatre colonnettes aux chapiteaux identiques. Les arcades sont en plein
cintre, celles de l'angle nord-est portent un décor de deux rangs de gros bâtons brisés.
Les chapiteaux comportent de hauts et larges tailloirs, ornés de petits motifs (bâtons
brisés, damiers, étoiles et perles).
Une étude architecturale des chapiteaux et des autres éléments (Mussat 1949 p
621 à 624) a mis en évidence la grande originalité de ce cloître qui propose une sorte de
compromis entre les répertoires du second art roman et du premier art gothique. La
particularité des décors a sans doute été facilitée par l'utilisation d'un matériau
exceptionnel. En effet, le sculpteur a pu disposer du granit de Kersanton, une roche
feldspathique provenant des carrières toutes proches de Logonna-Daoulas. Cette pierre
est assez facile à travailler et résiste parfaitement aux injures du temps comme le
prouve le bon état de conservation des sculptures de Daoulas.
Entre la fin du Xlle et le début du XlIIe siècle le cloître va être aménagé et doté
d'un lavabo vers lequel convergent plusieurs structures. Le système du lavabo est
enfermé dans un petit bâtiment quadrangulaire 3015, de 4m de côté, situé dans l'angle
nord-ouest du cloître. Il prend appui sur les fondations des murs bahuts qui forment les
côtés ouest et nord, un seuil aménagé dans le mur est matérialise l'entrée. A l'intérieur
de cette salle, un mur circulaire délimite l'espace interne du lavabo (fig. 12 et pl. III).
Les sols 3022 et 3023 sont respectivement les niveaux d'installation et d'utilisation de la
structure.
12. reste du lavabo 3015, en fonction aux XlIIe et XIV siècle.
La vasque, replacée au centre du cloître en 1880 fait assurément partie du lavabo.
Son décor, par ses jeux géométriques (vanneries, rosaces et étoiles) mais aussi par la
façon maladroite de placer un motif d'animaux sommairement sculptés est typiquement
normand (fig.13). Au revers de la façade occidentale de l'église, on retrouve d'ailleurs
ce style de décors en vannerie de même que le style à grandes volutes et à feuillages des
chapiteaux du cloître. Ces éléments d'architecture constituent un ensemble homogène
caractéristique de la fin du Xlle et du début du Xlïïe siècle.
13. La vasque du lavabo: fin Xlle ou début du XlIIe siècle.
Une citerne ou bassin 3104 fait face au lavabo dans l'angle nord est du cloître (pl.
III). Le fond de la structure est rendu étanche par une chape de mortier de maerl 3097.
Les couches médiévales 3096 et 3097 viennent en remblaiement de la structure sur
0,40m de profondeur. Quatre trous de poteaux prolongent la structure vers le sud pour
former la base d'un portique ou d'un petit auvent accolé au parement sud de 3104. Une
étroite tranchée de canalisation 3179, témoin probable d'une canalisation en plomb, fait
communiquer la citerne avec le lavabo. Les eaux de pluies collectées à partir des
bâtiments conventuels de l'aile est (chapitre, vestibule etc..) à l'aide de petits caniveaux
parementés étaient stockées dans la citerne afin d'alimenter en permanence la vasque du
lavabo. La fosse circulaire 3056 et le puits 3064 situés au sud de 3015 sont également
deux structures de stockage reliées au lavabo. Une petite aire de circulation à été
aménagée dans le substrat afin de permettre l'accès au puits et le passage entre ce
dernier et le lavabo.
Ces différentes structures fossoyées sont toutes aménagées dans la roche à la cote
moyenne de 28.60m c'est à dire au niveau hypsométrique des sols du cloître et de leur
galerie. Leur comblement est extrêmement homogène, de même que le mobilier
céramique qui en est extrait. Les remblais de la citerne et du lavabo renferment
plusieurs formes d'onctueuses parfois associées à quelques tessons de "saintonge"(pl.
XI à XIV). La céramique de production locale représente plus de 80% du mobilier de
la zone 2. Il est cependant difficile d'avancer des datations précises dans la mesure où
l'évolution des types est lente et peu connue. Ainsi, les formes d'onctueuses contenues
dans les remplissages des substructions du cloître (pl. XI, 2-3) sont semblables à celles
des niveaux d'occupation de la phase 1 (pl. VII, 3 et pl. IX,1). L'abandon simultané de
ces structures est datable de la fin du XlVe siècle environ. Le cloître sera légèrement
remblayé en la circonstance et ne subira plus d'aménagements majeurs.
L'AILE EST DU MONASTERE
Ce corps de bâtiment forme un rectangle de 24m de long sur 9m de large, il est
implanté à partir du transept nord de l'église. La distribution des pièces s'articule de
manière assez traditionnelle à partir du bas côté nord. La sacristie romane, accolée au
transept nord ou incluse dans ce dernier sert d'appui à la salle du chapitre par un mur
mitoyen 2208 (pl. IV) dont il ne reste qu'un infime témoin. 2208 est recoupé à l'ouest
par un petit appentis moderne (pièce accollée à l'église et qui sert de chaufferie jusque
vers 1980) et interrompu à l'est par l'angle nord-ouest de la chapelle XIXe (restauration
Bigot 1880). Le mur de façade 2052 qui donne sur le cloître prend appui sur le bas côté
nord de l'église (fig. 8, p. 16 et 10, p. 18). Bien conservé au nord sur 3m d'élévation,
2052 a sensiblement changé de structure dans sa partie sud au moment de la
restructuration du monastère par les Abbés Commendataires (figl5, p. 23). La rupture
située au sud de la baie géminée sud, est mise en évidence par une reconstruction en
gros appareil (fig. 14, p. 24 et fig. 25, p. 38). Une porte située à l'angle du mur 2052
ouvrait la sacristie sur la galerie du cloître(fig. 10 - restitution).
15. L'aile est du monastère: vue de la façade interne.
NORD
SUD
32 —
Baie géminée
du début du
Xlle
Reprise
XVI-XVII
: porte donnant
29
lm
14. Aile est du monastère
: relevé de la
façade
sur un déambulatoire
et sur la cour
Le chapitre est une pièce rectangulaire de 9m de long sur 7m de large. Cette salle
venait en second lieu après l'église. Elle était à la fois un lieu de rassemblement pour
traiter des affaires courantes de la vie monastique et un lieu de cérémonie religieuse.
C'est également une zone de sépulture privilégiée. Trois sépultures, 2231, 2233 et
2180 ont été mises au jour, au niveau de l'entrée du chapitre (pl. IV). De grandes fosses
(2m x 0,90m) ont été taillées dans le substrat à 28.90m N.G.F c'est à dire à 0,30m sous
le sol du chapitre médiéval. La couverture des tombes est faite de grandes dalles plates.
Le parement également constitué de gros blocs posés sur chant est maçonné au mortier
de maerl à chaque extrémité. Ces sépultures ont en commun la particularité d'être
pourvues d'un logement céphalique ce qui confirme leur appartenance au Xlle ou au
tout début du XlIIe siècle (fig. 16 et 17, p. 26). Bien que les recherches nécrologiques
n'aient pas permis d'identifier les individus, ces tombes étaient vraisemblablement
celles de l'élite de l'Abbaye pour qui la salle capitulaire était le lieu de sépulture le plus
approprié. L'une d'entre elle contenait une boucle de ceinture en bronze Un décor
géométrique de deux séries de cinq triangles apparait sur la boucle. L'ardillon quant à
lui est orné d'un liseré.
16. Sépulture en coffre 2180: fin Xlle ou début XIHe
Sépulture
maçonnée
du Xlle : Située à l'intérieur
du
chapitre
COUPE Fi— H'
18. Zone 3 : Coupes
stratigraphiques
Percée d'une
porte
(fin XVIe - début
XVIIeJ
Réparation
i
31.531
Enduit
de la
baie
Réparation
-,
de la
baie
31.60
blanc
Mur
19.
Aile est du monastère
: relevé du parement
interne
2178
Reprise
i
XVIIIe
1
Les tombes sont scellées par le remblai d'abandon 2006, présent dans l'ensemble
de la pièce (fig. 18, p. 27, coupe B-B'). 2006 est la couche de démolition du chapitre
XVIIe dans laquelle se trouvent mêlés des fragments d'enduits blancs identiques à ceux
prélevés sur le mur du chapitre. Les sols médiévaux sont par conséquent totalement
tronqués au moment de la restructuration de la pièce. Seule une partie de l'élévation et
son architecture romane ont survécu (fig. 19, p. 28). La partie nord de la façade au
centre de laquelle s'étend le chapitre, présente néanmoins des garanties quant à son
origine romane. La porte d'entrée est une baie en plein cintre à simple rouleau, entourée
de deux baies géminées à doubles rouleaux, chacun retombant sur deux colonnettes
jumelées. Les bases à triple tores et à griffes, les chapiteaux à épannelage tronconique
semblent même indiquer la première moitié du Xlle siècle bien que ce puisse être un
archaïsme.
Le mur 2236 limite le chapitre médiéval au nord où il forme avec le mur 2235 une
petite pièce rectangulaire imbriquée dans le mur de façade. Il ne reste aucune trace du
mur est qui était sans doute monté en matériau léger. Sa position, en enfilade au nord de
la salle capitulaire et sa petite dimension pourrait indiquer l'emplacement de la salle des
archives ou de la bibliothèque. Cette pièce est aménagée dans le sol naturel qui à cet
endroit est une poche d'argile jaune issue de la décomposition du schiste briovérien.
L'argile naturelle a été excavée pour installer les fondations de la pièce puis rapidement
remblayée au niveau du sol d'occupation. Ce remblai d'occupation, 2016 affleure à
29.20m ce qui permet de restituer l'altimétrie des premiers sols médiévaux (fig. 18,
coupe B-B'). Le long du mur est du monastère (2053), une galerie est aménagée qui
permet le passage entre le chapitre et la pièce des moines situés à l'extrémité nord du
monastère. Le niveau de seuil de la galerie est directement posé sur l'argile naturelle à
29.20m N.G.F.
20. Au premier plan, la pièce des archives accolée à la galerie.
Le mur 2053 qui ferme le monastère à l'est, est en partie arasé de sorte qu'on le
retrouve à différentes altimétries du sud au nord où il ne présente plus qu'une assise de
fondation (pl. IV et VI). Un sol de cailloutis damé vient buter contre le mur au nord, ou
contre sa tranchée de récupération. Contrairement aux niveaux rencontrés dans les
parties sud, les sols et les remblais observés ici suivent la pente naturelle d'est en ouest.
Ainsi le niveau de cour 2272 passe de la cote 29.23m à l'extrémité nord-est à 28.78m le
long du mur 2167 (pl.IV-VI et fig. 18, p. 27coupe A-A')). 2167 est le mur retour de
2053 au nord où il amorce un angle droit. Les sols 2147, 2223 et 2221 sont les seuls
témoins en place de l'occupation médiévale, probablement mieux conservés compte
tenu de la déclivité naturelle enregistrée dans ce secteur.(fig. 21).
Le mobilier contenu dans ces niveaux est peu abondant mais tout de même
révélateur. Quelques tessons d'onctueuses (2223 et 2221) et surtout deux formes
complètes (1 coquemar et une coupelle) sont retrouvés sur le sol 2147 (pl.XX-XXI).
Ces couches renferment également plusieurs monnaies médiévales (3 deniers de
Bretagne-Eudon de Porhoët, de 1148 à 1158 et 2 deniers-évéché de Tours , avant 1165).
D'épais remblais d'abandon scellent ces couches entre le milieu du XVIIe et la fin du
XVHIe siècle.
21. Au premier plan: le mur 2053, la tranchée de récupération 2272 et le sol
de cailloutis 2147 masqué par le bâtiment post-médiéval 2245.
L'AILE NORD DU MONASTERE
Cette partie du monastère couvrait à l'origine les secteurs des cuisines et des
réfectoires. Le niveau des sols actuels affleure à 28.70m c'est à dire à moins de 0,20m
du niveau du sol vierge dans ce secteur. C'est pourquoi les structures médiévales faisant
partie de l'organisation des cuisines sont des substructions, des fosses aménagées ou des
négatifs de murs (tranchées de fondations). Dans ces circonstances, le mur de clôture du
monastère 2167 n'a pas été retrouvé plus à l'ouest. En revanche, le mur de l'aile nord qui
fait face au cloître a été repéré ou plutôt la tranchée de fondation de ce mur, pendant la
fouille du foyer médiéval F10 (pl. III).A partir de ces découvertes nous pouvons
proposer une restitution relativement complète du monastère médiéval en activité entre
le début du XlIIe et la fin du XTVe siècle (fig.10, p. 18). En projetant l'axe du mur 2401
de la galerie du réfectoire, celui ci forme un angle droit avec l'aile occidentale (pl. BEI).
Les restes de cette imbrication sont d'ailleurs visibles sur la droite de la porte menant au
logis de l'abbé (fig.22). Au dessus de cette porte on peut voir les armes de J. Guerault,
le fondateur du bâtiment.
22. L'aile ouest du monastère:vue de la porte qui marque
le passage du mur de la galerie nord.
CHAPITRE 3
LA GUERRE DE CENT ANS
PREMIERS REMANIEMENTS
ET
LES
LE CONTEXTE HISTORIQUE
Après la période faste pendant laquelle rAbbaye s'est développée tant sur le plan
de ses biens et richesses qu'à travers l'évolution de son monastère, la fin du XlVe siècle
marque une période de régression. Cette époque que l'on peut situer entre la fin du
XlVe et la fin du XVe siècle est avant tout déterminée par les événements de la guerre
de cent ans et les malheurs qu'elle a occasionnés. Les destructions sévères que subirent
les abbayes voisines ne laissent guère augurer de meilleur traitement en ce qui concerne
Daoulas. L'abbaye du Relec en 1376 puis celle de Landévennec en 1383 étaient
partiellement détruites. Selon des actes de 1393 , le Saint Siège accorda des indulgences
pour l'église de Daoulas: "en partie détruite par les ennemis de la France". Il faut noter
que les anglais sont encore à Brest jusqu'en 1397 et que le duché de Bretagne se tourne
davantage vers la France à partir de 1381. Cette période correspond si l'on se référé aux
quelques documents nécrologiques (annexe 2, pl 1-12) à la mise en chantier à partir de
1398, de plusieurs campagnes de restauration, dont l'une concerne la substitution d'un
choeur gothique à chevet plat au choeur roman. Les bâtiments conventuels auraient été,
selon ces mêmes sources, également touchés par des restaurations.
La construction de l'aile occidentale est datable de la fin du XlVe siecle, sous
l'abbatiat de Jean Guerault. Ses armes sont encore visibles au dessus de la porte située
au nord (Azur à têtes d'aigles arrachées d'argent, surmontées de la mître et de la crosse).
Destiné à accueillir le logis de l'abbé, ce bâtiment neuf a sans doute été occupé par les
moines dès le début du XVe siècle au détriment des dortoirs situés au premier étage, au
dessus du chapitre. On évoque également le transfert de la sacristie romane quelque part
à l'ouest de l'église ce qui correspondrait tout à fait à la partie nord de l'aile. Mais
l'absence de fouille dans ces pièces actuellement occupées par le centre culturel de
l'abbaye nous oblige à la plus grande réserve.
23.
Zone 3 : Coupes
stratigraphiques
Le foyer F. 10 se présente sous la forme d'une demi sphère en direction du cloître
avec un bord rectiligne au nord. Au centre de la structure est placé un brasero, sorte de
foyer circulaire en élévation, matérialisé au sol par un bourrelet d'argile compacte 2441
(support de la structure). Des couches d'argile rubéfiée (2434 et 2438) se répandent
autour de la structure sur 0,20m. Un remblai d'argile brune et de lamelles de schiste
2428 recouvre l'ensemble. Il s'agit d'un remblaiement ponctuel afin d'assainir la zone
périphérique du foyer avant de le réutiliser. De nouvelles couches d'argile cuite se
superposent sur 0,20m, elles fonctionnent avec une série de poteaux formant un
alignement au sud, à l'intérieur de la structure circulaire (pl. III).
La couche intermédiaire 2428 a livré plusieurs monnaies en plus des formes
d'onctueuses communes aux niveaux d'occupation du cloître. Ces monnaies attestent de
l'activité du foyer entre la fin du XlIIe et la fin du XlVe siècle(1280 et 1364). Cela
confirme le décalage relatif qui existe entre l'aménagement des premières salles à
vocation religieuse et les autres bâtiments (aile nord et ouest).
A l'est du foyer se trouve une autre structure fossoyée 2319 creusée à partir du sol
vierge à 28.50m environ (fig. 23, p. 34, coupe D-D'). Les remblais d'argile et de pierre
2324 et 2323 sont peu significatifs de l'activité de la fosse qui cependant pourrait être
associée au foyer. En revanche les remblais supérieurs 2069 et 2318 confirment une
réoccupation de cette zone vers la seconde moitié du XVIIIe siècle (2 monnaies de
Louis XIV-sol de 1791). La présence de ces niveaux très tardifs explique plus
facilement la pauvreté des niveaux médiévaux dans ce secteur.
OBSERVATIONS ARCHEOLOGIQUES
Si la fouille n'a pas décelé de façon évidente la phase de destruction on peut
néanmoins parler d'un abandon volontaire de certaines parties de l'abbaye. Les
structures du cloître sont simultanément comblées avec des remblais identiques. De
plus,la mise au jour dans la salle des archives d'une bulle papale dans le remplissage
d'une petite fosse circulaire laisse penser à un départ précipité des moines. En général,
cette bulle en plomb émanant du pape Grégoire X (1367-1372) fait partie des objets
archivés et précieusement gardés par les moines.
En dehors des modifications apportées au choeur de l'église et pour lesquelles
nous avons très peu de renseignements, la fouille a mis en évidence des modifications
dans l'organisation spatiale de l'aile est. Celles-ci concernent la mise au jour d'un mur
2073, perpendiculairement aux murs du monastère 2052 et 2053 (pl. IV). Une pierre
sculptée (tailloir) provenant certainement de l'église ou du cloître est réutilisée en tant
que seuil. 2073 repose sur le remplissage supérieur de la fosse d'extraction 2145; 2226
et 2223 sont les sols d'occupation qui lui correspondent (fïg.23, p. 34, coupe C-C'). Ces
niveaux se répandent au sud jusqu'au mur nord de la bibliothèque 2235. Un caniveau
datable du XVIIe siècle recoupe ces couches en diagonale en direction d'un second
caniveau de même période 2177 (fig. 24). Les remblais d'abandon 2069 et 2068
datables des XVIIe et XVIIIe siècles recouvrent l'ensemble de ces niveaux. Malgré
l'absence d'éléments de datations viables, l'observation des recoupements
stratigraphiques avec les phases d'occupation antérieures (phase 1 et 2) et postérieure
(phase 4) permet de situer ces structures dans une phase intermédiaire. On peut voir
dans cette structure, une nouvelle délimitation de l'espace venant cloisonner les ailes
nord et est.
24. Le mur 2073 et le sol d'argile jaune 2226.
Cette phase d'occupation est sans doute moins conséquente que les précédentes.
Plutôt que de suggérer un abandon volontaire du site, elle confirme davantage le
mauvais état de conservation des couches archéologiques . Plus encore que les vestiges
d'époque romane, les niveaux d'occupation datables de la fin du moyen âge sont réduits
à néant par les couches d'occupation tardive. Enfin, si des carences apparaissent au
niveau archéologique, il n'en reste pas moins que cette période de trouble a marqué
l'histoire de l'abbaye.
CHAPITRE 4
AUX TEMPS DE LA COMMENDE:
REORGANISATION DE L'ESPACE
CONTEXTE HISTORIQUE
L'enrichissement certain de l'abbaye au cours de la première partie du XVIe siècle
est annonciateur d'un grand programme de restructuration du monastère (cf. annexe 2,
p. 8-10). A partir de 1550 sous l'abbatiat de J. Prédour puis de J. de Kerguiziau, vont
débuter les travaux d'agrandissement de l'église (fig. 25, p. 38). Par la suite trois abbés
commendataires vont se succéder. Ces abbés de hautes lignées menaient avant tout une
vie politique de sorte qu'ils ne contribuaient pas toujours à l'entretien ou à
l'aménagement du monastère. D'ailleurs, ils n'y résidaient qu'occasionnellement.
Le bas-côté sud forme une aile latérale aussi large et presque aussi haute que la
nef. A cet époque, le choeur de l'église est achevé. Le porche, déplacé au XIXe siècle a
été construit vers la fin du XVIe siècle. Ce porche de plan carré mélange les styles
gothique flamboyant et celui de la renaissance. Placé contre le bas-côté sud, il
permettait aux paroissiens de pénétrer dans la nef afin d'écouter la cérémonie qui se
déroulait dans le choeur, en avant du choeur des chanoines.
OBSERVATIONS ARCHEOLOGIQUES
En relation avec les travaux de l'église, de grosses transformations vont s'opérer
au niveau de l'aile est du monastère. Plusieurs bâtiments apparaissent au même
moment. Une cour 2072 est accolée au mur est 2053. Elle permet le passage de l'église
aux communs en passant par la chapelle du Faou située au nord de l'église et attestée
des le XVe siècle. Les travaux de restauration de la chapelle aux XVIIIe et au XIXe
siècles n'ont pas permis de retrouver l'emplacement du passage ou de la porte entre
l'église et la chapelle du Faou. 2072 s'appuie au nord contre un mur en abside et elle est
interrompue au sud en direction de l'église par le chantier de reconstruction de la
chapelle (pl. IV). De chaque côté des bâtiments, 2072 affleure à 29. 60m et décline vers
le centre, formant ainsi une ruelle d'évacuation (fig. 26, p. 39). Le dallage de la cour
2072 est installé sur 2098, 2100, 2101, des couches d'argile brune organique et un
remblai d'ardoise de schiste. Un mobilier céramique (pl. XXVI à XXXII) très abondant
est issue de ces couches (coquemar, oule, pichet, poêlon, chauffe-plats etc..). Dans les
remblais 2058, 2084 et 2087 qui recouvrent la cour on retrouve ces formes de
VZ2& Fia XVIIe • H
Plan restitué
XVIIIe
Fia XVIe - début
des bâtiments
XVIIe
en usage du XVIe - XVIIIe siècle /a partir de
1550)
31.10
Mur
2052
Mur
2051
Im
26.
Plan de la cour : Fin XVIe-milieu
XVIIe
céramique commune (pl. XXXIII à XXXVI) mais associées cette fois à plusieurs
monnaies dont la datation est très précise. Il s'agit de quatre liards de louis XIV,
frappées entre 1655 et 1658. Les niveaux d'abandon de la cour se situent donc vers le
3e quart du XVIIe siècle (fig. 27).
A l'est de la cour, 2050 est une pièce rectangulaire de 10m de long au moins, elle
est également recoupée au sud par la chapelle. Le sol 2091 est un dallage de pierres qui
apparaît à 29.20, il est simplement posé à même l'argile naturelle. Les murs sont
régulièrement entretenus, plusieurs badigeons d'enduit se superposent. Cela dénote une
certaine longévité de la pièce. On peut y accéder par le déambulatoire, le long du
chapitre mais également par la cour. Le relevé de l'élévation du mur ouest met en
évidence le niveau du seuil de la salle à la côte de 29.65 ce qui nécessitait au moins une
marche de chaque côté du seuil (fig. 28, p. 41). Le dallage de la cour 2072 prend appui
sur la semelle de fondation du mur. Une seconde entrée actuellement rebouchée est
visible sur la paroi nord. . Le dallage 2091 et le remblai organique 2092 renferment le
même type de monnaies que les niveaux d'abandon de la cour. A partir du XVIIIe siècle
la salle 2050 sera progressivement comblé par des terres de jardin.
27. La cour 2072:entourée par le chapitre à droite et le bâtiment 2050 à gauche.
28. Relevé du mur ouest de la salle
2050
L'extension du corps de logis vers l'est va entraîner une modification sensible de
sa structure (fig. 25, p. 38). Suite à l'achèvement du choeur gothique reconnaissable à
ces quatre piliers massifs, le transept nord est élargi aux dimensions du transept sud à
l'emplacement de la sacristie romane. Celle-ci était déjà transférée dans la partie sud de
l'aile occidentale (phase 4). L'adjonction du nouveau bâtiment (salle 2050) et de la cour
en alignement avec la chapelle du Faou nécessite une modification de l'espace du
chapitre que l'on va réduire au sud. L'extrémité sud du mur oriental 2053 est tronquée
pour ouvrir l'accès de la cour à partir du cloître. L'espace vacant est aménagé en
déambulatoire à partir de la façade occidentale. Une porte est aménagée, permettant le
passage entre le cloître et les nouvelles salles. Le relevé de l'élévation du mur 2053
montre la rupture entre l'architecture du Xlle siècle et la réfection du mur au sud vers
la fin du XVIe ou au tout début du XVIIe siècle (fig. 14, p. 24). Le matériau de
construction a lui même sensiblement évolué puisque l'on passe à un bâti en gros
appareil en granit de Kersanton. C'est une des caractéristiques des édifices du XVIIe
siècle, on la retrouve dans la restauration du bas-côté sud et de la chapelle ainsi que sur
le porche d'entrée (fig. 41, p. 56). Le mur 2054 nouvellement imbriqué dans le mur de
façade constitue la limite nord du déambulatoire en même temps qu'il détermine
l'espace du nouveau chapitre au XVIIe (fig. 29, p. 43). Le sol du déambulatoire est un
dallage de pierres plates 2208 qui s'imbrique dans les fondations du mur 2054 à 29.20m
N.G.F. La base d'un mur 2267 orienté nord sud et légèrement incurvé a été mis au
jour, il est recoupé comme le dallage 2208 par l'angle nord-ouest de la chapelle XIXe.
Sa partie nord repose sur une large pierre en granit que l'on a interprété comme étant la
base ou la fondation d'un pilier. Le mur 2267 est vraisemblablement le reste d ' u n
escalier en colimaçon qui permettait l'accès à l'étage et à la tour de clocher (fig. 29). Sur
la face interne des murs 2054 et 2208 est plaqué un enduit blanc, le même que celui
retrouvé dans le chapitre et dans la salle 2050.
LA SALLE DU CHAPITRE AU XVHe SIECLE
Au XVIIe siècle la salle capitulaire est une pièce quadrangulaire de 7m de côté et
plus petite que la précédente. Une entrée est aménagée à l'angle nord-est à partir du
niveau de la cour, elle a provoqué une "cassure" de 2 mètres de large dans le mur 2053.
Un caniveau 2204 longe le chapitre en direction des communs au nord. En fait il s'agit
de la suite du caniveau mis au jour sous le dallage 2072 de la cour. 2204 perce dans sa
largeur le mur oriental 2053 et longe le chapitre avant de traverser la salle en diagonale
où il recoupe le mur médiéval 2235 (fig30, p. 44 et pl. IV). Des témoins de sols
d'occupation de la salle XVIIe viennent en recouvrement du caniveau à 29.20m N.G.F.
2212 est un carrelage en brique blanche et rouge disposé en damier, il repose sur une
chape d'argile jaune 2219. Il est remplacé au nord par un sol en lamelles de schiste
damé. Ce carrelage est identique à celui qui est en usage dans les galeries du cloître.
L'homogénéité des matériaux et des niveaux (murs enduits , sols en dallage, technique
de construction identique) implique que ces différentes structures ont fonctionné
ensemble et au même moment. Elles témoignent d'une réorganisation complète de
l'espace dans les dernières années du XVIe siècle. Cette période de reconstruction à
entraîné la destruction massive des structures médiévales et tout particulièrement des
niveaux de sols. Ces derniers ont pu être restitués à partir de l'hypsométrie des
>
Cour
2072
.29.28
29.62\
A c o
c?
O
29. Déambulatoire
Mur220à
lm
fin XVIe, début XVIIe : situé entre le chapitre et l'église en direction
de la cour
NORD
SUD
30
Seuil
XVIIIe
29.20
29
_
Caaivea
XVIe - XVIIe
lm
30.
Aile est du monastère
- relevé du mur est
2053
fondations ou des premières assises des murs médiévaux (fig 19, p. 28 et 30, p. 44).
Leur cote moyenne est de 29.20m, soit la même que les niveaux d'occupation postmédiévale. La perduration de l'occupation dans certains secteurs explique parfaitement
l'absence de témoins stratigraphiques des premières phases.
2206 et 2291 sont des remblais d'abandon au dessus des sols, ils sont datés par la
présence de 4 monnaies du XVIe et XVIIe siècles: 1 douzain de Henri III (1576), 1
douzain de François 1er (1515-1540), 1 double tournois de Louis XIII (1643) et 1
double tournois du Duché de Bouillon (1635-1642). Ces éléments de datations sont
parfaitement synchrones de ceux retrouvés au dessus de la cour, dans les remblais de la
salle 2050 et au dessus du sol du déambulatoire. Ils indiquent un abandon progressif du
monastère à partir du règne de Louis XIII (aux alentours de 1643) et qui va se préciser
dans le troisième quart du XVIIe siècle.
Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, l'aile nord du monastère est laissée à
l'abandon. Le corps de logis va lui demeurer en place jusqu'à la fin du XVIIIe siècle
(fig. 2, p. 5) mais il n'est pratiquement plus utilisé. Il en va de même pour les dortoirs
situés à l'étage de l'aile est et qui sont transférés à l'ouest dans le logis de l'abbé. En fait,
on observe une concentration de l'occupation au nord-est du site en direction des
jardins. Ce déplacement vers l'est à l'époque des abbés commandataires s'inscrit dans la
continuité et fait suite aux travaux d'agrandissement et de restructuration du début du
XVIIe siècle. Le mur 2073 qui cloisonne l'espace entre les ailes nord et est au XVe
siècle sert de fondation à un second mur, 2066. Il s'imbrique contre 2073 à l'ouest et
recoupe le mur médiéval 2053 à l'est. 2066 constitue la limite orientale du monastère à
cette époque et s'appuie à l'est contre l'angle de 2245, un bâtiment de 10m de large
installé en surplomb des autres pièces (pl. IV).Son orientation est sensiblement
différente des autres constructions de la phase 4 (fig. 25, p. 38 et pl. IV). La déclivité
importante du sol naturel dans ce secteur (fig. 18, p. 27 coupe A-A') a nécessité
l'aménagement d'une terrasse qui s'appuie sur la paroi ouest de 2245. Cela explique les
fondations larges et profondes de ce mur qui sert également de soutènement aux
niveaux de la terrasse. Vers la fin du XVIIIe siècle, les remblais d'installation du jardin
ont totalement détruit les niveaux de sol situés approximativement à 30.10m N.G.F.
2245 est accolé à 3220, une petite pièce de plan quadrangulaire qui suit la même
orientation et qui se situe à l'extrémité nord est du site (fig. 31, p. 46). Cette petite salle
est également pourvu d'un dallage de pierres de petit module 2315. Entre les deux, se
trouve un caniveau, probablement commun aux deux pièces (fig. 32, p. 47). Le mobilier
contenu dans le remblai d'argile hétérogène 3211 et dans la couche de démolition 2312
(toiture effondrée) indique une fois de plus que cette pièce à été abandonnée vers la
seconde moitié du XVIIe siècle.
Si les deux bâtiments ont manifestement fonctionné ensemble, 2245 semble quant
à lui avoir été utilisé jusqu'au début du XVIIIe siècle au moins. Le mobilier ceramique
mis au jour dans les remblais d'abandon de cette salle confirme cette datation (pl.
XXXVII à XXXX). Cette pièce n'ayant pu être intégralement fouillée, il est difficile
d'en déterminer la fonction. Toutefois il pourrait s'agir, à cause notamment de ses
grandes dimensions, du réfectoire des moines que l'on aurait transféré à l'est vers le
début du XVIIe siècle.
31.
Extention XVIIe du monastère
au nord-est
(fin XVII)
I
I
32. Le bâtiment post-médiéval 2320.
LE CIMETIERE POST-MEDIEVAL
(AU XVIe ET XVIIe SIECLE)
A cette période l'aire du cloître n'est plus aménagée hormis le passage ponctuel de
quelques canalisations ou tranchées de drainage qui prolongent à l'ouest les différents
caniveaux de la maison conventuelle (ailes est et nord). En revanche un cimetière va se
développer dans les galeries du cloître à partir du XVIe siècle, exception faite de la
galerie nord qui ne présente pas d'aménagement particulier. La fouille de la galerie
(sondage F.l et F. 24 à permis la mise au jour d'une trentaine de sépultures auxquelles
il faut ajouter une quinzaine de réductions de tombes (fig. 36, p. 49). Les sols de
circulation (1090, 1065, 1091) relatifs au chantier de construction de l'église (phase 1)
sont recoupés par les différents aménagements des tombes qui sont installées à
l'intérieur d'un épais remblai d'argile brune 1061 Cette couche a également interrompu
le remblai médiéval 1057 à l'exception d'une banquette située le long du bas-côté nord
de l'église (fig. 33, p. 48). Ce niveau médiéval affleure à 28.60m et permet de situer le
niveau du sol de la galerie aux Xlle et XlIIe siècles qui se trouve fort logiquement à la
même cote que le sol et les seuils du cloître. Quelques traces de sépultures plus
anciennes, contemporaines de la construction de l'église ont été mises au jour. Il s'agit
de sépultures en coffre, de même type que celles retrouvées dans le chapitre roman.
SUD
NORD
29 _
28.50.
Bas côté nord
de 1'église
27.50
SUD
Remblai
moderne
|
XVIIe
[
1057
1Q35
1091
33.
Zone 1 : Coupes stratigraphiques
de la galerie
sud
Remblai
médiéval
Chantier
I
Cependant on ne peut pas parler de cimetière médiéval pour cette période mais
simplement de la découverte ponctuelle de quelques tombes la plupart du temps très
perturbées (fig. 34, p. 50 - tombe 1043 et fig.35, p. 51 -tombe 1063).
A partir du XVIe siècle, l'utilisation de la galerie comme lieu d'inhumation va
s'intensifier. On peut distinguer deux séquences d'inhumations distinctes: la première se
caractérise par une série de sépultures en pleine terre, creusées à la fois dans le remblai
1061 et dans le sol vierge. La seconde, plus tardive (XVIIe) est uniquement composée
d'inhumations en cercueil, parfois accompagnées de linceul, (cf. fig.34 tombes 1033 et
1036).
Au début du XVIIe siècle, le sol de circulation de la galerie sud est un carrelage
1008 de briques rouges et blanches disposées en damier. 1008 repose sur un niveau
d'installation très compacte 1055 (chape d'argile jaune damée). 1008 apparaît à 28.60 à
l'extrémité nord est du sondage Fl, dans l'angle des galeries sud et est (pl. III).
36. L'organisation du cimetière dans la galerie sud. Au premier plan, les vestiges
des tombes médiévales en coffre. Elles sont recoupées par des inhumations en
pleine terre et en cercueil datables du XVIe et du XVIIe siècle.
>
1056
Mur
du
bahut
cloître
35. Zone l galerie sud : Sondage F24
Dans le reste de la galerie sud, le sol est récupéré, il ne reste que son remblai
d'installation . 1055 et 1008 s'appuient sur un caniveau 1052 qui longe le mur bahut du
cloître tout autour de celui ci. Ces niveaux d'occupations sont recoupés en plusieurs
points par le creusement des tombes en cercueil (séquence 2) datables de la seconde
moitié du XVIIe siècle. Les sépultures ainsi que les niveaux de sols de la galerie sud
sont scellés par les remblais 1051 et 1050 qui s'entassent sur 0,40m entre le XVIIIe et le
XIXe siècle. C'est à cette période que l'on va transférer le cimetière le long du bas-côté
sud de l'église abbatiale.
37. Vue de détail d'un recoupement de tombe post-médiéval. A droite, on aperçoit
les restes d'un parement d'une tombe plus ancienne (phase 1 ou 2).
CHAPITRE 5
DU TEMPS DES JESUITES JUSQU'AUX
DERNIERES TRANSFORMATIONS
Le 5 avril 1692 l'abbaye de Daoulas est unie au séminaire royal des aumôniers de
la marine de Brest, dirigé par les Jésuites. Durant cette période et jusqu'en 1762, date
de suppression de l'ordre des Jésuites en France, l'abbaye va progressivement se
dégrader en partie à cause des relations conflictuelles entre les Jésuites et les chanoines.
Ils s'intentèrent mutuellement bons nombres de procès et laissèrent donc les bâtiments
dépérir. Le nombre réduit de chanoines dés la fin du XVIIe siècle où ils ne sont plus
que quatre, entraîne également un resserrement de l'occupation dans le secteur nord-est
du site (cf. annexe 1). L'abbaye ne connaît donc pas d'aménagements importants au
cours de ce XVIIIe siècle. Le logis de l'abbé (aile ouest) existe toujours mais il n'est
quasiment plus occupé (cf. annexe 2, pl8 à 20). Dans la partie nord, l'espace de la cour
va être réutilisé pour y aménager de petites cellules (fig.26, p. 39 et 38). Les murs 2051
et 2050 sont installés sur le sol de la cour qui est ensuite remblayé jusqu'au niveau de
l'arasement actuel du mur 2053. Un seuil est aménagé sur ce mur, il permet de
matérialiser le niveau du sol d'occupation de la pièce (fig. 30, p. 44). Le seuil apparaît à
29.87m N.G.F, cela signifie que le secteur est déjà partiellement remblayé puisque l'on
se situe à environ 0,60m au dessus des niveaux des XVIe et XVIIe siècles.
38. vue des murs des cellules du XVHIe siècle, fondés sur le sol de la cour.
Dans le même temps, le mur de façade 2 052 est prolongé vers le nord et s'arrête
au niveau d'un seuil 2317. Une fosse circulaire 2319 dans laquelle se trouve une pierre
de grosse dimension se situe dans le prolongement du mur. Il pourrait s'agir de la base
d'un pilier venant former au nord une galerie ou portique (pl. III, fig. 39). 2318 et 2321
sont les niveaux d'occupation de la structure, ils affleurent au niveau du seuil à 28.80m
N.G.F. Ces niveaux sont datables de la fin du XVIIIe et sont postérieurs à 1791 d'après
la découverte de deux monnaies de louis XVI (sol de 1791). La présence de ce portique
témoigne du resserrement de l'occupation à l'est du site. D'un point de vue historique, il
convient de rappeler que l'Abbaye est vendue aux enchères publiques en 1793 ce qui a
provoqué la destruction de l'aile nord.
A l'extrémité nord ouest de la fouille, une allée s'étend d'est en ouest en direction
du portique. Elle est matérialisée par le dallage de pierres plates 2331. Celui ci apparaît
à 28.70 au nord et 28.80m dans sa partie sud. Il n'a pas pu être fouillé puisqu'il se situe
à l'intérieur du périmètre de protection d'un arbre. 2331 recoupe la salle 2320 à l'ouest.
39. Reste d'un portique du XVIIIe siècle.
40.
PLan actuel de l'église et des bâtiments
conventuels
LES RESTAURATIONS DU XIXe SIECLE
La première moitié du XIXe siècle voit l'abbaye se dégrader davantage, certains
de ses propriétaires allant jusqu'à renverser deux côtés et demi du cloître. L'église est
tellement endommagée qu'elle n'est plus apte à recevoir le culte. Quant aux bâtiments
conventuels, ils sont totalement détruits aux alentours de 1830.
La principale campagne de restauration se situe à partir de 1875 sous l'autorité de
J. Bigot, architecte diocésain. Les travaux vont tout d'abord se concentrer sur le choeur
et le bas-côté sud de l'église(fig.40, p. 55). Ce dernier va se plier aux avis de la
commission des bâtiments civils dont le principal impératif était d'ajouter à l'édifice en
place une abside à hémicycle ayant le même style que le reste du monument. Ainsi, le
plan actuel de l'église abbatiale reprend le plan des basiliques des premiers siècles du
christianisme avec une nef flanquée de deux bas-côtés deux fois moins larges qu'elle.
Une abside semi-circulaire ferme la nef à l'est et contient le sanctuaire tandis que les
bas-côtés s'achèvent sur deux absidioles. Le bas-côté sud à donc été ramené aux
dimensions du bas-côté nord. Le porche du XVIe va être démonté puis replacé au sud
est de l'église (fig. 41). La sacristie actuelle est construite à l'angle nord est du
sanctuaire sur les fondations de la chapelle du Faou. Enfin, le cloître dont certains côtés
ont été renversés par la propriétaire (Mme Berdoaré) pour vendre les matériaux, a été en
partie remonté. Trois des quatre côtés ont été reconstruits à partir des éléments anciens
et de quelques pièces extraites de la carrière d'origine de Logonna-Daoulas. A partir de
l'étude des fonds d'archives de Bigot on peut penser que la majeure partie des
chapiteaux est authentique. Le côté et demi dont parle Bigot comme étant encore
debout en 1880 est bien le côté nord ajouté à la partie nord-ouest de l'aile ouest. L'aile
sud par contre a été partiellement refaite.
Par conséquent, le cloître de Daoulas est l'un des seuls cloîtres romans de
Bretagne à présenter encore aujourd'hui un tel état de conservation.
41. Le porche du XVIe siècle, replacé au sud-ouest de l'abbatiale en 1880.
CHAPITRE 6
SYNTHESE DE L'HISTOIRE DU SITE
La première occupation du site remonte à la fin du Xlle siècle au moment de la
fondation de l'abbaye romane. L'originalité de cette fondation réside dans la
participation conjointe des autorités laïques et ecclésiastiques (cf. annexe 2, pp. 6-7).
Elle est le reflet d'une société en pleine mutation à la recherche d'un équilibre nouveau.
L'implantation d'une communauté de chanoines réguliers de l'ordre de Saint Augustin à
Daoulas s'inscrit dans cette logique et semble répondre aux aspirations de l'époque.
Ainsi les chanoines demeurent en contact direct avec le monde extérieur, ils tiennent un
rôle social, économique mais aussi politique très important (Léon, p 53-54).
Dans la façon de mener la vie canoniale, les abbayes Augustiniennes étaient en
grande partie indépendantes et autonomes. Il n'existe pas de règle de Saint Augustin
comme celle de Saint Benoît, c'est à dire comme un règlement élaboré et prévu pour
toutes les circonstances et tous les actes de la vie en communauté. De toute évidence,
ces caractéristiques se retrouvent également en matière d'architecture où les schémas
de construction ainsi que l'organisation de l'espace tiennent davantage compte de la
spécificité du site.
La fouille archéologique met en évidence deux grandes phases d'occupation
(phase 2 et 4). Elles correspondent à deux périodes très fastes de l'histoire du site
pendant lesquelles l'abbaye va se développer puis étendre son domaine. La première se
situe au moment de la fondation, de la fin du Xlle jusqu' au milieu du XlVe siècle où le
monastère prend sa forme définitive (fig. 10, p. 18). Après une période de régression
(phase 3), largement marquée par les affres de la guerre de Cent Ans, l'abbaye connaît
un nouvel essor à partir de la fin du XVIe siècle (phase 4). Cette nouvelle phase est
symbolisée par un vaste programme de restructuration du monastère qui va se
poursuivre jusqu'au milieu du XVIIe siècle (cf. annexe 1). Au XVIIIe et au XIXe siècle
(phase 5 et 6), on assiste à un abandon progressif des parties communes de l'abbaye qui
se traduit par la destruction des corps de bâtiment, en particulier ceux des ailes nord et
est. Il faut attendre la fin du XIXe pour voir se concrétiser de nouveaux travaux de
restauration portant notamment sur l'église et le cloître (Bigot 1876 - 1880).
La première phase d'occupation du site met en évidence le chantier de
construction de l'église. L'analyse de la stratigraphie permet de restituer dans ses
grandes lignes le processus d'édification de l'abbatiale jusqu'à son achèvement qui est
marqué par la fabrication sur place des premières cloches. Le remblaiement volontaire
du four à cloche au moment de la construction du cloître indique que l'église était déjà
achevée à ce moment là.
Le bas-côté nord, une partie de la nef et la façade en pignon de l'église romane,
sont conservés. Compte tenu du manque d'observations historiques et archéologiques
sur la forme originelle du chevet, le plan en restitution de l'église romane est
incomplet. Toutefois, le style et les caractéristiques architecturales de l'abbatiale de
Daoulas s'inscrivent dans la tradition romane bretonne (Mussat, 1979). Elle fait penser
aux autres églises à plan basilical telle que Locmaria de Quimper et Plouguer,
cependant comme à Lamballe, la façade de Daoulas possède des arcades à doubles
rouleaux.
La phase 2 marque le début des constructions des bâtiments conventuels vers la
fin du Xlle siècle, elle se poursuit jusqu'au milieu du XlVe avec l'apparition de l'aile
ouest. On peut distinguer deux séquences d'occupation distinctes: la première voit
l'aménagement de l'aile est du monastère. Ce bâtiment rectangulaire renferme les salles
religieuses de l'abbaye. Il comprend du sud au nord, la sacristie, le chapitre et les
archives. La distribution en enfilade de ces salles se faisait à partir du bas-côté nord de
l'église (fig. 10, p. 18).
Le cloître a été élevé à la même période. Le style de ses chapiteaux s'harmonise
parfaitement avec ceux de la façade occidentale de l'église. Ils sont datés du dernier
quart du Xlle siècle et forment un ensemble homogène. Le cloître de Daoulas est, avec
celui de l'abbaye Saint Melaine de Rennes, l'un des seuls témoins encore conservés de
l'art breton du Xlle siècle (Mussat, 1966, pp. 617 - 624). Son architecture, comme celle
de l'église témoigne de l'influence de la sculpture normande dont les dominantes sont
parfaitement représentées sur la vasque qui ornait le lavabo du cloître (fig. 13, p. 22).
Ces caractéristiques architecturales sont le reflet d'une période de transition où
commence à se dégager un art nouveau.
La seconde séquence d'occupation de la phase 2 voit une extension du monastère
vers le nord où se situe l'aire des cuisines et des réfectoires. Les niveaux archéologiques
sont particulièrement arasés et parfois même totalement détruits dans ce secteur. Les
sols médiévaux sont tronqués, seules quelques structures excavées ont été fouillées. Par
conséquent, il est difficile de localiser avec précision les différentes pièces des
communs et de façon générale de déterminer l'organisation interne de l'aile nord (fig.
10). Toutefois, la présence d'un foyer domestique F. 10 (pl. 131) dont l'activité principale
se situe entre le milieu du XHIe et le milieu du XlVe siècle permet de situer
globalement le secteur des cuisines au nord du cloître. La tranchée de fondation du mur
de la galerie du réfectoire 2041 (pl. III et fig. 10) et le mur de clôture 2167 (pl. IV)
définissent l'espace de l'aile nord qui forme un retour perpendiculaire à l'axe de l'aile
est. Vers le milieu du XlVe, l'Abbé J. Guerault va faire construire les logis de l'Abbé
(aile occidentale) qui ferme à l'ouest le monastère et donne à l'ensemble sa forme
définitive (fig. 10).
La fin de la période médiévale est marquée comme pour de nombreux autres sites
religieux par les destructions massives de la guerre de Cent Ans. Les quelques
transformations observées dans l'aile est et surtout au niveau du choeur de l'église
résultent directement des événements historiques de la fin du XlVe siècle et non pas
d'une volonté délibérée de transformer l'organisation de l'espace. C'est à cette période
que les aménagements du cloître sont abandonnés et remblayés.
La fin du XVIe siècle puis l'arrivée des Abbés commendataires sont marquées par
un plan de reconstruction massif de l'abbaye (phase 4). Dès le milieu du XVIe siècle,
des travaux sont effectués sur le bas-côté sud de l'église et au niveau du choeur
gothique, alors en phase d'achèvement. Un porche de plan quadrangulaire est placé
contre le bas-côté sud. En relation avec ces travaux, la fouille archéologique a fait
apparaître des modifications sensibles dans l'organisation de l'espace du monastère et
plus particulièrement de l'aile est. L'analyse stratigraphique montre bien que la
réduction du chapitre, l'apparition de la cour 2072 et de la salle 2050 sont autant
d'éléments synchrones qui participent au vaste programme de restructuration du
monastère (fig. 25, p. 38). La mise au jour dans la salle du chapitre du sol d'occupation
(carrelage 2212), de même facture que celui qui matérialise le sol de circulation des
galeries est et sud (sol 1008) en est une preuve supplémentaire (pl III et IV).
Au même moment, un cimetière s'organise à l'intérieur des galeries est, sud et
ouest. De nombreuses sépultures en cercueil mais également en pleine terre viennent
recouper une première phase d'inhumation. Il s'agit de quelques tombes en coffre
contemporaines de la construction de l'église romane et du cloître.
Au moment de la révolution on assiste à un abandon progressif du monastère. Les
ailes est et nord ne sont plus utilisées depuis la fin du XVIIe siècle, elle seront
totalement détruites vers la fin du XVIIIe siècle. En 1830, les arcades du cloître sont
abattues par le propriétaire de l'époque.
Le plan actuel de l'abbaye de Daoulas résulte des travaux de restauration entamés
par Y. Bigot à partir de 1875 (fig. 40, p. 55). Les arcades sud, nord et ouest vont être
remontées, le choeur de l'église est totalement reconstruit. Enfin, le porche du XVIe
siècle est démonté et replacé au sud de l'église où il marque l'entrée du cimetière qui a
été transposé le long du bas-côté sud au début du XVHIe siècle.
Kerattak'l
!etmoùarn ^
MtUVVXl,'/
Coatéronen
Ketanborir
Coa-tMez
lesvréac'h
[ompézow
.«erçavari&k,
l X
SqUiytf
-S
X
Itertozioo
K««ïz,
Ifaonévézec
; a
S'tang-af-Vosueri
fkertafgta
/.
CARTE 1/25 000 LE
FAOU1-2
II. Extrait du plan cadastral
: Section A
échelle 1/2
000
N
Zone 2 salle du
Entrée
du
chapitre
chapitre
Galerie
O
SLO
28. SON. G.F.
Bassin
Q
O
% ©
Sondage FI O Foyer
médiéval
32ÎO
Galerie
Mur
nord
2041
Chantier
O
È=
2m
III. Plan d'ensemble
de la zone 3
[cloître)
de construction
317S\
sud zone 1
IV. Plan d'ensemble
de la zone 2
VI. Plan l'ensemble
de la zone 3 : Valeurs en mètres
N. G. F. des principales
structures
S <s>P ù 1 o r à.ovi c.
cW
Va
I
I
f
\
\
"
\
1.
S.
o
XIV.
5cm
/
/
r
i i
i
CM
5
S,
0
0
XXVII.
5cm
I1
/ l \
2
0
\ \
\\
5cm
I.
s
s
s
XX XVI.
V
o
5cm
ANNEXE 1
TABLEAU SYNCHRONIQUE
DE L'HISTOIRE DU SITE
Dates
Histoire et archives
Fouilles:datations
Vestiges
PHASE 1
l e ou 2e quart XII Mur de façade du chapitre
Fosse d'extraction 3145
1167 Fondation de l'église
1232 Consécration de l'église
Abbatiale
2e moitié du
Xlle siècle
Chantier de construction de l'église 3178
Sols de circulation 3085 et 3107
dernier quart
Four à cloche 3105
PHASE 2
SEQUENCE 1
Fin du Xlle siècle installation du cloître
Début Xllle siècle Aménagement du cloître, lavabo 3015,
citerne 3104, puits 3054 et fosse 3056
Sépultures du chapitre (2233,2231,2180)
1 e moitié
Construcion de l'aile est du monastère
Xllle siècle
(salle du chapitre, vestibule ou bibliothèque
SÉQUENCE 2
Aile nord (mur 21 67, sol 2147)
milieu Xllle
milieu du XlVe
Foyer F. 10, fosse 2323
PHASE 3
Abbatiat de J. Guérault
(1352-1398)
Construction du choeur gothique
Construction du logis de l'Abbé (aile ouest)
par J. Guerault
fin XlVe
transfert de la sacristie dans la partie sud de
l'aile ouest
Construction de la chapelle du Faou
(au nord du sanctuaire)
fin XlVe
début XVe
Remblaiement du cloître
Date
Histoire et archives
Fouilles:datations
Vestiges
PHASE 4
1534 Il reste 8 chanoines
SÉQUENCE 1
milieu du
XVIe siècle
Aménagement du cimetière dans les
galeries sud, ouest et Est.
Restructuration du monastère
Implantation de deux nouveaux bâtiments
Cour 2072, salle 2050
Abbatiat de R. du Louet
(1581-1598)
fin XVIe
début XVIIe
Agrandissement du bas-côté sud
Construction du porche
1600 Introduction de la commande 1 e quart du XVIIe Implantation de deux nouveaux bâtiments
salle 2050, cour 2072
Abbatiat de R. de Rieux
(1600-1651)
réduction du chapitre
Aménagement d'un déambulatoire entre la
chapelle du Faou, le chapitre et la cour
Reprise du mur de façade 2053 et perçée
d'une porte
Restructuration du monastère
Implantation de deux nouveaux bâtiments
salle 2050, cour 2073
SEQUENCE 2
milieu à fin
XVIIe
Implantation de nouveaux bâtiments
au nord-est du site
Salles 2245 et 2320
1665 Il ne reste plus que 4
chanoines à l'abbaye
Abandon de l'aile nord du monastère
Date
Histoire et archives
Vestiges
Fouilles:datations
PHASE 5
Abandon du bâtiment 2245
1692 L'abbaye est unie au
séminaire royal des
aumôniers de la marine
de Brest
l e moitié du XVIIIe Construction d'un petit bâtiment au dessus
des niveaux de la counmurs 2051 et 2050
Dallage 2331
Aménagement d'une entrée au nord du mur
de façade 2052
Seuil 2317 et structure 2319
1762 Supression de l'ordre des
Jésuites en France
1793 Vente de l'Abbaye aux
enchères publiques
fin du XVIIIe
Démolition des ailes nord et sud ainsi que de
la charpente et de la couverture du cloître
Aménagement du cimetière à partir du
bas-côté sud de l'église
PHASE 6
1830
1876
Démolition de l'ancien choeur gothique et du
transept
dernier quart
du XIXe
Début de la campagne de restauration
de J. Bigot
Remontage des arcades ouest, sud et nord
du cloître
Transformation du choeur: la nef se termine
par une abside semi-circulaire flanquée de
deux absidioles
Dates
Histoire et archives
Fouilles:datations
dernier quart
du XIXe
Vestiges
Réduction de moitié du bas-côté sud
construction de la sacristie actuelle sur les
fondations de l'ancienne chapelle du Faou,
dans la partie nord du sanctuaire.
Déplacement du porche au sud-est de
l'Abbatiale
Restauration du porche
ANNEXE 2
ETUDE DOCUMENTAIRE
Anne LEON
LISTE DES ABREVIATIONS
Centres d'archives
Arch. dép. Finistère
Arch.dép.Ille-et-Vilaine
Arch. dép. Loire Atlantique
Bibl. mun. Nantes
Bibl. nat.
Centres de
C.N.R.S.
C.R.B.C.
Revues
B.A.A.B.
B.D.H.A.
B.M.S.A.I.V.
B.P.H.
B.S.A.B.
B.S.A.F.
C.I.
:
:
:
:
:
Archives départementales du Finistère
Archives départementales d'Ille-et-Vilaine
Archives départementales de Loire Atlantiqu
Bibliothèque municipale de Nantes
Bibliothèque Nationale
recherches
: Centre National de la Recherche Scientifique
: Centre de Recherches Bretonnes et Celtiques
:
:
:
:
:
:
:
Bulletin
Bulletin
Bulletin
Bulletin
Bulletin
Bulletin
Cahiers
Achéologique de l'Association Bretonne
Diocésain d'Histoire et d'Archélogie
et Mémoires de la Société d'Archéologie d'Ille-et-Vilaine
Philologique et Historique
de la société Académique de Brest
de la Société Archéologique du Finistère
de l'Iroise
INTRODUCTION
PRESENTATION D'UNE ETUDE DOCUMENTAIRE
L'historiographie relative à l'abbaye de Daoulas aurait de quoi se satisfaire de disposer
d'un historien attitré en la personne du chanoine Pinson, auteur de l"'Histoire de l'abbaye de
Daoulas"...si la date de rédaction 1696, sa qualité de chanoine de l'abbaye et son parti pris
évident pour la cause des Jésuites au moment de l'union de l'abbaye au séminaire royal de la
marine de Brest, ne suscitaient déjà quelques réserves^ \
Cependant, quelques deux siècles plus tard, et venant alimenter la réflexion, deux
nouvelles histoires de l'abbaye devaient paraître. Rédigées par les bons soins de M. Levot
d'une part et de M. le chanoine Peyron d'autre part, elles furent respectivement éditées en
1875 et 1897 (2) .
Ces deux monographies, conçues de manière événementielle, recopiées en grande
partie de l'histoire de Pinson, témoignent d'une méthode historique qui, axée essentiellement
sur la mise en valeur des hauts faits de chacun, comme autant d'événements cloisonnés et
indépendants les uns des autres, ignore encore toute valeur synthétique. Cette disposition
d'esprit était, on le conçoit, peu encline à dégager l'originalité et les spécificités d'une
communauté particulière, engagée dans le siècle : celle des chanoines réguliers de SaintAugustin. Elle nous renvoie au contraire l'image presque surréaliste d'un groupement
d'hommes, accumulant certes les biens terrestres, mais comme dispensé ou dégagé des
dispositions sociales, politiques ou religieuses extérieures à l'enceinte abbatiale.
Malgré tout, et bien que la période primitive n'ait été que faiblement abordée, mis à
part le côté légendaire, les bases du travail étaient posées. Les deux auteurs se sont en effet
risqués à quelques tentatives d'analyse et d'interprétation, certes parfois faussées par le
manque d'informations, néanmoins dignes d'intérêt. Surtout, ils se sont essayés à la démarche
méthodologique de confrontation et de critique des sources en présence.
Les archives au secours de la connaissance
L'étude de l'abbaye Notre-Dame de Daoulas depuis sa prétendue origine du VI e
siècle, puis sous les chanoines réguliers de Saint-Augustin et jusqu'à leur suppression au
(1) Louis Pinson offrit en 1703 au prince de Rohan-Chabot,
une version
amplifiée de
V'Histoire
de
l'abbaye de Daoulas", qu'il dut écrire vers 1700 et dont le titre parait tout à fait significatif :
"Histoire succinte et abrégée de l'abbaïe de Daulas, fidèlement recherchée sur les anciens mémoires et
contrats de la maison de Rohan, pour servir d'instruction sur sa fondation primordiale et ce qui s'est
passé entre
les R. Pères Jésuites et les chanoines réguliers de cette abbaye,
les contrats,
bulles
accordées au sujet de sa réunion au séminaire royal de la marine étébli à Brest sous le bon plaisir et
agrément du
"L'abbaye
plus puissant,
de
Daoulas
d'après
du
plus
souverain
1es mémoires
de
roi
Louis XIV,
dom Louis
fils aîné de
Pinson",
l'Eglise".
dans B.S.A.F.,
1897,
PEYRON
(P.),
p.49-50.
Ces
mémoires sont actuellement conservées à la Bibliothèque de l'abbaye de Landévennec.
(2) LEVOT (P.), "Daoulas
Daoulas
d'après
et
les mémoires
son abbaye",
de dom Louis
dans B.S.A.B.,
Pinson",
1875-76, p. 113-190. PEYRON (P.), "L'abbaye
dans B.S.A.F.,
p.197-231, 241-256, 317-350, 425-440.
de
moment de la Révolution n'en demeure pas moins ardue. La difficulté majeure tient, en
effet, , en grande partie à l'absence de documents anciens originaux. Si certaines abbayes de
Bretagne telles que celles de Landévennec, Redon ou Saint-Georges de Rennes, pour ne citer
qu'elles, nous ont légué des cartulaires contenant des textes fort a n c i e n s ^ , il en va tout
autrement pour cet établissement qui doit se contenter d'un cartulaire factice réalisé au début
du XIX e s i è c l e ^ . Le premier titre certain qu'il contient est une copie de la confirmation
faite en 1186 par Hervé, vicomte de Léon, de la donation primitive faite à l'abbaye par ses
parents Guyomarch et Nobile, et par son frère, autre Guyomarch, laquelle fondation serait à
replacer aux alentours de 1173.
Pourtant, malgré cette pénurie toute relative d'actes originaux, certains documents
postérieurs s'avèrent riches d'enseignements sur l'histoire de l'abbaye. Les Archives
Départementales du Finistère disposent à ce propos d'un document particulièrment précieux.
Côté 1H25, il nous est présenté sous la forme d'un registre cartonné en bon état, sur papier
et sans sceau, et porte le titre suivant :
"Inventaire des tiltres, garendz et enseignements de l'abbaye Notre-Dame de Daoullas,
et ses despendances, qui sont dans une armoire fermant a deux clefz, en une des chambres
haultes de ladicte abbaye, au département du seigneur abbé d'icelle. Lequel inventaire a été
faict par discret messire Jean Pinvidic, p(re)b(t)re recteur de Lanhouarneau,
procureur
spécial et receveur de hault et puissant messire Charles-Maurice Le Tellier,
conseiller
aulmosnier ordinaire du roy, abbé de ladicte abbaye, abbé et comte de Lagny, et aussi abbé
des abbayes de Notre-Dame de Bertheuil et de Sainct-Benigne de Dijon, en l'année mil six
[C.)
cens soixante et deux.'* '
Ce registre constitue un corpus de renseignements relativement volumineux, le plus
complet que nous possédions sur l'abbaye. Il contient en effet 223 feuillets, numérotés de 1 à
178, dont 189 sont couverts d'une écriture soignée, soit au total 1932 actes répertoriés, en
français pour la plupart, mais aussi en latin, et couvrant les années 1186 à 1662. Il se
distingue, en outre, par l'extrême variété des actes et enseignements qu'il renferme. Cet
ensemble de bulles, baux à fermes, rentiers, concordats, sentences, arrêts de parlements,
etc..., fournissent sans conteste possible matière à réflexion. Il convient cependant de poser
quelques limites quant à la fiabilité de cet inventaire. Réalisé en 1662, il est uniquement
composé de copies : outre les fautes de lecture, des faux ont pu être, volontairement ou non,
insérés au d o c u m e n t ^ .
Quoi qu'il en soit ce registre ne constitue pas l'unique source archivistique propre à
nous guider dans la recherche historique. Les archives municipales, départementales et
nationales mettent à la disposition du public une masse documentaire considérable pouvant
(3) LA
BORDERIE
Cartulaire
Saint-Georges
de
(A.
de),
l'abbaye
de
de Rennes",
Cartulaire
Redon,
de
l'abbaye
Paris, 1863.
dans B.M.S.A. I.V.,
de
Landévennec,
LA BIGNE VILLENEUVE
Rennes,
1888.
(P. de),
COURSON
" C a r t u l a i r e de
(A.
de),
l'abbaye
1876, p. 1-267.
(4) Arch. dép. Finistère., 1H79.
(5) Arch. dép. Finistère., 1H25, F°1r°.
(6) Il semblerait pourtant que le scribe, Jean Pinvidic, ait fait preuve d'un certain sérieux. En effet,
la confrontation
de
l'inventaire
avec
les actes existant
toujours
aux
Archives
Départementales
Finistère, série 1H, révèle un taux d'erreur assez minime. Ainsi, pour le seul village de
du
Lanthon,
paroisse de Hanvec, six actes datés de 1395 à 1658, ont été répertoriés, et pour lesquels 11 ne semble
pas y avoir d'erreurs majeures. Par contre, certains actes toujours visibles aux Arch. dép. Finistère
n'ont pas été inscrits au registre. Le copiste les aurait-il jugés trop peu fiables? Des annotations
critiques portées en marge de ces textes nous inciteraient à un égal scepticisme.
nous renseigner sur l'histoire de l'abbaye de Daoulas. Nous avons utilisé pour le présent
exposé les documents disponibles aux Archives Départementales du Finistère et d'Ille et
Vilaine, aux bibliothèques de la Marine à Brest, de la ville de Nantes, de l'évêché de
Quimper, de l'abbaye de Landévennec et à la Bibliothèque Nationale. Il convient enfin de
mentionner, outre l'appui archivistique, l'utilisation que nous avons faite de ce que l'on
nomme communément les sources publiées, lesquelles correspondent à des documents
(7)
archivistiques déjà transcrits, ayant fait l'objet d'une publication v '.
Les cadres de l'étude
1° Les documents archivistiques ne remontant pas en-deçà du XII e siècle, nous
écartons d'emblée de la présente étude à caractère documentaire, la période dite primitive de
la vie de l'abbaye de Daoulas. Rappelons simplement à titre informatif que l'abbaye de la fin
du XII e aurait été relevée sur les ruines d'un ancien monastère datant du VI e siècle, et
auquel la vie légendée de Saint Jaoua fait é c h o ^ . Cette origine lointaine nous est contée à
grand renfort de détails et dans deux versions différentes dans la "Vie des Saints de Bretagne
Armorique"^. L'auteur narre ainsi comment le seigneur du Faou commit, sur les personnes
de Saint Tadecq et Saint Judulus, un double homicide, et comment, en réparation du tel acte,
il fonda à Daoulas une abbaye au VI e siècle. A moins que la chose ne se soit passée en 1171 :
l'acteur du drame devient alors Guyomarch IV, "comte" de Léon, qui sous l'effet de la
jalousie, assassina son frère Hamon, évêque de Léon. Deux événements similaires se
rencontrent donc ici, et à deux époques distinctes pour exprimer une même réalité : l'origine
de l'abbaye de Daoulas.
Lorsque le mythe et la légende se mêlent pour faire d'un événement une réalité
historique, lorsque les documents eux-mêmes s'élaborent en un savant mélange d'apocryphe
et de véridique, que nous reste-il alors pour tenter de reconstituer les faits dans leur contexte
d'antan? Les orientations, de plus en plus diverses, vers lesquelles s'oriente la recherche
historique, à savoir entre autres la toponymie ou l'hagiographie apporteront sans doute des
éléments de réponse à cette problématique origine primitive.
Dans l'immédiat, nous ne retiendrons de ces deux versions qu'une probabilité. Un
monastère primitif, datant peut-être du VI e siècle, détruit ou abandonné lors de la période
trouble que constitue l'épisode des invasions normandes, aurait précédé l'actuelle abbaye dont
les textes attestent l'existence à la fin du XII e siècle.
2° La période de la fondation romane ayant déjà fait l'objet d'une étude documentaire
de notre part, dans le cadre de la préparation à l'obtention du Diplôme d'Etude
A p p r o f o n d i e ^ ^ , nous ne nous étendrons pas outre mesure sur la période ainsi définie.
Néanmoins, il sera fait mention au long de cette étude, de certaines conclusions auxquelles
nous sommes parvenus lorsqu'elles s'avéreront propres à éclairer et à enrichir le présent
(7) Pour le détail des références de ces sources, tant archivistiques que publiées, se référer à la
bibliographie générale proposée en fin d'étude d'une part, aux notes infra-paginales d'autre part.
(8) LE GRAND (A.), La Vie des Saints
(9)
de la Bretagne
Armorique,
p.52-58.
Ibid.
(10) Mémoire
de
D.E.A.
soutenu
à
l'Université
de
Bretagne
Occidentale,
département
du
Centre
de
Recherches Bretonnes et Celtiques, en Juin 1993, sous la direction de Monsieur Bernard Tanguy, chercheur
au C.N.R.S., chargé de cours à l'U.B.O., et Monsieur Jean Kerhervé, professeur des Universités.
exposé. On pourra, en outre, évaluer l'optique des recherches déjà effectuées à ce propos
d'après le plan de travail suivi, et dont nous nous proposons d'en souligner ici les grandes
lignes.
I - Le temps de la première fondation : analyse critique des sources.
A - De la valeur du terme "fondation" : essai de clarification sur les débuts
B - "Les chartes de fondation" : limites et perspectives
C - Le poids de la tradition : Guyomarch fondateur de l'abbaye de Daoulas
II - L'installation d'un monastère de chanoines réguliers de Saint-Augustin à Daoulas : fruit
du hasard ou choix délibéré.
A - Un site stratégique
B - Un ordre nouveau
C - Une fondation adaptée aux ambitions territoriales des vicomtes de Léon
III - Les libéralités de l'évêque et du chapitre de Cornouaille : autre approche des origines.
A - Une fondation au temps de la réforme grégorienne
B - Du type de communauté canoniale. Obligations respectives et droits honorifiques :
l'instauration de liens étroits d'interdépendance
PREMIERE PARTIE
EVOLUTION DU DOMAINE D'APRES LES SOURCES
Le domaine premier de l'abbaye de Daoulas fut constitué par des donations diverses,
tant laïques (les vicomtes de Léon et les seigneurs locaux) que ecclésiastiques (les évêques de
Q u i m p e r ) ^ ^ , telles des dîmes, terres, redevances, moulins et eaux, églises et chapelles. Ce
domaine initial, de faible étendue à l'origine (essentiellement les abords de Daoulas), s'accrut
tant, de par le jeu des donations, de par l'exploitation intelligente aussi qu'en firent les
chanoines r é g u l i e r s ^ q u e son aire d'influence s'étendit non seulement en Cornouaille et en
Léon mais aussi en Tréguier.
(Voir la carte à l'issue de cette partie)
1° Le domaine au XI^
Donations laïques
Les dons de dîmes, accordées à l'abbaye de Daoulas par la famille de Léon et autres
seigneurs locaux, constituèrent une part primordiale de la fondation XII e . Cette dotation
répondait certes à la demande expresse formulée par le clergé de lui restituer les dîmes qui
lui appartenaient primitivement. Leur nature ecclésiastique n'était pourtant plus aussi
évidente du temps de Guyomarch, de "nombreuses dîmes ayant été instituées par des
seigneurs laïcs à titre de redevances"^
L'abbaye de Daoulas reçut donc, lors de cette
fondation, le droit de percevoir les revenus liés à certaines dîmes dont les vicomtes de Léon
étaient initialement propriétaires à Sizun, Irvillac, Roscanvel, Rumengol, Plouguin, Coatméal,
Trédisefl4\
Plabennnec, Guissény et Plouénour-Trez u .
Et, comme il était de coutume que les seigneurs locaux suivissent l'exemple des
grands, ainsi en alla-t-il à Daoulas où la femme du sénéchal céda aux réguliers ses dîmes de
Crozon, Plougastel et Plabennec^ 1 ^. De même, un certain "Losouarn, fils d'Ehoarn donna sa
dîme connue sous le nom de dîme du fils du Sarrasin, et Judec, fille d'Hervé, fils d'Eucun
donna la dîme et le gled de Kerglou en P l o u d i r y " / ^
Cette donation du "gled de Kerglou" paraît, de prime abord, bien énigmatique. Le
document n'exprime aucunement ce que recouvre réellement ce don, si ce n'est que sa
(11) Voir
les
"chartes de
fondation"
en annexes
1 et 2, d'après
Finistère. Textes également édités par MORICE (P.-H. dom), Mémoires
ecclésiastique
Bretagne
et
civile
composée sur
les
de
titres
Bretagne,
et
t.I, col.669-670, 708-709
les auteurs
originaux,
le registre
pour
servir
; LOBINEAU
1H25 dos Arch.
de preuves
à
(G.-A. dom), Histoire
op.
de
t.II, col.128-129..
(12) Pour la succession des abbés, voir en annexe 3 : chronologie d'après PEYRON (P.), "L'abbaye
Daoulas...",
dép.
l'histoire
de
cit.
(13) CHEDEVILLE (A.), TONNERRE (N.-Y.), La Bretagne
(14) PEYRON (P.), "L'abbaye...",
op.
cit.,
p.62,
féodale,
X f - X l l f S.,
lit "Tredisec".
Heu
p.253.
non identifié. PLANCHAIS (L.),
Géographie paroissiale de l'ancien diocèse de Léon des origines au XV e S., mémoire de maîtrise, oriente
ses recherches actuelles sur les paroisses de Plourin-Léon et Porspoder.
(15) Arch. dép. Finistère, 1H25, F°178v° (Annexe 1).
(16)
Ibid.
(17)
Ibid.
logique de rédaction fait apparaître, semble-t-il, en cette fin de texte, un ordre thématique :
dons de dîmes, puis de terres et enfin de redevances sur ces terres. Le "gled" pourrait donc
bien être une redevance due à Kerglou. C'est effectivement l'explication qu'en donne Le
Pelletier, dans son dictionnaire breton, et pour lequel terme il précise en outre les variantes
(18)
v
graphiques de "gledz" et "glez"
. Par ailleurs, la confrontation avec d'autres documents
anciens a révélé l'existence de termes, voisins par leur étymologie : les "gluez" de Cleguer^^^
et les "glued" de Quimperlé^ 2 ^. Dom Le Duc exprime ainsi le terme de "glued" : "Je croy
qu'il veut dire par là des chefrantes nommées Glouez qui se payoient en avoine"^2
Quant
aux "gluez" rencontrés aussi à Hennebont, ils désignent également une chefrente due en
•
v (22)
avoine
.
S'ensuit la donation, faite par Guyomarch et sa femme, d'une terre à Forquilly v ' et
d'une redevance dite "terguisiaech" due sur cette terre^ 2 ^. Mauvaise lecture^2"^ ou graphie
différente, ce terme correspond sans doute à la forme "terguisiaeth"^ 2 ^ dont il est fait
mention à divers reprises dans le cartulaire de Quimperlé. Dérivé du breton ancien "torguisi",
"il désigne une redevance marquant la vassalité, la fidélité v . On le retrouve aussi sous la
forme de "trevisiez" à Scaer, "tergui(s)ants" à Carhaix, "terguisiaez" à Châteaulin et
châteauneuf : "désignations parfois très anciennes des chef-rentes"^ 2 ^.
La fondation de Guyomarch fait, en outre, mention de la donation de moulins, étangs
et eaux : "La moitié de l'étang et de l'eau et de leurs moulins qui sont en cette ville
forte"^ 2 ^, "Deux moulins à Daoulas, la moitié de l'étang et de l'eau du même l i e u " ^ ^ . Ces
deux mentions, quoique exprimées différemment, font vraissemblablement référence à la
même donation et expriment une même réalité : l'une précisant en nombre "deux moulins", ce
que l'autre exprime en termes de limites géographiques "en cette ville forte".
J.L. Deuffic, dans une étude consacrée à Daoulas au Moyen-Age, identifie l'un de ces
deux moulins comme étant le Moulin-Pont. "Il est attesté dès la fin du XII e S., et appartenait
alors de moitié entre le seigneur de Léon et l'abbé de D a o u l a s " ^ E n 1262, Hervé IV devait
accroître le patrimoine de l'abbaye dans ce domaine : "avons donné et concédé par un pur
motif de charité a ladite abbaye la moitié du moulin a foulon, dans la possession duquel ils
n'etaient pas du vivant de notre pere et de nos ancetres, en sorte néanmoins qu'ils ne
(18) LE PELLETIER (dom), Dictionnaire
de la
langue bretonne,
col.341.
(19) Arch. dép. Loire Atlantique, B 1581, F°4r°. Renseignement communiqué par Mlle Claire Moigne, dans
le cadre de la préparation d'un mémoire de maîtrise sur les rentiers d'Hennebont.
(20) MAITRE (L.), BERTHOU (P.), Cartulaire
(21) LE DUC (P.), Histoire
de l'abbaye
(22) KERHERVE (J.), L'Etat
breton
de l'abbaye
de Sainte-Croix
de Sainte-Croix
de Quimperlé,
au XII/® et XV e S., Les ducs,
l'argent
de Quimperlé,
p.115.
p.87.
et
les hommes, p. 441.
(23) En Irvillac.
(24) Arch. dép. Finistère, 1H25, F°179v° (Annexe 2).
(25) PEYRON (P.), "L'abbaye...",
op.
cit.,
p.64, lit "terguisiaec".
(26) Communication de Monsieur Bernard Tanguy, Chercheur au C.N.R.S., chargé de cours à l'Université de
Bretagne Occidantale.
(27) FLEURIOT (L.), Dictionnaire
(28) KERHERVE (0.), L'Etat
des gloses
breton...,
op.
en vieux
cit.,
breton,
p.316.
p.441.
(29) Arch. dép. Finistère, 1H25, F°179v° (Annexe 2).
(30) Ibid.,
F°178v° (Annexe 1).
(31) DEUFFIC (J.-L. ), "Daoulas
au Moyen-Age",
dans C.I.,
1980, p.89.
pourront rien exiger sans notre expresse permission de ceux de dehors la ville qui y
H2)
viendront moudre et fouller"v
'.
Donations ecclésiastiques
Geoffroy, évêque de Quimper donna à l'abbaye les prébendes de Daoulas, Dirinon,
Rumengol, la Fontaine Blanche (en Plougastel), et une partie d'Irvillac. Il concéda en outre
l'hôpital Saint Jacques (en Loperhet) et l'hôpital de Treisguinec (en Guipavas). L'abbaye de
Daoulas pouvait percevoir tous les droits et bénéfices paroissiaux dans ces églises, à la réserve
du droit épiscopal. Enfin, il fut décidé que lorsque une prébende canoniale viendrait à
vaquer à Quimper par la mort d'un chanoine, l'abbaye percevrait le fruit de cette prébende
(03)
v
pendant l'année suivant la vacance
.
La présence des chanoines de Daoulas dans les campagnes devait d'ailleurs s'affirmer
au fil des successions épiscopales comme en témoigne les donations suivantes :
- En 1218, Guillaume leur accordait les églises de Plougastel, Sainte-Brigitte
(Loperhet), Sainte-Nonne (Dirinon), Saint-Baharn (Trevarn, trêve de Dirinon), Saint-Thomas
de Landerneau, Saint-Pierre (Irvillac) et Saint-Monna (Logonna, alors trêve d ' I r v i l l a c ) / ^
- En 1225, Renaud léguait l'église de Hanvec et la chapelle de Rumengol.
- En 1231, ce même évêque donnait l'église Saint-Thomas martyr de Perguet-Bénodet
et toute la paroisse.^^
2° Le domaine à la fin du
XVsiècle
De l'ensemble de ces donations ecclésiastiques devaient naître prieurés, prieurés-cures
et vicariats. En effet, à la fin du XVII e siècle, l'abbaye était en possession des bénéfices
suivants^) :
-
Daoulas, vicariat perpétuel
Irvillac, prieuré-cure
Logonna, prieuré-cure
Loperhet, prieuré-cure
- Saint-Thomas de Landerneau, prieuré-cure
- Camaret, prieuré-cure
-
Roscanvel, prieuré-cure
Perguet-Bénodet, prieuré-cure
Dirinon, vicariat perpétuel
La Fontaine-Blanche, prieuré simple
Ploudiry, prieuré-cure
Coatméal, prieuré-cure
Camfrout, prieuré-cure
Plougastel, vicariat
(32) Arch. dép. Finistère, 1H25, F°180r° (Annexe 2). PEYRON (P.), "L'abbaye...",
cet acte de 1661.
(33) Arch. dép. Finistère, 1H25, F°178v° (Annexe 1).
(34) Ibid.,
F°179r° (Annexe 1).
(35) Ibid.,
F°184v°.
(36) Ibid.,
F°185v°.
(37) PEYRON (P.), "L'abbaye...",
op.
cit.,
p. 67-68.
op.
cit.,
p. 58, date
Il est difficile de préciser avec exactitude à quel moment furent institués prieurés,
prieurés-cures et vicariats. Le registre 1H25, par son énumération et datation des titres de
chaque bénéfice, apporte quelques éclaircissements qu'il serait néanmoins hasardeux de
considérer comme fixes et définitifs. Ayant été rédigé en 1662, le recensement des actes,
concernant les possessions de l'abbaye de Daoulas, n'est certainement pas exhaustif.
Notons cependant, et à titre indicatif, les actes les plus anciens relevés pour chacun
IOQ)
de ces bénéfices^ y :
- Daoulas, 1485
- Hanvec, 1466
- Logonna, 1422
- Loperhet, 1510
- Saint-Thomas de Landerneau, 1455
- Camaret, 1506
- Roscanvel, 1407
- Perguet-Bénodet, 1506
- Dirinon, 1497
- La Fontaine-Blanche, 1488
- Ploudiry, 1457
- Coatméal, 1515
- Camfrout, 1485
- Plougastel, 1656
Quant aux possessions accumulées au cours des siècles en maintes paroisses et relevées
sur la carte ci-jointe, elles étaient de natures diverses : terres et vergers, eaux et forêts,
maisons et manoirs. L'abbaye en avait fait l'acquisition par achats mais aussi et surtout par le
moyen des fondations que les seigneurs accordaient en échange de prières, et de legs qu'ils
inscrivaient à leurs testaments au jour de leur trépas. Edifiée en véritable seigneurie
ecclésiastique, l'abbaye eut tôt fait de mettre en valeur la réserve, disposant de tout un
personnel de vassaux. Ainsi développa-t-elle le fermage, système pour le moins avantageux
puisqu'il permettait à l'abbaye d'enregistrer des rentrées d'argent régulières. (En témoignent
les nombreux actes de baux à fermes rencontrés dans le registre 1H25).
Outre la réserve, la mouvance était aussi source de profit, l'abbaye de Daoulas
percevant, de par sa nature de seigneurie un certain nombre de droits : droits seigneuriaux
(droits fonciers, droits banaux et dîmes), droits féodaux (lods et ventes, ligences et droits
d'enfeu).
L'abbaye s'était enfin constitué une réserve monnayable composée, entre autre, de
mobilier et de pièces d'orfèvrerie. Voici, à titre d'exemple quelques unes des pièces acquises :
- En 1398, l'abbé Jean Guerraut fit faire la crosse p a s t o r a l e ^ \
- En 1418, Even Buzic, sieur de Rosserf, donna à l'abbaye "une table d'argent doré avecq des
reliques" (40) .
(38) Arch. dép. Finistère, 1H25. Les folios sont respectivement les suivants : 21r°, 16r°, 17v°, 15r°,
12r°, 20v°, 20r°, 18v°, 21r°, 22v°, 25r°, 24r°, 23v°, 22r°.
(39) DEUFFIC (J.-L.), "Les
documents
nécrologiques
(40) Arch. dép. Finistère, 1H25, F°5r°.
de l'abbaye
de Daoulas",
dans B.S.A.F.,
1979, p.132.
- En 1509, le sieur de Leheuc s'obligea à payer en sept ans à l'abbé, lors Jean Du Largez, 10
tasses d'argent "pesants 10 marcs une once et d e m y " ^ ^ . [Acte que nous présentons à suivre
pour être assez représentatif du matériel diplomatique de la fin XV e , début XVI e ,
concernant l'abbaye de Daoulas],
L'abbaye s'enrichit de telle manière que en 1668, l'ensemble de ses fermes était estimé
à 10 107 livres 14 sols 8 deniers^ 2 ^ En 1695, le bail à ferme de l'abbaye "consenty par le
seigneur abbé au sieur Nicolas Du Pont" note comme total du revenu annuel de l'abbaye (non
compris les bois et commissions) la somme de 15 812 l i v r e s ^ ^ .
(41) Ibid.,
1H40 (Acte original en français, sur parchemin, sans sceau).
(42) Ibid.,
1H26, 18
(43) Ibid.,
g
page en partant du premier feuillet écrit (non numéroté).
4Q page en partant du premier feuillet écrit (non numéroté).
AIRE D'EXTENSION GEOGRAPHIQUE DES POSSESSIONS DE L'ABBAYE DE
DAOULAS A LA FIN DU XVII e S.
/
i QUEMPERVERN
i PRAT
^
i COATASCORN
^
i PLOUARET
1 PLOUVIEN
1 PLOUGAR
i PLOUDANIEL
l COATMEAL
1 CUIMiUAU
1 PLOUEDERN
I rLOUDIRY
i LANDERNEAU
iPLOUMOGUE*
FONTAINE-
i CAMFROUT
DAOULAS
ROSCANVEI;
LOCONNA-W^5
J DELLE-ILE
(I
J
» SAINT-THOMAS
i DIRINON +
TREH0U
, I LOPERHET I\ RVIL J E
..PLOUGASTEL
i LOUARGAT
!
^
J
—
—
• URASPARTS
HANVEC
i LOPEREC
i QUIMERCH
1 CAMARET
• CROZON
i ROSNOEN
1 SAINT-SEGAL
î DINEAULT
i CARJIAIX
;
« CAST
i QUEMENEVEN
î PLOZEVET
i QUIMPER
r-N
» rERCUET-IlENODET
TREGUNC
LEGENDE
l LRYILLAC :
1
PLEYBEN :
—
-,
bénéfice dépendant de l'abbaye de Daoulas
biens situés en la dite paroisse
limite des anciens diocèses
3.0 Ifarv.
DEUXIEME PARTIE
EVOLUTION DES BATIMENTS D'APRES LES SOURCES
Cet enrichissement progressif de l'abbaye au cours des siècles considérés, s'il donne la
tendance générale, n'exclut néanmoins pas des périodes de moindre progression, voire de
régression, que l'on a tenté de définir dans la mesure du possible en fonction de l'état des
bâtiments (périodes d'agrandissements, de constructions, d'abandons?). Une telle démarche,
intégrée à une étude documentaire, demeure, on le conçoit aisément, tributaire non seulement
de la masse archivistique en présence, mais encore de son contenu. Or, si du point de vue
quantitatif elle se révèle être relativement conséquente, les pièces d'archives consacrées
uniquement à l'état des bâtiments de l'abbaye font plus que défaut, au point qu'il ne serait
pas fastidieux d'en dresser le tableau : avant 1771, n é a n t ^ \ Force nous a donc été de nous
intéresser à des actes de toute nature dont nous pouvions espérer recueillir quelques
précisions, tels les actes de fondations qui, lorsqu'ils font mention de messes à célébrer dans
l'église abbatiale ont pu fournir de précieuses indications.
1° La
guerre
de cent
ans
et les premiers
remaniements
(fin
XTV^-
fin
x \ £ )
Nous lisons dans un article consacré à l'abbaye de Daoulas que "de la fin du XIV e
siècle au milieu du XV e , sous les abbés Jean Guerault, Etienne Petit et Guy Manfuric de
Lézuzan, eut lieu, en plusieurs campagnes, la substitution d'un choeur gothique à chevet plat
[...]" au choeur r o m a n ^ ^ . Ces travaux furent probablement motivés par les destructions
occasionnées au cours de la guerre de cent ans.
"Les ennemis du roi de France", ainsi sont-ils nommés dans un acte daté de 1393,
n'épargnèrent pas, en ces temps de troubles que détermine la guerre de cent ans, l'abbaye de
Daoulas : l'église fut en grande partie détruite par des troupes armées et redoutables qui, très
tôt, s'étaient constituées en c o m p a g n i e s ^ \
"Universis Christifidelibus...
Licet is, etc. Cum itaque sicut accepimus ecclesia
monasterii Beate Marie de Doulas, ord. S. Augustini, Corisopiten. dioc. per gentes armigeras
regni Francie inimicas sit in majori sui parte destructa, et magnis reparacionibus
indigeat...
[De indulgentus] Datum Avinione IIIJ idus Decembris anno sexto
decimo'^K
(44) Nous comprenons ici les documents de type plans, croquis, etc... Le plus vieux plan retrouvé est un
plan de M. Besnard, daté de 1771. Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 4J2043 (Voir en annexe 4).
(45) Y.-M. K., "Dans
le passé
de Daoulas",
dans C.I.,
1952, p.83. Jean Guerault (1352-1398), Louis de La
Palue (1399-1409), Etienne Petit (1410-1440), Guy Manfuric (1441-1458).
(46) DENIFLE (H.), La désolation
ans,
des églises,
monastères
et
hôpitaux
en France
pendant
la guerre
de
cent
Paris, t.II, p.747.
(47) Reg. Vat. Clement VII, n°307, fol. 472 b , ad. an.1393, Decemb.10. PEYRON (P.), "Actes
concernant
les évêchés
de Quimper
et de Léon",
dans B.D.H.A.,
1914, p.316, n°905.
du Saint
Siège
Quant au sort réservé aux bâtimemts conventuels, un silence dédaigneux recouvre
l'enceinte abbatiale de son masque d'indifférence. Malgré tout, si des abbayes voisines eurent
tant à souffrir des méfaits de la guerre, il est à penser que celle de Daoulas fut tout autant le
théâtre d'événements similaires : en 1383 l'abbaye de Landévennec était "brisée par les
malheurs", en 1376 celle du Relec était en "partie détruite" ( 4 8 ) . C'est effectivement ce qui en
ressort de deux fragments archivistiques, extraits des documents nécrologiques de l'abbaye de
D a o u l a s ^ \ faisant mention d'un certain nombre de restaurations entreprises par l'abbé Jean
Guerault ( 5 0 ) en 1398.
"Le jour des calendes d'octobre (1 e r octobre) le même jour est mort Dom Jean
Guerrault, abbé de Daoulas qui a gouverné avec éloge ce monastère pendant 48 ans, il a fait
l'acquisition de Keranguinezec Coëteronen et d'une partie importante de Forquily, de plus il
nous a acquis beaucoup d'autres biens, a fait faire le bâton pastoral, la fenêtre du chapitre,
bati la chapelle St. Gilles, y a renouvelé le plomb et restauré la chapelle Marie Magdeleine, le
choeur, le cloitre, le refectoire, le dortoir, en un mot il a refondu presque tout le monastère,
l'an du S. 1398" (51) .
Témoins de ces restaurations, nous pouvons aussi signaler les deux colonnes de fortes
proportions situées au bas de la nef, lesquelles seraient des "reprises ou reconstructions du
52
XIV e s-( >.
Chapelle du Faou
Le chanoine Pinson avance que le nom de chapelle du Faou est "de toute ancienneté",
qu'elle serait en outre le premier édifice de la première fondation et qu'elle tiendrait son
nom de ses "principaux bienfaiteurs" les seigneurs vicomtes du Faou^"^. Nous remarquons
d'abord, et contredisant les dires du chanoine, que les principaux fondateurs de l'abbaye
furent d'une part les vicomtes de Léon, d'autre part les évêques de Cornouaille^^.
Cette chapelle est en fait également connue sous le nom de chapelle Saint Gilles dont
il est fait mention plus haut. Cette confusion vient-elle du fait que le principal autel ait été
dédié à Saint Gilles^*^, où la chapelle portait-elle primitivement ce nom?
- Cet acte est, en effet, le plus ancien que nous ayons trouvé mentionnant l'existence
de cette chapelle, ce qui apparaît de toute logique si l'on s'accorde à porter crédit à son
(48) DENIFLE
La
(H.),
Landévennec). Reg.
Vat.
désolation...,
Gregor.
XI,
op.
cit.,
p.747-748.
Gall.
christ.,
XIV,
p.895
(Abbaye
de
n°288, fol. 65, ad an. 1376, April. 22 (Abbaye du Relec).
(49) Bibl. nat., Ms.fr.22 329. Bibliothèque abbatiale de Landévennec, Ms.non côté, Nécrologe de Daoulas.
Edités
par
B.S.A.F.,
DEUFFIC
(J.-L.),
"Les
documents
nécrologiques
de
l'abbaye
Notre-Dame
de
Daoulas",
dans
1978, p.83-102, 1979, p.103-147
(50) Jean Guerault aurait gouverné de 1352 à 1398 d'après PEYRON (P.), "L'abbaye...",
op.
cit.,
p.121.
Il fut en fait pourvu de l'abbaye en 1350 : "3 novembre 1350, Alain Soissons de Forquilly ayant résigné
son abbaye est remplacé par Jean Gueyraud, prieur de Plebe Dei (Ploudiry) au diocèse de Léon" (Vat.,
cot. ancien, Clément VI, t.lvi, n°39), cité par DEUFFIC (J.-L.), "Les
cit.,
documents
nécrologiques...",
op.
p. 132, n.206.
(51) DEUFFIC
(J.-L.),
"Les
documents
nécrologiques...
",
op.
cit.,
1979,
p. 132.
Manuscrit
de
la
bibliothèque abbatiale de Landévennec portant le titre de "Nécrologe. Notes historiques extraites d'un
vieux martyrologe imprimé en caractères gothiques, l'an de grâce du Seigneur 1490 pour l'usage de la
très célèbre abbaye de Daoulas"..
(52) LA M0NNERAY (C.), "Essai
des Xf
et XIIe
S.",
sur
dans B.A.A.B.,
(53) PEYRON (P.), "L'abbaye
l'histoire
de
1 'architecture
religieuse
1849, p.63.
de Daoulas...",
op.
cit.,
p.399.
(54) Arch. dép. Finistère, 1H25, F°178r° à 180v° (Annexes 1 et 2).
(55) PEYRON (P.), "L'abbaye
de Daoulas...",
op.
cit.,
p.331.
en Bretagne
pendant
la
durée
contenu : ayant été fondée aux alentours de l'année 1398 elle ne pouvait être mentionnée
précédemment.
- Or, elle porte à cette date, ou tout au moins vers 1490, date de rédaction de
l ' a c t e ^ \ le nom de chapelle Saint Gilles. Encore en est-il fait mention en 1429 dans un
"contract de fondation faicte par Even Buzic, sieur de Roserf, de deux messes aux mortz, en
(57)
ladicte eglize de Nostre-Dame de Daoullas, par chacun mois, sur l'autel Sainct Gilles"v
. En
1528, l'abbé Charles Jégou donnait droit à Guyomarch Tréanna, sieur de Kervern de mettre
une tombe en "la chapelle Saint Gilles"^^. Entre temps nous ne trouvons à aucun moment le
nom de chapelle du Faou, lequel nous semblerait donc être plus tardif. A la première
chapelle, seraient venues s'ajouter progressivement d'autres chapelles (Saint Goulvin, Memor),
et pour définir cet espace ainsi délimité au nord du choeur on aurait adjoint le nom de
chapelle du Faou.
Le document nécrologique relatif à l'abbé Jean Guérault ne nous renseigne
malheuresement pas davantage sur l'emplacement exact de cette chapelle Saint Gilles. Il
aurait été intéressant de consulter, à ce propos, un document antérieur aux écrits du chanoine
Pinson, et consistant en une description des tombes situées dans l'église : procès verbal réalisé
en 1645 par des notaires. Cet acte existait toujours en 1850, date à laquelle le conservateur
des Archives Départementales du Finistère, Le Goyat, réalisa un inventaire des titres de
l'abbaye. La cote de classement de ce document, bien que ne correspondant plus aux
cotations actuelles, y était mentionnée. Nous avions pu faire la corrélation entre les deux
systèmes de classement et retrouver la liasse correspondante. Elle renfermait toujours la
"chemise" où était classé le document en question. Malheureusement il ne s'y trouvait plus.
Les recherches effectuées alors, en rayon, grâce à l'intervention précieuse du conservateur
actuel des Archives Départementales du Finistère, monsieur Daniel Collet, n'a pas donné de
résultats plus probants, ce que nous regrettons vivement.
Dans ce cas, la description, que fit le chanoine Pinson à la fin du XVII e siècle, de
l'église permettrait-elle d'apporter quelques éclaircissements? "Entre la chapelle Saint Gilles et
celle de Saint Goulvin il y a une tombe sous une arcade où sont pour armes en pierre et sous
un casque ancien, et aux 4 coins de la tombe élevée d'un pied et demi de terre, d'or à 3
treffles de gueule qui est de le Hec [...]
Cet enfeu daté du XV e s i è c l e ^ ^ existe encore,
aux côtés de deux autres, et est situé le long du mur nord de l'actuelle sacristie. En outre, le
lieu de sépulture accordé aux sieurs de Kervern en 1528 dans la chapelle Saint Gilles (voir
plus haut) permettrait d'affirmer que, à cette date, la chapelle en question occupait une place
délimitée par ce mur nord.
En outre, une indication supplémentaire, ayant trait à une étude architecturale permet
d'affiner l'analyse : les arcades et colonnettes des trois enfeus situés le long du mur nord de
(56) Le texte est copié d'un martyrologe de 1490. Voir supra, note 51.
(57) Arch. dép. Finistère, 1H25, F°5r° et v°.
(58) Ibid.,
F°58r°.
(59) PEYRON (P.), "L'abbaye
de Daoulas...",
(60) DEUFFIC (J.-L),"Monuments et
1983-84)",
dans B.S.A.F.,
objets
1984, p. 322.
op. cit., p.331.
d'art
du Finistère,
Etudes,
découvertes
et
restaurations
(année
l'actuelle sacristie seraient du XIV e siècle ( 6 1 ) . Ce mur serait donc le "seul vestige du choeur
gothique"^ 2 ) dont Jean Guerault aurait entamé la construction.
La maison abbatiale
Enfin, si l'on en croit le chanoine Pinson, historien de l'abbaye, lequel rédigea vers
1696 (selon les versions) l'histoire de l'abbaye^*^ "fidèlement recherchée sur les anciens
Jean Guerault se serait, en outre, doté
mémoires et contrats de la maison de Rohan
de deux constructions nouvelles : les écuries et la maison abbatiale.
Nous n'avons trouvé nulle autre indication archivistique au sujet de cette maison à la
fin du XIV e siècle.
Le vide documentaire des trois premiers quarts du XV e
Les abbatiats de Louis de La Palue (1399-1409) et de Etienne Petit (1410-1440)
demeurent, du point de vue documentaire, des plus mystérieux. Ils ne sont pas mentionnés
dans les documents nécrologiques de l'abbaye de D a o u l a s ^ ^ , le manuscrit du chanoine
Pinson ne donne que la mort du p r e m i e r ^ ^ et quelques indications au sujet du second, tel
que l'emplacement de son tombeau, au milieu de la chapelle du Faou^ 7 ^. L'abbatiat suivant,
celui de Guy Manfuric (1441-1468), est quant à lui marqué par la construction de la tour du
clocher.
" Undecimo Kalendas junii anno 1468 obiit Guido Maufurie in iure canonico
licentiatus abbas istius monasterii, qui rexit istam domum per 27 annos, qui primus
impetravit quod abbas istius domus possideret mittram, qui fecit turrim
chorP'^K
2° Les nouveaux aménagements
"XVfi" (fin XV^-fin
XVfi)
Ce long XVI e siècle semble se définir, du point de vue architectural (et toujours au
regard des sources), par deux périodes disctinctes. Une première, allant du début de
l'abbatiat de Guillaume Le Lay jusqu'à la fin de celui de Charles Jégou, allie travaux
d'agrandissements et enrichissement certain de l'abbaye. A partir de ce moment un certain
fléchissement semble se faire sentir malgré une tendance à la reprise sous les abbatiats de
Jean de Kerguizieau et René Du Louet.
Guillaume Le Lay (1468-1502)
D'après M. Deuffic, l'abbatiat de Guillaume Le Lay marquerait "le départ d'un nouvel
agrandissement de l'église de Daoulas, notamment la construction d'un bas-côté
important"^^. Si nous reprenons les sources, nous retrouvons, relatives à son abbatiat, les
(61) Dictionnaire des églises de France, t.IVA, Article Daoulas.
(62) COUFFON (R.), LE BARS (A.), Nouveau
Léon,
répertoire
des
églises
et
chapelles
:
diocèse
de Quimper
et
p.80.
(63) Bibliothèque abbatiale de Landévennec.
(64) PEYRON (P.), "L'abbaye...",
(65) DEUFFIC (J.-L), "Les
(66) PEYRON (P.), "L'abbaye
(67) Ibid.,
cit.,
p.49.
nécrologiques...",
de Daoulas...",
op.
cit.,
op.
cit.
p.125.
p.332.
(68) DEUFFIC (J.-L.), "Les
(69) DEUFFIC
op.
documents
(J.-L),
ANDREWJESKY, p.131.
documents
"L'abbaye
de
nécrologiques...",
Daoulas",
dans
op.
Les
cit.,
abbayes
p.107.
bretonnes,
publié
sous
la
dir.
de
indications suivantes : "[...] il a encore fait rebâtir une maison dans ce monastère, rétabli les
autres édifices et quelques parties de ce couvent. Il a fait transporter dans le cimetière de ce
monastère et rebâtir en entier une chapelle dédiée à la Sainte Trinité
Ses armes
présentes à la deuxième vitre de la chapelle du R o s a i r e ^ ^ pourraient effectivement
confirmer l'agrandissement de ce bas-côté en son temps (les armes des abbés précédents ne
s'y trouvent pas).
Quant au fait de localiser cette maison qu'il fit construire, les documents ne le
permettent tout simplement pas. Tout au plus peut-on tenter de l'identifier, avec toute la
mesure qu'il se doit, avec une maison mentionnée dans des documents de la fin du XVIII e
g(72)_ ç e t t e m a i s o n détruite par les pères Jésuites au début du XVIII e siècle, était selon eux
"totalement separée du monastere par deux jardins, au bout desquels elle estoit bâtie avec sa
principalle porte sur la place du cimetiere"^^. Elle aurait en outre servi de lieu de repos aux
abbés lorsqu'ils se promenaient dans les j a r d i n s ^ 4 \
Quoi qu'il en soit, l'abbatiat de Guillaume Le Lay correspond sans conteste possible à
une période faste pour l'abbaye. Outre les actes conservés au registre de l'inventaire des biens
de l'abbaye^"^, le chanoine Pinson souligne qu'il "a beaucoup acquis et fait de bien" ( 7 6 ) . Son
épitaphe en témoignait encore de la manière qui suit : "Hic jacet frater Guillelmus Le Lay,
abbas hujus monasterii de Daoulas, qui rexit illud annis 35 et restauravit ac acquisivit ei
plura bona"^77\
Nous avons enfin trouvé un acte, non daté, mais se rapportant semble-t-il à cet abbé,
lequel témoigne de par l'importance de la mission à lui confiée, la place qu'occupait l'abbaye
de Daoulas au sein de la Bretagne monastique : "Trois pieces en conséquence des breffz de Sa
Saincteté a Guillaume, abbé de Daoullas, pour entendre les plainctes des abbéz, abbesses et
autres personnes de l'ordre des Citeaux dans le duché de Bretaigne et leur faire droict"v
.
Jean Du Largez (1502-1520)
Avec cet abbé, nous trouvons pour la première fois mention d'une porte
communiquant avec le cloître. Ses armes étaient, d'après le chanoine Pinson, à la porte qui
(79)
conduit de la cour au cloîtrev
. Cette porte existait-elle antérieurement? Rien ne permet en
fait, ni de le confirmer, ni de l'infirmer, si ce n'est le fait que les armes des abbés étaient
généralement signalées aux lieux qu'ils aménagèrent où firent construire. En outre, si l'on se
réfère aux dires de ce même chanoine nous pouvons avancer le fait suivant : au moment où
écrit le chanoine, soit fin
XVII e , la sacristie ne se trouvait plus au même emplacement '.
Nous ne pouvons cependant pas déterminer, d'après cette source, à quel endroit elle se situait
alors, ni antérieurement.
(70) DEUFFIC (J.-L.), "Les
documents
(71) PEYRON (P.), "L'abbaye
nécrologiques...",
de Daoulas...",
p.122.
p.143.
(72) Arch. dép. Finistère, 1H70.
(73)
Ibid.
(74)
Ibid.
(75) Arch.
dép.
Finistère,
1H25.
Actes
d'acquisitions
de
féages...
(76) PEYRON (P.), "L'abbaye
(77) Ibid.,
de Daoulas...",
op.
cit.,
p.143.
op.
cit.,
p.150.
p. 150.
(78) Arch. dép. Finistère, 1H25, F°26r°.
(79) PEYRON (P.), "L'abbaye
(80)
Ibid.
de Daoulas...",
terres,
contrats
d'échange,
contrats
de
Nous rencontrons pour la deuxième fois, en cet abbé, et d'après les sources, un
personnage voué aux plus hautes fonctions, lesquelles laissent présager, à n'en pas douter, de
la notoriété acquise par l'abbaye de Daoulas. Jean Du Largez aurait, en effet, été sacré, non
seulement évêque de Vannes ( 1 5 0 5 ) ^ ^ , mais encore suffragant de l'évêque de Quimper, lors
Claude de Rohan (1505) ( 8 2 ) .
Charles Jégou (1519-1535)
HIC : JACET : FRATER : CHAROLVS : JEGOV : ABBAS : HVIVS : MONASTERII
: DE DAVLAS : ET ACQVISIVIT : PLVRA : BONA : ET FECIT : CA P XV ANOS : OBIIT
DIE DECIA MEN JANVARII : A : D : MVeXXXV
:
A n'en pas douter l'épitaphe consacré à l'abbé Charles Jégou atteste des nombreux
travaux qu'il fit entreprendre, à commencer par "le choeur et le transept, entièrement
(83)
reconstruits'"1 '. Une inscription portée sur la sablière du mur nord de la nef atteste en effet
des travaux opérés sur la charpente du temps de l'abbé Jégou^ 84 ^. C'est également cet abbé
(85)
qui fit construire, vers 1530, la vitre qui ornait le grand autel abbatial*
.
Nous ne trouvons pas d'indications spécifiques au sujet d'aménagements au cours des
abbatiats des deux abbés suivants, Olivier Du Chastle (1536-1550) et Jean Prédour (15501573).
Quelque temps plus tard, la chapelle où aile du Rosaire devait être agrandie par les
bons soins de l'abbé Jean de Kerguiziau^ 8 ^. Quant à l'abbé suivant, René Du Louet, dernier
abbé régulier, il aurait restauré la partie de la maison qui est vers la pompe
et aurait
fait construire l'ossuaire qui se trouvait dans un angle du cimetière (1589), ce même bâtiment
dont M. Bigot se servit en 1876, lors des travaux de restauration, pour bâtir la sacristie
actuelle. D'après M. Deuffic, cet ossuaire n'aurait pas été construit par René Du Louet, mais
simplement restauré "sur la base d'un édifice plus ancien bâti par Guillaume Le Lay dans la
seconde moitié du XV e et étant une chapelle dédiée à la Sainte-Trinité"^ 88 ^.
3° L' instauration de la commende et les "nouvelles priorités"
(XVI^)
Trois abbés, pourvus en commende, se succédèrent à la tête de l'abbaye de Daoulas
jusque 1692, date à laquelle elle fut réunie au séminaire royal de la marine de Brest. [René
de Rieux 1600-1651, Charles Maurice Le Tellier 1651-1666, Louis de La Mothe Villebret
d'Apremont 1667-1692], La commende consistait en la collation d'un bénéfice régulier à un
séculier, avec dispense de régularité. Le commendataire percevait tous les revenus du
(81) Arch. dép. Finistère, 1H25, F°8r° : "Deux bulles de l'evesché d'Avennes pour Jean Du Largez, abbé
de Daoullas, du 30™® juillet 1505", "Acte par lequel le Seigneur Evesque de Nantes atteste avoir sacré
ledit Du Largez evesque, en la mesme année".
(82) Arch.
dép.
Finistère,
1H25,
F°57r°
:
"Procuration
de
Claude
de
Rohan,
nommé
a
l'evesché
de
Cornouaille, pour eslire Jean, abbé de Daoullas, pour suffragant, du 8 e juin 1505."
(83) LECUREUX (L.), Congrès
archéologique
(84) CASTEL (Y.-P.), "Le patrimoine
(85) PEYRON (P.), "L'abbaye
(85) Ibid.,
de France,
artistique",
de Daoulas...",
p. 19.
dans B.S.A.F.,
op.
cit.,
1977, p.154-155.
p.319.
p.215 : ses armes se trouvaient notamment d'après le chanoine Pinson "au dehors du pignon de
la chapelle ou de l'aile du Rosaire, qu'il a fait continuer".
(87) DEUFFIC (J.-L), "Les
documents
(88) DEUFFIC (J.-L.), "Monuments
nécrologiques...",
et objets
d'art...",
op. cit.,
op. cit.,
p.126.
p.322.
bénéfice, bien qu'il ne logea pas régulièrement en l'abbaye, et seule la discipline intérieure
lui é c h a p p a i t ^ ' .
Ces abbés, issus de haut lignage, participèrent bien plus à la vie politique de la
France qu'ils ne gérèrent directement les biens de l'abbaye. René de Rieux, pourvu en
commende, à l'âge de 12 ans, de l'abbaye de Daoulas et de celle du Relecq (vers 1600), ne
rentra effectivement en possession de celle de Daoulas qu'en 1603. Entre temps, l'abbaye fut
administrée par son père, sieur de Sourdéac, chevalier des Ordres du Roi, lieutenant général
du Roi au gouvernement de Bretagne, gouverneur des ville et chateau de Brest, maréchal des
camps et armées de Sa Majesté. Cet abbé fut, en outre élu évêque de Léon en 1619. Tombé
en disgrâce et contraint à l'exil, pour avoir soutenu le parti de la Reine Mère (il était premier
aumônier de Marie de Médicis, mère de Louis XIII), il fut déposé de son évêché en 1635,
lequel ne lui fut rendu que dix ans plus tard. Entre temps, il est possible que l'abbaye fût
administrée par le cardinal de M a z a r i n ^ ^ .
Charles Maurice Le Tellier, était aussi Archevêque de Reims d'après le chanoine
P i n s o n ^ a r c h e v ê q u e de Rouen aux dires de M. Levot^ 2 ^. Frère cadet de Louvois, il fut
pourvu de l'abbaye à l'âge de neuf ans. Louis de La Mothe Villebret d'Apremont enfin, était
clerc de la chapelle de la duchesse d'Orléans.
Outre leur participation à la vie politique, ces abbés contribuèrent-ils à l'entretien et
à l'aménagement de l'abbaye? Nous ne trouvons que peu d'éclaircissements à ce sujet. Ainsi
peut-on supposer tout au plus que, lors de la prise de possession par René de Rieux, l'abbaye
avait subi quelques dommages, néanmoins bien plus conséquents au regard des possessions
que des bâtiments de l'abbaye elle-même. Voici, en effet, comment s'exprime cet abbé, dans
une requête civile présentée au roi vers 1645, dans le préambule de laquelle il commence par
un exposé succint de l'état de l'abbaye au moment où il en fut pourvu. "[...] ladicte abbaye de
Daoullaz a esté cy-devant possédée, reggie et gouvernée par quelques titulaires des tenanciers
quy ont fort mal administré le temporel, alliené et dissippé une bonnes partye d'iceluy,
dissimullé et souffert de divertissement, pillage et emport des meilleurs tiltres et
enseignements de ladicte abbaye, tant pendant l'orage des guerres civiles quy ont afligé cette
province, que depuis
On comprend, dès lors, d'autant mieux, la résolution que prit
son successeur, Charles Maurice Le Tellier, de faire dresser un inventaire des titres et biens
de l'abbaye, lequel devait lui permettre de faire valoir les droits de l'abbaye. Ainsi put-il
"obtenir, contre les héritiers de son prédécesseur leur condamnation à une somme
considérable pour des réparations qui ne furent exécutées qu'en partie"^^'. En quelle année
avaient été entreprises ces réparations? Nous ne pouvons l'assurer avec certitude. Il paraît
néanmoins certain que en 1603, certains travaux furent réalisés comme en témoigne l'acte
suivant : "Mainlevée de la saisie sur le revenu de ladicte abbaye, et la prise de possession en
icelle, du 3 m e juin 1603, avec le rapport des ouvriers pour les réparations"^*^.
(89) POCQUET DU HAUT-JUSSE (P.), "Les
en Bretagne",
dans B.P.H.,
(90) PEYRON (P.), "L'abbaye
(91) Ibid.,
abbés
commendataires
1966, p.721-759.
de Daoulas...",
op.
cit.,
p.223.
p.247.
(92) LEVOT (P.), "Daoulas
et son abbaye",
op.
cit.,
p. 175.
op.
cit.,
p.176.
(93) Arch. dép. Finistère, 1H63.
(94) LEVOT (P.), "Daoulas
et
son abbaye",
(95) Arch. dép. Finistère, 1H25, F°9r°.
en face
de
la réforme
catholique
au XVIf
S.
Il est, en outre, raisonnable de penser que la diminution du nombre de chanoines à
vivre dans les locaux de l'abbaye, les amenèrent à réduire de même l'utilisation des lieux.
S'ils sont en effet au nombre de huit en 1 5 3 4 ^ ^ (y compris l'abbé), en 1665 ils ne sont plus
que q u a t r e ^ 7 \ Nous trouvons enfin mention faite, en 1640, d'une "chambre" située au bout
de l'église, laquelle servait à loger les p a u v r e s ' ^ .
4° Le visage de l'abbave de la fin XVlfi
à la fin
XVIlf
Le 5 avril 1692, par un brevet du roi Louis XIV, l'abbaye de Daoulas fut unie au
séminaire royal des aumôniers de la marine de Brest, dirigé par les Jésuites, et ce pour
subvenir aux besoins des aumôniers qui étaient "employés sur les vaisseaux, flottes et
escadres, lorsque S.M. fait des a r m e m e n t s " ^ \ Dès lors, l'histoire de l'abbaye de Daoulas
jusque 1762, date de suppression de l'ordre des Jésuites en France, fut animée par
d'interminables procès que chanoines de Daoulas d'une part, Jésuites de Brest d'autre part
s'intentèrent mutuellement. La cause en était invariablement la même, sous quelque couvert
que ce soit, la responsabilité financière des dépenses inhérentes au fonctionnement de
l'abbaye et bien plus fréquemment aux réparations. Ce par quoi, on constate que les uns et
les autres laissèrent les bâtiments se dégrader : l'abbaye ne subit donc pas de nouveaux
aménagements majeurs au cours du XVIII e siècle.
La maison abbatialle
(Corps de logis numéroté EFIK sur le plan de 1771)^ 100)
Les documents consultés jusqu'à présent, et quelles que soient leur provenance, leur
nature ou leur qualité, ne s'épanchent pas, loin s'en faut, en détails superflus pouvant tenir
d'enseignements relatifs à l'existence et au devenir de ce bâtiment. Malgré tout, et à la lueur
d'indices récoltés au fil des documents archivistiques, quelques faits des plus significatifs, si
l'on s'accorde un tant soit peu à les insérer au cadre et aux temps qui leur sont propres,
s'imposent.
En premier lieu, il est à noter que en 1662, date de rédaction par Jean Pinvidic,
prêtre recteur de Lanhouarneau, de l'inventaire des titres de l'abbaye de Daoulas^1
cette
maison demeurait non seulement habitable mais encore réservée à l'usage de l ' a b b é ^ e t
ce malgré le fait que les abbés de Daoulas n'y résidèrent plus de manière régulière depuis
1600, date à partir de laquelle ils furent en effet désormais pourvus en commende. Le
principe de la commende, s'il ne justifiait pas en lui-même la non résidence de l'abbé en son
abbaye, du moins en exprimait-il toute l'inadéquation, de par les abus qu'il suscita. Le cumul
des bénéfices était en effet à tel point chose courante (mais encore admise et prônée) que les
titulaires se trouvaient fréquemment à la tête de plusieurs établissements à la fois, tel
(96) Arch. dép. Finistère, 1H43.
(97) KERHERVE (J.), ROUDAUT (F.), TANGUY (J.), La Bretagne
Croissy,
en
1665 d'après
(98) Arch. Nat., S4841\8 bis. Source citée par CROIX (A.), La Bretagne
la mort,
le
rapport
de Colbert
De
p. 198.
la foi,
et XVIIe
siècles,
la
vie,
p.574, n.7.
(99) PEYRON (P.), " L'abbaye
(100) Arch. dép.
au XVIe
de Daoulas...".,
111e-et-Vilaine,
4J2043,
p.425.
plan du
sieur
Besnard,
ingénieur des
Ponts et
Chaussées.
(Annexe 4).
(101) Arch. dép. Finistère, 1H25.
(102) Ibid.,
F°1r°. C'est du moins ce qui ressort de 1'interprétation que nous donnons de la formulation
suivante "département du seigneur abbé" qui selon nous désignerait la maison de l'abbé.
Charles-Maurice Le Tellier, abbé de Daoulas (1651-1666), et en sus des "abbayes de NotreDame de Bertheuil et Sainct-Benigne de D i j o n " ^ ^ ) . Dans ce cas, force était de devoir
choisir un lieu de résidence plutôt qu'un autre.
En 1773, soit près d'un siècle plus tard, la pérénnité du bâtiment se serait
singulièrement imposée en un tableau immuable si les cartes de l'Histoire n'étaient venues
boulverser l'ordre établi. Ainsi est-il toujours question de cette maison, tenant lieu comme
par le passé de résidence. Pourtant, si la maison abbatiale demeurait résidence, elle ne serait
désormais plus celle de l ' a b b é ^ ^ , comme en témoigne l'extrait d'acte suivant : "Le
requérant Ecuyer Estienne Bolle, ancien commissaire de la Marine, demeurant ordinairement
en la ville de Brest, paroisse de Saint Louis, et de present en la maison abbatiale de lad(ite)
abbaye de Daoulas [,..]" ( 1 0 5 ) .
Encore que le dit bâtiment ne fut alors habitable que parce qu'il eut à subir quelques
réparations. Un document daté de la fin de l'année 1771 relate en effet les réparations qu'il
fut nécessaire d'y entreprendre, et plus précisemment au niveau de sa couverture^ ® . Le
sieur Besnard, ingénieur des Ponts et Chaussées^ ^
estima alors à 30 toises de pierres
ardoisières la quantité de matériaux nécessaire aux réparations de la toiture^
La maison des religieux
(Les deux corps de logis numérotés ABCD sur le plan de 1 7 7 1 ) ^ ^ .
Cette partie de l'abbaye était, en même temps que l'église, dans un tel état de
délabrement en 1765, que le devis réalisé à cette date retrace la situation de la manière
suivante : "Depuis bien des annees il paroit qu'il n'a été fait aucune réparation à l'Eglise de
Daoulas et a la maison des Religieux. La situation de ces deux objets le prouve par leur
mauvais état, et on ne craint point d'avancer que leur ruine totale est proche
•.
Ce devis fait mention d'un "premier pallier", d'un "rez de chaussée" et d'un "deuxième
étage", ce à quoi nous avions préalablement conclu que la maison des religieux disposait de
deux étages. Or, suivant la description des lieux, nous sommes rapidement parvenu à des
illogismes, nous faisant douter de l'existence de ces deux étages. Dans le même temps, un
deuxième devis, daté de 1 7 7 1 ^ ^ , ne faisait mention que de l'existence d'un seul étage. Le
(103)
Ibid.
(104) Après la mort du dernier abbé, Louis de La Mothe Villebret d'Apremont,
il avait en effet été
décidé que le titre d'abbé serait supprimé. Arch. dép. Finistère, 1H80.
(105) Arch. dép. Finistère, 1H69. "Assignation donnée au s(ieu)r Bertrand de Belair, fermier général du
temporel de l'abbaye de Daoulas et de la collégiale du Folgoët pour assistance aux opérations relatives
à la réunion proposée et à la démolition de certains bâtiments dépendants de ces bénéfices" 21 juillet
1773.
(106) Ibid.,
1H69.
"Détail estimatif des réparations à faire à l'abbaye et métairies dépendantes de
Daoulas et de la collégiale du Folgoët suivant notre devis du 24 octobre 1771".
(107) Ibid.,
"Dégradations causées aux bâtiments et aux terres dépendantes de plusieurs métairies" 24
mai 1776.
(108) Ibid.,
"Détail estimatif...", op.
cit.,
montant estimé à 276 livres. 30 toises = 58,47 m (mesure
linéaire).
(109) Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 4J2043, op.
(110) Arch. dép.
Ille-et-Vilaine, Cl253.
cit.
"Devis général
des réparations urgentes a faire à
l'Eglise
abbatiale de Daoulas, à la maison des religieux, et aux maisons, craiches, granches, ecuries, moulins,
fermes et generalement sur tous les bâtiments qui dépendent de la dite abbaye", 1765.
(111) Arch. dép.
Ille-et-Vilaine,
C1254.
"Devis des
réparations
a
faire
à
l'abbaye de
Daoulas,
collégiale du Folgoët avec celles des métairies en dépendantes, fait en 8 b r e 1771" ( 8 b r e = octobre).
et
temps écoulé entre les deux devis était trop court pour que un étage ait subitement disparu,
d'autant qu'il n'en est pas fait mention dans ce deuxième document. Nous nous trouvons en
fait ici confronté à un problème de terminologie : un même vocabulaire ne désignant pas à
deux périodes différentes le même état de choses. Les termes "deuxième étage" désigneraient
en fait un deuxième niveau par rapport au premier qui se trouve être le rez-de-chaussée.
Ce problème résolu, nous pouvons faire, de cette maison, la description qui suit :
Le corps de logis orienté nord-sud disposait au rez-de-chaussée d'une petite chambre,
faisant office, semble-t-il de sacristie, et perçée d'une fenêtre^
d'un cellier et d'une
cuisine dont nous ignorons si elle se trouvait dans ce corps ou dans l'autre accolé. Au premier
étage, de chaque côté d'un corridor s'organisaient les chambres des religieux. Les quelques
mesures données dans le premier devis, si elles permettent de mieux comprendre
l'organisation des lieux, posent néanmoins un problème quant au mode d'accès à la portion
du logis que nous avons quadrillé.
- Les chambres étaient de longueur variable (elles ne sont d'ailleurs pas toutes mentionnées),
et mesuraient 9 pieds de large (à peu près 3m).
- Le corridor venait buter sur la façade nord où s'ouvrait une fenêtre.
- Si on se reporte au plan de 1771 et si on tient compte de l'épaisseur des murs et de la
largeur des chambres, on conviendra que le corridor ne pouvait desservir l'espace considéré,
d'autant qu'il est dit que le corridor faisait 10 toises de long (19,50 m). Cette mesure semble
d'ailleurs en accord avec le plan qui indique une longueur de près de 12 toises : reste donc
un peu plus d'une toise et demie non utilisée (à peu près 3,40m) pouvant correspondre à
l'espace "mangé" par les murs et la cage d'escalier (?).
- Il faudrait donc admettre qu'une porte, en bout de corridor, donnait accès à cet espace. La
chambre ainsi délimitée aurait eu une longueur minimum avoisinant les 8 m. Cette taille pour
une "cellule" de religieux semble relativement imposante : une des chambres nommée "la
chambre de monsieur Auffret" mesurait 4 toises (7, 90 m).
Quant au corps de logis orienté est-ouest, il était occupé au rez-de-chaussée par le
réfectoire, au premier étage par une salle faisant office d'infirmerie et une autre de chapitre,
auxquelles il faut rajouter quelques cabinets, répartis sans autres précisions entre les deux
corps de logis.
L'une de ces chambres (ou cabinets) était nommée en 1731 "Le Trésor"^
et pour
cause, elle renfermait un certain nombre de pièces de valeur dans "un coffre fermant a 3
clefs" ( 1 1 4 ) : "2 grands calices avec leurs patenes argent doré, 1 porte Sacre aussi argent doré,
1 coffre fait en chapelle contenant des reliques (le coffre argent), 1 image de la vierge argent
doré d'environ 2 marcs, 1 croix et un christ aussi argent doré et 2 bagues argent, 2 mitres à
abbé couvertes de petites semences de perles dont l'une brodée d'argent, 2 paires de gants de
satin" ( 1 1 5 ) .
(112) Arch. dép. Finistère, 18L100. "Etat des dégâts faits par le tonnere a l'église paroissiale de la
ville de Daoulas le dimanche au soir 21 9 b r e 1790" ( 9 b r e = novembre), 10 février 1791.
(113) Bibliothèque de la Marine de Brest, Ms. 165.
(114)
Ibid.
(115) Ibid.,
Dans la sacristie, dont le lieu n'est pas précisé, étaient aussi deux calices argent doré.
Au pignon sud du premier corps de logis était un escalier "servant de communication
au corridor et pour monter au clocher"^
Ailleurs, il est décrit comme étant "l'escalier qui
monte du premier etage au second"^ ^ (entendons du rez-de-chaussée au premier étage).
Cet escalier donnait accès à la fois à l'étage de la maison des religieux et à une chambre
située au-dessus de la chapelle du Faou(?), laquelle disposait d'une fenêtre (à l'ouest?) et
menait à la chambre du clocher^
Au rez-de-chaussée, dans le prolongement de l'escalier
devait se trouver une porte, laquelle est dite "ouvrant sur le cloître et menant aux
dortoirs" ( 1 1 9 ) .
L'église
Outre les travaux importants de charpente et couverture qu'il fut urgent d'y
entreprende, l'église est décrite comme ayant plusieurs nefs dont "les deux grandes nefs":
entendons la nef principale et ses deux bas-côtés, dont celui du sud plus proéminant était
aussi nommé "la nef de la chapelle du R o s a i r e " ^ C e s trois nefs aboutissaient donc à trois
choeurs, celui du grand autel, celui de la chapelle du Faou et celui de la chapelle du Rosaire,
pour lesquelles le document ne s'étend pas davantage. Dans les nefs étaient plusieurs petits
autels "abandonnés et interdits depuis plusieurs années" : le devis prévoit de les supprimer.
Il est en outre fait mention d'un "canal en pierre de séparation entre les deux grandes
nefs".
(116) Arch. dép. Ille-et-Vilaine, C1253. "Devis général des réparations urgentes...",op. cit.,
(117) Arch.
dép.
Ille-et-Vilaine,
C1253.
"Procez verbal
pour
la 1 e r e
reception
1765.
des réparations
des
bâtiments de l'abbaye de Daoulas et la collégiale du Folgoet" 3 mars 1769.
(118) Arch. dép. Finistère, 18L100, op.
(119)
cit.
Ibid.
(120) Arch. dép. Ille-et-Vi11 ai ne, Cl 253. "Devis général des réparations urgentes...", op.
cit.,
1765.
CONCLUSION
Il suffit de remonter les marches de ce XVIII e pour renouer la trame de ces fissures
qui, insidieusement, d'ignorances en palliatifs, menèrent finalement à la ruine, non seulement
de cette maison mais plus généralement de l'ensemble des bâtiments de l'abbaye. L'épisode
révolutionnaire n'aura été que l'ultime étape d'un processus déjà amorcé, clairement annoncé,
finalement consommé en ce siècle qui accueillit si bien grandeur et faste dans l'âpreté au
g a i n ^ 2 ^ . L'âme n'était plus à la pureté et la pureté aux lignes architecturales, à réjouir l'oeil
du bienheureux, à sourire aux arcades...ainsi tombèrent les pierres.
Au cours du XIX e , l'abbaye devait subir de nouveaux "aménagements". Nous
retraçons ici la description qu'en fit l'architecte Bigot avant d'entreprendre les travaux de
restauration : "En 1793, lorsque les bâtiments de cette ancienne abbaye furent vendus aux
enchères publiques, les deux ailes sud et nord furent presque aussitôt après démolies, ainsi
que la charpente et couverture du cloître. Plus tard, les restes de ces locaux devinrent la
propriété du général Barbé qui eut le bon esprit de les respecter ; mais lorsqu'il revendit
celle-ci à Mlle de B
, on se mit bientôt après à renverser deux côtés et demi du cloître
(122)
pour en vendre les matériaux"*
(A suivre une vue du cloître en 1867, avant le
2
vandalisme signalé par Bigot)^ "^.
Ainsi donc, le choeur actuel n'est-il qu'une restitution accomplie en 1876 par
B i g o t ^ 2 ^ qui y ajouta une abside et deux absidioles. L'ancien choeur gothique et le transept
avaient en fait été complètement démolis vers 1830, date à laquelle on avait alors fermé le
vaisseau par un mur de fond. L'ancien porche sud du XVI e fut reconstruit et déplacé à
l'entrée du cimetière (1876), et on adossa au mur nord de l'église une sacristie dont la façade
est constituée d'un morceau de l'ancien ossuaire, daté de 1589 et dû à l'abbé René du Louet
(1581 -1598) ( 1 2 5 ) .
(121) Arch. dép. Finistère, 1H70. Extrait des griefs adressés par le sieur Mènes, prêtre chanoine de
l'abbaye de Daoulas, à 1'encontre des Jésuites de Brest en 1761 : "Les pères jésuites ne veulent jamais
suivre les voyes ordinaires comme on l'a desja dit, tout ce qui gêne leur appétit, tout ce qui s'oppose
a
11 étanchement
de
leur
soif
sont
des
monstres
pour
eux,
un
déluge
de
procédures,
un
océan
de
contestations. Voilà les armes dont ils se servirent pour forcer en 1713 les M. M. Chanoines de Daoulas
a se depouiller de leurs droits, pour s'en pouiller eux-mêmes [...]".
(122) BIGOT (P.), "Le cloître
de l'ancienne
abbaye de Daoulas",
(123) Planche tirée de COURCY (P. de), La Bretagne
(124) LECUREUX (L.), Congrès
archéologique
contemporaine,
de France,
dans B.S.A.F.,
1884, p.239.
t.III, p.97.
p. 19.
(125) Il existe une aquarelle de l'ancien ossuaire, réalisée par Eugène Boudin en 1869, avant donc que
Bigot ne le fasse raser. Aquarelle conservée au Louvre.
Vidisse des lettres de la fondation de l'abbaye de Nostre Dame de Daoullas faite par les
seigneurs de Léon, et du don des benefices et des annat.es des prebendes de I'eglize
Cathédrale de Cornouaille faict a lad(ite) abbaye par les seigneurs evesques et le
chapitre dudict Cornouaille.
1-Universis praesentes litteras inspecturis,
R.,
Dei gratia episcopus,
totumque
capitulum corisopitense salutem in Domino.
Litteras venerabilium virorum praedecessorum nostrorum intégras et in nulla parte
sui vitiatas vidimus in haec verba. G., Dei gratia corisopitensis episcopus et ejusdem
eeelesiae capitulum universis Dei fidelibus, salutem.
In perpetuum sui gloria de nobis anui pendentis euntes ea propter quod nostris
temporibus ad honorem Dei et augmentum eeelesiae suae gestum est, semper dignum
duximus commendare utoumnis in posterum controversiae tollatur occasio,
igitur Leoner.sis dominus et uxor sua Nobila,
[F
0
Guidomarus
filiique sui Guidomarus et
Hoervarus
178 v°] divino admonitu impulsi, abbatiam in honorem Beatae Mariae apud Daoullas
fundaverunt, nobis praesentibus et curam et operam diligenter super hoc ad hibentibus et ad
victum
et
vestitum
canonicorum
Domino
Deo
ibidem
lamulantium
in
remissionem
peccatorum suorum hos largiti sunt honores quos in pace et maxima tranquillitate tenebant,
scilicet décimas de Roscoatmael et décimas suas de Sizun et décimas de Rumengoll et
décimas de terra Losoarn filii Alliou et stagnum in Medlec et molendinum quod est in
eodem stagno, et suam partem decimarum de Plouguen et capellam [sic] Coatmeal, et
décimas sua[s] de Tredisel, et sex sextaria frumenti singulis annis de Guibaganec habenda,
et duo molendina in Daoullas et medietatem stagni et aquae ibidem et potagium cervisiae
ejusdem castri uxore senescalli septimam partem quam habebat concedente et dimidium
ciathi mellis in Lanvadur et décimas suas lini de Croazon et de Plougastel et de Ploubennec.
Statuerunt etiam ut canonicus qui celebraret missam in capella castri Daoullas quotidie
commederet in curia Dederunt insuper décimas fabarum et pisorum et ordei in Plouezenni
et Plouneour.
Ego
vero
praenominatus
episcopus
G.
pracbcndam
Daoullas
et
Dirinon
et
praebendam de Rumengol et praebendam de Rosa Monachorum et illam partem praebendae
Irvillac quam Ivo sacerdos habuit et hospilale Sancli Jacobi et hospitale de Treisguinec
praedictae abbatiae,
eu m assensu capituli nostri charitative donavi et quid-quid juris
parrochialis et emolumenti in istis ecciesiis praefatis emerserit abbati et canonicis, in
perpetuum percipere et intégré possidere, salvo jure episcopali, concessi.
Statuimus etiam ego et fratres nostri canonici Sancli Corentini in communi capitulo
ut quolibet canonicorum nostrorum de ecclesia nostra decedentium fructum praebendae
ipsius defuncti per anntim sequentem praenominata ecclesia abbatia[e] intégré percipiat et
oret pro defuncto.
Abbas autem et canonici coram nobis concesserunt ut si aliquis
nostrorum se vellet ad religionem illorum transferre, illum recipient.
canonicorum
Donavit
etiam
Losoarn, filius Ehoarn, decimam suam quam vocant décima filii sarrasceni et Judec filia
Hoervaei, filii Eucuni, dédit decimam et gl-edam de villa glou in Ploudiry. Dederunt insuper
praedictus Guidomarus Leoniae dominus et uxor sua et filii sui supradictae abbatiae terram
Forquilly [F 0 179 r ° ] et miles qui eam tenebat et de terra illa homo vice-commetissae erat,
similiter et homo abbatis esset et terram Forquilly de illo teneret, tam ipse quam haeredes
sui, et Terguisiaech, de terra illa scilicet, undecim solidos annuatim, sicut et prius, vigilia
natalis Domini abbati et canonicis persolveret.
Dederunt etiam eidem abbatiae libéré et intégré terram an Fresq a Forquilli usque ad
Rupem Luporum ; et vice commes du Faou qui terram illam calumniabat postea, Dei
voluntate et ipse et fratres eius et filii. calumniam coram nobis dimiserunt et terram du Fresq
ex parte sua Beatae Mariae libéré concesserunt.
Item alias etiam litteras vidimus sub hac forma.
2-Universis praesentes litteras inspecturis, Guillelmus, Dei gratia
Corisopitensis
episcopus totumque ejusdem eeelesiae capitulum, salutem in D(omi)no.
Noveritis nos, de communi consensu nostro, dedisse et concessisse abbatiae de
Daoullas, pio charitatis intuitu, de Plebe Castelli, de Loco Sanctae Brigidae,
Sanctae
Nonnitae, Sancti Baharni, Sancti Thomae de Landerneau, Sancti Pétri et Sancti M o n n a e de
Irvillac, et Rosa Monachorum
ecclesias,
hospitale de Treizguinec,
et parrochiam
de
Daoullas, et medietatem decimarum de Roschanvel, et quandam decimunculam in Irvillac,
salvo jure episcopali, in perpetuo possidenda.
D e communi etiam voluntate nostra concessimus et consensu
ut dicta abbatia
percipiat fructum praebendarum cononicorum in nostra ecclesia decedentium per annum
integrum post obitum cujuslibet canonici decedentis. Ecclesiam etiam Sancti Jacobi eidem
abbatiae juxta formam praemissam duximus concedendam ; quod ut ratum et firmum in
perpetuum habeatur sigillis nostris praesentes litteras duximus sigillandas.
Datum apud Lannidron, anno gratiae millesimo ducentesimo octavo decimo.
Nos itaque praedictarum litterarum tenorem et seriem plenius attendentes, donationes
in eis contentas approbamus et sigillorum nostrorum munimine communimus, eo non
o[b]sistante quod prior domus Dei de Quimper Corentin petebat quadraginta dies deduci et
sibi concedi de anniversario praebendarum, cum donatio dictae abbatiae factu
multo
tempore praecesserit, secundum utruuique partis seriem litta[ra]rum.
Datum apud Quimper Corentin, die martis post Dominicain quae cantatur Jubilate,
anno gratiae millesimo ducentesimo quadragesimo quarto, mense aprili.
[F 0 179 v°]
Coppie des fondations faictes par Iierve, seigneur de Léon et de Chasteau Neuf,
confirmatives de celles de ses predecesseurs, par lesquelles il exempte lad(ite) abbaye
pour les choses y contenues de tout devoir fors de celluy des prieres et messes.
3-Universis praesentes litteras inspecturis vel audituris Hervaeus de Leonia d o m i n u s
castri novi salutem in D(omi)no. Noveritis nos vidisse litteras Hervaei de Leonia patris
nostri non abolitas, non cancellatas, nec in aliqua sui parte vitiatas in haec verba.
Universis praesentes litteras inspecturis Hervaeus de Leonia salutem in D ( o m i ) n o .
Noveritis nos chartam
Hervaei
de Leonia
avi nostri
super
donationibus
ab
ipso
et
praedecessoribus nostris abbatiae Beatae Mariae de Daoullas factam renovasse quae incipit
in haec verba.
Universis praesentes litteras inspecturis Hervaeus de Leonia salutem in D ( o m i ) n o .
Noverit universitas vestra nos libéré intégré concessisse universos redditus quos G. pater
meus, N . mater mea et G. frater meus abbatiae et canonicis Beatae Mariae de Daoullas
charitative donaverunt parochiam scilicel ejusdem castri et medietatem stagni et aquae et
suorum molendinorum in eodem Castro existentium et potagium cervisiae evisdem castri et
décimas de Sizunlt, décimas de quarta parte Losoarn
in Irvillac, et décimas suas de
Roschanvel, et ecclesiam de Rosa Monachorum, et terram dimidii ciati mellis in L a n u a d u r ,
et Terguisiaech de Forquilly, undecim sciiicet solidos annuatim reddendos, et militem qui
eandem terram tenebat hominem proprium, et terram an Fresque a Forquilly usque ad
rupem luporum, et villam Pauli in Plougastel, et homines in eisdem castris terris existentes
abomni subiectione nostra et nostrorum
oblatrans
invidis
irrumpat
in calumniam
liberos et immunes.
praedictorum
N e igitur apud
bonorum,
posteras
donationem
litterali
memoriae duximus commandare et sigilli nostri munimine confirmare.
Actum ab Incarnatione Domini, anno millesimo centesimo octogesimo sexto.
Praeterea noveritis nos chartam Hervaei de Leonia patris nostri super donationibus
ab ipso et praedecessoribus nostris abbatiae Mariae de Daoullas factum renovasse quae
incipit in haec verba.
[F° 180 r ° ]
4-Universis praesentes litteras inspecturis Hervaeus de Leonia salutem in D ( o m i ) n o .
Ad
notitiam
universitatis
vestrae
cupio
pervenire
me
chartam
H.
patris
mei
super
donationibus ab ipso et praedecessoribus meis abbatiae Beatae Mariae de Daoullas, factum
renovasse quae incipit in haec-verba.
Universis praesentes litteras inspecturis heraeus de Leonia salutem in
Domino.
Noverit universitas vestra nos libéré et intégré concessisse universos redditus quos G. pater
meus et N . mater mia et G. frater meus abbatiae et cononicis Beatae Mariae de Daoullas
charitative donaverunt parochiam scilicet ejusdem castri et medietatem stagni et aquae et
suorum molendinorum in eodem castro existentium et potagium cervisiae evisdem castri, et
décimas de Sizum, et décimas de quarta parte Losoarn in Irvilac, et décimas suas de
Roschanvel, et ecclesiam de Rosa M o n a c h o r u m , et terram dimidii ciati mellis in L a n v a d u r ,
et Terguisiaec de Forquilly, undecim scilicet solidos annuatim reddendes et militem qui
eandem terram tenebat hominem proprium, et terram an Fresque a Forquilly usq.ue ad
rupem suporum,
et villam Pauli in Plougastel,
et ho(min)es in eisdem castris
terris
existentes ab omni nostra subjectione et nostrorum liberos et immunes. N e igitur apud
posteras oblatrans invidia
irrumpat
in calumniam
praedictorum
bonorum
donationem
litterali memoriae duximus c o m m e n d a r e et sigilli nostri munimine confirmare.
Actum ab incarnatione Domini, anno millesimo centesimon octogesimo sexto.
Nos igitur praedictas donationes per omnia approbamus et per praesentes litteras
confirmamus. Praterea nos divinae charitatis intuitu accensi, eidem abbatiae très petratas
frumenti per annos singulos duximus concedendas in decimis nostris in Plebe Castelli,
Eiscoat, recepiendas.
Datum apud Treizfanguen in motu peregrinationis nostrae ad Hierosolimam, anno
gratiae millesimo ducentesimo octavo decimo.
Nos itaque omnes praedictas concessiones donationes et libertates in praedictis
comprehensas litteris ratas habemus et authoritate praesentium litterarum c o n f i r m a m u s in
praedictis terrisi, decimis et juribus et hominibus nihil nobis poenitus retinentes praeter
orationes et missas.
Actum apud Daoullas,
trigesimo nono, mense aprili".
anno ab Incarnatione
D(omi)ni
millesimo
ducentesimo
Nos itaque Hervaeus de Leonia, dominus castri novi, cognito ab abbate et conventu
Beatae Mariae de Daoullas quod nihil intelligatur per huiusmodi vocabulum parochiam de
Daoullas,
contentum
in dictis
chartis
nisi
ius patronatus,
omnia
praedicta
duximus
confirmanda sicut et pater noster confirmavit. Praterea dedimus et concessimus dictis abbati
et conventus [sic] de Daoullas charitatis intuitu, medietatem fullonici molendini de Daoullas
in cujus possessione non fuerunt en tempore patris nostri nec in tempore antecessorum
nostrorum et medietatem fulloniae nostrae et molturae nostrae de Daoullas, s o l u m m o d o ita
tamem quod in moltura et fullonia extra villam nihil possint petere nisi de voluntate nostra.
In cujus rei
[F 0 180 v°]
testimonium
praesentibus
litteris
nostrum
sigillum
duximus
apponendum.
Datum mense augusto, anno Domini millesimo ducentesimo sexagesimo secundo.
CHRONOLOGIE DES ABBES DE DAOULAS
A bbés réguliers
Rivallon
Guillaume
? _
Hervé
Even
G.
Hervé de Guicastel
Daniel
Daniel
Guy Potaire
Hervé de Forquilly
Alain Seissoris de Forquilly
Hervé de Poulmic
Jean Guerault
Louis de La Palue
Etienne Petit
Gui Manfuric
Guillaume Le Lay
Jean Du Largez
Charles Jégou
Olivier Du Chastel
Jean Prédour
Jean de Kerguiziau
René Du Louet
Abbés
1130
1180 -1199
? - 1200
1200 -1233
? - 1251
? . 1281
? . 1285
? - 1287
? - 1309
? . 1325
1325 -1351
? . 1352
1352 -1398
1399 -1409
1410 -1440
1441 -1468
1468 -1502
1502 -1520
1519 -1535
1536 -1550
1550 -1573
1573 -1581
1581 -1598
commendataires
René de Rieux
Charles Maurice Le Tellier
De La Mothe Villebret d'Apremont
1600 -1651
1651 -1666
1667 -1692
Annexe 4
Plans de l'abbaye de Daoulas
- Plan de M. Besnard, ingénieur des Ponts et Chaussées, 1771. Arch. dép. Ille-et-Vilaine,
4J2043.
- Plan de l'ancien choeur Gothique, copie d'après M. Bigot, 1875. Document communiqué
par M. Le chanoine Falc'Hun.
- Plan de M. Chaussepied, fin XIX e . Plan communiqué par M. le curé de Daoulas.
- Plan de M. Bigot, fin XIX e . Archives de l'évêché de Quimper.
SL
{ha n ci cul.
(
au, èuiy
Sont ùj t v W ^ X "
Su-fîodcUAl;• I
-
gA9
P
~ H ^ *—1 ^^ 1 *
Ht/
â*
H
•
/
—LJ
^OjTL jmirta/-
Jkt
——
Jba/î-mcuj
<9t- - atzou fed -^o-Wc rJchvtZ. 0 Ùl/ed^ (stcJL*
(L H<rfccr iïtvù âu.
paA.
Xto-v* -ri^j
l o * :
»
UiL^t
jjrfit
J
16
U
=1 15
cx-ù^iJ?
$
r
ifift
_
et m
u t en. w i | e (jlL'J
b W
^eiftA- ^ ^
(XIX*) xbrwve «4\e
u o ^
y f i ^
<&'cùjwve x^-mms ^ ^
.^ctT-vcX^-' A & 1e V e 4
Ce« rtri) Att# & /1n,a4- yrvedi
Jl».
, & MOV
-ffr)^
otrrteKeAA «n.
ES r
D A O U U AS .
C. fi^fev-e'
càcewJv- -à
AàtC'aUZ
^trtdUv
C-
Ch. ^Xu^fjàe^l .
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE
SOURCES MANUSCRITES
Archives départementales
du Finistère
1H25 : Inventaire général des titres de l'abbaye de Daoulas.
1H26 : ibid.
1H43 : Baux à ferme en Daoulas.
1H63 : Déclarations à domaine, baillées, procédures (1489-1749).
1H69 : Réparations et suppressions de bâtiments (1771-1767).
1H70 : Construction d'un presbytaire à Daoulas et réparation du reliquaire (1723-1762).
1H79 : Cartulaire factice fait de copies exécutées au début du XIX e siècle (1186-1611).
1H80 : Union au séminaire de la marine (1681-1770).
18L100 : Conservation et entretien des églises et chapelles (1790-an VI).
Archives départementales
d'IUe-et-Vilaine
C1253 : Ordonnances de l'intendant et sa correspondance avec les secrétaires d'Etat
concernant l'administration et l'entretien de l'abbaye de Daoulas, anciennement unie au
séminaire des aumôniers de la marine à Brest. Etat et devis des réparations à faire aux
bâtiments et dépendances de l'abbaye de Daoulas (1765-1769).
C1254 : Procès verbal des réparations à faire aux maisons et logements de différentes
métairies dépendant de l'abbaye de Daoulas (1770). Correspondance entre l'intendant et M.
Marchai de Saincy relative à la suppression de plusieurs édifices dépendant de l'abbaye.
4J2043 : Plans de l'église et des bâtiments de l'abbaye.
1F1 (01) : Clichés photographiques, lithographie.
Bibliothèque
de Nantes
Nous soulignons ici une erreur commise à l'inventaire et relative au contenu de document.
Ms.949 : Reconstruction de l'abbaye de Daoulas (1722-1723).
(Il s'agit en fait d'un document concernant la reconstruction de l'église de Loperhet, laquelle
dépendait de l'abbaye).
Bibliothèque
de l'abbaye de
Landévennec
Manuscrit non côté : Mémoires pour servir à l'Histoire de l'abbaye de Daoulas de l'ordre des
chanoines réguliers de Saint Augustin au diocèse de Quimper Corentin en Basse Bretagne.
Dressées en l'an 1699 pour l'usage du frère Louis Pinson, prêtre prieur recteur de Ploudiry et
chanoine profès de ladite abbaye de Daoulas, depuis l'année 1686.
Bibliothèque
de la Marine de Brest
Ms.165 : dossiers de pièces originales et de mémoires sur divers établissements de Brest.
SOURCES PUBLIEES
COURSON (A. de), Cartulaire de l'abbaye de Redon, Paris, 1863.
DEUFFIC (J.-L.), "Les documents
1978, p.83-102, 1979, p.103-147.
nécrologiques
de l'abbaye
de Daoulaé', dans
B.S.A.F.,
KERHERVE (J.), ROUDAUT (F.), TANGUY (J.), La Bretagne en 1665 d'après le rapport
de Colbert de Croissy, Brest, C.R.B.C., 1978.
LA BIGNE VILLENEUVE (P. de), "Cartulaire de l'abbaye Saint-Georges
B.M.S.A.I.V., 1876, p.1-267.
LA BORDERIE (A. de), Cartulaire de l'abbaye de Landévennec,
LE GRAND (A.), La vie des Saints de la Bretagne Armorique,
de Rennes!', dans
Rennes, 1888.
Nantes, 1636, Quimper, 1901.
LE PELLETIER (dom), Dictionnaire de la langue bretonne ou l'on voit son antiquité, son
affinité avec les anciennes langues, l'explication de plusieurs passages de l'Ecriture Sainte et
des auteurs profanes avec l'étymologie de plusieurs mots des autres langues, Delaguette,
Paris, 1752.
LEVOT (P.), "Daoulas et son abbaye", dans B.S.A.B., 1875-1876, p. 113-190.
LOBINEAU (G.-A. dom), Histoire
originaux, Paris, 1885.
de Bretagne
composée
MAITRE (L.), BERTHOU (P.), Cartulaire Sainte-Croix
1904.
sur les titres
de Quimperlé,
et les
auteurs
2 e éd., Rennes-Paris,
MORICE (P.-H. dom), Mémoires pour servir de preuves à l'histoire ecclésiastique et civile de
Bretagne, Paris, 1750-1756, 3 vol.
PEYRON (P.), "L'abbaye de Daoulas d'après les mémoires
B.S.A.F., 1897, p.197-231, 241-256, 317-350, 425-440.
B.D.H.A.,
"Actes du Saint-Siège
1914.
concernant
les évëchés
de dom Louis Pinson", dans
de Quimper
et de Léon", dans
BIBLIOGRAPHIE
BIGOT (P.), "Le cloître de l'ancienne abbaye de Daoulas/', dans B.S.A.F.,
1884, p.239.
CASTEL (Y.-P.), "Le patrimoine artistique", dans B.S.A.F., 1977, p.154-155.
CHEDEVILLE (A.), TONNERRE (N.-Y.), La Bretagne féodale XIe-XIIIe,
France Université, 1984.
COURCY (P. de), La Bretagne contemporaine,
Rennes, Ouest-
Charpentier, 5 vol., Paris, 1865.
COUFFON (R.), LE BARS (A.), Nouveau répertoire des églises et chapelles : diocèse de
Quimper et Léon, Presse Bretonnes, Saint-Brieuc, 1959.
CROIX (A.), La Bretagne aux XVIe
et XVIIe
siècles, la vie, la mort, la foi, Paris, 1981.
DENIFLE (H.), La désolation des églises, monastères et hôpitaux en France pendant la guerre
de cent ans, t.I, Mâcon, 1897, t.II, Paris, 1899.
DEUFFIC (J.-L.),
"Daoulas au Moyen-Age",
dans C.I., 1980, p.85c
"Monuments et ojets d'art du Finistère, Etudes, découvertes
(année 1983-84)", dans B.S.A.F., 1984, p.322-323.
"L'abbaye de Daoulas!', dans Les abbayes bretonnes,
Andrejewsky, Le Sarment-Fayard, 1983.
et
restaurations
publié sous la dir. de
FLEURIOT (L.), Dictionnaire des gloses en vieux breton, Paris, 1964.
K. (Y.-M.), "Dans le passé de Daoulas!', dans C.I., 1962.
KERHERVE (J.), L'Etat breton aux XIVe
vol., Maloine, Paris, 1987.
et XVe
S., Les Ducs, l'argent et les hommes, 2
LA MONNERAY (C.), "Essai sur l'histoire de l'architecture
durée des XIe et XIIe S.", dans B.A.A.B., 1849, p.41-191.
religieuse en Bretagne pendant la
LECUREUX (Y.-P.), Congrès archéologique de France, Brest-Vannes, 1914.
LE DUC (P.), Histoire de l'abbaye Sainte-Croix
de Quimperlé,
1863.
PLANCHAIS (L.), Géographie paroissiale de l'ancien diocèse de Léon des origines au
siècle, Mémoire de Maîtrise, U.B.O., Brest, 1992.
POCQUET DU HAUT-JUSSE (B.), "Les abbés commendataires
catholique au XVIIe S. en Bretagne", dans B.P.H., 1966, p.721-759.
en face de la
XVe
réforme
BIBLIOGRAPHIE
ABGRALL (J.M), Le livre d'or des églises de Bretagne, Rennes, 1886 -1902, pp 4 -8.
AUBERT (M), Cathédrales, abatiales, collégiales, prieurés romans de France,
Grenoble, Arthaud, 1968.
AUBERT (M), L'art roman en France, Paris, Flammarion, 1961, pp 115 - 130.
AUBERT (M), Thirion, Cathédrales et Abatiales romanes de France, Paris, 1965.
BAILLIEU (M), L'abbaye de Daoulas, rapports de fouilles 1990, 1991, 1993
BARDEL (A), L'abbaye de Landévennec, rapports de fouille, 1985 et 1988.
BIGOT (P), "Le cloître de l'ancienne abbaye de Daoulas", in B.S.A.F., 1884.
BONDE (S), MAINES (C), "Saint - Jean Des Vignes", une abbaye augustinienne à
Soissons, in Archéologia n° 257, 1991.
CASTEL (Y.P), Le patrimoine artistique, in B.S.A.F., 1977, p 154 - 155.
CHEDEVILLE (A), TONNERE (N.Y.), La Bretagne féodale Xle - Xllle, Rennes,
Ouest-France, 1987.
COUFFON (R), LE BARS (A ), Nouveau répertoire des églises et chapelles: diocèse de
Quimper et Léon, Saint Brieuc, 1959.
COURCY (P. de), La Bretagne contemporaine, Charpentier, 5 vol., Paris, 1865.
CROIX (A), La Bretagne aux XVIe et XVIIe siècles, la vie, la mort, la foi, Paris, 1981.
DENIFLE (H), La désolation des églises, monastères et hôpitaux en France pendant la
guerre de Cent Ans, T.I, Mâcon, 1897, t.II, Paris, 1899.
DUBY (G), Le Moyen Age, Adolescence de la chrétienté occidentale, Flammarion,
1984.
DUBY (G), Le Moyen Age, Fondement d'un nouvel humanisme, Flammarion, 1984.
DEUFFIC (J.L), "Daoulas au Moyen - Age", in C.I., 1980, p 85c.
FLEURIOT (L), Dictionnaire des gloses en vieux breton, Paris, 1964.
GRAND (R), L'art roman en Bretagne, Paris, 1958, p 110.
KERHERVE (J), L'Etat Breton aux XlVe et XVe siècles, Les Ducs, L'argent et les
hommes, 2 volumes, Maloine, Paris, 1987.
LA BORDERIE (A. de), Cartulaire de l'abbaye de Landévennec, Rennes, 1888.
LA MONNERAY (C), "Essai sur l'histoire de l'architecture religieuse en Bretagne
pendant la durée des Xle et Xlle siècles, in B.A.A.B., 1849, p. 41 -191.
LE GRAND (A), La vie des Saints et des de la Bretagne Armorique, Nantes, 1636,
Quimper, 1901, pp 52-58.
LEON (A), Mémoire de D E A . "Abbaye de Daoulas, des origines à 1792", juin 1993.
LEVOT (P), Daoulas et son abbaye, in B.S.A.B, 1875 - 1876, pp 113 -190.
LOBINEAU (G.A. dom), Histoire de Bretagne composée sur les titres et les auteurs
originaux, Paris, 1885.
MORICE (P.H. dom), Mémoires pour servir de preuves à l'histoire ecclésiastique et
civile de Bretagne, Paris, 1750 - 1756, 3 volumes.
MUSSAT (A), Art et culture de Bretagne, un millénaire, Berger - Levrault, Paris, 1979.
MUSSAT (A), Deux cloîtres bretons du Xlle siècle, Mélanges, René Crozet, 1966.
PLANCHAIS (L), Géographie paroissiale de l'ancien diocèse de Léon des origines au
XVe siècle, Mémoire de Maîtrise, U.B.O., de Brest, 1992.
PEYRON (P), "L'abbaye de Daoulas d'après les mémoires de dom Louis Pinson", in
B.S.A.F., 1897, pp 197 -231, 241 -256, 317 - 350, 425 - 440.
PLANCHAIS (L), Géographie paroissiale de l'ancien diocèse de Léon des origines au
XVe siècle, Mémoire de Maîtrise, U.B.O., Brest, 1992.
POCQUET DU HAUT - JUSSE (B), "Les abbés commendataires en face de la réforme
catholique au XVIIe siècle en Bretagne, in B.P.H., 1966, pp 721 -759.
RACINET (P), LAPHUNG (F), PEREIRA DA SILVA (M), CUSSONOT (O), Vie et
mort dans un prieuré clunisien, 1990, ppl95 - 228.
SIMON (M), L'abbaye de Landevennec, Ouest - france, 1985.
Téléchargement