opposé une moins bonne résistance à l’assaut des Fascistes – la perte de la côte du golfe de
Finlande aurait pratiquement étranglé notre Flotte. »
Selon Tributs, les sous-marins soviétiques détruisirent en Baltique, du 17 mai 1942 au 30 avril
1943, pas moins de 329 transports allemands. Ce chiffre énorme est sans doute excessif, mais
après contrôle des sources des deux camps, ou du moins de ce qu’il en reste, un chiffre
compris entre 185 et 205 paraît réaliste (et ce, sans tenir compte des pertes dues aux mines et
aux attaques aériennes). Même en soustrayant les navires d’escorte et autres bâtiments de
guerre (de surface et U-boots), la flotte de sous-marins de la Baltique avait sérieusement mis à
mal le trafic naval allemand en mer Baltique.
Cette activité n’alla pas sans pertes. Du 17 mai 1942 au 30 avril 1943, 27 sous-marins furent
perdus.
En compensation, la flotte des sous-marins de la Baltique allait recevoir en renfort 29 unités
(plus un sous-marin expérimental) de l’automne 1942 à la fin 1943, dont 14 avant le 1er mai
1943. A cette date, la flotte de la Baltique comptait donc encore 69 sous-marins.
Des conséquences stratégiques considérables
Tous ces chiffres expliquent pourquoi la Kriegsmarine eut à faire face à une crise majeure
dans la Baltique en 1942-1943. Les échanges de l’Allemagne avec la Finlande étant limités en
raison de la neutralité de ce pays, les attaques soviétiques se portèrent en priorité sur le trafic
avec la Suède. Les opérations de mouillage de mines suffirent pour en réduire très
sensiblement le débit dès l’été 1942. De plus, le programme d’entraînement des U-boots de la
Kriegsmarine fut bientôt lui aussi menacé. C’était d’ailleurs ce que craignait l’état-major de la
Kriegsmarine dès le début de Barbarossa (Cf. V.Adm. F. Ruge (ed.), Die Sowjet-Russen als
Gegner zur Zee. Analyse der Deutsch-Russischen Seekriegsoperationen in 2. Weltkrieg, US
Army Europe, Historical division, Karlsruhe, 1955 – Vol. IIa, Soviet Submarine Arm). Les
conséquences stratégiques furent au nombre de trois.
1 – La Kriegsmarine se trouva obligée de mettre en œuvre une campagne de lutte anti-
sous-marine majeure dans la Baltique.
Au prix d’un effort désespéré (voir ci-après), les pertes dues aux sous-marins soviétiques
purent être limitées, dans une certaine proportion, jusqu’à la fin de 1943. Néanmoins, d’août
1942 à décembre 1943, le programme d’entraînement des U-boots dans le sud de la Baltique
ne dépassa jamais 50 % de son activité d’avant le déclenchement de Barbarossa. Et, du 1er
janvier 1944 à la fin de la guerre, cette activité s’effondra littéralement.
De plus, l’effort allemand en Baltique réduisit le nombre de bâtiments d’escorte disponibles
en Norvège, Mer du Nord et Manche. Et la Kriegsmarine se retrouva prise dans un étau. Elle
devait en effet assurer l’escorte de convois le long de la côte norvégienne et en Mer du Nord.
Les convois venant de Norvège jouaient notamment un grand rôle dans l’approvisionnement
de l’Allemagne en minerai de fer – un rôle d’autant plus important que les convois venant de
Suède étaient très gênés par les sous-marins soviétiques. Or, dès le début de 1943, la pression
des Alliés le long des côtes de l’ouest de l’Europe se fit plus importante. Après
l’effondrement de l’Italie, une partie des sous-marins français furent transférés en Grande-
Bretagne (en dehors de ceux aptes à opérer dans le Pacifique). Les plus petits (ceux de 600 et
630 tonnes) firent du golfe de Gascogne un fructueux terrain de chasse. Au large de la
Norvège, le très efficace sous-marin mouilleur de mines Rubis reçut l’aide de trois de ses
frères, les Nautilus, Saphir et Turquoise. La Royal Navy put elle aussi redéployer certains de
ses sous-marins au large de la Norvège au printemps 1943.
Ne pouvant se permettre de transférer ses moyens matériels et humains de la Norvège à la
Baltique, la Kriegsmarine fut forcée d’augmenter fortement ses moyens ASM – ou du moins
d’essayer. Tout en escortant les convois, les forces ASM allemandes cherchèrent également à