vetagro sup campus veterinaire de lyon

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VETAGRO SUP
CAMPUS VETERINAIRE DE LYON
Année 2016
- Thèse n°075
VACCINATION CONTRE LES MALADIES VECTORISÉES
DU CHIEN
THESE
Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD - LYON I
(Médecine - Pharmacie)
et soutenue publiquement le 27 octobre 2016
pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire
par
Esther PICCIRILLO
Née le 9 octobre 1990
à Paris (12ème)
VETAGRO SUP
CAMPUS VETERINAIRE DE LYON
Année 2016
- Thèse n°075
VACCINATION CONTRE LES MALADIES VECTORISÉES
DU CHIEN
THESE
Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD - LYON I
(Médecine - Pharmacie)
et soutenue publiquement le 27 octobre 2016
pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire
par
Esther PICCIRILLO
Née le 9 octobre 1990
à Paris (12ème)
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LISTE DES ENSEIGNANTS DU CAMPUS VÉTÉRINAIRE DE LYON
Mise à jour le 09 juin 2015
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Nom
ALOGNINOUWA
ALVES-DE-OLIVEIRA
ARCANGIOLI
ARTOIS
BARTHELEMY
BECKER
BELLUCO
BENAMOU-SMITH
BENOIT
BERNY
BERTHELET
BONNET-GARIN
BOULOCHER
BOURDOISEAU
BOURGOIN
BRUYERE
BUFF
BURONFOSSE
CACHON
CADORE
CALLAIT-CARDINAL
CAROZZO
CHABANNE
CHALVET-MONFRAY
COMMUN
DE BOYER DES ROCHES
DELIGNETTE-MULLER
DEMONT
DESJARDINS PESSON
DJELOUADJI
ESCRIOU
FAU
FOURNEL
FREYBURGER
FRIKHA
GILOT-FROMONT
GONTHIER
GRAIN
GRANCHER
GREZEL
GUERIN
HUGONNARD
JUNOT
KECK
KODJO
LAABERKI
LACHERETZ
LAMBERT
LATTARD
LE GRAND
LEBLOND
LEFRANC-POHL
LEPAGE
LOUZIER
MARCHAL
MOUNIER
PEPIN
PIN
PONCE
PORTIER
POUZOT-NEVORET
PROUILLAC
REMY
RENE MARTELLET
ROGER
SABATIER
SAWAYA
SCHRAMME
SEGARD
SERGENTET
SONET
THIEBAULT
TORTEREAU
VIGUIER
VIRIEUX-WATRELOT
ZENNER
Prénom
Théodore
Laurent
Marie-Anne
Marc
Anthony
Claire
Sara
Agnès
Etienne
Philippe
Marie-Anne
Jeanne-Marie
Caroline
Gilles
Gilles
Pierre
Samuel
Thierry
Thibaut
Jean-Luc
Marie-Pierre
Claude
Luc
Karine
Loic
Alice
Marie-Laure
Pierre
Isabelle
Zorée
Catherine
Didier
Corinne
Ludovic
Mohamed-Ridha
Emmanuelle
Alain
Françoise
Denis
Delphine
Pierre
Marine
Stéphane
Gérard
Angeli
Maria-Halima
Antoine
Véronique
Virginie
Dominique
Agnès
Anne-Cécile
Olivier
Vanessa
Thierry
Luc
Michel
Didier
Frédérique
Karine
Céline
Caroline
Denise
Magalie
Thierry
Philippe
Serge
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Emilie
Delphine
Juliette
Jean-Jacques
Antonin
Eric
Dorothée
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Unités pédagogiques
Pathologie du bétail
Gestion des élevages
Pathologie du bétail
Santé Publique et Vétérinaire
Anatomie Chirurgie (ACSAI)
Pathologie du bétail
Pathologie morphologique et clinique des animaux
Equine
Biologie fonctionnelle
Biologie fonctionnelle
Anatomie Chirurgie (ACSAI)
Biologie fonctionnelle
Anatomie Chirurgie (ACSAI)
Santé Publique et Vétérinaire
Santé Publique et Vétérinaire
Biotechnologies et pathologie de la reproduction
Biotechnologies et pathologie de la reproduction
Biologie fonctionnelle
Anatomie Chirurgie (ACSAI)
Pathologie médicale des animaux de compagnie
Santé Publique et Vétérinaire
Anatomie Chirurgie (ACSAI)
Pathologie médicale des animaux de compagnie
Biologie fonctionnelle
Gestion des élevages
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Gestion des élevages
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Pathologie morphologique et clinique des animaux
Santé Publique et Vétérinaire
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de compagnie
de compagnie
de compagnie
de compagnie
de compagnie
de compagnie
Grade
Professeur
Maître de conférences
Maître de conférences
Professeur
Maître de conférences
Maître de conférences
Maître de conférences
Maître de conférences
Professeur
Professeur
Maître de conférences
Professeur
Maître de conférences
Professeur
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Professeur
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Maître de conférences
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Professeur
Professeur
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Professeur
Professeur
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Professeur
Professeur
Maître de conférences
Professeur associé
Maître de conférences
Maître de conférences
Maître de conférences
Maître de conférences
Maître de conférences
Professeur
Maître de conférences
Professeur
Contractuel
Contractuel
stagiaire
Contractuel
Contractuel
stagiaire
Contractuel
4
REMERCIEMENTS
A Monsieur le Professeur Frédéric BERARD De la faculté de médecine de Lyon Pour me faire l’honneur d’accepter la présidence de ce jury de thèse Hommages respectueux et tous mes remerciements A Monsieur le Docteur Ludovic FREYBURGER Du campus vétérinaire de Lyon de VetAgro Sup Pour avoir encadré ce travail avec précision et bienveillance, Pour votre patience et votre soutien, Avec toute ma reconnaissance et mes plus sincères remerciements A Monsieur le Professeur Luc CHABANNE Du campus vétérinaire de Lyon de VetAgro Sup Pour me faire l’honneur d’accepter de juger ce travail et de participer à ce jury de thèse, Pour votre disponibilité et votre gentillesse, Avec toute ma gratitude 5
6
REMERCIEMENTS
À ma maman,
Pour ton soutien inconditionnel, contre vents et marées, et pour ta confiance inexorable en
moi. Sans toi, rien n’aurait été possible.
Du plus profond de mon cœur, merci.
Je t’aime.
À mon papa,
Avec tous mes regrets, tous mes remords, et tout mon amour.
Babičce,
Za každodenní inspiraci,
Stále nemám řidičský průkaz, ale doktorát už snad ano ! Tak strašně mi chybíš.
À Gerhard,
Pour ta bonne humeur et ta bienveillance,
Merci pour tout.
À mes amis,
Pour tous ces moments si précieux à vos côtés, qui ont rendu ma vie bien plus drôle, plus
pétillante, plus imprévisible et tellement plus douce, par temps de légèreté ou de grand
chagrin.
J’ai beaucoup de chance de vous avoir, et vous dois beaucoup.
Au Docteur Bernard Biemans,
Pour m’avoir laissé faire de l’Espigaou ma seconde maison pendant bien des années, et
m’avoir guidée si tôt vers ce métier qui devient le mien. Sincèrement, merci.
7
8
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS TABLE DES ILLUSTRATIONS LISTE DES ABRÉVIATIONS INTRODUCTION 5 13 15 17
I) ETUDE DU SYSTEME HÔTE-­‐‑VECTEUR-­‐‑AGENT PATHOGÈNE
19 A) Caractères généraux – Histoire naturelle 1) Babesia canis – agent de la babésiose canine a) b) c) d) e) Caractères morphologiques et taxonomiques Vecteur Prévalence et répartition géographique en France Cycle parasitaire Quelques données cliniques 2) Borrelia burgdorferi – agent de la borréliose de Lyme a) b) c) d) e) Caractères morphologiques et taxonomiques Vecteur Prévalence et répartition géographique en France Cycle de développement Quelques données cliniques 3) Leishmania infantum – agent de la leishmaniose canine a) b) c) d) e) f) Historique Caractères morphologiques et taxonomiques Vecteur Prévalence et répartition géographique en France Cycle parasitaire Quelques données cliniques B) Réponse immunitaire de l’hôte contre le vecteur 1) Rappels d’immunologie : présentation des acteurs de la réponse immunitaire a) b) c) d) e) Les cellules dendritiques Les macrophages Les neutrophiles Les populations lymphocytaires Le système du complément 2) Immunité de la barrière cutanée 3) Propriétés immunomodulatrices de la salive d’arthropodes a) b) Modulation de la réponse immunitaire innée Modulation de la réponse immunitaire acquise C) Réponse immunitaire de l’hôte contre l’agent pathogène 1) Leishmaniose canine a) b) c) Réponse immunitaire innée Dualité des patients infectés : porteurs asymptomatiques et individus malades Dualité de réponse immunitaire 2) Babésiose canine 9
19 19 20 20 24 25 25 27 28 28 31 32 33 34 35 35 37 38 38 40 42 42 42 42 43 43 46 47 48 48 52 54 54 54 55 57 61 a) b) c) 62 63 66 66 66 67 Réponse immunitaire innée Réponse immunitaire acquise Stratégies d’échappement au système immunitaire de l’hôte 3) Borréliose de Lyme 1) 2) Immunité innée Immunité acquise II) VACCINATION CONTRE LES MALADIES VECTORISÉES DU CHIEN
69
A) Leishmaniose 1) Généralités et protocole vaccinal a) b) c) d) 69 70 70 70 71 72 73 73 74 74 Recommandations d’administration Protocole vaccinal Test sérologique préalable Précautions d’emploi 2) Composition a) b) Antigènes Adjuvant 3) Efficacité 4) Mode d’action du vaccin 5) Innocuité et effets secondaires associés B) Babésiose 1) Historique et stratégie vaccinale 2) Généralités et protocole vaccinal a) b) c) 77 78 80 80 80 80 81 81 82 82 83 84 Recommandations d’administration Protocole vaccinal Précautions d’emploi 3) Composition a) b) Antigènes Adjuvant 4) Efficacité 5) Innocuité et effets secondaires rapportés 85 C) Borréliose de Lyme 1) Généralités et protocole vaccinal a) b) c) 87 87 87 87 88 88 88 88 89 Recommandations d’administration Protocole vaccinal Précautions d’emploi 2) Composition a) b) Antigène Adjuvant 3) Efficacité 4) Effets secondaires 92 CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE 10
95 97 11
12
TABLE DES ILLUSTRATIONS
Figure 1 : Frottis de chien infecté par Babesia canis Figure 2 : Dermacentor reticulatus Figure 3 : Cycle évolutif de Dermacentor reticulatus Figure 4 : Adultes Dermacentor reticulatus en attente d'hôte Figure 5 : Distribution géographique de Dermacentor reticulatus Figure 6 : Répartition géographique des cas de babésiose canine en France Figure 7 : Schéma simplifié du cycle évolutif parasitaire de Babesia Figure 8 : Observation en microscopie électronique de Borrelia Burgdorferi Figure 9 : Ixodes ricinus Figure 10 : Cycle de développement d'Ixodes ricinus Figure 11 : Aire de répartition d’Ixodes ricinus en France métropolitaine Figure 12 : Observation microscopique de formes amastigotes de Leishmania infantum Figure 13 : Observation microscopique de formes promastigotes de Leishmania infantum Figure 14 : Observation microscopique de Phlebotomus sp Figure 15 : Carte des maximas de cas de leishmaniose canine par département en 2004 et 2011 Figure 16 : Profil de cytokines Th1/Th2 Figure 17 : Différenciation des cellules T helper Figure 18 : La voie d'activation alterne du complément Figure 19 : Effet de la salive de tique (ou de l’extrait de glandes salivaires) sur les macrophages, Figure 20 : Impact des cytokines Th1 ou Th2 sur le métabolisme L-­‐‑arginine du macrophage Figure 21 : Modèle théorique des cellules et des molécules impliquées dans l’immunité contre Babesia Figure 22 : Mécanismes immunitaires mis en jeu lors de la vaccination avec CaniLeish® 13
20 21 21 22 23 24 25 28 29 29 30 36 36 37 38 44 45 47 50 59 65 78 14
LISTE DES ABREVIATIONS
ACVIM : American College of Veterinary Internal Medecine ADN : Acide désoxyribonucléique ASP : Antigènes parasitaires de surface CD : Cluster of Differenciation CMH : Complexe majeur d’histocompatibilité ELISA : Enzyme linked immunosorbent assay gp63 : Glycoprotéine 63 IFI : Immunofluorescence indirecte IFN : Interféron Ig : Immunoglobuline IL : Interleukine Irac : Ixodes ricinus anticomplement proteins I et II Iris : Ixodes ricinus immunosuppressor Isac : Ixodes scapularis anticomplement protein IxAC : Ixodes Anti-­‐‑Complement kg : kilogramme LPG : Lipophosphoglycane Th : Lymphocyte T helper Treg : Lymphocyte T régulateur mg : milligramme NO : Monoxyde d’azote NO2 : Dioxyde d’azote NK : Natural killer Osp : Outer surface protein rOspA : Recombinant outer surface protein Salp : Salivary Protein TLR : Toll-­‐‑like receptor TNF : Tumor necrosis factor PCR : Polymerase chain reaction 15
16
INTRODUCTION
Depuis de nombreuses années, la vaccination permet chez l’homme comme chez l’animal la maîtrise de nombreuses maladies bactériennes, parasitaires et virales. Au cœur de la médecine préventive, la vaccination a ainsi permis de contrôler et de diminuer considérablement l’incidence d’affections graves et potentiellement mortelles. Parmi les vaccins mis au point, certains visent à développer une immunité adaptative contre des agents pathogènes vectorisés. En particulier, chez le chien, espèce étudiée dans ce travail, trois vaccins sont actuellement disponibles sur le marché français, à savoir les vaccins contre la leishmaniose, la babésiose et la borréliose de Lyme. Certaines de ces maladies, par leur aspect zoonotique, sont communes à l’animal et à l’homme, qui s’infectent tous deux à la suite d’un repas sanguin par un arthropode vecteur infecté, et sont au cœur de nombreuses inquiétudes de santé publique. Le chien pouvant être un réservoir d’agents pathogènes zoonotiques, le rôle du vétérinaire praticien est alors, au cours de la consultation de médecine préventive, tant d’assurer la protection optimale de ses patients que de lutter contre l’extension des agents incriminés. Ce travail vise à présenter les vaccins disponibles contre les maladies vectorisées du chien en France en 2016, ainsi que leurs caractéristiques et leurs enjeux. La triade complexe formée de l’agent pathogène, du vecteur et de l’hôte et les interactions entre ses protagonistes sera étudiée dans un premier temps, mettant en avant les réactions immunologiques impliquées. De ces réponses immunitaires découlera l’étude des vaccins en question à proprement parler. La caractérisation de leur efficacité et leurs limites guidera le vétérinaire praticien dans l’élaboration d’un protocole vaccinal adapté au patient et à ses conditions de vie. 17
18
I) ETUDE DU SYSTEME HÔTE-­‐‑VECTEUR-­‐‑AGENT PATHOGÈNE Le système hôte-­‐‑vecteur-­‐‑agent pathogène est une triade complexe, comprenant de nombreuses interactions entre l’agent pathogène, son vecteur et le système immunitaire de l’hôte. A titre d’exemple, certains agents pathogènes sont connus pour leur manipulation de l’expression génétique du vecteur, visant à faciliter leur transmission à l’hôte (Sultana et al., 2010). De même, certains vecteurs hématophages possèdent des caractéristiques visant à moduler la réponse immunitaire de leur hôte, de sorte à augmenter la durée du repas sanguin (Boulanger, Jaulhac, & Lipsker, 2004). Enfin, la réponse immunitaire de l’hôte peut également être contournée par les mécanismes d’évasions des agents pathogènes. Afin d’étudier ce système et ses spécificités dans le cadre des maladies vectorisées du chien, nous nous intéresserons tout d’abord à la biologie des agents pathogènes et de leurs vecteurs, avant de nous pencher sur la réponse immunitaire mise en jeu et ses modulations. A) Caractères généraux – Histoire naturelle Présentons tout d’abord les agents pathogènes impliqués dans les maladies vectorisées du chien étudiées, ainsi que leurs vecteurs. 1) Babesia canis – agent de la babésiose canine Décrite pour la première fois en Italie à la fin du XIXème siècle, la babésiose canine est une maladie parasitaire systémique vectorisée. Elle résulte de l’inoculation de parasites du genre Babesia par des tiques. Les babésies font partie des parasites sanguins les plus répandus au monde (après Plasmodium) et sont à l’origine de nombreuses problématiques économiques, médicales et vétérinaires (Homer, 2000 ; Organisation Mondiale de la Santé, 2015). En effet, les babésies sont capables de parasiter de nombreux hôtes vertébrés, assurant leur pérennité. La babésiose canine, également appelée piroplasmose, est caractérisée par un syndrome hémolytique et fébrile, pouvant mener à la mort de l’animal. 19
a) Caractères morphologiques et taxonomiques Trois espèces de babésies dites de “grande forme” (dont le diamètre est supérieur ou égal au rayon de l’hématie) infectent le chien : Babesia canis, Babesia rossi et Babesia vogeli. Babesia canis est considérée comme la principale espèce responsable de babésiose canine en France, principalement vectorisée par Dermacentor reticulatus (Gilles Bourdoiseau, 2006). Babesia un protozoaire appartenant à l’ordre des Piroplasmidae et à la famille des Babesidae, au sein du phyllum Apicomplexa. L’observation de Babesia canis se fait classiquement sur un frottis de sang périphérique, après coloration. Babesia canis est un parasite intra-­‐‑érythrocytaire et classiquement piriforme, mesurant 4 à 5 micromètres de long. On l’observe le plus souvent sous une forme caractéristique bigéminée (Figure 1). En cas d’épisode aigu, jusqu’à 8 mérozoïtes peuvent être observés au sein de l’hématie parasitée. Figure 1 : Frottis de chien infecté par Babesia canis (x 1000, à immersion), d’après Benoît Rannou b) Vecteur L’hôte se contamine par inoculation du protozoaire par une tique infectée, Dermacentor reticulatus, au cours d’un repas sanguin. Dermacentor reticulatus (Figure 2) est une tique dure appartenant à la famille des Ixodidés. De forme aplatie dorso-­‐‑ventralement, son corps prend une forme globuleuse à la suite du repas sanguin. La femelle mesure de 3 à 4 millimètres de longueur, et sa taille peut atteindre jusqu’à 1 centimètre après un repas sanguin. Le mâle, de plus petite taille, mesure de 2 à 3 millimètres de long. 20
Figure 2 : Dermacentor reticulatus, d’après G. Bourdoiseau, service de parasitologie de Vetagro-­‐‑sup Lyon Les Ixodidés ont un corps formé de 2 parties : le gnathosome, crânialement, et l’idiosome, caudalement, formé d’une cuticule souple et extensible permettant la réplétion lors du repas sanguin. Les pièces buccales sont constituées des chélicères et de l’hypostome. Les chélicères percent et dilacèrent les tissus au moment de la morsure, permettant la pénétration de l’hypostome qui s’ancre solidement dans les tissus grâce aux dents situées sur la face ventrale de l’arthropode, et permettent la prise du repas sanguin. Les tiques sont des ectoparasites temporaires obligatoires. Dermacentor reticulatus est une tique sélective et exophile, ayant un cycle de développement triphasique ditrope (comprenant 3 hôtes de 2 espèces différentes). Le cycle entier peut être complété au cours d’une même année, mais également délayé à l’année suivante en cas de d’absence d’hôte. Figure 3 : Cycle évolutif de Dermacentor reticulatus, d’après ESCCAP 21
Les Ixodidés prennent un repas sanguin unique par stade de développement (Figure 3). Les larves, les nymphes, les adultes mâles et les femelles non fécondées sont peu hématophages, à la différence des femelles fécondées. Pour ces dernières, le repas sanguin est indispensable à la ponte. Dans les zones tempérées, l’activité est maximale au mois d’avril. Après une baisse d’activité durant l’été, un second pic est observé entre septembre et octobre, suivi par une courte période de diapause au cours de l’hiver. A l’exception de cette dernière, Dermacentor reticulatus demeure active tout au long de l’année. Au cours des mois favorables, les adultes se mettent en quête de leur hôte vertébré, en grimpant sur les herbes, les buissons, ou les feuillus à proximité (Figure 4). Figure 4 : Adultes Dermacentor reticulatus en attente d'hôte, d’après Földvári et al., 2016 L’accouplement a lieu sur l’hôte ou au sol, et est suivi par une intensification du repas sanguin de la femelle. A la fin du gorgement, la femelle tombe au sol où elle pond, pendant plusieurs jours, jusqu’à 7200 œufs. La ponte est suivie de la mort de la femelle. Les larves et les nymphes parasitent majoritairement des petits mammifères, dont les rongeurs, même si les nymphes peuvent être occasionnellement observées au contact de plus grandes espèces telles que le chien ou encore l’homme. Les adultes comptent quant à eux une plus grande variété d’hôtes vertébrés (ongulés domestiques et sauvages, chiens…). Des arrêts temporaires des cycles sont possibles en cas de diapause comportementale des larves, nymphes ou adultes, en l’attente de conditions favorables, et peuvent durer jusqu’à un an. 22
Hygrophile, Dermacentor reticulatus est observée dans de nombreux milieux écologiques, dont les lisières de forêts de feuillus, les prairies, les clairières, les bordures de points d’eau et les zones marécageuses (Földvári et al., 2016). En pratique, Dermacentor reticulatus est très répandue sur le territoire français, à l’exception de zones limitées du bassin méditerranéen et des zones de haute altitude (Figure 5). Dermacentor reticulatus étant une tique exophile, la recherche de l’hôte se fait exclusivement en extérieur. Les chiens les plus à même d’être parasités sont de ce fait les chiens vivant en extérieur (chiens de berger, chiens de chasse), ou les chiens fréquentant les zones à risques. Figure 5 : Distribution géographique de Dermacentor reticulatus, d’après ECDC -­‐‑ European Centre for Disease Prevention and Control (2016) Une fois l’hôte trouvé, Dermacentor reticulatus migre vers une zone de fixation. Les pédipalpes sont appliqués sur la peau, les chélicères créent une effraction de la barrière cutanée, puis s’écartent afin de permettre l’enfoncement de l’hypostome. Un cément est 23
sécrété et consolide la fixation, et la salive du vecteur est injectée à l’hôte. Le gorgement est progressif et dure plusieurs jours. A la fin du repas sanguin, le cément perd ses capacités de fixations, et la tique chute au sol. Lors d’un repas sanguin sur un hôte infecté, Babesia canis colonise les ovaires des femelles adultes Dermacentor reticulatus, et est transmise trans-­‐‑stadialement aux générations suivantes. La transmission du parasite a lieu 24 à 48 heures après attachement à l’hôte (Little, 2007). c) Prévalence et répartition géographique en France Figure 6 : Répartition géographique des cas de babésiose canine en France, d’après ESCCAP (2011) La France est un pays endémique de piroplasmose, bien que la distribution des babésies soit hétérogène (Figure 6). Un important nombre de cas est reporté sur la partie sud-­‐‑ouest du pays et le centre de la France. A l’inverse, le nord de la France peut être considéré comme très peu concerné par la maladie. Toutefois, la distribution par département est soumise à des réserves, dans la mesure où les babésies sont présentes au sein de petits biotopes, dépendants de la température, de l’hygrométrie, et des hôtes à disposition (Bourdoiseau, 2006), à une échelle plus grande que celle représentée sur la carte ci-­‐‑
24
dessus. d) Cycle parasitaire Figure 7 : Schéma simplifié du cycle évolutif parasitaire de Babesia, d'après Maslin et al. (2004) Suite à son ingestion par une tique, Babesia se multiplie par reproduction sexuée et asexuée au sein des glandes salivaires du vecteur, donnant naissance à de très nombreux sporozoïtes (Figure 7). Ces derniers sont inoculés à l’hôte vertébré au cours d’un repas sanguin. Après une courte phase libre plasmatique, le sporozoïte pénètre au sein des érythrocytes par invagination, et se multiplie par reproduction asexuée, formant des mérozoïtes (inclusions piriformes observables en microscopie optique). Les mérozoïtes entrainent alors la rupture de la membrane de l’érythrocyte infecté, permettant leur propagation aux autres cellules de la lignée rouge, à l’origine du syndrome hémolytique observé au cours de la maladie. e) Quelques données cliniques -­‐‑ Epidémiologie La babésiose canine concerne les chiens exposés au vecteur, à savoir les chiens vivant en extérieur, les chiens de berger, les chiens de chasse, ou encore les chiens promenés dans des zones à risques. Le sexe ne semble pas être un facteur prédisposant. 25
-­‐‑ Signes cliniques La présentation classique dite non-­‐‑compliquée de la babésiose canine comprend une hyperthermie marquée (> 40°C), associée à une anorexie, de l’abattement, et à un syndrome hémolytique (anémie, bilirubinurie, muqueuses pâles à ictériques). Après identification de la maladie et mise en place du traitement, la mortalité associée est faible, et inférieure à 5% (Matijatko, Torti, & Schetters, 2012 ; Földvári et al., 2016). En l’absence de traitement ou en cas de complications possiblement consécutives à des variations génétiques de souches de Babesia canis, la présentation de la maladie peut varier et s’avérer plus sévère (Matijatko, Torti, & Schetters, 2012). Les formes compliquées de babésiose canine comprennent un état de choc, une insuffisance rénale aigue, et un syndrome inflammatoire systémique pouvant mener à une défaillance multi-­‐‑
organique et à la mort de l’animal. De nombreuses présentations atypiques de la maladie sont alors décrites, comprenant des symptômes oculaires, cérébraux, locomoteurs, vasculaires ou encore gastro-­‐‑intestinaux, résultants des hémorragies et de la coagulation intravasculaire disséminée consécutives aux complications. -­‐‑ Diagnostic de certitude Associés à l’examen clinique, l’anamnèse et les commémoratifs du patient peuvent constituer des premiers éléments menant le clinicien à suspecter la maladie. En effet, la région de résidence du chien, son mode de vie ou l’observation récente de tiques peuvent être des arguments renforçant la suspicion clinique (Halos, 2005). Si l’examen clinique confirme la suspicion, des examens complémentaires sont mis en place afin de confirmer ou d’infirmer l’hypothèse diagnostique. Le diagnostic de certitude repose sur l’observation microscopique de babésies intra-­‐‑
érythrocytaires sur un frottis de sang périphérique. La lame est préalablement colorée par la méthode de May-­‐‑Grünwald Giemsa. Cette observation directe est très sensible en cas de parasitémie modérée à importante, mais demeure insuffisante en cas de suspicion de portage chronique chez l’animal malade ou asymptomatique, cas dans lequel la parasitémie est faible et transitoire. Dans ce cas, une sérologie par immunofluorescence ou une PCR peuvent être réalisées. 26
-­‐‑ Traitement Le traitement spé cifique de la babé siose canine en France est l’imidocarb, commercialisé sous le nom dé posé de Carbé siaâ, permettant l’arrê t de la multiplication intra-­‐‑
é rythrocytaire du parasite par liaison à l’ADN et inhibition de la ré paration et de la ré plication (Chabanne & Bourdoiseau, 2012). Cette inhibition de la multiplication des babé sies pré vient alors la destruction des hé maties par rupture de leur membrane, à l’origine du syndrome hé molytique. Le protocole recommandé comprend une unique injection à la posologie de 2mg/kg par voie intramusculaire ou sous-­‐‑cutané e. En l’absence de forme compliqué e de la maladie, la ré solution des signes cliniques est observé e dans un dé lai de 48 heures. A ce traitement spé cifique s’ajoutent des traitements de soutien des fonctions vitales de l’animal, en fonction de la pré sentation clinique, comme la perfusion ou la transfusion sanguine. Une corticothé rapie à dose immunosuppressive peut é galement ê tre mise en place temporairement afin d’enrayer les phé nomè nes immunologiques dé lé tè res de la maladie tels que l’ané mie à mé diation immune (Chabanne & Bourdoiseau, 2012), par inhibition de l’interaction des cellules dendritiques et des lymphocytes T et inhibition de l’action des macrophages. 2) Borrelia burgdorferi – agent de la borréliose de Lyme Initialement suspectée en 1975 dans la ville de Lyme aux Etats-­‐‑Unis à la suite d’érythème migrant observés chez des enfants après une morsure de tique, la borréliose de Lyme est une maladie infectieuse systémique à caractère zoonotique. Elle résulte de l’inoculation de la bactérie Borrelia burgdorferi identifiée pour la première fois en 1980 par Willy Burgdorfer chez une tique « dure » infectée appartenant au complexe Ixodes ricinus. Celle-­‐‑
ci se contamine auprès d’espèces réservoir (petits mammifères et cervidés), et transmet la bactérie à l’homme ou au chien. La borréliose de Lyme est à ce titre une maladie vectorielle à pouvoir zoonotique, et constitue la première maladie vectorielle rencontrée en Amérique du Nord et en Europe (Petzke & Schwartz, 2015). Extensivement étudiée chez l’homme, chez qui elle induit une forme clinique caractéristique, elle touche également d’autres espèces dont le chien. Chez le chien, 95 % des individus exposés présentant une séroconversion restent asymptomatiques. Les symptômes, quand la 27
borréliose devient clinique, sont tardifs, et apparaissent deux à cinq mois après la morsure. Ils comprennent une hyperthermie, une boiterie et une oligoarthrite pouvant ou non être associée à une adénopathie satellite. a) Caractères morphologiques et taxonomiques D’un point de vue taxonomique, l’agent de la borréliose de Lyme appartient à la famille des Spirochetaceae, au genre Borrelia et au complexe Borrelia burgdorferi sensu lato. Ce complexe compte douze espèces dont Borrelia burgdorferi sensu stricto (Figure 8), agent pathogène de la borréliose de Lyme, vectorisé par Ixodes ricinus. Figure 8 : Observation en microscopie électronique de Borrelia Burgdorferi, d’après Pathogen Profile Dictionnary Les spirochètes du genre Borrelia sont des bactéries Gram négatif spiralées, mobiles et flexibles. Leur diamètre varie entre 0.2 et 0.5 micromètres et leur longueur oscille entre 8 et 30 micromètres. b) Vecteur Borrelia burgdorferi est vectorisée par une tique dure appartenant au complexe Ixodes ricinus. Appartenant à la famille des Ixodidés au même titre que Dermacentor reticulatus, les deux espèces partagent de nombreux points communs concernant leur cycle de développement. 28
Figure 9 : Ixodes ricinus, d’après Mannelli et al. (2012) Le corps d’Ixodes ricinus (Figure 9) est de forme ovoïde, aplati chez les individus à jeun, globuleux chez les individus gorgés de sang, et de couleur grise à brune. Le mâle mesure entre 2,4 et 2,8 millimètres de longueur, contre 3 à 3,6 millimètres chez la femelle à jeun, et jusqu’à 1,1 centimètres après s’être gorgée de sang. Figure 10 : Cycle de développement d'Ixodes ricinus, d’après Herrmann & Gern (2015) Ubiquiste, Ixodes ricinus est susceptible de parasiter tout type d’hôte. Il s’agit d’une espèce télotrope, parasitant de très nombreuses espèces d’hôtes différentes à chaque stade (Figure 10). Cette ubiquité, plus marquée chez la larve et la nymphe, permet de ne pas interrompre le cycle évolutif si l’hôte recherché est absent. La tique adulte se montre plus 29
sélective et oriente préférentiellement son choix vers un grand mammifère (Mannelli et al., 2012). Le cycle d’Ixodes ricinus est triphasique : la tique prend trois repas sanguin sur trois hôtes différents, à raison d’un repas par stade de développement. Entre les repas, la tique tombe au sol et mue vers le stade suivant. On compte donc un unique repas par stade. A la fin du troisième repas, la femelle tombe au sol et pond jusqu’à 2000 œufs avant de mourir. Un cycle complet est long, et dure plusieurs années. Exophile et hygrophyle, Ixodes ricinus vit préférentiellement dans les zones boisées et humides, reflétant ses exigences écologiques. En effet, l’activité des différents stades d’Ixodes ricinus est dépendante de facteurs environnementaux. A moins de 7°C, l’activité des nymphes semble quasi nulle (Knap et al., 2009). De même, en cas de forte chaleur et de baisse de l’humidité de l’air, l’activité d’Ixodes ricinus diminue. Ses exigences thermiques et hygrométriques conditionnent l’activité saisonnière d’Ixodes ricinus, maximale au printemps et à l’automne, et ralentie durant les jours d’été les plus chauds. Sa répartition géographique concerne toute la France, à l’exception des régions très sèches (pourtour méditerranéen) et des zones en altitude (Figure 11). Figure 11 : Aire de répartition d’Ixodes ricinus en France métropolitaine, d’après Fontenille et al, 2013 30
On notera qu’un département peut être positif sur la carte, mais ne pas compter d’Ixodes ricinus en certains points, comme c’est le cas sur le littoral méditerranéen et à des altitudes supérieures à 1700 mètres dans les Pyrénées. L’auteur précise par ailleurs l’existence de l’espèce dans certains départements (Somme, Gard, Hérault et Alpes-­‐‑
Maritimes) apparaissant exempts d’Ixodes ricinus sur la carte ci-­‐‑dessus, du fait de l’exclusion des données correspondantes suite à un défaut de traçabilité.
Au cours d’un repas sanguin sur un hôte infecté, Borrelia burgdorferi colonise les glandes salivaires de la tique. La bactérie est transmise à un second hôte au cours du stade suivant, ou plus rarement à la génération suivante, par transmission transovarienne (Tilly, Rosa, & Stewart, 2008). Borrelia peut également être transmise d’une tique infectée à une tique non infectée, lorsque celles-­‐‑ci effectuent leur repas sanguin à proximité sur le même hôte (sain). Il s’agit d’une transmission par co-­‐‑feeding, favorisée par l’infestation massive de l’hôte par Ixodes ricinus (Mannelli et al., 2012 ; Voordouw, 2015). c) Prévalence et répartition géographique en France La distribution de Borrelia burgdorferi est étroitement corrélée à la distribution de son vecteur, Ixodes ricinus, et est donc susceptible d’être observée sur l’ensemble du territoire français, à l’exception du littoral méditerranéen et des zones à haute altitude. Dans le cadre d’une étude portant entre autres sur la prévalence des maladies vectorisées par les tiques en France, 919 sérums de chiens (échantillons sanguins prélevés par des vétérinaires praticiens de toute la France) ont été soumis à des analyses sérologiques. 10 d’entre eux, soit 1,09% ont révélé la présence d’anticorps anti-­‐‑Borrelia burgdorferi, répartis sur sept départements Français, permettant une estimation de la prévalence de l’infection chez le chien (Pantchev et al., 2009). Toutefois, infection n’est pas synonyme de maladie de Lyme, et de nombreux chiens demeurent asymptomatiques, comme l’a montré l’étude de Levy. Sur 125 chiens séropositifs à Borrelia burgdorferi, seuls 4,8% (6/125) des individus initialement exempts de signes cliniques développent une polyarthrite de Lyme dans les 20 mois suivant le sérodiagnostic (Levy & Magnarelli, 1992). Ce taux est par ailleurs comparable chez les animaux initialement séronégatifs, et met en évidence le fait qu’il n’existe pas d’apparente corrélation entre séropositivité et apparition de troubles articulaires. 31
d) Cycle de développement Borrelia burgdorferi infecte une grande variété d’hôtes, dont les petits mammifères, les lézards et les oiseaux. Au sein de l’hôte, Borrelia se reproduit essentiellement par scissiparité : après avoir dupliqué son ADN, elle se scinde en deux, chaque moitié devenant une bactérie indépendante. Chaque bactérie fille est une réplique exacte de la bactérie mère. Au cours du repas sanguin par la tique infectée, le spirochète migre du système digestif aux glandes salivaires, permettant sa transmission à l’hôte. Les protéines de surface de Borrelia burgdorferi ont un rôle déterminant dans l’infection de l’hôte. En l’absence de contact avec un hôte, la protéine OspA est exprimée, et est associée à la colonisation du tube digestif du vecteur, où la bactérie se réplique activement. Durant le repas sanguin, une inhibition de l’expression du gène OspA et une activation de l’expression du gène OspC a été mise en évidence, permettant à la bactérie sa migration en direction des glandes salivaires, et de ce fait, sa future inoculation à l’hôte. La protéine OspC se lie à une protéine salivaire de la tique et assure ainsi une transmission mécanique du pathogène vectorisé. La protéine Salp15 est également impliquée dans la transmission du spirochète, par suppression de la production de peptides antimicrobiens générés par Borrelia burgdorferi, la protégeant ainsi contre la réponse immunitaire cutanée de l’hôte (Mannelli et al., 2012 ; Tilly, Rosa, & Stewart, 2008). S’en suit la dissémination de la bactérie à différents organes. La bactériémie n’est que transitoire. Bien qu’il ait été démontré par le passé que la colonisation des glandes salivaires de la tique vectrice était absente avant 48 heures de contact (De Silva & Fikrig, 1995), on sait à présent que la transmission de la bactérie à l’hôte vertébré peut avoir lieu en moins de 16 à 24 heures. En effet, le temps minimal d’attachement nécessaire à la transmission de Borrelia burgdorferi n’a jamais été établi chez l’homme (Cook, 2014), et des cas de transmission précoce, après quelques heures d’attachement seulement, sont rapportés en médecine humaine (Hynote, Mervine, & Stricker, 2012). Les méthodes prophylactiques de lutte contre le vecteur restent toutefois essentielles afin de diminuer au possible le temps de contact entre Ixodes ricinus et son hôte. Chez l’homme, Borrelia burgdorferi montre un tropisme initial pour la matrice 32
extracellulaire cutanée, où elle se concentre durant plusieurs jours. Elle s’y déplace et génère l’érythème migrant observé chez 60 à 80% des patients (Petzke & Schwartz, 2015) peu de temps après l’inoculation de la bactérie. La fibrine de la matrice extracellulaire est un réel obstacle à la migration, et est lysée après liaison de la bactérie au plasminogène. Cette liaison implique possiblement OspA (Fuchs et al., 1994). Borrelia burgdorferi se lie également à d’autres composants de la matrice extracellulaire (protéoglycanes, glycosaminoglycanes, collagène, fibronectine) déterminant son tropisme futur au sein de l’organisme de l’hôte. e) Quelques données cliniques -­‐‑ Signes cliniques Chez les chiens déclarant la maladie de Lyme, les symptômes de la maladie comprennent, au cours d’une première phase aiguë : boiterie associée à des douleurs articulaires, gonflement des articulations carpiennes et tarsiennes, démarche raide, abattement, anorexie, et possible hyperthermie et/ou polyadénomégalie. A la suite de cette première phase, on peut observer une évolution vers un mode chronique, comprenant une boiterie chronique, un amaigrissement, et des signes d’insuffisance rénale chronique consécutifs à une néphrite de Lyme (polyuro-­‐‑polydipsie, vomissements, diarrhée, anorexie…). -­‐‑ Diagnostic de certitude La majorité des chiens infectés demeurant asymptomatiques, le diagnostic de la maladie est complexe, dans la mesure où il n’existe pas de marqueur d’activité de la borréliose de Lyme, mais seulement des témoins d’exposition à la bactérie. Plusieurs types d’examens complémentaires sont envisageables, divisés en recherche de la bactérie elle-­‐‑même et en analyse sérologique. Les examens visant à mettre en évidence Borrelia s’avèrent complexes en pratique courante, dans la mesure où la culture bactérienne nécessite un milieu particulier (argent, acridine orange…) et que la visualisation par microscopie impose l’utilisation d’un microscope électronique. De plus, la bactérie n’est que rarement isolée dans les urines, le sang ou le liquide synovial, rendant le prélèvement peu aisé (Chang et al., 1996). La recherche par PCR peut être réalisée sur adénogramme, membranes synoviales ou encore biopsies d’organes, mais la positivité peut être associée 33
à la présence d’un fragment bactérien non viable, faussant alors le diagnostic. Les méthodes de recherche d’anticorps spécifiques sont préférées : les techniques ELISA ou encore IFI peuvent être employées (Littman et al., 2006). Des tests sérologiques qualitatifs ELISA au chevet du patient sont également disponibles : à titre d’exemple, le Snap4Dx® a une spécificité de 98,8% et une sensibilité de 96,7% (Stillman et al., 2014). Toutefois, la positivité de la recherche sérologique indique l’exposition à Borrelia burgdorferi, mais pas la présence d’une maladie active. L’anamnèse, les commémoratifs et l’examen clinique, associés aux examens complémentaires, permettent une fois de plus de moduler la suspicion du vétérinaire praticien. -­‐‑ Traitement Selon le consensus ACVIM, la thérapeutique recommandée est l’administration de doxycycline, à raison de 10 mg/kg par jour durant un mois au moins en cas d’arthrite, et plus en cas de néphropathie. Cet antibiotique est le plus souvent recommandé afin de traiter les possibles co-­‐‑infections (anaplasmose, ehrlichiose, leptospirose…)(Littman et al., 2006). L’utilisation de tétracycline (15-­‐‑20 mg/kg, 3 fois par jour pendant 4 semaines), d’amoxicilline (20 mg/kg, 3 fois par jour pendant 4 semaines) ou de pénicilline (20 000 unités/kg, trois fois par jour pendant 1 mois) est documentée (Halos, 2005 ; Hébert & Bulliot, 2014), sans plus de précisions concernant leur intérêt par comparaison à la doxycycline. Un suivi clinique et sérologique est réalisé. Une fois de plus, si nécessaire, un traitement symptomatique et de soutien est instauré. 3) Leishmania infantum – agent de la leishmaniose canine La leishmaniose est une maladie parasitaire systémique à caractère zoonotique, résultant de l’inoculation d’un protozoaire du genre Leishmania par un phlébotome infecté. D’autres voies de transmission accessoire ont également été démontrées, comme la transfusion (de Freitas et al., 2006), l’accouplement (Naucke & Lorentz, 2012) ou la morsure (Naucke, Amelung, & Lorentz, 2016). De nombreux vertébrés peuvent être parasités, mais le chien constitue le principal réservoir de Leishmania infantum en Europe (Gramiccia & Gradoni, 2005), causant une inquiétude croissante en médecine vétérinaire et en santé publique. Chez le chien, Leishmania infantum est à l’origine d’une leishmaniose 34
générale, tant viscérale que cutanéo-­‐‑muqueuse, grave et potentiellement mortelle. Chez l’homme, Leishmania donovani et Leishmania infantum sont les agents pathogènes responsables respectivement de la leishmaniose viscérale zoonotique et de la leishmaniose viscérale anthroponotique (ou kala-­‐‑azar méditerranéen), non moins graves et potentiellement fatales en l’absence de traitement. Leishmania braziliensis est quant à elle responsable de formes cutanées ou cutanéomuqueuses, spontanément résolutives mais marquant la peau de nombreuses cicatrices. a) Historique La leishmaniose canine est mise en évidence pour la première fois en 1908, par examen microscopique de frottis sanguins de cadavres de chiens, asphyxiés à la fourrière de Tunis (Nicolle & Compte, 1908). La même année, une étude met en évidence une possible reproduction de la maladie chez le chien : après inoculation d’un échantillon sanguin d’humain malade dans la cavité abdominale d’un chien, de nombreuses leishmanies sont identifiées dans divers organes viscéraux (Nicolle, 1908). Une zoonose est suspectée et sera confirmée par des études ultérieures. Le premier cas français de leishmaniose canine est décrit à Marseille en 1914 (Pringault, 1914). b) Caractères morphologiques et taxonomiques Leishmania infantum est un protozoaire flagellé appartenant à l’ordre des Kinétoplastidés et à la famille des Trypanosomatidés. Le parasite est identifié sous deux formes morphologiques distinctes : une forme amastigote chez l’hôte vertébré (Figure 12) , et une forme promastigote chez le vecteur (Figure 13). 35
Figure 12 : Observation microscopique de formes amastigotes de Leishmania infantum, d’après Freyburger et al., 2012 Figure 13 : Observation microscopique de formes promastigotes de Leishmania infantum, d’après Roze, 2005 Les promastigotes sont des formes extracellulaires flagellées observées chez les phlébotomes. Ces formes allongées mobiles mesurent 10 à 20 micromètres de longueur, et possèdent un noyau ainsi qu’un kinétoplaste. Il s’agit de la forme infestante pour l’hôte vertébré. Les amastigotes sont des parasites intracellulaires et sans flagelle, présents chez les hôtes vertébrés. Ils baignent dans le cytoplasme des macrophages parasités. De forme ovoïde, les amastigotes mesurent de 3 à 4 micromètres de longueur. Ils renferment un volumineux noyau ainsi qu’un kinétoplaste. La forme amastigote peut également être visualisée en position extracellulaire lorsque les macrophages sont altérés par les techniques de prélèvements ou de coloration, lors de lyse cellulaire, ou encore avant infection d’autres macrophages. 36
c) Vecteur Figure 14 : Observation microscopique de Phlebotomus sp, d’après ESCCAP Leishmania infantum est vectorisé par un insecte appartenant à l’ordre des diptères, au sous-­‐‑ordre des nématocères et à la famille des psychodidés : le phlébotome (Figure 14). De petite taille (2 à 3 millimètres), le corps de Phlebotomus sp. adulte est grêle, allongé et de couleur jaunâtre. Les ailes sont velues et dotées d’un apex situé à leur pointe. Dans le sud de la France, deux espèces de phlébotomes sont vectrices de leishmaniose canine : Phlebotomus ariasi et Phlebotomus perniciosus. Phlebotomus ariasi vit préférentiellement en zones rurales, à des altitudes comprises entre 100 et 800 mètres. Très mobiles, ces diptères peuvent se déplacer dans un rayon de 2 kilomètres. Leur hôte préférentiel est le chien, et l’homme n’est que rarement concerné. Phlebotomus perniciosus se concentre quant à lui en région méditerranéenne, et parasite tant le chien que l’homme. Sa mobilité est réduite à un rayon de 400 mètres (Roze, 2005). De nombreux facteurs environnementaux influencent la répartition des phlébotomes, à savoir la température, l’humidité, la végétation, ou encore la vitesse du vent. Les phlébotomes craignent le vent, et trouvent refuge dans des crevasses, des arbres ou des terriers. La répartition géographique de Phlebotomus conditionne par conséquent la répartition géographique de la leishmaniose canine. S’ajoutent également les cas importés suite à un voyage depuis une région endémique (Shaw et al., 2003). 37
d) Prévalence et répartition géographique en France Figure 15 : Carte des maximas de cas de leishmaniose canine par département en 2004 et 2011, d’après Bourdeau, (2012) A l’origine d’importantes problématiques de santé humaine et animale, la leishmaniose a été au cœur de nombreuses études visant à estimer la répartition du parasite sur le territoire français. Des études successives menées en 1986, 2004 et 2011 ont sollicité la collaboration des cliniques vétérinaires françaises afin de préciser la distribution de la maladie. Une nette extension de la leishmaniose canine a été notée au cours des années : la zone d’enzootie concerne à présent au moins 32 départements, couvrant le tiers sud du pays (Figure 15). Une extension vers l’ouest/sud-­‐‑ouest, rejoignant les Pyrénées est également observée (Bourdeau, 2012), ainsi qu’une extension vers le nord (vallée du Rhône). e) Cycle parasitaire Seule la femelle est hématophage, et donc susceptible de contaminer l’hôte par inoculation du parasite. Chaque femelle effectue de nombreux repas sanguins, d’une durée de plusieurs minutes chacun. L’activité des adultes est maximale en période 38
nocturne et crépusculaire, particulièrement durant les mois d’été, entre juillet et septembre (Killick-­‐‑Kendrick R., 1999). Le vecteur se pose sur l’animal, puis se déplace jusqu’à sa tête avant de prendre son repas sanguin durant quelques minutes sur une zone glabre (museau, oreilles). Ce repas sanguin est nécessaire au développement des œufs de Phlebotomus. Quelques jours après le repas sanguin, la femelle Phlebotomus sp. pond une centaine d’œufs dans un gîte à l’abri du vent, sombre et humide. Quatre stades larvaires laissent place à une nymphe, puis à un imago, avant d’aboutir à la forme adulte au printemps. La femelle Phlebotomus s’infecte par ingestion d’amastigotes contenus dans le sang d’hôtes parasités, au cours d’un repas sanguin. Des promastigotes sont produits et se multiplient dans le système digestif du vecteur, prêts à être à leur tour transmis à un hôte. La piqûre est douloureuse du fait du potentiel allergisant de la salive. Cette salive possède par ailleurs de nombreuses propriétés aidant à la multiplication des leishmanies chez l’hôte. Un nodule d’inoculation contenant de nombreux amastigotes apparaît quelques semaines après la piqûre de phlébotome infecté. Lorsque le vecteur infecté du genre Phlebotomus effectue son repas sanguin sur un hôte vertébré, il inocule un promastigote de Leishmania infantum. Une fois le derme passé, le promastigote est phagocyté par un macrophage. Les antigènes capturés sont présentés aux lymphocytes. Deux voies de réponse immunitaire peuvent être empruntées. Chez les chiens résistants, qui ne développeront pas la maladie, associés à une réponse immunitaire cellulaire prédominante, les parasites restent localisés dans le nœud lymphatique concerné, sans dissémination. Les leishmanies sont contrôlées, voire éliminées. Chez les chiens voués à développer la leishmaniose canine, associés à la prédominance d’une réponse immunitaire à médiation humorale, les parasites envahissent les organes internes de proche en proche, contaminant les nœuds lymphatiques, la rate, et la moelle osseuse, et peuvent aboutir à une leishmaniose viscérale. La multiplication des amastigotes aboutit à la rupture des cellules contaminées et contribue à l’extension de la maladie, par contamination des cellules adjacentes. La durée d’incubation de la maladie varie de plusieurs mois à plusieurs années (Roze, 2005). Les réponses immunitaires mises en jeu lors du contrôle ou de la prolifération du parasite seront étudiés paragraphe I.C.2. 39
f) Quelques données cliniques -­‐‑ Signes cliniques La présentation clinique de la leishmaniose canine est très variée. Les lésions résultent des
réponses immunitaires et inflammatoires dirigées contre le parasite, au sein de la peau, et de
divers organes tels que le foie, les reins, les yeux ou encore les articulations (Kaszak, Planellas,
& Dworecka-Kaszak, 2015). Les signes cliniques les plus couramment rapportés sont une polyadénomégalie, des lésions cutanées, un amaigrissement et de l’abattement. Les signes
cutanés constituent un des principaux motifs de consultation, et comprennent : chancre d’inoculation (lésion nodulaire contenant de nombreux amastigotes, apparaissant quelques mois après l’inoculation du parasite), alopécie localisée à diffuse non associée à du prurit, squamosis, onychogryphose, hyperparakératose, parakératose, lésions ulcératives (localisées aux jonctions cutanéomuqueuses, aux points de pression, et sur la face externe des pavillons auriculaires) et nodules cutanés multiples. D’autres présentations cliniques classiques comprennent des atteintes rénales, oculaires et articulaires, résultant du dépôt de complexes immuns. Les affections ophtalmologiques regroupent la blépharite, l’uvéite, ou encore la kératoconjonctivite. Concernant les affections rénales, l’insuffisance rénale consécutive à une glomérulonéphrite est décrite et va de pair avec des symptômes tels qu’une polyuro-­‐‑polydipsie, de l’anorexie, de la diarrhée ou des vomissements. Enfin, des boiteries peuvent être objectivées chez les animaux développant une polyarthrite post-­‐‑infectieuse.
-­‐‑ Diagnostic de certitude La méthode la plus rapide et efficace est l’observation directe du parasite en microscopie optique, après coloration d’un calque cutané d’une zone ulcérée, d’un adénogramme ou d’une ponction de moelle osseuse, après coloration de May-­‐‑Grünwald Giemsa. Si la spécificité de cette méthode est maximale (100%), la sensibilité est médiocre et oblige, en cas de non visualisation de leishmanies et de suspicion clinique, à recourir à des méthodes d’immunohistochimie, bien plus sensibles. La méthode quantitative de référence est la détection par immunofluorescence indirecte, considérée comme sensible et spécifique. 40
-­‐‑ Traitement Le traitement de la leishmaniose apparait plus complexe chez le chien par comparaison à l’homme, dans la mesure où l’élimination complète du parasite est impossible avec les molécules disponibles en médecine vétérinaire. De nombreuses rechutes sont observées à l’arrêt du traitement, qui doit alors être envisagé sur le long cours (Lamoureux et al., 2016). Actuellement, chez le chien, les recommandations thérapeutiques associent l’allopurinol qui permet d’inhiber la réplication du parasite (action leishmaniostatique) et l’antimoniate de méglumine (action leishmanicide) :
-­‐‑ Antimoniate de méglumine à la posologie de 100 mg/kg par voie sous-­‐‑cutanée, une fois par jour pendant 3 à 4 semaines. -­‐‑ Allopurinol à la posologie de 10 mg/kg par voie orale, deux fois par jour pendant 6 mois à 1 an minimum, voire à vie chez certains patients. L’antimoniate de méglumine possède une autorisation de mise sur le marché vétérinaire, mais l’allopurinol est un médicament humain. De ce fait, l’antimoniate de méglumine doit être utilisé en priorité dans le cadre du respect de la cascade vétérinaire. Toutefois, potentiellement néphrotoxique, son utilisation doit être attentivement réfléchie chez les animaux possédant des lésions rénales préexistantes ou consécutives à la maladie (Lamoureux et al., 2016). L’utilisation isolée de l’allopurinol reste possible, et est associée à la diminution de l’expression des signes cliniques de la maladie, malgré la persistance du parasite chez l’hôte. De plus, aucune action préventive n’a pu être mise en évidence chez le chien sain (Koutinas et al., 2001). L’allopurinol permet notamment de réduire les récidives des signes cliniques à l’arrêt de l’antimoniate de méglumine (Koutinas et al., 2001). Cette bithérapie apparait comme le traitement de choix à ce jour, et la combinaison des deux molécules permet une diminution plus rapide et plus importante de la protéinurie qu’avec l’allopurinol seul (Pierantozzi et al., 2013). S’ajoutent bien-­‐‑sûr à cette bithérapie les traitements symptomatiques, en fonction de la présentation clinique du patient, comme par exemple l’alimentation de soutien rénal en cas de glomérulopathie, ou de traitement antiprotéinurique en cas de protéinurie persistant malgré la mise en place du traitement contre la leishmaniose. 41
B) Réponse immunitaire de l’hôte contre le vecteur L’interaction entre le parasite, l’arthropode vecteur et l’hôte vertébré est considérée comme une triade parasitaire complexe comprenant l’infection de l’hôte par le parasite, l’infection du vecteur par le parasite, et enfin le parasitisme sanguin du vecteur sur l’hôte vertébré. On s’intéresse tout d’abord à la première étape de mise en contact de nos trois protagonistes : l’interface vecteur-­‐‑hôte vertébré. Les réponses immunitaires impliquées dans le système hôte-­‐‑vecteur diffèrent entre tique et phlébotome. 1) Rappels d’immunologie : présentation des acteurs de la réponse immunitaire Nous commencerons par une brève présentation des acteurs impliqués dans la réponse. a) Les cellules dendritiques Les cellules dendritiques sont des cellules présentatrices d’antigènes, assurant le lien entre système immunitaire inné et système immunitaire adaptatif. Après la reconnaissance de l’agent pathogène, les cellules dendritiques procèdent à sa phagocytose et migrent en direction des nœuds lymphatiques, où elles présentent les antigènes capturés aux cellules T CD4+, initiant ainsi une réponse immunitaire spécifique et acquise. b) Les macrophages Les macrophages sont des cellules douées de phagocytose, pouvant présenter les antigènes capturés, et capables de synthétiser de nombreuses cytokines et chimiokines. Les macrophages peuvent être divisés en deux sous-­‐‑populations, comprenant les monocytes circulant dans le sang, qui se différencient, après extravasation sur le site de l’inflammation, en macrophages (pro-­‐‑inflammatoire ou activé), et les macrophages résidants dans les tissus, à action immunomodulatrice. Ces populations différent par les molécules qu’elles synthétisent, par l’expression de leurs récepteurs et par leur implication dans la réponse immunitaire (Kotál et al., 2015). 42
c) Les neutrophiles Les neutrophiles sont des granulocytes très mobiles. Leur rôle est central au sein du processus inflammatoire, tant aigu que chronique. Activés par les agents pathogènes, ils sécrètent différents médiateurs pro-­‐‑inflammatoires, permettant le recrutement d’autres leucocytes. Ils sont également impliqués dans la destruction des agents pathogènes, par dégranulation d’alarmines permettant le recrutement et l’activation des macrophages et des cellules dendritiques ou par phagocytose (Kotál et al., 2015 ; Scapini et al., 2000). d) Les populations lymphocytaires La réponse immunitaire repose sur une grande variété de récepteurs d’antigènes, répartis en deux populations de lymphocytes : les lymphocytes T, et les lymphocytes B. L’induction d’une réponse immunitaire spécifique est possible lorsqu’un antigène présenté par une cellule présentatrice d’antigènes appartenant au système immunitaire inné (macrophage, cellule dendritique…) est reconnu par le récepteur correspondant. Des liens étroits existent donc entre les cellules de la réponse immunitaire innée et celles de la réponse immunitaire acquise. Les précurseurs des lymphocytes T sont produits dans la moelle osseuse et migrent dans le thymus où ils se multiplient et se différencient. Les cellules T matures migrent alors dans les tissus lymphoïdes périphériques. Deux principales populations de lymphocytes T existent, différenciées en fonction du récepteur exprimé à leur surface : les cellules T CD4+ (interagissant avec le système d’histocompatibilité de classe II), dites T helper (Th) et les cellules CD8+ (interagissant avec le système d’histocompatibilité de classe I), donnant lieu aux lymphocytes T cytotoxiques. En fonction des cytokines sécrétées, les cellules CD4+ helper sont à leur tour divisées en différentes sous-­‐‑populations, impliquées dans des réponses immunitaires différentes, dont les cellules Th1 et Th2, extensivement étudiées dans le cadre des infections vectorisées. Les cellules Th1 sont associées à une réponse immunitaire à médiation cellulaire et aux réponses inflammatoires, tandis que les cellules Th2 sont impliquées dans la réponse immunitaire à médiation humorale (Kotál et al., 2015). En effet, les cellules Th1 sont plus particulièrement impliquées dans l’hypersensibilité retardée, 43
s’accompagnant d’une activation des macrophages, tandis que les cellules Th2 sont préférentiellement responsables de la prolifération et de la différenciation des lymphocytes B, synthétisant les anticorps spécifiques. Les lymphocytes Th sont différenciés par les cytokines sécrétées. Les cellules Th1 sécrètent principalement l’Il-­‐‑2, l’IFN-­‐‑g, et le TNF-­‐‑b, tandis que les cellules Th2 sécrètent principalement l’IL-­‐‑4, l’IL-­‐‑5, l’IL-­‐‑6 et l’IL-­‐‑10. Ces différents profils de cytokines sont résumés par la figure 16. Figure 16 : Profil de cytokines Th1/Th2, d’après Bach, Editions Flammarion (1993) L’orientation Th1 ou Th2 est sous dépendance des cytokines présentes sur le lieu de différenciation (Figure 17). L’IL-­‐‑4 a un rôle primordial dans la différentiation Th2, tandis que l’IFN-­‐‑g et l’IL-­‐‑12 polarisent la différentiation en cellules Th1. 44
Figure 17 : Différenciation des cellules T helper, d’après Bach, Editions Flammarion (1993) Les cellules Th régulent donc la production d’anticorps, mais ont également une action sur la prolifération des cellules T, l’activation des macrophages, des polynucléaires, des cellules Natural Killer, ainsi que sur l’hématopoïèse, de sorte à augmenter le nombre de cellules immunocompétentes par différents médiateurs tels que les cytokines. D'autres sous-­‐‑populations ont été décrites, comme les lymphocytes Th17 et les lymphocytes Treg, présentant de nombreuses variations interspécifiques. Les lymphocytes Th17 modulent l'inflammation par sécrétion de l'IL-­‐‑17, tandis que les lymphocytes Treg ont des effets régulateurs, voire inhibiteurs sur la réponse immunitaire (production d'IL10 et de TGF) dans des contextes particuliers. Les lymphocytes B sont également produits dans la moelle osseuse, à partir de précurseurs lymphoïdes. Les lymphocytes B circulent entre la rate et les nœuds lymphatiques. Leur rôle consiste en la synthèse d’immunoglobulines. Ces cellules ont également un rôle de cellules présentatrices d’antigènes. Les lymphocytes Natural Killer (NK) sont des lymphocytes historiquement appelées « cellules tueuses naturelles » du fait de leur capacité à lyser des cellules tumorales ou 45
infectées en l'absence d’immunisation spécifique préalable. Produites majoritairement dans la moelle osseuse à partir de précurseurs, les cellules NK sont présentes dans la circulation sanguine, dans les organes lymphoïdes, ainsi que dans certains tissus où elles exercent le rôle de sentinelle pour les cellules anormales. Elles appartiennent au système immunitaire innée. e) Le système du complément Le système du complément est impliqué au sein de la réponse immunitaire innée et adaptative. Son rôle premier étant de protéger l’organisme contre les infections, il intervient également au sein de la réaction inflammatoire, de l’élimination des cellules altérées, ou encore lors de la régulation de la réponse immunitaire adaptative. Le système du complément possède de ce fait de multiples rôles, tant au sein de la réponse immunitaire innée qu’adaptative. Le système du complément, en permanence inhibé par des mécanismes de régulations de l’hôte, est constitué de nombreuses protéines inactives. Suite à la reconnaissance d’antigènes exogènes, les protéines du système sont activées au sein d’une cascade réactionnelle. Cette suite de réactions moléculaires aboutit à leur liaison covalente à la surface des agents pathogènes, permettant leur élimination par neutralisation, opsonisation, ou phagocytose. Ces mécanismes sont toutefois contournés par de nombreux agents pathogènes. La complexité et la puissance du système du complément laissent présager de l’importance de sa régulation. Trois étapes majeures sont dénombrées : l’activation du système du complément, la synthèse d’une molécule clef du système appelée C3b (C3 -­‐‑> C3a + C3b), et l’assemblage du système final. L’activation du système du complément peut se faire par 3 voies distinctes : la voie dite classique, la voie des lectines, et la voie alterne. La voie des lectines et la voie alterne sont directement activées par la reconnaissance respective de structures carbohydrates de microorganismes ou des structures bactériennes telles que le lipopolysaccharide, et font donc partie intégrante des défenses immunitaires innées. La voie alterne est un processus par défaut, ayant lieu à moins d’être inhibé par des molécules régulatrices de l’activation du complément. Les protéines mises en jeu sont les produits de clivage de la molécule C3, 46
C3b et C3a, précisées dans la figure 18 ci-­‐‑dessous. C3b se lie au facteur H en l’absence d’activation, ou au facteur B suite à la détection d’antigènes de micro-­‐‑organismes. Figure 18 : La voie d'activation alterne du complément, d’après Tizard, Edition Saunders, 2012 La voie classique est quant à elle activée en cas de liaison d’anticorps capables d’activer le complément, à la surface de l’agent pathogène, et est donc dépendante de la réponse immunitaire adaptative. 2) Immunité de la barrière cutanée La peau, interface entre l’hôte et son environnement, est la première ligne de défense de l’organisme. Le pH de la peau (acide à neutre chez le chien), additionné à la desquamation continue des cellules cutanées et à la colonisation par la flore commensale confèrent à la peau des propriétés protectrices prévenant la colonisation par les agents pathogènes (Tizard, 2012). La peau possède une multitude de mécanismes de défense immunitaire innée, de la présence d’une flore bactérienne commensale à la production de peptides antimicrobiens par les kératinocytes. Des défenses immunitaires adaptatives sont également mises en jeu de par la sollicitation d’un réseau complexe de cellules dendritiques présentes dans le derme, dont les cellules de Langerhans, susceptibles de présenter les antigènes capturés une population de lymphocytes T helper. 47
Lors d’une piqure d’arthropode, il y a effraction cutanée et contournement des défenses immunitaires innées de la peau. Les antigènes injectés dans le derme sont capturés par les cellules de Langerhans et présentés aux cellules T, stimulant une réponse rapide et efficace. A la différence des tiques molles, les tiques dures, dont Dermacentor reticulatus et Ixodes ricinus étudiées ici, possèdent la particularité de rester plusieurs jours au contact de l’hôte pour la prise du repas sanguin. Au cœur du cycle évolutif de l’espèce, le sang est un nutriment essentiel pour la survie, le développement et la maturation des œufs de ces arthropodes hématophages. Afin que le repas sanguin soit de durée et d’importance suffisante à la pérennité de l’espèce, le vecteur se doit donc de contourner la cascade hémostatique de son hôte, mais aussi de contrecarrer ses réponses inflammatoires et immunitaires. L’interface vecteur-­‐‑hôte devient alors un site d’affrontement entre le système immunitaire de l’hôte, tendant au rejet du non-­‐‑soi, et les mécanismes d’échappement du vecteur. En effet, la salive de tique, injectée au point de morsure, module pharmacologiquement et immunologiquement la réponse de l’hôte (Ribeiro et al., 1985 ; Fontaine et al., 2011). Notre étude se limitera ici aux mécanismes immunologiques mis en œuvre lors de l’interaction de l’hôte vertébré et du vecteur. 3) Propriétés immunomodulatrices de la salive d’arthropodes Lors du repas sanguin, l’arthropode vecteur inocule sa salive à l’animal par l’intermédiaire de ses pièces buccales spécialisées, signant le début du contact entre vecteur et hôte. De nombreuses propriétés immunomodulatrices visant à contourner la réponse immunitaire de l’hôte ont été attribuées à la salive d’arthropode (Kotál et al., 2015). L’action de cette salive vise tant la réponse cellulaire qu’humorale de l’hôte vertébré. Présentons ces mécanismes immunomodulateurs. a) Modulation de la réponse immunitaire innée -­‐‑ Action anti-­‐complément par inhibition de la voie alterne La voie alterne d’activation du complément est une voie de réponse immunitaire innée de l’organisme contre les agents pathogènes, dont les ectoparasites. Ce composant du 48
système immunitaire a participé à la sélection de pathogènes ayant développé des stratégies de contournement. Le contournement des défenses immunitaires de l’hôte par les tiques, et plus particulièrement l’action de certaines molécules présentes dans la salive sur la voie alterne du complément ont été étudiés. Valenzuela et son équipe ont isolé une protéine salivaire capable d’inhiber cette voie d’activation du complément chez Ixodes scapularis. Cette molécule de 18,5kDa, nommée Isac (Ixodes scapularis anticomplement protein), a une action inhibitrice sur la voie alterne, attribuée à la présence d’une séquence de 4 cystéines, également retrouvée au sein de certaines protéines régulatrices du système du complément. Aucun effet n’est identifié sur la voie classique. D’action comparable à celle de deux molécules régulatrices, à savoir les molécules DAF (Decay accelarating factor) et le facteur H, elle ne présente toutefois pas de similitude avec les molécules inhibitrices du compléments connues jusqu’alors (Valenzuela et al., 2000). Le mécanisme met en jeu l’inhibition de la liaison de C3b à l’agarose, et l’accélération du détachement du facteur Bb issu de la C3 convertase produit au sein de la voie alterne du complément. Deux séquences différentes, comparables à Isac, ont été isolées sur le transcriptome d’extrait de glandes salivaires d’Ixodes ricinus. L’expression de ces séquences a révélé qu’elles codaient toutes deux pour des protéines homologues de Isac, ayant une action inhibitrice dose-­‐‑dépendante sur la voie alterne d’activation du complément. L’expression de ces molécules, nommées IRAC I et IRAC II (Ixodes ricinus anticomplement proteins I et II), est activée durant le repas sanguin et permet un contournement du système immunitaire de l’hôte. Quatre cystéines, comparables à la séquence retrouvée sur la molécule Isac, ont également été identifiées sur les molécules IRAC I et II, confortant l’hypothèse émise par l’équipe de Valenzuela (Daix et al., 2007). Ces deux études suggèrent que les tiques appartenant au complexe Ixodes ricinus possèderaient un gène familial codant pour de multiples protéines inhibitrices du système du complément. L’usage d’anticorps monoclonaux spécifiques de IRAC I et II a par ailleurs permis de montrer que les deux protéines étaient co-­‐‑exprimées chez la femelle Ixodes ricinus et activées au cours du repas sanguin (Schroeder et al., 2009). Une fois de plus, l’inhibition du système du complément se fait par l’inhibition de C3b et l’attachement du facteur B. Plus récemment, un groupe de 5 séquences homologues à celle de la protéine Isac a été mis en évidence chez Ixodes ricinus (IxAC-­‐‑B1 à 5) par l’équipe de Couvreur. Similairement 49
aux molécules précédentes, une inhibition de la voie alterne du complément a été mise en évidence. Une fois de plus, la voie classique d’activation du complément reste inchangée. Un nouveau mécanisme d’inhibition est identifié pour les molécules IxAC, inhibant la voie alterne du complément par liaison spécifique de la properdine, empêchant sa liaison avec C3b (Couvreur et al., 2008). -­‐‑ Effet sur les macrophages De nombreuses interactions entre les macrophages, la salive de tique et les agents pathogènes vectorisés ont été mises en évidence, et ont été passées en revue récemment et exposées par Kotál (Figure 19). Saliva : salive ; SGE : Salivary gland extract – extrait de glandes salivaires ; Flèches rouges : Action
inhibitrice ; Flèches vertes : Action stimulatrice
Figure 19 : Effet de la salive de tique (ou de l’extrait de glandes salivaires) sur les macrophages, d’après Kotál et al. (2015) Une étude a mis en évidence que l’extrait de glandes salivaires d’Ixodes ricinus a une action inhibitrice sur les macrophages activés par Borrelia afzelii, et plus particulièrement sur leur production d’oxyde nitrique, menant à une importante mortalité sur modèle murin. La salive d’Ixodes ricinus inhibe de ce fait la destruction du parasite par les macrophages de l’hôte, facilitant la transmission de l’agent pathogène (Kuthejlová et al., 2001). De même, l’extrait de glandes salivaires d’Ixodes ricinus a montré inhiber la phagocytose de Borrelia afzelii par les macrophages de souris infectées, et inhiber la synthèse de cytokines impliquées dans la défense contre le parasite par les macrophages (IFN-­‐‑g). De 50
nombreux autres effets de la salive de tiques ont été rapportés, mettant en évidence la modulation de la synthèse de cytokines impliquées dans le contrôle des parasites vectorisés ou encore l’inhibition de la phagocytose (Kotál et al., 2015). -­‐‑ Effet sur les cellules dendritiques L’équipe de Slámová s’est intéressée à l’interaction entre les cellules dendritiques de souris avec Borrelia afzelii, et s’est concentrée sur la phagocytose du spirochète par ces cellules, leur production de cytokines à la suite d’une stimulation par l’agent pathogène, ainsi qu’à la capacité des cellules dendritiques exposées à la bactérie à activer les lymphocytes T CD4+. Les résultats mettent en évidence que la salive de tique diminue le nombre de cellules dendritiques susceptibles de phagocyter la bactérie ainsi que la production de cytokine de type Th1 (TNF-­‐‑a et IL-­‐‑6) et Th2 (IL-­‐‑10). La salive de tique est donc à l’origine d’une inhibition de l’interaction entre les cellules dendritiques et le spirochète (Slámová et al., 2011). Une autre étude a mis en évidence que l’exposition in vitro de cellules dendritiques à de la salive de tique réduisait la capacité de présentation des antigènes de ces cellules. De plus, la salive de tique administrée in vivo a significativement inhibé la maturation des cellules dendritiques, leur capacité à migrer précocement vers les nœuds lymphatiques ainsi que leur capacité à présenter les antigènes solubles aux cellules T. Les cellules dendritiques exposées à la salive de tiques n’ont par ailleurs pas pu induire de réponse immunitaire efficace de type Th1 ni Th17, et ont induit une orientation vers une voie Th2 (Skallová et al., 2008). Compte tenu du rôle d’initiateur de la réponse immunitaire acquise des cellules dendritiques, l’altération de leur fonction par la tique constitue un important mécanisme d’échappement au système immunitaire de l’hôte. -­‐‑ Effet sur les neutrophiles Une lipocaline présente dans la salive d’Ixodes ricinus (Ir-­‐‑LBP) a montré inhiber la réponse inflammatoire de l’hôte in vivo, en limitant le nombre de leucocytes présents au site d’attachement de la tique (Beaufays et al., 2008). La salive d’Ixodes ricinus a également montré une inhibition de l’immunité cutanée innée de l’hôte et de la migration de cellules 51
immunocompétentes sur le lieu de morsure. Cette modulation de la réponse inflammatoire et immunitaire diminue la douleur possiblement associée à la morsure, offrant alors à la tique une possibilité de repas sanguin plus long et donc plus favorable à la transmission d’agents pathogènes, mais aussi un terrain plus susceptible d’être colonisé par le parasite ou la bactérie vectorisés (Kazimírová & Štibrániová, 2013). -­‐‑ Effet sur les lymphocytes Natural Killer L’action de l’extrait de glande salivaire d’Ixodes ricinus sur les cellules NK a été étudié. La présence d’extrait de glande salivaire a été associé à la suppression de l’activité cytotoxique des cellules NK chez la souris, mettant en évidence une fois de plus l’action immunomodulatrice de la salive de tique sur le système immunitaire inné (Kopecký & Kuthejlová, 1998). b) Modulation de la réponse immunitaire acquise Les premières études concernant l’influence de la salive d’arthropode sur les populations lymphocytaires ont été réalisées en 1985 avec la salive d’Ixodes dammini, mettant en évidence son effet inhibiteur sur la synthèse d’IL-­‐‑2 par les lymphocytes T, possiblement due à l’action de la prostaglandine PGE2 contenue dans la salive associée. De même, une étude ultérieure a mis en évidence une molécule présente dans la salive d’Ixodes dammini se liant à l’IL-­‐‑2 et inhibant la prolifération de lymphocytes T, confortant les résultats précédents (Gillespie et al. , 2001). Cette inhibition de la prolifération lymphocytaire par la salive de tique a par la suite été démontrée chez de nombreuses autres espèces de tiques, comme Ixodes ricinus (Rolníková, Kazimírová, & Buc, 2003). A la suite d’une morsure de tique, les lymphocytes B synthétisent des anticorps spécifiques dirigés contre les antigènes présents dans la salive et le système digestif des tiques. Une diminution significative des taux en IgM et IgG a été observée chez les souris BALB/c infestées par Ixodes ricinus 5 jours avant l’injection d’albumine sérique bovine, mais pas chez les souris infestées 5 jours après l’immunisation, sous-­‐‑entendant une inhibition de la synthèse d’anticorps spécifiques par les lymphocytes B à la suite de l’infestation par la tique (Menten-­‐‑Dedoyart et al., 2008). Ainsi, l’infestation par Ixodes ricinus diminue la 52
production d’anticorps spécifiques dirigés contre un antigène modèle chez la souris, sous-­‐‑
entendant une action inhibitrice de la salive de tique sur la réponse immunitaire à médiation humorale, médiée par les lymphocytes B. Ce mécanisme pourrait être à l’origine de la facilitation de transmission d’agents pathogènes vectorisés. Ces résultats doivent toutefois être confrontés à ceux d’études ultérieures, mettant en évidence l’absence d’action de la salive de tique sur la production de lymphocytes B mémoire et sur la production d’IgM et d’IgG spécifiques anti-­‐‑albumine sérique bovine (Menten-­‐‑Dedoyart et al., 2011), allant à l’encontre des observations antérieures. Des expériences portant sur la salive ou les extraits de glandes salivaires ont montré leur effet sur la polarisation de la réponse immunitaire d’une voie Th1 à une voie Th2, par inhibition de la synthèse des cytokines de type Th1 et activation des cytokines de type Th2. Cette orientation de la réponse immunitaire mène à une diminution de la réponse inflammatoire, propice à la survie de la tique et à la continuité de son repas sanguin sur l’hôte (Wikel, 1996). En effet, la salive de tique a été associée à une inhibition de la sécrétion d’IL-­‐‑2, d’IL-­‐‑12, de TNF-­‐‑a et d’IFN-­‐‑g (cytokines de type Th1), et à une stimulation de la sécrétion d’IL-­‐‑6 et d’IL-­‐‑10 (cytokines de types Th2) (Kotál et al., 2015 ; Wikel, 1996). À titre d’exemple, la protéine Iris, présente dans les glandes salivaires d’Ixodes ricinus, exprimée au cours du repas sanguin, inhibe la prolifération lymphocytaire, induit une réponse immunitaire de type Th2 et inhibe la production de cytokines pro-­‐‑
inflammatoires (Leboulle et al., 2002). Cette polarisation a été attribuée à un effet négatif de la salive de tique sur les cellules dendritiques, encourageant alors la différentiation des cellules CD4+ en cellules de type Th2 (Mejri et al., 2001). Ainsi, les arthropodes ont développé de nombreuses stratégies de contournement du système immunitaire inné et adaptatif, facilitant le repas sanguin et le contact prolongé avec leur hôte. Le système immunitaire inné est atteint par l’inhibition du complément, la diminution de la capacité des macrophages à détruire les agents pathogènes et l’inhibition des propriétés migratoires des cellules dendritiques visant à effectuer une présentation d’antigènes efficace. Les tiques contournent également le système immunitaire acquis, par l’action immunomodulatrice de leur salive, en inhibant la prolifération lymphocytaire et en orientant la réponse immunitaire vers une voie Th2 visant à diminuer la réponse 53
inflammatoire. Il est à présent acquis que les arthropodes hématophages ne se contentent pas de simplement inoculer l’agent pathogène qu’ils vectorisent. Leur production de nombreuses molécules pharmacologiquement et immunologiquement actives permet de contourner la cascade hémostatique et inflammatoire de l’hôte, ainsi que sa réponse immunitaire discriminant le non-­‐‑soi. Du fait de l’action immunomodulatrice de leur salive, les tiques préparent alors un terrain propice au développement des agents pathogènes dont ils sont les vecteurs. C) Réponse immunitaire de l’hôte contre l’agent pathogène Etudions à présent la réponse immunitaire de l’hôte envers l’agent pathogène, et les mécanismes impliqués dans la sensibilité ou la résistance à la maladie. 1) Leishmaniose canine La réponse immunitaire de l’hôte contre Leishmania infantum a été longuement étudiée, et figure à ce jour parmi les mécanismes immunologiques les plus connus. L’orientation de la réponse immunitaire dirigée contre le parasite vers une voie de type Th1 ou Th2 détermine l’évolution de la maladie (Baneth et al., 2008). À la différence des observations faites chez la souris atteinte de leishmaniose cutanée et chez l’homme atteint de leishmaniose viscérale, il n’y a pas de dichotomie stricte entre voie Th1 et Th2 chez le chien (Strauss-­‐‑Ayali, Baneth, & Jaffe, 2007). a) Réponse immunitaire innée Après phagocytose de Leishmania infantum, les antigènes capturés sont présentés aux lymphocytes T helper. Les antigènes présentés comptent entre autres la protéine de surface gp63, et le lipophosphoglycane de surface (LPG). Ces molécules de surface ont par ailleurs un rôle fonctionnel : la protéine gp63 a un rôle de protéase associé à l’échappement du parasite à la réponse immunitaire humorale jusqu’à acquisition de sa position intracellulaire (Etges, Bouvier, & Bordier, 1986). Une action régulatrice positive sur la protéine C3 du complément est également rapportée pour gp63. Le rôle de C3 étant de faciliter le contact entre le promastigote et le macrophage, l’interaction de gp63 et de 54
la protéine C3b aboutit à la formation de C3bi qui facilite l’internalisation et l’opsonisation du parasite au sein des macrophages tout en lui conférant une résistance à leur action lytique (Brittingham et al., 1995 ; Olivier, Gregory, & Forget, 2005). Le lipophosphoglycane est également associé à une résistance des leishmanies à l’action lytique des macrophages, par retard de la fusion entre endosome et phagosome (Desjardins & Descoteaux, 1997), permettant au parasite de se différencier en amastigotes, plus résistants. Le mécanisme reste à ce jour méconnu, mais met en jeu entre autres l’inhibition de la protéine C kinase (Holm et al., 2003). Non exprimé par les amastigotes, le rôle du LPG dans l’échappement à la réponse immunitaire innée de l’hôte concerne exclusivement la phase initiale de l’infection. Suite à l’infestation, les monocytes migrent vers le site d’inoculation et se différencient en macrophages, faisant office de cellules présentatrices d’antigènes. Une fois les antigènes parasitaires capturés, ils sont présentés aux cellules de l’immunité adaptative, et plus particulièrement aux lymphocytes T. Les cellules dendritiques ont également un rôle de cellules présentatrices d’antigènes. De plus, elles sécrètent de l’IL-­‐‑12 et de l’IL-­‐‑18, activant les cellules NK, les macrophages, et les polynucléaires neutrophiles. Les cellules NK n’exercent toutefois pas d’action cytotoxique directe sur les macrophages infectés, mais sécrètent des molécules favorisant la destruction des leishmanies au sein des macrophages. b) Dualité des patients infectés : porteurs asymptomatiques et individus malades L’infection par Leishmania infantum n’est pas synonyme de maladie. En effet, de nombreuses études ont mis en évidence l’existence d’individus asymptomatiques mais porteurs du parasite. On définit les chiens atteints de leishmaniose clinique comme ceux qui présentent des signes cliniques et/ou paracliniques, et dont l’infection par le protozoaire a été démontrée. Les chiens infectés asymptomatiques sont quant à eux porteur de Leishmania infantum (infection démontrée), mais ne présentent ni signes cliniques, ni signes paracliniques de la maladie. Dans le sud de la France, en région endémique, la prévalence de l’infection par Leishmania infantum varie entre 83% et 90% (Berrahal et al., 1996; Lachaud et al., 2002). A échelle 55
mondiale, en région endémique, la prévalence de la maladie, varie de 0,4 à 26% selon les études et la zone concernée, la séroprévalence varie de 6 à 30%, tandis que la prévalence de l’infection varie de 25 à 90% (Solano-­‐‑Gallego et al., 2001, Solano-­‐‑Gallego et al., 2009). Des signes cliniques et paracliniques de la maladie ne sont observés que chez une fraction de chiens porteurs de Leishmania infantum. Cette différence de statut face à la leishmaniose canine peut être illustrée par la figure 20 ci-­‐‑dessous. Figure 20 : Représentation schématique de la distribution de la leishmaniose canine en région endémique (Baneth et al., 2008b) Le sommet de la pyramide représente la population canine présentant des symptômes de leishmaniose canine. La portion beige concerne les individus asymptomatiques mais séropositifs. Plus étendue encore, la portion violette représente les chien asymptomatiques et séronégatifs, chez qui le parasite Leishmania infantum a été identifié par méthode PCR. Enfin, la portion bleue représente les chiens sains et non-­‐‑porteurs. D’autres paramètres de résistance, ou au contraire de susceptibilité accrue à la maladie ont également été identifiés. A titre d’exemple, certaines races, telles que le Boxer, le Cocker Anglais, le Doberman ou encore le Berger Allemand semblent plus enclines à développer des symptômes de la maladie (França-­‐‑Silva et al., 2003), bien qu’un biais puisse être attribué à la région de l’étude et à la prévalence de ces races sur le territoire. Au contraire, le Podenco d’Ibiza (Ibizian hound) ne présente que très rarement des symptômes de la maladie en région endémique, et semble donc plus résistant aux 56
leishmanies (Solano-­‐‑Gallego et al., 2000). La génétique de l’hôte a également été mise en cause : le polymorphisme du gène Slc11c1, ainsi que certains allèles du gène MHC II ont été associés à une susceptibilité accrue à la maladie (Sanchez-­‐‑Robert et al., 2008 ; Quinnell et al., 2003). L’âge de l’hôte, semble au même titre être un facteur déterminant. Deux pics épidémiologiques majeurs sont identifiés, chez le jeune chien, puis chez le chien âgé de plus de 8 ans (Abranches et al., 1991 ; Cardoso et al., 2004). Concernant le sexe, les résultats des études montrent des résultats contradictoires. Si certaines études mettent en évidence un risque accru chez le mâle (Zaffaroni et al., 1999) , d’autres s’accordent sur le fait que le genre ne constitue par un facteur de prédisposition (França-­‐‑Silva et al., 2003 ; Cardoso et al., 2004). Enfin, le statut immunitaire de l’hôte et les affections co-­‐‑existantes peuvent modifier l’efficacité de la réponse immunitaire contre le parasite, et donc faciliter le développement de la maladie. c) Dualité de réponse immunitaire Le résultat d’une infection par Leishmania infantum est donc très variable, allant de l’élimination totale du parasite à l’expression sévère de la maladie, en passant par le portage asymptomatique. Ces différences sont la conséquence de variations de réponse immunitaire face au parasite. En effet, sur le plan immunologique, les réponses immunitaires adaptatives de l’hôte diffèrent et conditionnent l’évolution de l’infestation et la résistance à la maladie. En cas d’orientation de la réponse immunitaire vers une voie T helper 1 dite Th1, l’infection est contrôlée, la multiplication des leishmanies est fortement limitée et ces dernières peuvent être éliminées (Baneth et al., 2008b). L’efficacité de cette réponse immunitaire protectrice empêche le développement de la maladie, comme c’est le cas chez les porteurs asymptomatiques. Au contraire, si l’orientation T helper 2 dite Th2 prédomine, on assiste à une colonisation de l’organisme par le parasite, donnant lieu à l’expression clinique de la maladie et pouvant se solder par une leishmaniose viscérale mortelle. Toutefois, les statuts immunitaires sont modulables et réversibles, et des réponses mixtes peuvent être observées. 57
-­‐‑ Chez le chien infecté asymptomatique Il est à ce jour connu que l’immunité protectrice de l’hôte contre Leishmania met en jeu les lymphocytes T helper 1 CD4+, via une réponse immunitaire à médiation cellulaire. Les premières études sur modèle murin ont mis en évidence que la résolution ou la progression de la maladie était associée à la prolifération de populations de lymphocytes Th1 ou Th2, produisant respectivement les cytokines IFN-­‐‑g et IL-­‐‑4 (Mosmann et al., 1986; Heinzel et al., 1989). La réponse protectrice été corrélée à l’absence de signes cliniques, à un faible titrage d’anticorps anti-­‐‑leishmaniens et à un faible parasitisme. La résistance de l’hôte à la leishmaniose viscérale est associée à une activation des cellules Th1, produisant des molécules telles que l’IFN-­‐‑γ, l’IL-­‐‑2 et le TNF-­‐‑a (Pinelli et al., 1994 ; Barbiéri, 2006). Les études visant à caractériser les profils de cytokines exprimées chez le chien asymptomatique infecté expérimentalement ont mis en évidence l’expression d’IFN-­‐‑g, d’IL-­‐‑2, et de TNF-­‐‑a, en accord avec les résultats précédents, mais aussi d’IL-­‐‑18 et d’IL-­‐‑10. La présence de cytokines sécrétées par les cellules Th1 (IFN-­‐‑g, IL-­‐‑2, TNF-­‐‑a) et Th2 (IL-­‐‑10, TNF-­‐‑a en moindre quantité) souligne la coexistence de lymphocytes de type Th1 et Th2 chez l’animal asymptomatique (Chamizo, Moreno, & Alvar, 2005). Toutefois, l’expression d’IFN-­‐‑g apparait nettement supérieure chez le chien asymptomatique par comparaison à l’animal déclarant la maladie, mettant en évidence la prédominance de la réponse de type Th1. En effet, les résultats obtenus chez le chien confortent ceux issus du modèle murin, et associent l’expression d’IFN-­‐‑g au contrôle de l’infection. De plus, le TNF-­‐‑a améliore l’action de l’IFN-­‐‑g. Le principal mécanisme effecteur du contrôle de la prolifération des leishmanies concerne donc l’IFN-­‐‑g qui a, en collaboration avec le TNF-­‐‑a, un rôle essentiel dans l’activation des macrophages, menant à la destruction des amastigotes intracellulaires (Carrillo & Moreno, 2009). Le rôle de l’IL-­‐‑12 a également été étudié de près, et été corrélé à l’augmentation de la réponse immunitaire de type Th1 (Strauss-­‐‑Ayali et al., 2007). En effet, cette interleukine augmente la production d’IFN-­‐‑g par les cellules effectrices de l’immunité des individus infectés, expliquant l’orientation vers une réponse immunitaire de type Th1 (Barbiéri, 2006). De plus, l’expression de l’IL-­‐‑12p40 a été mise en évidence durant les premiers jours suivant l’infection par le parasite, laissant supposer le rôle clef de cette cytokine dans l’orientation initiale de la réponse immunitaire, et du développement ou non de la 58
maladie (Santos-­‐‑Gomes et al., 2002). L’action stimulatrice de l’IL-­‐‑12 sur la production d’IFN-­‐‑g par les monocytes chez les chiens infectés expérimentalement ou naturellement en fait par ailleurs un excellent candidat pour les individus réfractaires à la stratégie thérapeutique usuelle (Strauss-­‐‑Ayali et al., 2005). Les cytokines synthétisées telles que l’IL-­‐‑2, l’IFN-­‐‑ γ et le TNF favorisent l’activité leishmanicide du macrophage par l’action oxydative de l’oxyde nitrique (Prajeeth et al., 2011 ; Baneth et al., 2008), en entraînant la mort intracellulaire des leishmanies par apoptose contrôlée par des inhibiteurs du protéasome (Holzmuller, Bras-­‐‑Gonçalves, & Lemesre, 2006). L’oxyde nitrique est synthétisé par la voie métabolique de la L-­‐‑arginine (Figure 21). La L-­‐‑arginine est un nutriment essentiel, utilisé tant par les macrophages que par le parasite. Deux voies métaboliques peuvent être empruntées par cet acide-­‐‑aminé, et déterminent le devenir des leishmanies au sein des macrophages. A la suite d’une stimulation par les cytokines de type Th1, et plus particulièrement par l’IFN-­‐‑g, il y a activation de la synthèse d'oxyde nitrique, via une enzyme nécessaire pour la conversion de L-­‐‑arginine en oxyde nitrique, et inhibition de l’arginase. L’oxyde nitrique, ainsi produit, a une action leishmanicide et permet la destruction du parasite. Figure 21 : Impact des cytokines Th1 ou Th2 sur le métabolisme L-­‐‑arginine du macrophage, d’après Freyburger et al., 2012 59
Le traitement anti-­‐‑leishmanien est par ailleurs également associé à la destruction des leishmanies par les macrophages activés par l’IFN-­‐‑g, par un mécanisme impliquant le NO (Vouldoukis et al., 1996), mettant une fois de plus en évidence la place capitale de ce métabolite dans la lutte contre le parasite. De même, la production de NO et l’activité anti-­‐‑
leishmanienne ont été mises en évidence au sein des macrophages de chiens infectés par le parasite, après incubation en présence d’IFN-­‐‑γ, d’IL-­‐‑2 et de TNF-­‐‑a ( Pinelli et al., 2000). Enfin, un faible titre en anticorps dirigés contre les antigènes leishmaniens a été mis en évidence chez les chiens infectés asymptomatiques, par comparaison aux animaux développant la leishmaniose canine. La résistance à la maladie est de ce fait associée à une réponse immunitaire humorale faible, bien que présente (Pinelli et al., 1994). -­‐‑ Chez le chien déclarant la maladie L’évolution vers une expression clinique de la leishmaniose canine est couramment associée à une prédominance de la réponse immunitaire humorale sur la réponse immunitaire cellulaire. Les chiens atteints de leishmaniose sont donc caractérisés par une réponse exagérée de type Th2, associée à une inhibition de la réponse protectrice de type Th1. En effet, le titrage d’anticorps anti-­‐‑Leishmania est plus élevé chez les chiens présentant des symptômes de leishmaniose, par comparaison aux individus infectés mais asymptomatiques (Pinelli et al., 1994, Reis et al., 2006). Ces anticorps produits en quantité importante sont à l’origine de symptômes consécutifs au dépôt d’immuns complexes au sein de divers organes, tel que le rein (glomérulonéphrite), les yeux (uvéite) ou encore les articulations (arthrite). Le taux d’anticorps peut par ailleurs être suivi au cours du traitement du patient atteint de leishmaniose canine, et apparait comme un indicateur intéressant de l’efficacité du traitement (Solano-­‐‑Gallego et al., 2001). De nombreuses études se sont intéressées aux anticorps secrétés, et plus particulièrement à la sous-­‐‑classe d’immunoglobulines G (IgG1 et IgG2) impliquées dans la sensibilité à la leishmaniose. Les études sur modèle murin ont mis en évidence une corrélation entre infection symptomatique, réponse immunitaire de type Th2 et élévation du titrage en IgG1 et IgE, opposée à une corrélation entre réponse de type Th1 et élévation du titrage en IgG2 chez l’animal infecté asymptomatique (Day, 2007b). Toutefois, les résultats des études menées chez le chien infecté divergent et ne permettent pas d’établir 60
de corrélation claire entre la sous-­‐‑classe d’IgG, le type de réponse immunitaire (Th1 ou Th2) et le développement ou non de la maladie (Baneth et al., 2008). Concernant le profil de cytokine, la sensibilité à la leishmaniose canine est associée à une plus faible production d’IFN-­‐‑g, de TNF-­‐‑α, d’IL-­‐‑18 et d’IL-­‐‑10 par les phagocytes mononuclés, mettant en réalité en évidence l’existence d’une réponse immunitaire mixte Th1 et Th2 (Pinelli et al., 1994). Un profil de cytokines précis reste toutefois complexe à établir (Alvar et al., 2004). La corrélation entre IL-­‐‑10 et maladie active est à ce jour démontrée chez l’homme et le chien. Bien que Quinnell ait mis en évidence que le taux en IL-­‐‑10 des tissus de chiens infectés naturellement était comparable à celui des chiens témoins, exempts d’infection (Quinnell et al., 2001), et que Santos-­‐‑Gomes ait montré que l’IL-­‐‑10 n’était généralement pas exprimée chez les animaux symptomatiques de la maladie (Santos-­‐‑Gomes et al., 2002), le rôle de cette interleukine a été précisé par des études ultérieures. L’augmentation d’IL-­‐‑10 est corrélée à la prolifération parasitaire, à la susceptibilité à la maladie, ainsi qu’à son évolution (Lage et al., 2007 ; Boggiatto et al., 2010). Le rôle d’une autre cytokine produite par les cellules Th2, l’IL-­‐‑4, a par la suite été questionné et reste controversé à ce jour. Exprimée dans les cellules de chiens symptomatiques et asymptomatiques, une étude a toutefois mis en évidence un titrage bien plus important dans la peau de chiens symptomatiques de la maladie, associant l’IL-­‐‑
4 à des signes cliniques sévères et à une forte concentration parasitaire au sein des lésions cutanées (Brachelente et al., 2005). En présence de cytokines de type Th2, l’arginase est activée au sein du macrophage, au détriment de la synthèse d'oxyde nitrique, transformant la L-­‐‑arginine en polyamides, nutriments essentiels au développement des leishmanies, pouvant alors proliférer au sein de l’hôte, échappant à l’activité leishmanicide de l’oxyde nitrique. 2) Babésiose canine Tous les mammifères sont susceptibles d’acquérir une immunité contre Babesia canis, que cela soit à la suite d’une infection résolue ou à la suite d’une vaccination. Cette immunité implique une réponse immunitaire innée dirigée contre le parasite, suivie d’une réponse immunitaire acquise à médiation cellulaire, associée à une réponse humorale. En effet, les réponses immunitaires à médiation humorale et cellulaire sont toutes deux impliquées 61
dans l’immunité aux babésies. a) Réponse immunitaire innée Dès l’inoculation du parasite à l’hôte, une réaction immunitaire se met en place, débutant en premier lieu par une réponse innée. Les principaux acteurs de la réponse immunitaire non spécifique contre les babésies sont les macrophages et les lymphocytes Natural Killer (NK). L’implication des cellules NK a été pour la première fois mise en évidence chez la souris inoculée expérimentalement avec Babesia microti, un fort taux de NK étant associé à la résistance au parasite (Eugui & Allison, 1980). Toutefois, si certains auteurs mettent en évidence une importante activité des cellules NK en cas de contrôle de la parasitémie, d’autres publient des résultats contradictoires exposant l’expansion des cellules NK pendant la phase aiguë de la maladie, ne permettant de conclure (Homer et al., 2000). Le rôle des macrophages a lui aussi été étudié sur modèle murin. Leur inhibition a été corrélée à une absence d’immunité contre Babesia rodhaini et à une forte mortalité (Zivkovic et al., 1985), mettant en évidence leur rôle capital dans la réponse immunitaire contre le protozoaire. De même, le transfert de macrophages issus de souris immunisés confère une résistance à la maladie, et semble plus efficace que le transfert de cellules T (Meeusen, Lloyd, & Soulsby, 1984). La stimulation des macrophages a de plus été associée à l’inhibition de la croissance du parasite chez l’hôte, par intervention de la voie de l’oxyde nitrique (Rosenblatt-­‐‑Bin, Klein, & Sredni, 1996) Des études se sont concentrées sur la caractérisation de la réponse immunitaire de l’hôte lors de l’infection par les babésies. Chez le cheval, la part de réponse immunitaire innée dans le contrôle de l’infection par Babesia equi a été évaluée. Pour cela, Babesia equi a été inoculée expérimentalement à des poulains atteints d’immunodéficience combinée sévère (dépourvus de lymphocytes T et B fonctionnels mais possédant un système du complément, des macrophages, des granulocytes et des cellules NK inchangés) et à des poulains plus âgés possédant un système immunitaire compétant. Les individus atteints d’immunodéficience ont présenté une évolution plus aiguë et des symptômes plus sévères par comparaison au groupe témoin, associé à une absence d’anticorps sériques dirigés 62
contre le parasite. La présence d’IgG1 et d’IgG2 a par ailleurs été associée à une diminution de la parasitémie, causée par l’opsonisation et la destruction des parasites libres et des érythrocytes infectés par des mécanismes impliquant des cellules cytotoxiques (Knowles, Kappmeyer, & Perryman, 1994 ; Kostro et al., 2015). Confrontés, ces résultats permettent de conclure que la réponse immunitaire innée a une importance capitale dans le contrôle du parasite, mais ne semble pas, à elle seule, suffisante en l’absence de réponse immunitaire acquise et spécifique. b) Réponse immunitaire acquise -­‐‑ Réponse immunitaire à médiation humorale La réponse à médiation humorale est à ce jour considérée comme d’importance limitée dans le contrôle de la babésiose canine. Le transfert de sérum contenant des anticorps spécifiques anti-­‐‑Babesia microti à une souris immunodéprimée ne confère pas de résistance face à l’infection. En effet, malgré l’important titrage en anticorps des souris chez qui la maladie a été contrôlée, aucune propriété protectrice n’a pu être attribuée à ce sérum (Matsubara, Koura, & Kamiyama, 1993). La part de la réponse immunitaire à médiation humorale apparait comme présente, mais accessoire, aux côtés de la réponse à médiation cellulaire. Il est toutefois documenté que les anticorps présents dans le sérum neutralisent les babésies plus efficacement lorsqu’elles sont sous leur forme extracellulaire, dans les premiers stades de l’infection (Abdalla, Hussein, & Kreier, 1978) . En effet, une fois inoculés par la tique, les sporozoïtes se retrouvent libres dans le plasma pendant une courte période ce qui permet la production d’immunoglobulines G (IgG1 et IgG2) puis d’IgM par les lymphocytes B, afin de neutraliser les sporozoïtes avant qu’ils n’infectent les hématies (Homer et al., 2000). Ces anticorps spécifiques sont également impliqués dans l’opsonisation des érythrocytes parasités. L’action protectrice des anticorps apparait cependant bien plus efficace sur le parasite libre, par comparaison à la babésie en position intra-­‐‑érythrocytaire, plus difficile d’accès. L’implication de la réponse immunitaire à médiation humorale apparaît donc comme existante, mais restreinte à la courte période entre l’inoculation du parasite et son invasion des hématies. 63
-­‐‑ Réponse immunitaire à médiation cellulaire Le rôle spécifique des cellules T a été étudié chez des animaux dépourvus de thymus. L’infection de ces animaux par Babesia microti a résulté en une parasitémie importante et persistante, par opposition aux souris témoins chez qui la parasitémie n’étaient que transitoire, indiquant le rôle clef des cellules T dans la résistance à la babésiose (Ruebush & Hanson, 1980). De plus, le transfert de thymocytes issus de souris immunisées à des souris naïves confère une résistance à la babésiose. La réponse immunitaire à médiation cellulaire apparait comme indispensable au contrôle du parasite par l’hôte (Matsubara et al., 1993). Les cellules T ont également été impliquées dans la protection contre Babesia rodhaini : les souris immunisées contre le parasite ont montré une augmentation de la parasitémie et de la mortalité à la suite d’un traitement à base de sérum comprenant des anticorps anti-­‐‑thymocytes. En l’absence de cellules T compétentes, le contrôle des babésies échappe à l’hôte (Zivkovic et al., 1985). Babesia microti active la voie immunitaire de type Th1. En effet, les souris dépourvues de lymphocytes T CD4+ se montrent plus sensibles à Babesia microti que les souris possédant un système immunitaire compétent, alors que souris dépourvues de lymphocytes CD8+ cytotoxiques ne semblent pas plus sensibles à l’infection. Un fort taux d’IFN-­‐‑g, produit par les cellules CD4+, a par ailleurs été mis en évidence dans le surnageant de cellules spléniques de souris résistantes à la maladie, et le traitement de ces souris avec des anticorps anti-­‐‑IFN-­‐‑g a été associé à une protection moins efficace (Igarashi et al., 1999). Les lymphocytes CD4+ helper semblent de ce fait être les acteurs principaux de la part cellulaire de la réponse immunitaire contre les babésies. Cependant, malgré les connaissances actuelles sur l’implication certaine des lymphocytes T dans le contrôle de la babésiose canine, le mécanisme à l’origine de la mort du parasite au sein des cellules cibles reste incertain. Il n’y a à ce jour pas de certitudes concernant les cellules capables de tuer le parasite sous sa forme libre dans le plasma, ou sous sa forme intra-­‐‑érythrocytaire. Dans les premières études effectuées sur le sujet, des restes de Babesia microti ont été identifiés dans les érythrocytes au moment de la baisse de la parasitémie, suggérant la mise en jeu d’un médiateur soluble de l’immunité dans la dégénérescence du parasite. La piste la plus plausible attribue ce rôle à l’IFN-­‐‑g (Homer et al., 2000). 64
Une collaboration entre système immunitaire inné, et entre les réponses à médiation humorale et cellulaire du système immunitaire acquis est donc impliquée dans la résistance à la babésiose canine, et dans le contrôle du parasite dans l’organisme de l’hôte. Figure 22 : Modèle théorique des cellules et des molécules impliquées dans l’immunité contre Babesia spp, d’après Kostro et al., 2015 En résumé, trois phases impliquant 3 types de réponses immunitaires se succèdent (Kostro et al., 2015 -­‐‑ Figure 22). Lors de l’inoculation par la tique vectrice, une courte phase durant laquelle les sporozoïtes sont libres dans le plasma est observée. A ce stade, les immunoglobulines produites par les cellules B peuvent empêcher l’infection par neutralisation des sporozoïtes, prévenant leur envahissement des hématies. La réponse à médiation humorale apparait donc en première ligne. Une fois que les babésies acquièrent leur position intra-­‐‑érythrocytaire, la parasitémie augmente et la maladie peut se déclarer. Le système immunitaire inné intervient alors, par l’intermédiaire des cellules NK et des macrophages, directement impliqués dans le contrôle de la parasitémie. Enfin, la réponse à médiation cellulaire efficace est associée à une baisse de la parasitémie. Les lymphocytes T CD4+ sont impliqués dans la destruction du parasite, par l’action de l’IFN-­‐‑g qu’elles 65
synthétisent. Le TNF-­‐‑a, l’oxyde nitrique et d’autres métabolites de l’oxygène pourraient également être impliqués. Toutefois, le mécanisme d’action de ces molécules sur le parasite intra-­‐‑érythrocytaire reste incertain. c) Stratégies d’échappement au système immunitaire de l’hôte Certaines études ont mis en évidence la possible manipulation de la réponse immunitaire à médiation humorale par les babésies. En effet, une étude portant sur Babesia bigemina a montré qu’une protéine parasitaire exprimée à la surface des érythrocytes infectés serait impliquée dans la fixation des IgM, et associée à un avantage en faveur du parasite (Echaide et al., 1998). Cette hypothèse est confortée par l’observation de souris dépourvues d’IgM particulièrement résistantes à l’infection par Babesia microti (Rosenberg & Evans, 1979). La capacité de liaison des IgM à la surface d’érythrocytes parasités par des souches hétérologues de Babesia bigemina (Echaide et al., 1998) suggère l’implication de cette protéine dans la survie ou la croissance du parasite. La liaison des IgM aux érythrocytes parasités par des souches hétérologues, et l’association de l’absence de cette classe d’immunoglobulines à une résistance à la maladie rappellent l’action des anticorps facilitant les infections virales. La cytométrie de flux a révélé la présence d’IgG et d’IgM se liant à la membrane des érythrocytes lors d’infection par Babesia canis vogeli, mais pas lors d’infection par Babesia canis canis (Carli et al., 2009). La voie du complément semble également détournée par le parasite, dans la mesure où aucune lyse du parasite médiée par le complément n’a pu être observée, laissant supposer son inhibition par les babésies. 3) Borréliose de Lyme Etudions à présent la réponse immunitaire de l’hôte dirigée contre Borrelia burgdorferi. a) Immunité innée Lorsque de l’infection par Borrelia burgdorferi, de nombreux composants de l’immunité innée de l’hôte entrent en jeu, afin de reconnaitre la bactérie et de permettre son contrôle. Les macrophages et les cellules dendritiques présentent les antigènes capturés et migrent vers les nœuds lymphatiques avant de stimuler les cellules de l’immunité adaptative. La phagocytose de la bactérie par les cellules présentes sur le lieu de la morsure et 66
l’attraction des neutrophiles entrant dans le processus inflammatoire peuvent permettre un contrôle précoce de l’infection. L’activation du système du complément est également impliquée dans l’opsonisation de la bactérie, facilitant sa phagocytose future, ainsi que dans sa lyse directe, médiée par la voie alterne du complément. Il a été mis en évidence que les lipoprotéines de Borrelia burgdorferi activaient les cellules impliquées dans la réponse inflammatoire via le récepteur Toll-­‐‑like 2 (TLR2), suggérant le rôle capital de ce dernier dans la réponse de l’hôte à l’infection par le spirochète. En effet, Borrelia persiste à un taux très important et durant une période au moins égale à 8 semaine chez la souris dépourvue de TLR2, malgré une réponse immunitaire humorale spécifique anti-­‐‑Borrelia comparable aux souris témoins. Le système immunitaire inné apparait alors comme un élément clef de la défense contre l’agent pathogène (Wooten et al., 2002). L’absence d’expression de TLR2 a également été corrélée au développement d’arthrite chez les souris étudiées. (Wang et al., 2004). Toutefois, les souris dépourvues de MyD88, une molécule impliquée dans le signalement cellulaire via, entre autre, le TLR2, présentent une prolifération encore plus importante du spirochète, suggérant la présence de plusieurs voies de signalement lors de la détection d’antigènes de la bactérie (Liu et al., 2004). Ces observations peuvent être attribuées à la mauvaise reconnaissance de l’agent pathogène par les cellules présentatrices d’antigène et les macrophages. L’implication du système du complément a également été investiguée. Après infection par Borrelia burgdoferi, des souris dépourvues de C3, un composant du complément, ont été associées à de plus forte concentration tissulaires en agents pathogènes par comparaison aux souris témoins. De plus, en l’absence d’expression de C3, les titrages en anticorps anti-­‐‑
Borrelia s’avèrent moins importants, et de plus faibles taux de bactéries sont nécessaires à l’infection des souris, mettant en évidence le rôle du système du complément dans la dissémination et la progression de l’infection à Borrelia burgdorferi (Lawrenz et al., 2003). Cependant, si le système immunitaire inné possède une place importante dans le contrôle de l’infection par Borrelia burgdoferi, son action seule ne suffit pas au contrôle efficace de l’infection (Tilly et al., 2008). b) Immunité acquise A la suite de l’infection, la synthèse d’anticorps spécifiques dirigés contre divers antigènes 67
de Borrelia burgdorferi a été mise en évidence sur modèle murin. (Schwan et al., 1989). Le transfert de sérum de souris infectées à des souris saines confère une immunité protectrice contre la même souche de Borrelia burgdorferi (Barthold & Bockenstedt, 1993). Un transfert similaire de cellules T ne confère quant à lui aucune protection. En effet, les souris atteintes d’immunodéficience combinée sévère, dépourvues de cellules T et B, ont montré une résistance complète à la maladie en cas de transfert de splénocytes infectés par Borrelia burgdoferi, une bonne résistance en cas de transfert de cellules T et B, une résistance partielle en cas de transfert de cellules B, et enfin, aucune résistance en cas de transfert de cellules T seules. Ces données permettent de mettre en évidence la coopération entre des différentes cellules du système immunitaire. Toutefois, on note une différence de protection selon la mise en présence exclusive de cellules B ou T. Les cellules T à elles seules ne confèrent pas d’immunité à l’infection, à la différence des cellules B. Cette différence peut être attribuée à l’implication d’anticorps spécifiques synthétisés par les cellules B dans le contrôle de Borrelia burgdorferi. Les cellules T sont également impliquées, mais n’apportent une protection qu’en présence de cellules B a minima : leur rôle semble être d’activer la différentiation des cellules B, plutôt que d’éliminer la bactérie par intervention des lymphocytes cytotoxiques (Schaible et al., 1994). La survie de Borrelia Burgdoferi malgré les stratégies immunitaires innées et acquises de l’hôte, et plus particulièrement la résistance aux forts taux d’anticorps spécifiques dirigés contre ses antigènes, suggère l’existence de mécanismes de contournement du système immunitaire. Ainsi, de nombreuses interactions immunologiques interviennent entre hôte, agent pathogène et vecteur. L’arthropode vecteur a, de par sa salive une action immunomodulatrice facilitant le repas sanguin mais aussi l’infection par l’agent pathogène. Le système immunitaire met en place une réponse immunitaire innée et adaptative, qui selon son orientation, détermine la résistance ou la sensibilité à la maladie. Cette réponse immunitaire peut par ailleurs être évitée par les agents pathogènes, ayant développé de nombreuses stratégies de contournement. En fonction du contexte épidémiologique et des conditions de vie, la vaccination permet de renforcer la protection contre les agents pathogènes, et d’apporter un soutien au système immunitaire dans cette lutte spécifique. 68
II) VACCINATION CONTRE LES MALADIES VECTORISÉES DU CHIEN Les maladies vectorisées du chien sont des maladies émergentes et préoccupantes en médecine vétérinaire. Le potentiel zoonotique de certains agents pathogènes, tel que Leishmania infantum, les place au cœur des préoccupations en terme de santé publique. En plus de la prophylaxie chimique visant à éviter le contact de l’animal et du vecteur, des vaccins contre la leishmaniose, la babésiose et la borréliose du chien sont disponibles, et présentent des enjeux différents. Les vaccins contre les maladies vectorisées du chien commercialisés en France sont présentés dans cette partie. A) Leishmaniose Historiquement, la vaccination contre la leishmaniose viscérale a fait l’objet de moins d’attention par comparaison à la leishmaniose cutanée. Suite à la mise en évidence d’une immunité naturelle contre le parasite après résolution spontanée de lésions de leishmaniose cutanée, de nombreuses études visant à développer un vaccin ont été mises en œuvre. Ce sujet de recherche demeure à ce jour une priorité en santé publique. Le chien constitue le principal réservoir de Leishmania infantum. Le contrôle de l’infection chez le chien apparait de ce fait comme un pivot dans la maîtrise de la leishmaniose, tant en médecine vétérinaire qu’en médecine humaine, par le tarissement de la source de parasite. Le développement de la vaccination contre la leishmaniose canine ouvre de ce fait de nouvelles perspectives dans la lutte contre le protozoaire. Le vaccin Leishmune® a été le premier vaccin utilisé contre la leishmaniose canine, commercialisé au Brésil depuis 2004. Il est constitué d’une fraction purifiée et isolée de Leishmania donovani et a été associé à une diminution significative de signes cliniques de la maladie. En effet, Borja-­‐‑
Cabrera et son équipe ont mis en évidence que seuls 5% des chiens développent des symptômes de la maladie aboutissant à la mort, contre 25 % des chiens témoins (efficacité vaccinale de 80%) (Borja-­‐‑Cabrera et al., 2002). Comparablement, l’étude de Da Silva a révélé la présence de signes cliniques chez 8% des animaux vaccinés et 33% animaux témoins (Da Silva et al., 2000). Leishmune® a également montré un intérêt en immunothérapie sur les chiens malades, permettant une réduction de la charge parasitaire et une diminution de l’intensité des symptômes (Borja-­‐‑Cabrera et al., 2004). En effet, combiné à un traitement médical, il permettrait de supprimer l’infection latente 69
chez le chien, et donc non seulement de limiter l’extension du parasite au sein du réservoir, mais aussi de le purifier. Leishmune® a été associé à une diminution de l’incidence de la leishmaniose canine, mais aussi de la leishmaniose viscérale humaine par interruption du cycle de transmission du parasite (Palatnik-­‐‑de-­‐‑Sousa et al., 2009) 1) Généralités et protocole vaccinal Le vaccin disponible en France est le vaccin CaniLeish®, commercialisé par le laboratoire Virbac et mis sur le marché en mars 2011. La stratégie vaccinale est d’orienter la réponse immunitaire vers une réponse cellulaire de type Th1 et d’induire une augmentation du taux d’IFN-­‐‑g et de l’activité leishmanicide des macrophages par la production de dérivés oxygénés et azotés. En résulte la destruction des leishmanies intracellulaires par des réactions oxydatives impliquant le monoxyde d’azote. a) Recommandations d’administration Le vaccin (lyophilisat et solvant) est reconstitué puis injecté par voie sous-­‐‑cutanée. b) Protocole vaccinal La vaccination est conseillée à partir de l’âge de 6 mois. En effet, aucune étude n’a été effectuée avant cet âge. De plus, il a été montré que la maturité du système immunitaire était acquise plus tardivement pour la réponse à médiation cellulaire par comparaison à celle par médiation humorale (Day, 2007a). Or l’enjeu de la vaccination contre la leishmaniose est d’orienter la réponse immunitaire de l’hôte vers une réponse immunitaire protectrice de type Th1, justifiant l’attente de l’âge de six mois a minima. Le protocole de primovaccination consiste en 3 injections vaccinales, à raison d’une injection toutes les trois semaines. L’immunité optimale est acquise 4 semaines après la troisième injection. Les rappels s’effectuent par la suite annuellement. En l’absence de données claires concernant l’innocuité et l’efficacité conjointe de CaniLeish® et d’un autre vaccin, l’injection de CaniLeish® doit être différée d’au moins 2 semaines par rapport à l’administration d’un vaccin avec les valences CHPPiLR (Maladie de Carré, Hépatite de Rubarth, Parvovirose, Parainfluezna, Leptospirose et Rage). 70
Si le protocole de vaccination contre la leishmaniose est initié chez le chiot ayant eu un protocole vaccinal adapté, l’immunisation avec les valences CHPPiL est faite à l’âge de 2 mois, avec un rappel environ 4 semaines plus tard (avec possible vaccination contre la rage après l’âge de 3 mois), et n’interfère donc pas avec la première administration de CaniLeish® à l’âge de 6 mois. En revanche, si le protocole est initié chez le chien adulte, un délai minimal de 2 semaines doit être respecté par rapport à l’injection des autres vaccins. c) Test sérologique préalable L’efficacité du vaccin n’ayant été mise en évidence que chez le chien sain, l’action du vaccin sur la prévention ou le retard de déclaration de la maladie chez le chien infecté est à ce jour inconnue. Il est donc vivement recommandé de réaliser des examens complémentaires afin de savoir si le patient est bien exempt de leishmanies avant la première injection vaccinale. Plusieurs options s’offrent alors au vétérinaire praticien. La sérologie, rapide et peu couteuse, constitue l’examen de choix pour le dépistage des animaux asymptomatiques (Quinnell et al., 2001), et s’avère donc utile dans le cadre de la consultation vaccinale. Le test PCR et l’immunoblotting peuvent également être employés, bien que plus contraignants financièrement et temporairement parlant (Berrahal et al., 1996). Toutefois, la sensibilité de la PCR décroit au cours du temps : une étude portant sur 126 chiens naturellement exposés au parasite a montré que la PCR et l’ELISA donnent respectivement des taux de positivité de 88 et 41% entre J0 et J135 post-­‐‑infection, contre 50% et 95% à J300 (Quinnell et al., 2001). Le test PCR apparait plus utile dans la détection des animaux symptomatiques chez qui la maladie est active. Les méthodes de visualisation du parasite en microscopie optique (avec ou sans méthodes de marquage immuno-­‐‑histochimique) permettent de mettre en évidence le parasite avec certitude en cas de positivité, mais ne permettent en aucun cas de conclure en cas de négativité. Ce manque de sensibilité en fait un outil peu adapté. Enfin, la mise en culture d’échantillon prend un temps considérable et reste difficile d’accès pour le vétérinaire praticien. Le dépistage sérologique offre plusieurs options. Le test ELISA et le sérodiagnostic par immunofluorescence indirecte (IFI) sont des méthodes de titrage quantitatives, pouvant être utiles non seulement pour le dépistage, mais aussi dans le cadre du suivi de la maladie. Le résultat est obtenu en un à plusieurs jours, obligeant généralement à effectuer 71
le test et la vaccination au cours de deux consultations distinctes. L’IFI est à ce jour considérée comme le gold-­‐‑standard en matière de dépistage de leishmaniose canine. Le dossier technique de CaniLeish® recommande une marche à suivre dépendant des résultats de la sérologie. Si le titrage est négatif, le chien peut être vacciné. Toutefois, il demeure un risque que le chien soit porteur du parasite dans la mesure ou la séroconversion peut prendre plusieurs mois. Si le titrage est faiblement positif, l’examen doit être réitéré 3 mois après, et la vaccination reportée. Enfin, si le résultat est fortement positif, l’animal doit être écarté du protocole de vaccination et suivi de près, dans la mesure où une infection active est mise en évidence. Des tests sérologiques rapides, au chevet du patient, sont également disponibles et permettent de réaliser le dépistage au cours de la visite vaccinale, juste avant l’injection du vaccin. La négativité du test permet de procéder à la vaccination, avec les mêmes réserves concernant la possible période latente de séroconversion en cas d’infection récente. En cas de positivité du test, IFI ou test ELISA sont réalisés et conditionnent la suite de la prise en charge de l’animal. Ces recommandations restent cependant discutables dans la mesure où aucun effet délétère de la vaccination sur l’animal porteur n’a été démontré à ce jour. De même, contrairement au vaccin Leishmune®, l’intérêt d’une immunothérapie basée sur l’injection de CaniLeish® à des individus malades reste incertain, bien que l’injection d’antigènes excrétés-­‐‑sécrétés de Leishmania infantum additionnés d’adjuvant à trois chiens symptomatiques de la maladie ait été associée à une amélioration clinique, à une diminution du titre en anticorps, à une augmentation de l’activité leishmanicide des monocytes ainsi qu’à une absence de rechute (Bourdoiseau et al., 2004). d) Précautions d’emploi En l’absence de données disponibles concernant l’efficacité et l’innocuité du vaccin, la vaccination contre la leishmaniose canine est déconseillée durant la gestation et la lactation. De même, comme pour toute vaccination, des interactions médicamenteuses, notamment en cas de traitement immunomodulateur ou immunodépresseur, peuvent exister et doivent être réfléchies au cas par cas. La balance bénéfice-­‐‑risque pour le patient permet alors de déterminer la démarche à suivre. Enfin, logiquement, seuls les animaux en bonne santé sont vaccinés. 72
2) Composition CaniLeish® est un vaccin adjuvé à base d’antigènes purifiés à partir d’un milieu asérique et axénique. a) Antigènes Le vaccin est composé de protéines excrétées-­‐‑sécrétées de Leishmania infantum, à raison d’au moins 100 microgrammes par dose. L’analyse d’un extrait protéique total d’un promastigote de Leishmania infantum permet d’identifier pas moins de 700 protéines (Dea-­‐‑Ayuela, Rama-­‐‑Iñiguez, & Bolás-­‐‑Fernández, 2006). Une grande proportion d’entre elles sont des protéines internes, à l’abri des défenses immunitaires de l’hôte. Ces dernières ne présentent donc pas d’intérêt compatible avec la stratégie vaccinale, d’autant plus qu’elles ont été associées à une réponse immunitaire pouvant contribuer au développement du parasite (Santarém et al., 2007). Les protéines excrétées-­‐‑sécrétées de Leishmania infantum sont des protéines possédant une grande variété de fonctions, dont la modulation de la réponse immunitaire de l’hôte en faveur d’un contrôle du parasite. En effet, une étude de la prolifération lymphocytaire anti-­‐‑Leishmania a été réalisée chez la souris, et a mis en évidence une meilleure prolifération des lymphocytes T à la suite d’une stimulation par des protéines excrétées-­‐‑
sécrétées par comparaison à l’extrait protéique total (Rosa et al., 2005). Cette modulation dépend toutefois du patrimoine génétique de l’hôte et de la charge parasitaire. Les protéines excrétées-­‐‑sécrétées de Leishmania infantum sont un ensemble de 50 à 100 protéines, incluant les antigènes de surface du parasite. En effet, ces antigènes de surface sont des molécules exprimées à la surface de la membrane du parasite, mais aussi excrétées par Leishmania infantum (Jiménez-­‐‑Ruiz et al., 1998). De plus, ils sont identifiés chez le promastigote et l’amastigote Leishmania infantum, contrairement à certaines autres espèces de leishmanies, et peuvent de ce fait cibler le parasite quel que soit le stade de son cycle évolutif au sein de l’hôte (Rochette et al., 2008). 73
b) Adjuvant CaniLeish est un vaccin adjuvé avec un extrait purifié de Quillaja saponaria, à raison de 60 microgrammes par dose vaccinale. Il s’agit d’un adjuvant appartenant à la famille des saponines. L’utilisation de saponines a été associée à d’intéressantes propriétés immunologiques et pharmaceutiques. À la différence de la plupart des adjuvants vaccinaux, stimulant exclusivement une réponse immunitaire à médiation humorale, il s’agit de molécules capables de stimuler les réponses immunitaires de type Th1 et Th2 (Sun, Xie, & Ye, 2009). En effet, les saponines stimulent la réponse immunitaire à médiation cellulaire, ce qui est particulièrement intéressant dans le contexte de vaccination contre la leishmaniose. Le mécanisme d’action des saponines sur le système immunitaire n’est à ce jour pas totalement élucidé, mais met en jeu une interaction avec les cellules présentatrices d’antigènes ainsi qu’une stimulation de la synthèse de certaines cytokines immunomodulatrices telles que IL-­‐‑2 et IFN-­‐‑g (cytokines de type Th1) (Rajput et al., 2007). Particulièrement, chez l’homme, QS-­‐‑21 a fait l’objet de nombreux essais cliniques, et a été associée à l’augmentation de la production d’IgG2a, initialement associée à la voie de réponse immunitaire protectrice Th1, mais aussi à la production d’IFN-­‐‑g au cœur de la protection contre la progression de l’infection leishmanienne. Toutefois, une stimulation de la production d’IL-­‐‑4, associée à une voie Th2 délétère est également décrite, mettant une fois encore en évidence la stimulation des deux voies de réponse immunitaire (Waite et al., 2001). Sur modèle murin, une action stimulatrice des lymphocytes cytotoxiques CD8+ a également été décrite (Newman et al., 1992). 3) Efficacité L’efficacité de CaniLeish® a fait l’objet de plusieurs études. Martin et son équipe ont testé son efficacité chez 20 chiens adultes non porteurs du parasite, soumis à une infection expérimentale (Martin et al., 2014). Dix d’entre eux ont subi un protocole vaccinal classique, comprenant trois injections à trois semaines d’intervalle chacune, et les 10 autres ont fait office de témoins. Un an après la mise en place du protocole, au moment supposé du rappel de vaccin, les animaux ont été infectés expérimentalement, par 74
l’injection intraveineuse de promastigotes de Leishmania infantum. Juste avant cette inoculation, tous les chiens sélectionnés présentaient une PCR négative. Durant l’année suivante, le statut clinique des chiens a été suivi de près. La moelle osseuse a été examinée à plusieurs reprises, soumise à la recherche directe de parasite, ainsi qu’à la recherche ADN parasitaire par méthode PCR. Les chiens témoins ont montré des résultats positifs à la PCR dans 70 à 80% des cas, dès la 15ème semaine post-­‐‑infection. Chez le chien vacciné, la positivité concerne 30 à 50% des animaux. En particulier, 47 semaines après l’infection, 30% des chiens vaccinés sont positifs à la recherche PCR, contre 80% des chiens témoins, mettant en évidence une différence significative. Parmi les chiens non vaccinés, sept chiens ont présenté une infection asymptomatique active, un a présenté une positivité exclusive de la PCR, et deux chiens sont restés dépourvus de leishmanies (malgré une positivité transitoire de la PCR). Parmi ces sept animaux témoins, l’infection active a persisté jusqu’à la fin de l’étude, soit 105 semaines après l’inoculation expérimentale du parasite. Chez les chiens vaccinés, cinq sont devenus positifs à la recherche par PCR. Trois le sont restés, tandis que deux ont présenté une PCR et une culture parasitaire négative à la fin de l’étude, mettant en évidence un contrôle du parasite. De plus, la concentration parasitaire dans les cellules de la moelle osseuse est significativement inférieure chez les individus vaccinés. Ainsi, cette étude met en évidence l’efficacité de CaniLeish® dans le contrôle de Leishmania infantum en condition d’infection expérimentale. La vaccination diminue significativement le risque de progression vers une infection active, inhibe la prolifération du parasite, et semble permettre la réversion d’une infection initialement active vers un contrôle du parasite. Toutefois, il convient de rester prudent face à l’analyse de ces résultats, dans la mesure où il s’agit d’une infection expérimentale, différant des conditions naturelles. En effet, l’injection intraveineuse ne reproduit pas les conditions d’inoculation par le phlébotome : le système immunitaire cutané est contourné, et le parasite ne bénéficie pas des propriétés immunomodulatrices de la salive de son vecteur. De plus, le nombre d’individus étudiés reste limité. Ces résultats ont été complétés par une étude portant cette fois sur l’infection par Leishmania infantum dans des conditions naturelles (Oliva et al., 2014). 90 chiens non porteurs de leishmanies (PCR initialement négatives) ont été exposés naturellement à Leishmania infantum pendant 2 saisons consécutives de transmission, dans deux zones fortement endémiques du bassin méditerranéen (Italie du sud et nord de l’Espagne). Les 75
animaux étudiés ont été divisés en deux groupes : un groupe de 46 chiens vaccinés et 44 chiens témoins. L’exposition a eu lieu 3 à 4 semaine après la fin du protocole de primovaccination. Dix chiens sont décédés au cours de l’étude, sans possible imputation à la déclaration de leishmaniose, et ont été exclus de l’étude, laissant au total un nombre de 41 chiens vaccinés et 39 témoins. PCR, cultures parasitaires, et suivis cliniques ont été réalisés afin de caractériser l’infection et/ou la maladie chez chacun des chiens étudiés. Une différence significative de gravité des symptômes a été observée : durant l’étude, cinq chiens témoins ont été euthanasiés suite à des signes cliniques sévères de leishmaniose, contre un chien vacciné, quelques jours après la fin de l’étude. Deux ans après le début de l’exposition naturelle au parasite, une infection active a été mise en évidence chez 33% des chiens témoins, révélant une différence significative avec le groupe vacciné (12,2%). Le nombre d’animaux symptomatiques de la maladie est également significativement supérieur chez les animaux témoins (23,1%) par comparaison aux individus vaccinés (7,3%). De ce fait, les résultats mettent en évidence que le vaccin induit une diminution significative du risque de progression de l’infection vers une infection active ou vers la maladie. L’efficacité de CaniLeish® a été estimée à 68,4%, et la protection à 92,7%. Si la probabilité de positivité de PCR est comparable chez les chiens vaccinés et chez les chiens témoins, la probabilité pour un chien PCR positif de devenir PCR négatif est plus importante chez les individus vaccinés. De plus, suite à la vaccination, la diminution de la sévérité des signes cliniques et le ralentissement d’expression sévère potentiellement mortelle de la maladie permettraient en théorie l’instauration d’un traitement adapté plus précocement. Toutefois, bien que l’exposition naturelle soit bien plus proche des conditions physiologiques que l’inoculation intraveineuse citée précédemment, quelques limites doivent être évoquées, telles que l’étude d’une population de chiens de nombre réduit, de même race, de même âge, et de provenance contrôlée, rendant les variations génétiques individuelles possiblement associées à une résistance ou une susceptibilité à la maladie plus faibles. Enfin, si des réversions de positivité de PCR ont été observées chez les chiens vaccinés, une fois l’infection active mise en évidence (culture positive) ou la déclaration de signes cliniques, aucune rémission spontanée n’a été observée, quel que soit le statut vaccinal du chien. Par ailleurs, Bongiorno et son équipe ont mis en évidence que le nombre de phlébotomes infectés par Leishmania infantum à la suite d’un repas sanguin était significativement 76
inférieur à la suite d’un contact avec un animal vacciné, par comparaison à la population témoin. De même, le nombre de parasites isolés chez les insectes infectés apparait diminué chez les chiens vaccinés (Bongiorno et al., 2013). 4) Mode d’action du vaccin Les mécanismes mis en jeu dans la protection contre Leishmania infantum à la suite de la vaccination ont été caractérisés. Une étude visant à mesurer l’impact de CaniLeish® sur la réponse immunitaire à médiation cellulaire et humorale a été menée par Moreno (Moreno et al., 2012). Tous les chiens vaccinés ont développé une réaction humorale mise en évidence par la production d’IgG2, associée à une réponse immunitaire à médiation cellulaire. La vaccination induit une prolifération de lymphocytes spécifiquement sélectionnés suite à leur activation par les antigènes solubles du parasite contenus dans le vaccin. Cette prolifération est caractérisée par une augmentation de la population cellulaire de lymphocytes T produisant de l’IFN-­‐‑g, ainsi que par l’augmentation de la capacité des macrophages à diminuer la charge parasitaire. Cette activité leishmanicide des macrophages, supérieure chez les individus vaccinés, est associée à la voie métabolique de l’oxyde nitrique. En effet, on note une production accrue de synthèse d’oxyde nitrique et de NO2 chez les chiens vaccinés, témoignant d’une activation de la cascade réactionnelle du NO à l’origine de la lyse du parasite. Ces résultats confirment que CaniLeish® induit une réponse immunitaire protectrice de type Th1 (Moreno et al., 2012). Ce mécanisme est résumé par la figure 23 ci-­‐‑dessous. 77
Figure 23 : Mécanismes immunitaires mis en jeu lors de la vaccination avec CaniLeish® (Freyburger et al., 2012) 5) Innocuité et effets secondaires associés Le résumé des caractéristiques du produit informe sur la possibilité d’apparition de réactions locales modérées et transitoires (nodule, œdème, érythème ou douleur à la palpation) au niveau du site d’injection, régressant spontanément en 2 à 15 jours. Plus rarement, des réactions locales plus sévères (nécrose, vascularite) ont été observées. Des symptômes généraux tels que l’hyperthermie, l’apathie et/ou les troubles digestifs sont 78
fréquents et durent de 1 à 6 jours. Plus rarement, anorexie et vomissements ont été rapportés. Les études d’innocuité réalisées par le laboratoire Virbac, ajoutées au dossier technique du vaccin, mettent donc en évidence les effets secondaires cités précédemment. Les réactions inflammatoires locales peuvent être en partie attribuées à la présence d’un adjuvant de la famille des saponines. Les saponines sont couramment associées au développement de réactions locales transitoires, telles que de la douleur au site d’injection ou encore de l’œdème. Concernant la tolérance de QS-­‐‑21, elle est généralement bonne. Si les effets secondaires généraux sont rares, les réactions locales au point d’injection sont quant à elles fréquemment décrites. Elles consistent généralement en une douleur transitoire de faible à moyenne intensité au niveau du site d’injection, associée à une sensibilité et/ou une induration. Toutefois, des douleurs de plus forte intensité ont été décrites au cours d’essais cliniques chez l’homme, comme à titre d’exemple, une sensation de brûlure immédiate et aigue chez 12% des individus recevant un vaccin HIV-­‐‑
1 gp120 adjuvé de QS-­‐‑21 au cours d’un essai clinique (Keefer et al., 1997). Associé à l’adjuvant, cette douleur est transitoire et spontanément résolutive en moins d’une heure. La cause de cette douleur est à ce jour incertaine, mais possiblement liée à l’action lytique de QS-­‐‑21 (Waite et al., 2001). Chez le chien, une étude portant sur 600 chiens en bonne santé et asymptomatiques a mis en évidence qu’un quart des individus recevant une spécialité adjuvée à base de saponine (Leishmune®) a présenté des effets secondaires systémiques, tels que de l’apathie (24,17%) ou encore de l’anorexie (20,48%), en plus de réactions locales telles que de la douleur (40,87%) ou de l’œdème au point d’injection (15,9%). Ces effets indésirables sont moins marqués au fur et à mesure des 3 injections du protocole, et sont comparables chez le jeune et chez l’adulte. Toutefois, l’importance de l’œdème au site d’injection est moins importante chez l’adulte, mettant en évidence la résistance accrue à la réponse inflammatoire induite par les saponines par comparaison aux jeunes chiens. Les réactions locales observées sont transitoires et disparaissent avant l’injection suivante (œdème régressant habituellement sous 5 jours). Aucun mort par choc anaphylactique n’est rapporté, et seuls deux chiens ont présenté une réaction allergique à la suite de la 3ème injection, soit 0,1% (Parra et al., 2007) En résumé, la vaccination contre la leishmaniose canine est un point essentiel de la lutte contre la leishmaniose viscérale humaine, conférant au vétérinaire praticien un rôle clé 79
en santé publique, de par la prévention de la maladie. CaniLeish®, confère une protection satisfaisante au chien naïf d’infestation, et permet une prophylaxie multimodale, en association avec des méthodes de lutte contre le vecteur. En effet, si les tiques doivent se nourrir sur l’hôte durant des heures entières avant d’inoculer l’agent pathogène, le repas sanguin du phlébotome est bref et l’infection de l’hôte quasi immédiate, rendant la prophylaxie contre le vecteur plus délicate. L’association de mesures sanitaires et environnementales, de mesures de prophylaxie visant à empêcher le contact entre le vecteur et son hôte, et de la vaccination assurent donc la meilleure protection disponible contre la leishmaniose canine en région endémique. Toutefois, du fait du coût et de la lourdeur du protocole de primovaccination, la vaccination est principalement conseillée aux chiens vivant en zone endémique ou y voyageant régulièrement. B) Babésiose Le vaccin actuellement disponible sur le marché français est le Pirodog®, commercialisé par le laboratoire MERIAL, et mis sur le marché en mars 1985. 1) Historique et stratégie vaccinale Dès le début du XXème siècle, une possible induction d’une réponse immunitaire protectrice est mise en évidence chez le chien, permettant la résolution de la maladie et prévenant toute recontamination dans les mois suivant la guérison. Comme cité précédemment (paragraphe I.C.3.), la réponse immunitaire de l’hôte contre la babésiose canine comprend une réponse à médiation humorale initiale, suivie d’une réponse à médiation cellulaire impliquant les lymphocytes T. 2) Généralités et protocole vaccinal a) Recommandations d’administration Le vaccin (lyophilisat et solvant) est reconstitué puis injecté par voie sous-­‐‑cutanée. 80
b) Protocole vaccinal La vaccination est conseillée à partir de l’âge de 5 mois. Le protocole de primovaccination comprend deux injections à 2 à 6 semaines d’intervalle, suivies de rappels annuels. Selon le contexte épidémiologique, les rappels peuvent être rapprochés semestriellement. La protection est acquise quelques jours après la seconde injection du protocole de primovaccination. La vaccination est d'autant plus efficace qu'elle est pratiquée en dehors des pics épidémiologiques et donc de préférence de fin juin à fin août et en décembre et janvier. c) Précautions d’emploi La babésiose canine entrainant un phénomène d’immunodépression pouvant durer jusque 6 semaines, il déconseillé de vacciner l’animal avant 8 semaines après la maladie. L’intérêt de la vaccination reste toutefois discuté et incertain : il a été mis en évidence que les individus ayant des antécédents d’infection par Babesia étaient associés à une réponse immunitaire vaccinale 3 fois moins efficace (Moreau et al., 1989). De même, l’imidocarb (Carbésia®) ayant une activité immunomodulatrice, la vaccination ne doit pas être précédée d’une injection de piroplasmicide. En effet, l’éradication du parasite par le traitement piroplasmicide est caractérisée par l’absence ou l’inhibition d’anticorps dirigés contre les babésies suite à l’injection, rendant le patient plus sensible à une éventuelle ré-­‐‑infestation (Brandão et al., 2003), et moins susceptible de répondre efficacement à la vaccination. En l’absence de données disponibles concernant l’efficacité et l’innocuité du vaccin, la vaccination contre la babésiose canine est déconseillée durant la gestation et la lactation. Comme toujours, seuls les animaux en bonne santé sont vaccinés. Pirodog® ne doit pas être administré combiné à d’autres vaccins, à l’exception des vaccins contre la rage et la leptospirose (en des sites d’injection différents). De même, comme pour toute vaccination, des interactions médicamenteuses, notamment en cas de traitement immunomodulateur ou immunodépresseur, peuvent exister et doivent être réfléchies au cas par cas. La balance bénéfice-­‐‑risque permet alors de déterminer la démarche à suivre. 81
3) Composition Pirodog® est un vaccin inactivé et adjuvé, composé d’antigènes solubles parasitaires (ASP) de Babesia canis. a) Antigènes Les antigènes solubles parasitaires issus de la culture de Babesia canis contenus dans les vaccins sont calculés de sorte à obtenir, chez le chien vacciné, un titre en anticorps au moins supérieur à 2,2 log10. Les ASP ont été parmi les premiers antigènes vaccinaux utilisés. Ils confèrent une couverture vaccinale meilleure que celle induite par des souches de babésies vivantes atténuées, historiquement associées au développement de formes peu graves de babésiose canine. Les ASP ont été mis en évidence pour la première fois dans le sérum de chiens infectés par Babesia canis en 1967 (Sibinovic et al., 1967). L’étude immunologique de ces molécules a mis en évidence leur précipitation en présence de sérum de chiens ayant présenté une babésiose aiguë résolue. Les études ont par ailleurs clairement corrélé la présence de ces antigènes dans le sérum à la présence de la maladie, et ont démontré la persistance des anticorps spécifiquement dirigés contre ces antigènes des mois après sa résolution (Sibinovic, et al. 1967b). Ses observations ont permis d’émettre l’hypothèse d’une possible utilisation des ASP afin d’immuniser l’hôte contre la babésiose canine. De plus, une communauté antigénique a été mis en évidence dans le genre Babesia. En effet, la vaccination à l’aide d’antigènes issus du sérum de chiens infectés par Babesia canis s’est montrée protectrice face à l’infection par Babesia rodhaini chez le rat, laissant supposer une immunité croisée. Toutefois, aucune généralisation ne peut être faite. Afin de tenter de caractériser le mécanisme immunitaire mis en jeu lors de la vaccination avec des ASP, leur rôle dans la pathogénie de la maladie a été investigué. Comme exposé précédemment, après transmission de la babésie à l’hôte par le vecteur, le parasite se multiplie entre autres par scissiparité. Durant le cycle parasitaire de Babesia canis, les ASP sont sécrétés dans les fluides corporels de l’hôte. Au moins deux facteurs sont associés à la morbidité de la maladie. Tout d’abord, le recouvrement des hématies infectées ou non par du fibrinogène à la suite d’une activation par le système de coagulation de l’hôte 82
entraine une agglutination des globules rouges. Parallèlement, l’activation d’une protéase à sérine impliquée dans de nombreux mécanismes physiologiques tels que l’inflammation ou encore la régulation de la pression artérielle (Laxmikanthan et al., 2005), la kallikréine, et du système du complément par les antigènes parasitaires mène au relargage de molécules vasoactives dans le torrent circulation. En résulte vasodilatation et hypotension, qui, de pair avec la présence d’agglutinats de cellules de la lignée rouge, sont à l’origine d’une diminution du débit sanguin, empêchant la bonne oxygénation des tissus (Schetters & Montenegro-­‐‑James, 1995). Toutefois, si la kallikréine plasmatique a longtemps été considérée comme ayant une place centrale de la pathogénie de la babésiose, une étude ultérieure a mis en évidence que les ASP de Babesia canis n’activaient pas directement le système de la kallikréine chez le chien infecté par Babesia canis. Les résultats ont mis en évidence que les APS de Babesia canis n’avaient aucune influence sur la concentration plasmatique de kallikréine et de prékallikréine chez le chien, à l’instar de la diminution du taux de prékallikréine associée à l’infection expérimentale par Babesia canis. Le système de la kallikréine semble donc impliqué dans la babésiose canine, mais n’est pas activé directement par les ASP de Babesia canis, mettant en évidence des réactions plus complexes, non maîtrisées à ce jour (Finizio et al., 2011). b) Adjuvant Le vaccin est adjuvé par une solution aqueuse de saponine. Babesia canis étant également un parasite intracellulaire, la stimulation des voies immunitaires Th1 et Th2 est pertinente, dans la mesure où toutes deux ont leur importance dans la réponse immunitaire protectrice face au parasite. De plus, plusieurs études se sont penchées sur l’efficacité des ASP à induire une protection contre une infection à diverses babésies, permettant de comparer par la même occasion l’efficacité des adjuvants utilisés. Concernant Babesia bovis et Babesia divergens, il a été mis en évidence que l’efficacité de l’immunisation par les ASP était plus importante lorsque le vaccin était adjuvé avec de la saponine, par comparaison à l’adjuvant de Freund (mélange lipidique). Similairement, si les ASP de Babesia canis adjuvés de saponine confèrent une protection à l’hôte, ce n’est pas le cas des mêmes ASP mélangés cette fois à un adjuvant à base de vitamine E. Le choix de la saponine semble donc être déterminant 83
pour l’immunité conférée à l’hôte suite à la vaccination ( Schetters & Montenegro-­‐‑James, 1995) 4) Efficacité Moreau et son équipe ont étudié l’efficacité de la vaccination avec Pirodog® sur 45 chiens. 28 animaux ont été vaccinés durant l’été, et 17 ont constitué la population témoin. Ces chiens vivant en région endémique sont particulièrement exposés au parasite de par leur mode de vie. Après 6 mois, 58% des chiens témoins ont développé des symptômes de babésiose canine, contre 7 % chez les individus vaccinés, estimant l’efficacité du vaccin à 88% (Moreau et al., 1989). Une seconde étude réalisée sur 772 chiens vaccinés vivant dans le sud de la France a mis en évidence une efficacité du vaccin bien plus faible, estimée à 26,4% (Lepetit, 1988). La différence majeure d’efficacité entre les deux études précédentes peut être attribuée à la présence de nombreux échecs vaccinaux. Plusieurs hypothèses pouvant expliquer ces échecs sont proposées. Tout d’abord, la population canine vaccinée est, par définition, très hétérogène. La réponse à l’infection par Babesia canis allant de la déclaration de la maladie à la résolution spontanée de l’infection, il semble probable d’observer une même hétérogénéité de réponse aux antigènes contenus dans le vaccin. Ensuite, les animaux présentant des antécédents d’infections à Babesia ont montré une réponse immunitaire plus faible à la suite de la stimulation par les antigènes vaccinaux, favorisant l’échappement au système immunitaire et la multiplication du parasite chez l’hôte. En effet, les individus ayant des antécédents d’infection par Babesia sont associés à une réponse immunitaire vaccinale 3 fois moins efficace (Moreau et al., 1989). Ces individus préalablement infectés représenteraient à eux seuls 65% des échecs vaccinaux (Bourdoiseau, 2006), pouvant expliquer la faible efficacité du vaccin mise en évidence par Lepetit. La dernière hypothèse attribue les échecs vaccinaux à une importante variabilité antigénique. En effet, bien qu’une antigénicité croisée ait été mise en évidence entre certaines espèces de babésies, aucune généralisation ne peut être faite. De plus, Babesia est capable de se reproduire par reproduction sexuée chez son vecteur, donnant lieu à de nombreuses recombinaisons génétiques à l’origine d’une importante variabilité génétique. 84
Une étude portant sur des chiens vaccinés à l’aide de Pirodog® a montré une protection face à l’infection des babésies homologues, caractérisée par une diminution moins sévère de l’hématocrite et une morbidité plus faible. Toutefois, il a été mis en évidence que les animaux vaccinés ne présentaient aucune protection face à l’infection par des babésies hétérologues. Ces résultats suggèrent que les antigènes solubles de Babesia canis sont porteurs de molécules spécifiques de la souche du parasite, indispensables dans l’établissement de la protection vaccinale. Cette variabilité serait à l’origine de nombreux échecs vaccinaux (Schetters et al., 1995). De plus, le pouvoir pathogène de Babesia canis semble être lié à la nécessité, pour les parasites, de présenter une association de deux antigènes de surface des mérozoïtes. Ces derniers sont codés par des systèmes multigéniques aboutissant à l’expression d’épitopes B uniques (Carcy et al., 2006). Le mélange d’antigènes solubles de différentes souches de Babesia canis pourrait alors élargir le spectre de réponse immunitaire contre l’agent pathogène, actuellement trop restreint avec Pirodog® (Freyburger et al., 2012). Face aux nombreux échecs vaccinaux, les recommandations actuelles comprennent une vaccination des animaux sans antécédents de babésiose pendant les périodes durant lesquelles les tiques sont peu actives, afin d’éviter la concomitance de la primovaccination et de l’infestation par le parasite gênant fortement la réponse immunitaire. La vaccination est de plus complétée par une prophylaxie contre les ectoparasites, afin d’éviter le contact avec la tique vectrice (Bourdoiseau, 2006). 5) Innocuité et effets secondaires rapportés Le résumé des caractéristiques du produit rapporte une possible réaction locale transitoire ainsi qu'une hyperthermie. Plus rarement, une réaction d’hypersensibilité peut être observée et doit motiver la mise en place d’un traitement symptomatique et de soutien. D’une manière générale, les réactions vaccinales, locales ou générales, peuvent être liées à l’effet pro-­‐‑inflammatoire des adjuvants, ce pourquoi un parallèle peut être fait avec des études portant sur des vaccins adjuvés de saponines. Chez le chien, des effets secondaires systémiques, tels que l’apathie (24,17%) ou encore l’anorexie (20,48%), en plus de réactions locales telles que de la douleur (40,87%) ou l’œdème au point d’injection (15,9%) ont été attribuées à la présence de saponine dans la composition du vaccin 85
Leishmune®, comme détaillé dans le paragraphe concernant les effets secondaires associés au vaccin CaniLeish®. Les réaction locales observées sont transitoires (Parra et al., 2007) et dominent le tableau d’effets indésirables, en terme de fréquence. De même, Giunchetti et son équipe observent un nodule inflammatoire de plus de 4 centimètres au site d’inoculation chez plusieurs chiens ayant reçu des injections à base de saponine, sans symptômes généraux associés (Giunchetti et al., 2007). Enfin, une étude en double-­‐‑
aveugle comparant l’innocuité du vaccin Pirodog® et du vaccin Nobivac Piro® (vaccin lyophilisé contenant des APS de Babesia canis et Babesia rossi, adjuvé de saponine – laboratoire Intervet) précédemment sur le marché, a mis en évidence une plus forte prévalence de modifications locales et générales post-­‐‑vaccinales en cas d’utilisation du second vaccin par comparaison au groupe vacciné avec Pirodog®. Par ailleurs, concernant les paramètres locaux, le groupe témoin et le groupe vacciné avec Pirodog® ne présentent pas de différence significative, mettant en évidence une bonne innocuité de ce dernier, et des réactions locales de faible intensité. De plus, aucun individu n’a présenté de troubles généraux. Toutefois, ces résultats doivent être balancés par le faible nombre de chiens inclus dans l’étude, au nombre de 20 (Freyburger et al., 2011). En résumé, le vaccin disponible permet une protection supplémentaire mais incomplète contre les babésies. En effet, des échecs vaccinaux sont observés en pratique, notamment du fait des variations antigéniques du parasite. Le vétérinaire praticien ne doit donc pas exclure la piroplasmose dans un contexte clinique évocateur chez un chien correctement vacciné. Ces échecs vaccinaux sont d’autant plus marqués chez les animaux vaccinés après un contact avec les babésies. La vaccination contre la piroplasmose canine est donc recommandée chez les chiens jeunes, sans antécédents de babésiose, et de préférence avant fréquentation d’un milieu à risque et avant la période d’activité des tiques. Elle reste optionnelle et décidée au cas par cas par le vétérinaire praticien et le propriétaire, à la suite d’un consentement éclairé. Elle doit bien-­‐‑sûr être associée à un traitement rigoureux contre les ectoparasites, visant à réduire la durée de contact entre la tique vectrice et l’hôte, et donc à diminuer les possibilités de transmission de l’agent pathogène. 86
C) Borréliose de Lyme Le vaccin disponible sur le marché français est le vaccin Merilym 3®, commercialisé par le laboratoire Mérial. Il s’agit d’un vaccin multivalent adjuvé, composé de Borrelia burgdorferi sensu lato inactivées. La réponse immunitaire induite entraine la production d’anticorps spécifiques anti-­‐‑OspA, stimulant l’activation du système du complément de sorte à former un complexe d’attaque dirigé contre la membrane de Borrelia burgdorferi dans le système digestif de la tique vectrice, au moment du repas sanguin. 1) Généralités et protocole vaccinal a) Recommandations d’administration Le vaccin doit être conservé au réfrigérateur et être réchauffé à température corporelle au creux de la main. Le vaccin est homogénéisé, puis injecté par voie sous-­‐‑cutanée, et la zone concernée est massée quelques instants. L’injection peut être réalisée en même temps que d’autres valences vaccinales, en des sites d’injections différents, et particulièrement en même temps que le vaccin Pirodog®, avant la période d’activité des tiques vectrices afin d’obtenir une immunité optimale avant l’éventuel contact avec l’arthropode. Une fois les protocoles de primovaccination complétés, le calendrier vaccinal peut être divisé en deux consultations vaccinales annuelles : une première pour les valences CHPPiLR, puis une seconde pour la vaccination contre les maladies vectorisées par les tiques. Idéalement, ces consultations sont espacées de 6 mois, afin d’assurer un suivi régulier de l’animal et de profiter des examens cliniques réalisés au cours de la consultation vaccinale de façon biannuelle. b) Protocole vaccinal La vaccination est recommandée à partir de l’âge de 12 semaines. Le protocole de primovaccination comprend deux injections à trois à cinq semaines d’intervalle, suivies de rappels annuels, réalisés de préférence avant la période d’activité des tiques vectrices. La mise en place de l’immunité est optimale un mois après la primo-­‐‑vaccination, et dure pendant une période d’un an, nécessitant de ce fait des rappels annuels. 87
c) Précautions d’emploi Une fois de plus, la consultation vaccinale et l’examen clinique préalable est indispensable, afin de ne vacciner que les animaux en bonne santé, ayant un système immunitaire compétent. De ce fait, le résumé de caractéristiques du produit précise de ne pas administrer Merilym® aux animaux présentant une maladie générale fébrile, un parasitisme important ou un état général altéré par toute maladie intercurrente. Les animaux présentant une Borréliose de Lyme doivent également être écartés de la vaccination. De plus, en l’absence d’études évaluant l’innocuité du vaccin dans ces conditions physiologiques, les femelles gestantes ou en cours de lactation justifient un report de la vaccination. Enfin, logiquement, l’injection est contre-­‐‑indiquée en cas d’hypersensibilité à un des composants du vaccin. Cette fois encore, dans les cas particuliers complexes pouvant être emmenés à consulter afin d’initier un protocole vaccinal, le vétérinaire praticien évalue la balance bénéfice/risque et décide en fonction de la suite du protocole. 2) Composition Merilym 3® est un vaccin inactivé et adjuvé. a) Antigène Merilym 3 est constitué de Borrelia burgdorferi sensu lato inactivées, à savoir Borrelia garinii, Borrelia afzelii et Borrelia burgdorferi sensu stricto. D’autres vaccins sont et ont été utilisés par le passé dans le monde, tels que les vaccins recombinants constitués de la protéine rOspA, adjuvés ou non. b) Adjuvant Le vaccin est adjuvé par de l’hydroxyde d’aluminium, à raison de 2 milligrammes par dose vaccinale. L’étude de Chang a mis en évidence l’importance de l’adjuvant dans l’immunisation contre Borrelia burgdorferi par la protéine OspA recombinante (rOspA), dérivée de Borrelia burgdorferi B31. Vingt-­‐‑deux chiens sains ont été vaccinés avec rOspA, avec ou sans adjuvants, puis exposés naturellement à des tiques (Ixodes scapularis) 88
infectées par Borrelia burgdorferi, 6 semaines à 6 mois après l’injection vaccinale. Les résultats montrent entre autres que les anticorps anti-­‐‑OspA diminuent progressivement au cours du temps, et particulièrement chez les animaux vaccinés avec rOspA en l’absence d’adjuvants (QuilA, ISA25, ou hydroxyde d’aluminium). En effet, en l’absence d’adjuvants, les anticorps protecteurs persistent moins de 2 mois après l’injection, contre plus de 6 mois chez les animaux vaccinés avec une préparation adjuvée, mettant en évidence le rôle de l’adjuvant dans la durée de l’immunité induite par la vaccination (Chang et al., 1995). L’hydroxyde d’aluminium entre dans la composition de nombreux vaccins de médecine humaine et vétérinaire. Son mécanisme d’action reste à ce jour imparfaitement connu, mais repose sur l’augmentation de la persistance des antigènes, entrainant une plus longue stimulation du système immunitaire. Suite à l’injection se forme un granulome riche en macrophages au sein du tissu. Les antigènes contenus dans ce granulome sont libérés progressivement et provoquent une stimulation antigénique du système immunitaire plus longue. L’hydroxyde d’aluminium a toutefois le défaut d’améliorer essentiellement la réponse immunitaire à médiation humorale et peu la réaction immunitaire à médiation cellulaire, ce qui peut être rédhibitoire dans le cadre de certaines maladies telles que la leishmaniose. Sa présence en tant qu’adjuvant a effectivement été associée à la stimulation d’une voie Th2 persistante (Kool et al., 2008). Toutefois, Ma et son équipe ont démontré que l’immunité protectrice induite par un vaccin contenant les antigènes OspA et OspB était plus efficace en présence de l’adjuvant QS-­‐‑21, par comparaison à l’hydroxyde d’aluminium. En effet, les titres en anticorps spécifiques sont plus élevés avec QS-­‐‑21 par comparaison aux vaccins non adjuvés ou adjuvés d’hydroxyde d’aluminium, et l’activité borrélicide 8 à 64 fois plus importante (Ma et al., 1994), en faisant un candidat intéressant pour la vaccination à base de recombinants. Cette action stimulatrice de QS-­‐‑21 a par ailleurs été confirmée par des études ultérieures (Ma et al., 1995). 3) Efficacité L’efficacité d’un vaccin inactivé composé de Borrelia burgdorferi a été étudiée sur un total de 1969 chiens, vivant dans des régions endémiques de borréliose de Lyme. L’incidence de la maladie chez les individus vaccinés a été estimée à 1%, contre 4,7% chez les 89
individus témoins, au nombre de 4498, permettant de conclure à une réduction de l’incidence de 78% par la vaccination. La protection semble également meilleure en cas d’absence de séroconversion avant la vaccination (58% chez le chien séropositif contre 86% chez le chien séronégatif), et donc en l’absence de contact avec le pathogène. L’auteur suggère alors une initiation du protocole dès le plus jeune âge chez le chiot vivant en région endémique, la vaccination avant l’introduction en zone à risque chez le chien vivant hors région endémique de borréliose (Levy, Lissman, & Ficke, 1993). L’étude de l’efficacité des vaccins recombinants à base de rOspA aboutit à une efficacité estimée entre 60 (Levy, Clark, & Glickman, 2005) et 100% (Conlon et al., 2000). Cette dernière étude doit toutefois être interprétée avec prudence, du fait du faible échantillon étudié. Plus précisément, la séroconversion est prévenue par la vaccination dans près de 90% en cas d’injection du vaccin à base de Borrelia burgdorferi inactivées (Levy, 2002) contre 60% en cas d’utilisation d’un vaccin composé de rOspA (Levy et al., 2005). Le vaccin contenant la bactérie inactivée confère donc une protection accrue contre la séroconversion et le développement de la maladie, pouvant être expliquée par le fait que l’expression de la protéine OspA est inhibée après le repas sanguin de la tique vectrice. De plus, certaines bactéries sont susceptibles de ne pas exprimer OspA (génotype OspA-­‐‑). L’utilisation des vaccins recombinants à base d’OspA reste toutefois justifiée, dans la mesure où la vaccination réduit significativement le risque d’infection naturelle par Borrelia burgdorferi par comparaison aux individus témoins (Levy et al., 2005). Son utilisation est parfois préférée dans la mesure où le vaccin inactivé comporte de plus nombreux antigènes, suspectés d’être à l’origine de maladies auto-­‐‑immunes post-­‐‑
vaccinales (Littman et al., 2006). Une autre stratégie vaccinale contre la borréliose canine consiste en le ciblage d’OspC, dont l’expression est, contrairement à OspA, stimulée au cours des premiers stades de l’infection chez l’hôte. La stimulation antigénique par la bactérie inactivée a montré être à l’origine d’une réponse humorale anti-­‐‑OspA et anti-­‐‑OspC, expliquant sa supériorité en terme de protection par comparaison au vaccin recombinant contenant uniquement rOspA. Une étude a étudié l’efficacité d’un vaccin adjuvé contenant une souche de Borrelia burgdorferi habituelle, associée à une souche OspA-­‐‑/OspB-­‐‑ exprimant d’importantes quantités de OspC, sur des chiens exposés à Borrelia burgdorferi. La vaccination a été associée à la production de plus importantes concentrations plasmatiques en anticorps 90
borrélicides anti-­‐‑OspA, et anti-­‐‑OspC (dont les anticorps spécifiques d’un épitope nommé OspC7, retrouvé chez de nombreuses espèces de Borrelia). De plus, les spirochètes sont éliminés en cas de repas sanguin de la tique sur un hôte préalablement vacciné, et Borrelia burgdorferi est absente sur la peau et au sein des articulations des chiens vaccinés, alors que la bactérie est isolée à partir des biopsies cutanées de 93% des chiens témoins, à partir des articulations de 53% des chiens témoins et à partir de 87% des tiques ayant effectué leur repas sanguin sur ce même groupe de chiens, vaccinés avec un placebo. Les anticorps spécifiquement associés à l’infection par le spirochète sont également absents chez les animaux immunisés par le vaccin, mettant en évidence une protection efficace. De plus, des troubles articulaires (raideur, faiblesse articulaire, synovite) liées à la maladie de Lyme ont été retrouvés chez 67% des chiens témoins alors qu’aucune atteinte n’a été observée chez les chiens vaccinés. Ce vaccin adjuvé bivalent est donc à l’origine de la mise en place d’une immunité efficace contre le spirochète (LaFleur et al., 2009). De plus, du fait de la présence de l’épitope OspC7 chez plusieurs espèces de Borrelia, la question d’une possible immunité croisée se pose et demeure à étudier. Une seconde étude s’est penchée sur la durée de l’immunité induite par ce vaccin bivalent, la mettant à l’épreuve au moins un an après l’injection vaccinale par la mise en contact avec des tiques vectrices de Borrelia burgdorferi. Si les anticorps anti-­‐‑OspC ne sont plus dosables, 87% des animaux vaccinés présentent des anticorps anti-­‐‑OspA, mais à des concentrations bien plus faibles. Toutefois, lorsque les animaux sont exposés à la bactérie, la vaccination confère toujours une protection contre la borréliose de Lyme. En effet, bien que 40% des chiens vaccinés présentent des spirochètes identifiés sur les biopsies, ce qui n’était pas le cas au cours de l’étude précédente, séroconversion et développement des symptômes de la maladie restent évités chez les animaux vaccinés. Chez les chiens témoins, 60 % présentent des biopsies cutanées contaminées par la bactérie, mais développent une infection persistante (LaFleur et al., 2010). Les résultats de ces deux études mettent en évidence que la protection contre le spirochète est accrue par la présence d’une réponse humorale anti-­‐‑OspC, et que Borrelia burgdorferi possède la capacité d’échapper, dans certaines conditions, aux anticorps anti-­‐‑OspA. Cet échappement est attribué à sa variabilité antigénique, et peut en partie expliquer les échecs vaccinaux observés avec les vaccins constitués uniquement de rOspA. 91
4) Effets secondaires Le résumé de caractéristiques de Merilym ® rapporte les possibles effets indésirables suivants : hyperthermie transitoire, réaction inflammatoire locale (nodule associé à de l’œdème à l’origine d’un gonflement pouvant mesurer jusqu’à 15 centimètres), et plus rarement, des réactions d’hypersensibilité. Sur une étude de terrain portant sur 1969 chien, seuls moins de 2% des chiens étudiés ont présenté des effets secondaires suite à la vaccination avec un vaccin inactivé. L’auteur rapporte des réactions de faible intensité, régressant dans les 72 heures suivant l’injection, mettant en avant l’innocuité du produit (Levy et al., 1993). Toutefois, la pathogénie de la borréliose de Lyme, et plus particulièrement la néphropathie de Lyme et les arthropathies observées, étant liée à une réaction immunitaire contre l’organisme de l’hôte lui-­‐‑même, de nombreuses inquiétudes ont été émises, craignant que l’injection vaccinale ne soit à l’origine de la maladie. Chez l’animal, cette sensibilisation consécutive à l’injection vaccinale a été mise en évidence chez le chat avec le vaccin contre la péritonite infectieuse féline (aux Etats-­‐‑Unis, vaccin non disponible en Europe) ou encore chez la chèvre, après injection vaccinale contre l’encéphalite virale caprine. Chez l’homme, une réaction des anticorps anti-­‐‑antigènes de Borrelia burgdoferi avec plusieurs auto-­‐‑antigènes a été démontrée, entrainant une attaque de la myéline, de la myosine ou encore du tissu thyroïdien par le système immunitaire, rendant l’utilisation du vaccin contre la borréliose de Lyme délicate. Le vaccin composé de bactéries inactivées, et donc de nombreux antigènes susceptibles de causer des affections auto-­‐‑immunes, a été jugé comme trop dangereux, laissant place à un vaccin à base de rOspA aujourd’hui retiré du marché (Littman et al., 2006). Chez l’animal, OspA a été associée à une activité pro-­‐‑inflammatoire et sensibilisante, à l’origine du développement d’arthrite à la suite de l’injection vaccinale chez le hamster (Croke et al., 2000). La vaccination avec la bactérie inactivée a également été associée à des effets secondaires chez le chien. Le développement d’une maladie vaccinale est décrit chez des chien vaccinés sans aucun signe d’infection préalable. (Jacobson, Chang, & Shin, 1996). Un lien avec le développement de néphropathie de Lyme est également suspecté et en cours d’investigation. En particulier, un cas décrit à Ryan VHUP (Fincham, communication personnelle décrite par Littman et al., 2006) met en cause un vaccin contre la borréliose canine. Un chien a développé une néphropathie de Lyme à la suite de sa deuxième injection de vaccin recombinant à base de rOspA. Les examens 92
complémentaires n’ont mis en évidence aucun marqueur d’infection naturelle, mais ont montré de très forts taux en anticorps anti-­‐‑OspA. Cet antigène étant présent également dans le vaccin inactivé, contenant la bactérie entière, ce cas a donné lieu à de nombreux questionnements, notamment sur la susceptibilité des antigènes vaccinaux à sensibiliser et favoriser le dépôt d’immuns complexes dans les tissus cibles de la maladie, tels que les articulations ou encore les glomérules chez les individus prédisposés. Des études devront compléter cette observation de terrain afin de répondre à ces questions qui inquiètent les vétérinaires praticiens et tendent à une prudence envers les vaccins contre la borréliose de Lyme (Littman et al., 2006). En résumé, la vaccination contre la borréliose canine se heurte à de nombreux questionnements. Tout d’abord, les chiens infectés déclarent des symptômes de la maladie que dans moins de 5% des cas, en faisant une affection sous-­‐‑diagnostiquée. De plus, la plupart des animaux développant la maladie se rétablissent rapidement et sans séquelle à la suite de la mise en place d’une antibiothérapie adaptée et peu couteuse. Les animaux sévèrement atteints sont à ce jour suspectés de présenter une prédisposition génétique expliquant leur sensibilité accrue à la maladie, qui pourrait être également un facteur de risque au développement d’effets secondaires à la suite de la vaccination. Bien qu’au cœur de diverses problématiques de santé publique de par la gravité clinique de la maladie de Lyme induite par le spirochète chez l’homme, le chien infecté ne constitue pas un facteur de risque pour l’homme en lui-­‐‑même. En effet, l’homme et le chien s’infectent au sein du même biotope, notamment au cours des sorties en forêt, mais l’homme ne peut contracter la bactérie au contact de son chien. Ce sont donc les lieux que le propriétaire fréquente en compagnie de son chien qui constituent un risque accru pour celui-­‐‑ci. De ce fait, le vaccin canin protège l’homme par l’assainissement du réservoir vers lequel il tend. Le vaccin inactivé commercialisé, de même que les préparations humaines ou les autres vaccins recombinants, sont de plus à l’origine de nombreuses inquiétudes, portant notamment sur le possible développement de maladies vaccinales ou de sensibilisation aux maladies auto-­‐‑immunes (Littman et al., 2006). Son utilisation est de ce fait à réservée aux chiens vivant en zone endémique et présentant un mode de vie à risque, suite à un consentement éclairé du propriétaire, et reste optionnelle. Une prophylaxie chimique contre les tiques est quant à elle indispensable afin de prévenir les maladies vectorisées 93
par les tiques en réduisant le temps d’attachement de l’arthropode à l’hôte, et empêchant ainsi la transmission de l’agent pathogène. 94
CONCLUSION Les enjeux de la vaccination contre les maladies vectorisées sont multiples. A l’échelle individuelle, le vaccin permet, selon son mode d’action, une éradication de l’agent pathogène, la non-­‐‑progression vers une infection active ou encore une diminution de l’intensité des symptômes de la maladie. A plus petite échelle, la vaccination permet l’interruption du cycle de transmission de parasites tels que Leishmania infantum, et a pour objectif l’assainissement des zones endémiques et la réduction de l’extension géographique de la maladie. Leur rôle est de ce fait central dans le contrôle des maladies vectorisées zoonotiques Les vaccins disponibles en France contre les maladies vectorisées du chien sont donc un outil précieux pour le vétérinaire praticien. Le vaccin CaniLeish® contre la leishmaniose canine, adjuvé et constitué d’antigènes purifiés, oriente la réponse immunitaire vers une voie de type Th1 protectrice, associée au contrôle du parasite et à la réduction d’évolution vers une infection active menant à la maladie. Du fait de la lourdeur du protocole vaccinal, CaniLeish® est conseillé aux animaux vivant en région endémique, tant dans un but d’assainissement du réservoir du parasite que dans une logique de diminution du risque de déclaration d’une leishmaniose viscérale potentiellement mortelle. Le vaccin Pirodog® contre la babésiose canine, adjuvé et constitué d’antigènes parasitaires solubles est associé à une efficacité soumise à variation. En effet, des échecs vaccinaux sont observés, possiblement associés à une importante variation antigénique du parasite. De plus, la réponse immunitaire induite par le vaccin apparait moins efficace en cas d’antécédents de babésiose. Du fait de la bonne tolérance du vaccin, il sera proposé prioritairement aux animaux jeunes, sans antécédents de la maladie, vivant en milieu à risque et fréquemment exposés du fait de leur mode de vie. Le protocole doit être réfléchi de sorte à ce que l’immunité optimale soit obtenue avant le début de la saison des tiques. Enfin, l’utilisation du vaccin Merilym 3® contre la borréliose de Lyme, inactivé et adjuvé, est sujette à controverses du fait de la faible proportions d’animaux déclarant des symptômes de la maladie et de la gravité de certains effets secondaires rapportés. Toutefois, la maladie de Lyme étant une préoccupation majeure chez l’homme, 95
l’assainissement du réservoir est une fois de plus très intéressant en terme de santé publique. Le vétérinaire praticien décide donc du protocole vaccinal au cas par cas, en accord avec le propriétaire, en fonction du mode de vie de l’animal, de la région endémique ou non pour l’agent pathogène, de l’anamnèse et des commémoratifs du chien. Quel que soit le protocole vaccinal mis en place, la première ligne de défense contre les agents pathogènes vectorisés reste la lutte contre les vecteurs, qui doit être rigoureuse afin de limiter au possible la mise en contact entre l’hôte et l’agent pathogène. En plus de la prophylaxie chimique contre les ectoparasites, la vaccination contre les tiques, déjà disponible en Australie et en Amérique Centrale, apparait comme un possible axe de développement futur dans la lutte contre les maladies vectorisées. 96
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PICCIRILLO Esther
Vaccination contre les maladies vectorisées du chien
Thèse d’Etat de Doctorat Vétérinaire : Lyon, 27 octobre 2016
RESUMÉ :
Les maladies vectorisées sont à l’origine de préoccupations croissantes, de par leur importance et leur extension.
Certaines de ces maladies, dont la leishmaniose et la borréliose de Lyme, sont communes au chien et à l’homme,
qui s’infectent tous deux à la suite d’un repas sanguin par un arthropode vecteur et sont au cœur de nombreuses
inquiétudes en santé publique. Le chien pouvant être le réservoir d’agents pathogènes à caractère zoonotique, la
maîtrise de ses maladies apparait capitale et a de nombreux enjeux en médecine vétérinaire comme en médecine
humaine. La triade hôte-vecteur-agent pathogène est un système complexe, comprenant de nombreuses
interactions entre ses protagonistes. L’arthropode module l’immunité de l’hôte par l’intermédiaire de sa salive,
et tend à favoriser l’infection par l’agent pathogène. L’hôte met en place de complexes réponses immunitaires
dont les caractéristiques détermineront la résistance ou la sensibilité à la maladie. Si la prophylaxie contre les
vecteurs apparait comme un élément clé dans la prévention des maladies vectorisées, les vaccins visant à stimuler
une réponse immunitaire adaptative dirigée contre l’agent pathogène constituent un second axe de lutte. Trois
vaccins sont actuellement disponibles sur le marché français, à savoir les vaccins contre la leishmaniose, la
babésiose et la borréliose de Lyme.
Leurs enjeux et leur efficacité diffèrent, et la consultation de médecine préventive a pour but d’adapter le
protocole vaccinal à chaque patient, en fonction de l’anamnèse, des commémoratifs et du mode de vie de
l’animal.
MOTS CLES :
- Vaccination
- Chien
- Leishmaniose
- Babésiose
- Maladie de Lyme
JURY :
Président :
1er Assesseur :
2ème Assesseur :
Monsieur le Professeur Frédéric Bérard
Monsieur le Docteur Ludovic Freyburger
Monsieur le Professeur Luc Chabanne
DATE DE SOUTENANCE : 27 octobre 2016
ADRESSE DE L’AUTEUR :
Dymlovska 1376,
56401, Zamberk
République Tchèque
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