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Diagnostic du patrimoine
Pa y s Segr éen / Communaut é d e co mmun e s Oue s t An jo u
DGA Proximité / Ser vice départemental de l’Inventaire du patrimoine
Sommaire
Avant-propos................................................................................................................................ p.1
Patrimoine et territoire. ...................................................................................................... p.2
Géographie et paysages................................................................................................... p.2
Peuplement. ......................................................................................................................... p.4
Le patrimoine en quelques chiffres................................................................................. p.5
Le patrimoine seigneurial : châteaux et manoirs......................................................... p.6
Un riche patrimoine rural. ................................................................................................. p.11
L’histoire industrielle dans le paysage........................................................................... p.17
Patrimoine des villages : un cadre de vie à préserver. .......................................... p.20
Enjeux................................................................................................................................... p.23
Diagnostics par commune.................................................................................................p.24
Bécon-les-Granits.............................................................................................................. p.26
La Cornuaille....................................................................................................................... p.34
La Pouëze............................................................................................................................ p.38
Le Louroux-Béconnais..................................................................................................... p.42
Saint-Augustin-des-Bois.................................................................................................. p.48
Saint-Sigismond................................................................................................................. p.52
Villemoisan.......................................................................................................................... p.56
Contacts - Aides - Partenaires.............................................................................................. p.60
Avant-propos
L
e Conseil général de Maine-et-Loire, par l’action du service départemental de l’Inventaire du patrimoine, a réalisé, en partenariat avec la DRAC
des Pays de la Loire (service régional de l’Inventaire) - puis avec la Région
des Pays de la Loire - et le syndicat mixte du Pays Segréen, l’Inventaire du
patrimoine architectural des 67 communes de ce territoire.
L’objectif de cette opération a été d’identifier et d’étudier les édifices les plus
remarquables ou les plus représentatifs de l’architecture locale et d’en conserver la mémoire à travers une couverture photographique systématique : architecture rurale, seigneuriale, industrielle, religieuse…, l’ensemble du bâti a été
pris en compte de manière à en restituer toutes les caractéristiques.
Ce diagnostic est une nouvelle forme de restitution de cette étude accompagnée d’une évaluation du patrimoine de la communauté de communes Ouest
Anjou. Les spécificités de l’architecture et des formes d’habitat du territoire
sont présentées dans une première partie, puis, dans un cahier technique établi commune par commune, des cartes et des tableaux localisent, identifient
et évaluent les éléments du patrimoine : les édifices exceptionnels ; les bâtiments remarquables ; les édifices représentatifs d’un style ou d’une famille
typologique ; les édifice de témoignage ou constitutifs du tissu ancien ; enfin le
patrimoine d’accompagnement (puits, croix de chemins, oratoires, jardins…).
Ce document est donc un outil de connaissance, de sensibilisation et d’aide
à la décision mis à la disposition des acteurs locaux afin qu’ils prennent en
compte « leur patrimoine » dans les actions de gestion, d’aménagement et de
valorisation du territoire communal et intercommunal.
Diagnostic du patrimoine de la communauté de communes Ouest Anjou.
Sous la direction de Thierry Pelloquet, conservateur en chef du patrimoine, avec la collaboration de Justine Georget, étudiante en Master 2, Université de Lyon II, stagiaire au
service départemental de l’Inventaire du patrimoine (avril-juillet 2012).
études d’inventaire communales réalisées par Christian Cussonneau (2003-2006), ingénieur d’étude, DRAC Pays de la Loire puis Région Pays de la Loire.
Communauté de communes Ouest Anjou
1
Patrimoine
et Territoire
La Pouëze
La Cornuaille
Le Louroux-Béconnais
Bécon-les-Granits
Villemoisan
Saint-Augustindes-Bois
Saint-Sigismond
Géographie et paysages
Située au sud-ouest du département, et pour partie frontalière avec la
Loire-Atlantique, la communauté de communes Ouest Anjou compte sept
communes couvrant un territoire d’environ 24 000 hectares. Ce dernier est
limité au nord par la vallée de l’Erdre, au sud par celle de l’Auxence, et il est
entaillé par plusieurs petits cours d’eau tel le ruisseau de Croissel, le Brionneau,
le ruisseau de la Coudre, le ruisseau du Pont-Ménard ou encore celui de la
Clémencière. Le sous-sol, constitué en partie du vieux socle hercynien, a été
de longtemps exploité pour en extraire du granite, notamment à Bécon. Pays
de schiste également, la nature imperméable des sols a conduit l’homme vers
le drainage pour pouvoir cultiver les terres ou encore les exploiter en prairies.
La couverture bocagère, constituée d’un damier de mailles resserrées et de
lignes boisées bordant les rives, s’étendait sur l’ensemble du territoire de
manière relativement homogène. Seuls des éléments structurants comme le
1
2
Cf. Charte paysagère du Pays Haut-Anjou Segréen, adele, novembre 2005.
Communauté de communes Ouest Anjou
relief et la présence plus ou moins forte de forêts permettent de distinguer
certains secteurs. Vers Saint-Sigismond et surtout Villemoisan, la topographie
est marquée par un système de vallons encaissés bordant de larges plateaux ;
ces ondulations, liées au plissement du massif armoricain, contribuent à
créer des ambiances particulièrement intimistes et bucoliques. Le bocage
a toutefois été nettement dégradé suite aux opérations de remembrement
des années 1960. Alors que les boisements ne représentent qu’une faible
partie du territoire, l’arbre demeure présent dans le champ visuel à travers de
petites « tâches » boisées qui, associées à la couverture bocagère, ferment les
horizons et contribuent à l’effet de « continuité boisée »1. La récurrence des
parcs paysagers qui accompagnent les châteaux est une autre caractéristique
de ce secteur : ponctués de grands arbres remarquables, ils participent à la
mise en scène des approches de bourg.
Le moulin de Villemoisan, ou moulin Minot, installé
dans un vallon
sur les
bords
de l’Auxence
Communauté
deencaissé
communes
Ouest
Anjou
3
Peuplement
Une enceinte carrée, repérée au 19e siècle au lieu-dit « les Châteaux » dans la
commune du Louroux-Béconnais, pourrait attester d’une occupation humaine
dès la période protohistorique. Aucun élément plus ancien n’a cependant été
mis en évidence. Pas de vestiges antiques si ce n’est la mention d’une voie
romaine qui se détachait de celle qui reliait Angers à Rennes, et qui traversait
le territoire de La Cornuaille pour rejoindre Nort-sur-Erdre. C’est à l’époque
carolingienne que l’on doit la fondation de certaines paroisses comme celles
de Bécon et du Louroux. La grande étendue du territoire de cette dernière,
environ 7 000 hectares avant les modifications du 19e siècle, la plus importante
du canton et l’une des plus vastes du département, et le fait que l’église soit
placée sous l’invocation de saint Aubin, laissent à penser, malgré l’absence
de mentions antérieures au 12e siècle, que cette paroisse pourrait avoir été
fondée à cette époque.
Les villages se développent à partir d’une occupation laïque ou ecclésiastique.
La rivalité est parfois affichée comme à La Cornuaille où une motte féodale
élevée au 10e ou au 11e siècle le long du ruisseau de Croissel, près du centre
ecclésial primitif, montre qu’une famille chevaleresque tente de contrôler
l’agglomération et tout ou partie du territoire de la paroisse. Dans le contexte
de la réforme grégorienne puis du concile de Latran (1215), les seigneurs laïcs
font pourtant de plus en plus don d’églises ou même de portions de territoire
au clergé. À Saint-Augustin-des-Bois, l’examen de la toponymie, notamment la
présence assez importante de lieux-dits se terminant par « ière » ou « erie »,
laisse penser que des défrichements d’initiative seigneuriale (lieu-dit de « La
Cour » dans le village) ont eu lieu à partir de la fin du 11e siècle ou du début
du 12e siècle. La position du village, centrale par rapport à son territoire, et le
réseau des chemins en forme d’étoile partant de l’agglomération, indiquent
des défrichements concentriques à partir du noyau primitif d’implantation.
Les bourgs ont ainsi des formes variées en fonction de leurs particularités
historiques et de leur site d’implantation. Ils s’organisent la plupart du temps
de façon concentrique autour de l’enceinte sacrée constituée par l’église et le
cimetière (Saint-Augustin-des-Bois). Les concentrations de population peuvent
aussi prendre la forme d’un village-rue : les maisons s’implantent alors de
manière transversale de part et d’autre de la rue principale ; les plus anciennes
4
Communauté de communes Ouest Anjou
présentent leur pignon en façade, alors que les plus récentes tournent le mur
gouttereau vers la rue (Bécon-les-Granits). L’aménagement du territoire date du
Moyen Age avec, on l’a vu, le défrichement des zones boisées. Les moines de
l’abbaye de Pontron s’attellent aussi à la création du réseau hydrographique,
asséchant les marais, créant des étangs, donc des moulins, et développant le
travail du fer grâce à des moulins-forges et au minerai procuré par leur abbayefille de Meilleray (Loire-Atlantique). Mais il faut attendre la fin du 18e et le début
du 19e siècle pour voir le territoire parcouru par de grandes routes dont celle
L’abbaye de Pontron, vue cavalière des bâtiments encore en place au 18e siècle - 1783
(A.D. Maine-et-Loire)
reliant Angers à Rennes, passant par Bécon-les-Granits et le Louroux-Béconnais,
tandis qu’une autre, croisant la première à Bécon, joint Ingrandes à Laval. Le
canton du Louroux-Béconnais, créé par décret du 14 mars 1790, ne comprenait
originellement que les communes du Louroux-Béconnais, de La Cornuaille et de
Villemoisan. En l’An IV, y ont été adjointes les communes de Bécon-les-Granits,
Saint-Augustin-des-Bois, Saint-Sigismond et Saint-Clément-de-la-Place.
Le patrimoine en quelques chiffres
Sur cette zone 6 édifices seulement bénéficient d’une protection au titre
des Monuments historiques (inscription ou classement). Ce statut concerne
essentiellement des éléments de l’architecture domestique tels les châteaux
de Landeronde et de Bois Guignot (Bécon-les-Granits) ou la demeure de
Grand-Maison (Bécon-les-Granits). L’architecture religieuse est représentée
par la commanderie de Villemoisan, dont la chapelle, seule, bénéficie d’une
mesure de protection, ainsi que par la chapelle Sainte-Émerence à la Pouëze.
Si ces différents édifices peuvent être considérés comme des éléments
exceptionnels, d’intérêt régional, on peut toutefois s’interroger sur la protection
liée au moulin de la Landeronnière à Bécon-les-Granits : inscrit sur la liste de
l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1975, il conservait
encore à cette date ses ailes Berton ; l’une des verges, qui subsistait dans les
années 1990, est démontée aujourd’hui.
Comme souvent le patrimoine rural ne comporte pas d’éléments protégés
au titre des Monuments historiques. On notera cependant la présence sur le
territoire de la commune du Louroux-Béconnais de plusieurs granges anciennes,
certaines monastiques, dépendantes de l’ancienne abbaye de Pontron, dont
le gros œuvre pourrait dater des 16e et 17e siècles. Il est à signaler que le
seul élément protégé témoignant de l’histoire industrielle du territoire, le
chevalement en bois de l’ardoisière de l’Espérance à La Pouëze, s’est effondré
récemment, et fait l’objet d’un projet de reconstruction à l’identique. Il faut
enfin noter que le territoire ne comporte aucune zone de protection (ZPPAUP)
ou nouvelle zone de valorisation du patrimoine (AVAP), ni d’ensemble paysager
et monumental reconnu au titre des Sites protégés.
L’opération d’inventaire et le diagnostic d’évaluation ont quant à eux identifié
287 édifices, auxquels il faut ajouter de nombreux édicules d’accompagnement
(croix de chemin, oratoires, monuments aux morts, puits…). Parmi ce
corpus, 102 édifices ont été classés comme remarquables et peuvent être
mentionnés dans le PLU communal au titre « d’éléments remarquables du
patrimoine ». D’autre part, et à titre d’exemple, 163 édifices ont été signalés
comme représentatifs de certaines typologies ou formes architecturales, et
concourent ainsi à l’identité du territoire. Enfin 22 édifices, bien que repris
ou ayant subi des altérations perturbant leur lisibilité, sont, dans leur volume
général ou à travers la présence d’éléments d’architecture (baies, lucarnes…),
des témoignages caractéristiques d’une époque de construction.
À l’instar du secteur de Pouancé, le nombre d’éléments patrimoniaux recensés
est moindre que dans les cantons voisins de Candé ou de Segré. Il faut sans
doute y voir une résultante de l’histoire du territoire et de son peuplement
restreint et relativement tardif. Les forêts et les bois ne sont qu’en partie défrichés à partir du Moyen Age. Dans le secteur de La Cornuaille, les terres pauvres sont parsemées d’étangs artificiels aménagés par les moines cisterciens
de l’abbaye de Pontron. Isolé dans les landes et les forêts qui couvrent cette
partie sud du secteur, pourtant proche de la Loire, l’établissement humain à
l’origine du village de Saint-Sigismond (un fief donné à l’abbaye Saint-Nicolas
d’Angers à la fin du 11e siècle) ne prend que fort peu d’extension, puisqu’il ne
suscite ni la création d’une assemblée ni celle d’une foire. Le sol acide de la
région de Bécon restera pauvre et couvert de landes jusqu’au tournant du 19e
siècle où l’emploi de la chaux, consécutif à la Révolution agricole qui touche
le grand Ouest, permettra de développer l’élevage et la culture céréalière. Ce
n’est d’ailleurs qu’à compter du milieu du 19e siècle, puis au 20e siècle, que la
population, essentiellement rurale, connaîtra une augmentation significative
entraînant la transformation des principaux villages du Louroux et de Bécon.
Sous l’emprise de la baronnie de Candé, puis de celle de Bécon, le territoire
n’apparaît pas propice au maillage seigneurial. On ne dénombre en effet que
Communauté de communes Ouest Anjou
5
13 châteaux, dont 11 ont fait l’objet de campagnes de construction majeures
(ou totales) au 19e siècle, et 9 manoirs ; cinq d’entre eux constituant d’ailleurs
le dispositif défensif de la baronnie de Bécon.
On recense également 18 maisons de maître, exploitations rurales qui peuvent
être d’anciens fiefs déclassés disposant d’un logis plus cossu pour accueillir
ponctuellement le propriétaire ; plusieurs d’entres elles ont pris le nom de
« château » au cours du 19e siècle. Le patrimoine rural est également présent
avec 39 fermes retenues pour leur intérêt remarquable ou représentatif, la
plupart comprenant des campagnes de constructions datant du 19e siècle,
illustrant le renouveau agricole dans le Haut-Anjou tout au long de cette période.
Le patrimoine industriel, 12 édifices ou ensembles retenus pour leur intérêt ou
leur représentativité, est surtout présent à travers la meunerie traditionnelle (9
moulins). Le développement de l’industrie extractive (ardoise, granite) a laissé
par contre moins de traces que dans les autres secteurs du Pays Segréen :
les infrastructures liées à l’exploitation du granite ont disparu et les carrières
se sont remplies d’eau ou ont été noyées après leur abandon. Seuls certains
ensembles de logements et l’ancien site ardoisier de l’Espérance, à la Pouëze,
sont encore le reflet de cette histoire.
Le patrimoine seigneurial :
châteaux et manoirs
Les châteaux
Si cette région frontalière semblait se prêter naturellement aux ambitions
seigneuriales, ces dernières n’ont cependant pas donné lieu à d’importantes
implantations à l’origine de châteaux ou même de simples manoirs. Cette faiblesse a plusieurs significations : la pauvreté des terres de forêt, la faiblesse
du peuplement et surtout la fermeté du contrôle des comtes d’Anjou, puis
des seigneurs de Candé, qui auraient empêché la fragmentation des pouvoirs
et donc la multiplication des châteaux. Le patrimoine seigneurial s’avère donc
restreint. Il ne subsiste que de rares témoignages de constructions antérieures au 19e siècle. On soulignera toutefois le très bel exemple du château de
Landeronde à Bécon-les-Granits.
Monuments historiques (inscrits ou classés) : 6
Nombre total d’édifices repérés : 293
- Édifices exceptionnels : 6
- Édifices remarquables : 102
- Édifices représentatifs : 163
- Édifices de témoignage : 22
Parmi ces édifices on trouve, notamment :
- Châteaux : 13
- Manoirs : 8
- Maisons de maître : 19
- Fermes : 39
- Maisons : 120
- Édifices industriels : 12 (dont 9 moulins)
Le château de Landeronde à Bécon-les-Granits
6
Communauté de communes Ouest Anjou
latérales biaises qui joignent l’entrée de la cour à la route. Vers le nord-ouest,
une allée plantée permet de rejoindre le bourg de Bécon. Sur sa façade sud,
le corps principal du logis présente cinq travées de baies à arcs segmentaires,
encadrées par des bossages en table ; la travée centrale étant couronnée par
un petit fronton triangulaire, tandis que les travées centrales sont sommées
de lucarnes. L’horizontalité du bâtiment est renforcée par des bandeaux qui
règnent sur toute la longueur de la façade.
Détail d’un pilastre de l’escalier Renaissance
du château de Landeronde
Le Bois Guignot (Bécon-les-Granits),
plan cadastral napoléonien (A.D. Maine-et-Loire)
À La Pouëze, le château de la Villenière présente lui aussi une composition très
classique, notamment sur sa façade orientale. L’histoire de sa construction
reste mal connue : le corps de bâtiment principal semble dater du premier
quart du 19e siècle bien que des remaniements récents aient probablement
affecté la composition d’origine. L’élévation principale reprend le parti d’un
étage attique et d’un avant-corps central couronné par un grand fronton
triangulaire, parti déjà utilisé aux châteaux de l’Isle-Briand (Le Lion-d’Angers)
et de La Roche (Noyant-la-Gravoyère).
Il présente un corps principal, une tour d’escalier, une chapelle et des communs
datant du 15e siècle. L’élément exceptionnel est l’escalier en tuffeau, des
années 1530, qui dessert l’étage du logis et celui de la tour carrée hors œuvre
flanquant ce dernier : sa position au pignon du logis et sa structure, ouvert de
grandes arcades rampantes en plein-cintre, en font un très beau témoignage
de la Renaissance sans équivalent au plan régional.
Ancien manoir, inclus dans le dispositif défensif de la baronnie de Bécon, le
Bois Guignot comporte quelques vestiges des 15e (cheminées) et 17e siècles
(tourelle arasée). Le caractère classique de l’édifice remonte cependant
au milieu du 18e siècle, au moment où le corps principal est entièrement
remanié (1759). L’organisation spatiale du château est également remodelée
et s’organise désormais par rapport à l’ancienne route d’Angers à Candé qui
passe non loin du logis. Ce dernier est implanté sur l’axe principal nord-sud
marqué par la grande allée conduisant à la cour antérieure, enclose de murs
percés d’un portail à deux piliers en tuffeau, et cantonnée par deux pavillons
et un colombier. Le parc, qui s’étend au sud, est traversé par deux allées
Le Bois Guignot, vue de la façade principale
Communauté de communes Ouest Anjou
7
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Le château de La Villenière (La Pouëze)
Le château de Bruc (La Cornuaille), carte postale (A.D. Maine-et-Loire)
Comme dans les autres secteurs du Pays Segréen, le territoire voit une
importante phase de construction / reconstruction / réaménagement de
châteaux tout au long de la seconde moitié du 19e siècle. Les propriétaires
fonciers, acteurs politiques et économiques du monde local, réaménagent leurs
domaines, modernisent leurs exploitations agricoles et adaptent leurs châteaux
aux modes architecturales. C’est notamment le cas pour les châteaux de la
Prévôterie (Le Louroux-Béconnais) et de la Giraudaie (appelé aussi Le Bruc, à La
Cornuaille) où, dans les deux cas, le logis ancien est démoli pour laisser place à
un château neuf reconstruit dans les années 1850 dans le style néo renaissance.
On signalera également les châteaux de la Courie (Saint-Augustin-des-Bois),
de Vernou (Le Louroux-Béconnais) ou de la Caillotière (La Cornuaille). Au
château de l’Anjouère, édifié en 1878, l’architecte angevin Gustave Tendron
adopte un parti très sobre, basé sur un plan massé. Seuls le dessin triangulaire
des lucarnes, parfois traitées en couronnement de pignon, la présence d’une
tourelle d’escalier hors œuvre et les décrochements de toitures évoquent
ici l’époque médiévale prise souvent comme modèle de référence à travers
l’architecture néogothique. Édifice singulier, le château du Chillon (Le LourouxBéconnais) est transformé au début du 20e siècle par l’architecte nantais Le
Diberder qui lui donne une silhouette inspirée des constructions classiques
des 17e et 18e siècles.
Communauté de communes Ouest Anjou
La plupart de ces nouveaux châteaux disposent également de communs et
de dépendances agricoles construits selon le goût pittoresque alors en vogue
(encadrements de baies en brique, toitures débordantes agrémentées de bois
découpés). C’est ainsi le cas à Vernou (Le Louroux-Béconnais), à La Prévôterie
(Le Louroux-Béconnais) ou encore à la Burelière (La Cornuaille) où seuls les
communs sont encore conservés.
À partir des années 1830, la tradition du jardin régulier, aux structures planes
et géométriques (Le Bois Guignot), s’efface au profit de compositions
La Prévôterie (Le Louroux-Béconnais), une partie des communs comportant notamment un château
d’eau élevé vers 1860
Projet de parc pour le château de la Violais (Le Louroux-Béconnais), dessin rehaussé à l’aquerelle,
par Auguste Killian, 1872 (collection particulière)
pittoresques et paysagères qui jouent avec le relief du terrain, les pièces
d’eaux naturelles (rivière, étang), les allées courbes et les points de vue sur le
château et la campagne. Le développement de l’horticulture fait apparaître de
nouvelles essences (magnolia, tulipier, séquoia, cèdre) qui, par leur feuillage et
leur port, contribuent à enrichir la palette des formes et des couleurs. André
Leroy, horticulteur et dessinateur de jardins, redessine ainsi le parc de la
Prévôterie, celui du Chillon et probablement celui de la Giraudaie. Le château
de la Violais (Le Louroux-Béconnais) est un condensé de cette période :
agrandit vers 1853, le nouveau logis est aussi agrémenté à partir de 1872 d’un
parc paysager aménagé d’après les plans de l’architecte paysagiste Auguste
Killian. Des allées courbes sont tracées, offrant de nouveaux points de vue
sur le château et le parc tout en desservant les communs cachés derrière
des rideaux d’arbres. Non loin, certaines fermes du domaine sont également
reconstruites au cours de la même campagne.
Les manoirs
Les petites seigneuries ont une emprise réduite sur le territoire : huit manoirs
ont été repérés. Ils présentent tous des phases de construction datant des
15e et 16e siècles. En effet, les destructions liées à la guerre de Cent Ans,
et le vaste mouvement de reconstruction qui suit, ont eu tendance à faire
disparaître les témoignages d’une architecture civile antérieure. Suite à leur
déclassement précoce, certaines de ces demeures seigneuriales ont été
remaniées et englobées dans des constructions nouvelles des 15e et 16e
siècles.
Lieu de pouvoir, le manoir répondait, avant et pendant la guerre de Cent Ans,
à des impératifs défensifs. Au lendemain de ces troubles, il est de plus en
plus associé à des éléments de plaisance et de confort. Les impératifs d’ordre
économique l’emportent sur les critères stratégiques : il s’agit avant tout
Communauté de communes Ouest Anjou
9
au début du 16e siècle, et le souhait de l’abbé d’y installer un régisseur, la
cheminée de la chambre orientale du premier étage est modernisée vers 1530
selon le goût de la première Renaissance. Sur les consoles en granit du 14e
siècle, est posé un faux manteau en bois supportant une hotte en tuffeau de
taille ; les trois faces du faux manteau sont décorées de médaillons à l’antique
dont deux avec bustes d’homme et de femme, sculptés en haut-relief, et au
centre d’un blason qui portait sans doute les armes de l’abbaye.
À la Rouletterie, le manoir médiéval d’origine ne subsiste que par le « pourpris »,
pièce de terre carrée où est établi le logis actuel. Le lieu paraît avoir été déclassé
en métairie à la fin du Moyen Âge ; un logis de maître a été reconstruit au 16e
siècle, augmenté d’un logement pour le fermier au 18e siècle.
Le manoir de Bois-Robert avait un rôle dans la défense du
site de Bécon. Le plan cadastral napoléonien (A.D. Maineet-Loire) mentionne encore les bâtiments formant une
cour fermée, défendue par des douves et des étangs
La cheminée Renaissance du manoir de la
Cour du Tremblay (Bécon-les-Granits)
d’occuper le cœur d’un ensemble de terres fertiles. Chef-lieu de la seigneurie,
le manoir (ou « hostel ») constitue en effet le cœur d’un vaste domaine
agricole. Outre le logis, il comprend une cour où sont regroupés les bâtiments
nécessaires à l’exploitation. Il dispose également d’éléments distinctifs : des
douves, un colombier, un vivier et parfois une chapelle.
Parmi les édifices retenus, certains ont subi de nombreux remaniements
où sont même très dégradés (Chasse-Hue à Saint-Augustin-des-Bois). On
signalera toutefois le manoir de la Galicheraie (Bécon-les-Granits) qui conserve
des éléments anciens sur la façade nord du logis, avec deux portes à arcs en
tiers-points, dont les montants et les claveaux en granite semblent dater du 14e
siècle. Le logis de la cour du Tremblay (Bécon-les-Granits) paraît dater lui aussi
partiellement du 14e siècle, comme l’attestent une baie de la façade sud et
les piédroits de la cheminée du premier étage. L’édifice a été ensuite repris et
augmenté du 15e au 17e siècle. Suite au rachat du lieu par l’abbaye de Pontron
10
Communauté de communes Ouest Anjou
Le manoir de la Rouletterie (Bécon-les-Granits)
Un riche patrimoine rural
Le monde rural a laissé un patrimoine important qui, s’il apparaît commun au
premier abord, constitue néanmoins le caractère identitaire de l’architecture
locale. L’isolement relatif de certaines communes a permis la préservation de
ce patrimoine fragile, plus durement touché dans les régions à forte pression
foncière.
Les maisons de maître
À mi-chemin entre la ferme (parties agricoles) et le manoir (plan et logis), la
maison de maître est construite par un propriétaire foncier afin d’y établir un
métayer. De temps à autre, il vient surveiller la bonne marche du domaine
et séjourne dans une pièce haute qui lui est réservée. De plan rectangulaire,
tendant au carré, le logis est d’abord couvert par un toit à deux versants (La
Grand-Maison à Bécon-les-Granits) avant d’adopter à la fin 16e siècle, puis au 17e
siècle, un toit à quatre pans dit « en pavillon » (Les Hautes-Cours au LourouxBéconnais) ; les dépendances sont élevées dans le même alignement.
Au 18e siècle, la volonté d’ordonnancement conduit à l’édification de façades
parfaitement symétriques, qui laissent libre cours au jeu graphique de l’élévation
rythmée par des travées de baies rectangulaires ou à arcs segmentaires : c’est
ainsi le cas au Druillay ou La Babinière (La Cornuaille). L’évolution de la maison
de maître conduit également à l’indépendance du logis par rapport au reste de
l’exploitation. Dorénavant, ces ensembles adoptent le plus souvent un plan
classique avec logis en fond de cour, encadré latéralement des bâtiments de
communs. C’est ainsi le cas à La Perrière (Saint-Augustin-des-Bois), demeure
construite en 1787 à laquelle on accède par une large avenue menant à la cour
rectangulaire au fond de laquelle se trouve le logis, bordé au nord par l’aile des
communs et au sud par l’aile de la ferme.
La maison de la Goupillère (Saint-Augustin-des-Bois), élevée en 1759 sur une
terrasse est également précédée d’une grande cour encadrée par les deux
ailes de communs ; les bâtiments agricoles liés à l’exploitation du domaine,
une métairie et une closerie, sont construits bien à distance de la maison.
La Grand-Maison (Bécon-les-Granits)
Maison de maître de La Perrière (Saint-Augustin-des-Bois)
Communauté de communes Ouest Anjou
11
Plan du lieu de la Goupillère à Sain-Augustin-des-Bois, 1759 (A.D. Maine-et-Loire)
Le phénomène se poursuit au cours du 19e siècle. En lieu et place d’anciens
manoirs, de nouvelles demeures cherchent à copier la maison seigneuriale
traditionnelle, en édifiant une chapelle, des communs et des dépendances, en
aménageant des parcs et en s’emparant abusivement du titre de « château ».
D’un point de vue stylistique plusieurs exemples relevés dans la commune
de Bécon-les-Granits s’inscrivent dans le mouvement néoclassique et l’esprit
de la villa des champs : plan tendant au carré, rez-de-chaussée surélevé,
colonnes et pilastres en décor de façade. À la Cour-du-Tremblay (Bécon-lesGranits) où, en 1848, une nouvelle maison est implantée non loin de l’ancien
manoir, le logis, de plan massé, comprend également un imposant étage de
soubassement qui rachète la déclivité du terrain et abrite les pièces de service
et d’entrepôt. L’accès au rez-de-chaussée surélevé se fait, depuis l’extérieur,
par un escalier en fer-à-cheval qui conduit au perron, couvert d’un porche
soutenu par deux colonnes à chapiteaux d’ordre toscan. Un toit à croupes et
à terrasse faîtière couvre l’ensemble. Les mêmes caractères se retrouvent
à Bois-Robert : le logis comprend un rez-de-chaussée surélevé et un étage
carré sommé d’une balustrade d’attique ; ses trois travées centrales forment
un léger avant-corps décoré de bossages continus au rez-de-chaussée. À
l’étage, les trois fenêtres centrales sont séparées par des pilastres à l’antique.
Côté nord, un large escalier droit rachète le dénivelé du sous-sol et permet
d’accéder au rez-de-chaussée. La demeure est agrémentée d’un parc dans
lequel on trouve un vaste jardin potager. On signalera surtout le belvédère
artificiel élevé entre 1850 et 1874 : un chemin spiralé, bordé de buis, conduit
à la plate-forme sommitale, où autrefois se trouvait un salon de jardin, et
depuis laquelle on découvre tout le panorama environnant.
D’autres exemples remarquables de maisons de maître construites ou
reconstruites au cours du 19e siècle peuvent être mentionnés, notamment sur
la commune du Louroux-Béconnais : Piard, La Mornais ou Le Pey.
Les maisons de maître, dits châteaux, de la Cour du Tremblay et de Bois-Robert
12
Communauté de communes Ouest Anjou
Les fermes traditionnelles
Comme dans les autres secteurs du Pays Segréen, il ne subsiste que de rares
témoignages de bâtiments ruraux antérieurs au 19e siècle. La ferme de la
Biettière (La Cornuaille) en est toutefois un bon exemple. Elle comporte un logis
du 16e siècle, modifié au 18e, et des parties agricoles également construites
au 16e siècle puis reprises en façade et allongées vers le nord au cours de
la seconde moitié du 19e siècle. Le logis, désaffecté, mais bien entretenu,
conserve sa distribution intérieure d’origine avec deux pièces séparées par une
cloison en pans de bois : une salle à cheminée, ouverte sur l’extérieur, et depuis
le pignon, par une porte à arc en anse de panier, et une petite pièce secondaire,
peut-être à usage de chambre. Les logis de La Grée (Saint-Augustin-des-Bois)
ou de la Houssière (Villemoisan) peuvent être datés respectivement des 17e et
18e siècles mais ils ont été eux aussi repris et agrandis au siècle suivant.
Ces différents exemples illustrent la construction de bâtiments agricoles selon le
type traditionnel en « bloc à terre allongé », appelé habituellement « longère ».
La ferme est constituée soit de bâtiments construits les uns à la suite des
autres, en fonction des besoins ; soit d’un seul bloc plus ou moins compact
comprenant le logis et des parties agricoles (notamment des étables) auxquels
sont accolés des appentis qui abritent cuisine, cellier, boulangerie et porcheries. Dans de nombreux cas, ce type est complété par une ou deux petites
dépendances satellites (remise, grange, porcherie) élevées sans organisation
précise autour de la cour. La ferme de la Mélairie (Bécon-les-Granits) construite sans doute entre la fin du 18e siècle et le 1er quart du 19e siècle présente
ainsi un bâtiment principal, en rez-de-chaussée et comble à surcroît à usage
de fenil, mesurant près de 40 mètres de longueur. La longère abrite au centre
un logis prolongé, à l’ouest, par des étables à vaches et une porcherie sous
appentis, et à l’est par une étable à chevaux ; un appentis, sur la face postérieure, abrite un four à pain et un cellier. Comme la plupart des constructions
rurales anciennes, les bâtiments sont construits en moellons de schiste et de
grès, avec arêtiers faits de blocs dégrossis de grès, tandis que les ouvertures
possèdent des montants en tuffeau de taille et des linteaux en bois.
Ferme de La Biettière (La Cornuaille)
Ferme de la Mélairie (Bécon-les-Granits)
Communauté de communes Ouest Anjou
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à vaches, tandis que le vaisseau central permettait d’entreposer la paille et le
foin. D’autres fermes conservent elles aussi des bâtiments du même type,
telle La Touchardais et sa grange datable des 16e et 17e siècles ou encore celle
des Hautes-Têneries (Saint-Augustin-des-Bois).
Les fermes du 19e siècle
Le paysage rural est fortement marqué par les reconstructions ou les
constructions nouvelles de bâtiments agricoles de la seconde moitié du
19e siècle. La modernité s’affirme avec l’apparition de nouveaux matériels
(doubles-brabants, faucheuses, faneuses…), une meilleure rentabilité des
terres, grâce à l’amendement par la chaux, et le développement de l’élevage
avec l’introduction d’une nouvelle race bovine (la Durham). Les fermes et les
métairies sont souvent remaniées ou agrandies, reconstruites parfois en totalité,
pour répondre aux exigences modernes qui assurent que les rendements de
l’agriculture et de l’élevage passent par une meilleure organisation et une
meilleure hygiène des bâtiments. Certaines exploitations comme la Névorie,
Anciennes granges au Louroux-Béconnais et à Saint-Augustin-des-Bois
Parmi les éléments de l’architecture rurale répertoriés, il faut signaler
d’intéressants exemples de granges, souvent anciennes, notamment sur le
territoire de la commune du Louroux-Béconnais. L’implantation de l’abbaye
cistercienne de Pontron a entraîné la construction de cinq granges, dont
trois encore préservées, qui dépendaient de l’établissement monastique :
la Grange, les Forêteries et celle de Quintonnet qui comporte encore des
éléments datables du 16e siècle. Ces bâtiments, composés intérieurement
de trois nefs, étaient à usage mixte : les deux bas-côtés servaient d’étables
Hospice de Candé. Plan d’une maison pour la ferme du Boulay (La Cornuaille), dessin réhaussé à
l’aquarelle, 1864 (A.D. Maine-et-Loire)
14
Communauté de communes Ouest Anjou
La ferme de la Seillerie (Le Louroux-Béconnais)
Le logis de la ferme Sainte-Anne (Le Louroux-Béconnais)
La Seillerie (Le Louroux-Béconnais), la Grande-Prévôté ou les Hautes-Aillières
(La Cornuaille) sont ainsi organisées selon un plan régulier, avec des bâtiments
dissociés selon leurs fonctions.
Pouëze). L’utilisation de la brique, soulignant de façon décorative les chaînes
d’angle, les corniches et les encadrements des baies, reste toutefois la
référence commune pour toutes ces constructions.
Les étables prennent une importance particulière et font l’objet d’un traitement
architectural recherché, marqué par l’écriture symétrique des élévations, en
jouant notamment sur les pignons-lucarnes des avant-corps. À la Gautraie
(Bécon-les-Granits), le grand bâtiment à usage de grange, remise et étables,
qui s’appuie au pignon est du logis, fut construit en 1907. Bien que tardive, la
transformation de cette ferme traditionnelle dévolue primitivement à la petite
polyculture de subsistance, en une exploitation tournée principalement vers
l’élevage bovin, illustre bien le phénomène de mutation agricole qui touche
une grande partie du quart nord-ouest du département de Maine-et-Loire
depuis les années 1830. On mentionnera également les fermes « modernes »
du Tertre Saint-Joseph (Saint-Augustin-des-Bois) et de Sainte-Anne (Le
Louroux-Béconnais) particulièrement représentatives de cette architecture
rurale savante. Dans le même temps, certaines fermes sont reconstruites en
conservant le modèle traditionnel de la longère : la Haudilais et Gevran (La
La présence religieuse
Le territoire rural est également riche de la présence
religieuse. De nombreuses croix anciennes sculptées
ont ainsi été repérées, dont une en schiste (les Rosiers
au Louroux-Béconnais) et une autre en bois (le RaiProfond à Saint-Sigismond). Il s’agit de croix des 15e et
17e siècles, portant une représentation schématique
du corps du Christ doté d’un périzonium. Dans le
cas de la croix du Rai-Profond, la figure du Christ est
associée à celle de la Vierge par la présence d’une
statuette nichée dans le fût. Remployées, déplacées
ou nouvellement installées, les croix se multiplient
aux 19e et 20e siècles sur tout le territoire. De la simple
Détail de la croix des Rosiers
(Le Louroux-Béconnais)
Communauté de communes Ouest Anjou
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La chapelle Sainte-Émerance (La Pouëze)
La chapelle de la commanderie
du Temple (Villemoisan)
croix en bois à la croix métallique fabriquée en série, elles peuplent encore le
paysage. Fichées dans un socle en pierre ou en ciment, elles sont dressées à
l’occasion de mission ou à l’initiative de familles locales dont la piété est ainsi
affirmée aux yeux de tous.
Parmi les chapelles recensées, on retiendra surtout la chapelle SainteÉmerance (La Pouëze) édifiée au cours du troisième quart du 15e siècle
grâce aux libéralités de Louis XI pour remercier la sainte de l’avoir soulagé de
ses douleurs de ventre lors d‘une partie de chasse dans les bois du PlessisMacé.
Si l’on ne conserve quasi plus de témoignages de l’abbaye de Pontron, deux
ensembles religieux importants doivent être signalés. Une commanderie de
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Communauté de communes Ouest Anjou
Le logis du prieuré de Villemoisan
l’ordre du Temple est probablement établie à Villemoisan au milieu du 12e
siècle avant d’être dévolue aux Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem au 14e
siècle. Dès l’origine, la commanderie comprend deux cours autour desquelles
sont regroupés plusieurs bâtiments dont la chapelle Saint-Jean-Baptiste élevée
à la fin du 12e siècle ou au tout début du 13e siècle.
Le prieuré de Villemoisan est fondé au cours du premier tiers du 12e siècle par
l’abbaye Toussaint d’Angers. Le logis a été construit en plusieurs étapes et son
aspect actuel témoigne de nombreux remaniements au cours des siècles : la
partie centrale dotée d’une tour d’escalier hors œuvre circulaire date du 15e
siècle ; la partie sud est édifiée à la fin du 16e ou du début du 17e siècle ; la
partie nord joignant la partie centrale à la chapelle Saint-Blaise remonte à la fin
du 17e siècle ou au début du 18e siècle.
L’histoire industrielle dans le paysage
Les moulins
Le territoire, constitué d’un plateau et de collines basses est parcouru par de
petits cours d’eau, le plus important étant celui de l’Auxence ; la meunerie
hydraulique y était donc relativement peu abondante (Minot et Gaucron à
Villemoisan, et Piard au Louroux-Béconnais). Les hauteurs, en revanche,
largement soumises aux vents d’ouest canalisés par la vallée de la Loire toute
proche, étaient propices à l’installation de moulins à vent. Les moulins à eau,
les plus anciens, sont dans leur grande majorité d’implantation médiévale et
paraissent tous liés à des seigneuries laïques ou à des établissements religieux
comme l’abbaye de Pontron, le prieuré de Villemoisan ou la commanderie du
Temple. Les moulins à vent ne sont mentionnés qu’à partir du 15e siècle. Ils ont
été largement remaniés ou reconstruits au cours du 19e siècle. Ce sont tous
des moulins-tours, et ont tous la même morphologie. Au sommet de la tour est
disposée la coiffe en charpente, couverte de bardeaux ou d’ardoises, où repose
l’arbre moteur dont la tête porte les deux verges des ailes (Moulins Berniers
et Salés au Louroux-Béconnais, le Buisson à Saint-Augustin, Landeronnière à
Bécon-les-Granits, et les Nouettes à la Pouëze).
Les fonctions de ces petits établissements
artisanaux étaient essentiellement la production de farine de céréales (blé, seigle), le battage des étoffes ou des draps, la production
de tan à partir de l’écorce de chêne ; notons
également l’usage au 16e siècle d’une roue
entraînant un martinet de forge au moulin de
la Clémencière, à La Cornuaille, appartenant à
l’abbaye de Pontron, et la présence, au 19e siècle, dans le village de Bécon-les-Granits, d’un
moulin à manège produisant de l’huile, de noix
probablement. Les moulins non pas pu résister à la concurrence industrielle des minoteries
hydrauliques apparues sur les grandes rivières
angevines (Sarthe, Mayenne) à partir des années 1830-1840. Malgré la modernisation de
bon nombre des machines éoliennes grâce à L’ancien moulin à chandelier de Bel(Villemoisan), dessin, milieu 19e
l’adoption des ailes à planches de bois à ouver- Air
siècle (A.D. Maine-et-Loire)
ture commandée depuis l’intérieur, vers 1850
(Volée Berton), beaucoup ont cessé progressivement de fonctionner à partir
du quatrième quart du 19e siècle. La guerre de 1914-1918 leur a été fatale
et seules quelques unités ont pu survivre pendant le 20e siècle au prix d’une
modernisation et d’une reconversion énergétique.
Le moulin de Gaucron à Villemoisan
Communauté de communes Ouest Anjou
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L’exploitation de l’ardoise et du granite
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Les principales activités industrielles sont liées à l’extraction des produits
du sous-sol : l’ardoise et la pierre de granite. Dans l’alignement exact des
ardoisières de Trélazé, le centre ardoisier de La Pouëze, situé au nord-est du
bourg, s’étend sur le versant nord du synclinal d’Angers. L’ardoise y est mise
en valeur dès le début du 19e siècle à partir de plusieurs carrières à ciel ouvert
dont celles du Clos Colas et de la Fiogée, appelée aussi « la grande carrière ».
En 1832, les époux Guillot exploitent cette dernière avec 90 ouvriers qui
fabriquent entre trois à quatre millions d’ardoises chaque année. Vers 1890, la
Commission des Ardoisières d’Angers contrôle l’ensemble du secteur. Sur le
site de l’Espérance, exploité « en remontant » à partir de 1922, le chevalement
en bois, protégé par les Monuments historiques en 1999, s’est effondré en
2011. Ce dernier constituait l’un des derniers témoignages de structure en
bois encore en place. Une descenderie, pan incliné à 15 %, long de près de 700
mètres, permettait aux camions d’atteindre directement le fond à 120 mètres
de profondeur, et de remonter les matériaux vers un nouvel atelier équipé
de machines à fendre entièrement automatisées. Cette exploitation s’est
arrêtée en raison d’un éboulement en 1989 qui a condamné la totalité du site
de la Carterie. La fabrication des ardoises dans l’atelier neuf a été maintenue
Carrière de la Fiogée (La Pouëze), dessin rehaussé à l’aquarelle, 1826 (A.D. Maine-et-Loire)
La Pouëze, les anciens bâtiments d’exploitation encore en place
Communauté de communes Ouest Anjou
quelques années avec de la pierre venant de Trélazé avant de s’arrêter
définitivement en 1998. Le site ardoisier n’est plus aujourd’hui qu’une friche
industrielle comprenant quelques bâtiments d’exploitation.
Il est certain que le granite fut extrait de manière artisanale et sporadique
à Bécon depuis le Moyen Âge, comme le prouvent les encadrements de
baies des 15e et 16e de certains édifices présents sur le territoire d’étude.
Néanmoins, l’exploitation industrielle du granite bleu, le plus dur, ne débute
qu’à partir de 1846, date à laquelle l’État entreprend de grands travaux
nécessitant d’importantes quantités de pierre dure. Certains propriétaires
de terrain et des entrepreneurs ouvrent alors de nouveaux fonds et vers
1850-1860, huit carrières sont en exploitation, employant une cinquantaine
d’ouvriers, et produisant 1200 mètres cube de granite taillé, pour atteindre
environ 4000 tonnes en 1878. L’extraction était réalisée à l’aide d’explosifs, et
les blocs abattus, débités au fond, remontés avec des grues disposées sur les
plates-formes au bord des carrières.
À partir des années 1870, apparaissent des machines à vapeur entraînant
divers outils et pompes d’exhaure de l’eau. En 1909, la ligne de chemin de
fer de Segré joignant celle de Nantes à Angers, est raccordée aux carrières
et facilite l’exportation. Cette industrie connaît alors son apogée juste avant la
Première Guerre mondiale. Cependant, dès cette époque, les investissements
devenant trop lourds, certaines entreprises commencent à fermer. L‘activité
reprend après la guerre et trois sociétés d’exploitation continueront à travailler
jusqu’après la Seconde Guerre mondiale, l’une subsistant jusqu’en 1972. Après
leur abandon, les carrières se sont remplies d’eau et sont donc actuellement
toutes noyées.
L’habitat ouvrier
En parallèle à la production, les entreprises ont développé une politique de
logements pour les ouvriers afin de fixer la main-d’œuvre près des sites
d’exploitation. On évoquera ainsi la cité ouvrière de la Fiogée et celle des
Pouezettes à La Pouëze. Cette dernière, aménagée vers 1920 à distance des
carrières, est composée d’une trentaine de logements, en maison double
avec jardins. À une échelle plus réduite, on retrouve de nombreux exemples
de maisons ouvrières sur le territoire : construites le plus souvent en série,
ces petites maisons utilisent systématiquement la brique comme élément de
décor pour leurs façades et marquent elles aussi l’identité architecturale des
centres-bourgs.
Bécon, les carrières de granite, carte postale, 1er quart du 20e siècle (A.D. Maine-et-Loire)
Communauté de communes Ouest Anjou
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Le patrimoine des villages :
un cadre de vie à préserver
Les églises paroissiales
Au 19e siècle, l’Église catholique, sous l’impulsion des papes Grégoire XVI et
surtout Pie IX, donne à la piété populaire un élan soutenu par l’activité intense
des ordres réguliers et des congrégations en pleine expansion. C’est à cette
époque que les paroisses vont restaurer avec ardeur leurs monuments cultuels
avec, en priorité, l’église paroissiale. Sur les sept églises du territoire, seule
celle de Saint-Sigismond présente des campagnes de constructions anciennes
(15e et 16e siècles). Toutes les autres datent du 19e siècle et adoptent un plan
à nef unique avec un clocher-porche en façade. C’est toutefois l’ensemble de
ce corpus qui est aujourd’hui confronté à des enjeux importants en matière de
conservation
On distinguera notamment l’église de Saint-Augustin-des-Bois élevée en 1896
sur les plans de l’architecte angevin Auguste Beignet. Le gros-œuvre des murs
a été réalisé en remployant les moellons de l’ancienne église, tandis que le
granite de taille, une partie des moellons et le sable proviennent des carrières
de Bécon. Le clocher-porche en façade est flanqué de deux chapelles couvertes
d’une coupole à écailles sur un tambour décoré d’une arcature aveugle, selon
un parti déjà adopté par l’architecte sur d’autres édifices.
La reconstruction de l’église de Bécon est mouvementée : dès 1850, l’idée est
discutée mais pendant dix ans, le maire retarde la décision. Le 2 septembre
1860, l’architecte Charles-Paul Roques, inspecteur diocésain, propose ses
services ; on choisit finalement Pierre-Étienne de Coutailloux qui établit un devis
sans la flèche. Après l’approbation du projet en 1862, les travaux commencent
en 1863. Mais une partie en est ajournée aussitôt, faute du secours de l’État
qui ne viendra qu’en 1866, année de la consécration de la partie des travaux
terminés. Le clocher et la flèche sont finalement édifiés entre 1878 et 1881
sur les plans d’Auguste Beignet. Une sacristie complète l’ensemble en 1895.
L’église de Saint-Augustin-des-Bois construite en 1896
20
Communauté de communes Ouest Anjou
Les centres-bourgs : un patrimoine de proximité
À l’exception du chef lieu de canton et de Bécon-les-Granits, la morphologie
des villages à peu évolué au fil du temps. Les bâtiments anciens de qualité,
ou n’ayant pas subi trop de remaniements, sont en revanche peu nombreux.
On notera quelques exemples de logis des 15e et 16e siècles à la Cornuaille ;
dans la grande rue de Bécon, une maison du 16e siècle, avec mur gouttereau
bordant la rue, conserve des entourages de baies traditionnels malgré l’enduit
récent qui recouvre la façade.
Le 19e siècle apparaît comme le siècle de la transformation des bourgs. De
nouveaux équipements publics sont édifiés jusqu’au premier quart du 20e siècle : outre les églises, on élève des mairies, des presbytères et de nombreuses
écoles dont on conserve des exemples intéressants (Bécon, La Cornuaille).
Par soucis d’économie, le modèle de
la mairie-école est souvent retenu. Au
Louroux-Béconnais, la mairie-école,
est construite en plusieurs étapes
et présente une vaste façade symétrique marquée par une organisation
ternaire : le corps central est construit
en 1840, puis complété en 1852 par
deux pavillons abritant des logements
pour les instituteurs et deux ailes en
retour d’équerre destinées aux salles
de classe, de garçons et de filles.
À Bécon, les travaux de la mairieécole sont achevés en 1850. Trente
ans plus tard, la population ayant
augmenté, les locaux s’avèrent trop
petits et l’architecte Auguste Beignet
transforme l’ensemble : les deux
classes primitives sont démolies et
Maison du 16e siècle à Bécon-les-Granits
des pavillons sont ajoutés dans les angles antérieurs du bâtiment constituant
dorénavant la mairie. En même temps, deux ailes comprenant chacune deux
classes sont édifiées de part et d’autre de la cour. La façade a été restaurée en
1924-1925 par l’architecte Boutier.
L’aménagement de la traversée des villages entraîne souvent l’alignement
des immeubles, contribuant ainsi à créer une unité architecturale tant dans
l’ordonnancement des façades que par le gabarit des volumes. L’emploi de la
symétrie dans les élévations, la variété des encadrements de baies (matériaux,
formes, décors), le dessin des lucarnes, des balcons ou des garde-corps, les
petites niches où sont placées des statuettes votives, sont autant de détails à
préserver et à entretenir.
L’Hôtel de ville du Louroux-Béconnais (1840-1852)
Communauté de communes Ouest Anjou
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L’urbanisation de la première moitié du 20e siècle a également produit une
architecture représentative notamment dans l’habitat périurbain. On notera
l’étonnante maison située au n°30 de la rue d’Angers à Bécon, dont la façade
recouverte d’un parement en moellons de granite est ornée d’incrustations
de plaques en schiste et de céramiques polychromes. À Villemoisan, la villa
Aurore, aux élévations décorées de motifs de fleurs peints, apparaît comme
une résidence de villégiature Art déco ; elle a été transformée en établissement médical.
Certains centres-bourgs, peu touchés par la densification urbaine, proposent
encore des parcelles de jardins potagers à l’arrière des maisons individuelles
ou regroupées et desservies par des venelles. C’est le cas notamment à La
Cornuaille, où plusieurs parcelles, établies le long du ruisseau qui traverse le
bourg, comportent des lavoirs, dont un possède encore des selles faites de
dalles d’ardoise. Puits, pompes ou resserres parsèment également ces jardins
qui témoignent d’un mode de vie aujourd’hui révolu et participent pleinement
d’un patrimoine de proximité.
Maison à Bécon-les-Granits
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Communauté de communes Ouest Anjou
La Villa Aurore (Villemoisan), maison Art déco transformée en établissement médical
Enjeux
Les éléments exceptionnels et remarquables recensés dans ce Diagnostic
peuvent être intégrer au PLU. L’article L. 123-1-5-7° du Code l’Urbanisme
indique que l’on peut « Identifier et localiser les éléments de paysage et
délimiter les quartiers, îlots, immeubles, espaces publics, monuments, sites
et secteurs à protéger, à mettre en valeur ou à requalifier pour des motifs
d’ordre culturel, historique, écologique et définir, le cas échéant, les prescriptions de nature à assurer leur protection ».
Le renouvellement, la requalification et l’extension des centres anciens doivent passer par une compréhension des formes urbaines et de leurs caractéristiques patrimoniales pour une meilleure intégration et la préservation
de l’identité architecturale urbaine. Il convient donc de porter une attention
particulière aux sites d’implantation des pôles de peuplement générateurs
de perspectives et de points de vue, en somme au « socle paysager » des
villages (Charte paysagère du segréen).
Malgré les grands remembrements du 20e siècle, le paysage a conservé
une structure bocagère qui mérite une attention particulière. Les ensembles
formés par les demeures et les exploitations satellites qui en dépendaient
(châteaux-parc-dépendances ; manoir-ferme-verger ; maison de maître-ferme-vergers), elles-mêmes entourées de leurs parcelles de pâturages ou de
cultures, participent à cette trame paysagère historique qu’il convient de
prendre en compte afin de ne pas déstructurer le territoire.
De nombreux édifices ruraux ont su conserver jusqu’à aujourd’hui leur homogénéité. Leur réhabilitation est une alternative préférable à la construction nouvelle. Elle peut s’allier avec le confort de vie actuel par la promotion
d’une architecture de restauration de qualité, contemporaine, utilisant à profit le vocabulaire traditionnel des formes et les matériaux du territoire.
Les paysages préservés et les centres anciens encore peu transformés permettent aujourd’hui de réfléchir à un développement raisonné de l’habitat. Il
faut favoriser l’insertion harmonieuse des constructions dans le paysage bâti
et naturel, plus particulièrement en ce qui concerne l’intégration nécessaire
des lotissements ou le mitage du territoire rural.
Pavillon-resserre de jardin (La Pouëze)
Puits (Bécon-les-Granits)
Communauté de communes Ouest Anjou
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