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L’autre guerre sous-marine
Les sous-marins soviétiques contre la Kriegsmarine
D’après l’article publié sous ce titre par la Revue d’Histoire des Armées (2002, n°2, pp. 18-
26) sous la signature de Capdevau (pseudonyme cachant un officier de haut rang de la
Marine Nationale féru d’histoire de la Seconde Guerre Mondiale).
Si la Bataille de l’Atlantique vient d’abord à l’esprit quand on évoque la guerre sous-marine
dans l’hémisphère européen, on oublie souvent la lutte acharnée livrée pendant deux ans à la
Kriegsmarine et justement à sa flotte sous-marine par les submersibles soviétiques. Lutte
qui se termina par une victoire, certes coûteuse mais réelle, des sous-marins de Staline.
I Les “Loups Rouges” de la Baltique
Dix-huit mois avant le début du conflit germano-soviétique, la situation des sous-marins de la
Flotte soviétique de la Baltique était peu enviable. Dès le début de 1941, l’amiral Koutzetsov
et l’amiral Tributs, parfaitement au fait des graves déficiences techniques et humaines de la
flotte sous-marine de la Baltique, s’attelèrent à la mise en place de modifications importantes
dans les plans d’entraînement. A la veille de l’attaque allemande, ils avaient réussi à améliorer
fortement le niveau de préparation et de cohésion de leurs forces sous-marines. Les patrouilles
offensives et les missions de minage menées par les sous-marins soviétiques dès les premiers
jours du conflit purent ainsi être efficaces – non en termes de tonnage coulé, mais en terme de
paralysie des activités allemandes dans la Baltique. Or, celle-ci était, jusqu’au 17 mai 1942,
un secteur d’entraînement idéal et une voie de communication protégée, notamment pour le
trafic de minerai de fer entre Lulea (Suède) et les ports allemands (principalement Lübek).
La maturation accélérée des sous-marins de la Baltique
Qu’est-ce donc qui avait changé en moins d’un an et demi ?
Si les tactiques n’avaient pas changé, l’entraînement avait été considérablement amélioré.
Cette amélioration évita sans doute les nombreuses pertes qui frappent inéluctablement les
sous-marins mal entraînés.
Les graves lacunes encore observées en mai 1941 sur le plan matériel étaient en voie d’être
comblées, qu’il s’agisse du manque de batteries pour les sous-marins ou de l’insuffisance des
stocks de pièces de rechange, de torpilles un tiers de la norme et de mines – 15 % de la
norme !
De nombreux équipements nouveaux avaient été mis en service sur la plupart des sous-
marins de la flotte de la Baltique, dont la torpille électrique ET-80. Le système de lancement
des torpilles sans émission de bulles faisait partie des équipements standards de tous les sous-
marins. Le 17 mai fatidique, tous les sous-marins de la Baltique étaient aussi équipés d’un
sonar passif Mars, capable de détecter des navires à une distance comprise entre 5 et 20 km
(5 km pour le Mars-8, installé sur les sous-marins de la classe M, 20 km pour le Mars-16,
installé sur les bâtiments des classes S et K). Cependant, pour que ce sonar puisse être utilisé,
il fallait que les sous-marins demeurent pratiquement silencieux en plongée. Les ingénieurs
de l’Institut de Recherche Navale de Leningrad avaient développé le très efficace système
hydrostatique de contrôle d’immersion SPRUT-1, qui équipait au début des opérations la
plupart des sous-marins de la flotte de la Baltique. Son intégration avec le système de mise à
feu TAS-L était chose faite sur un tiers des bâtiments opérationnels.
Le nombre même des sous-marins opérationnels dans la flotte de la Baltique était nettement
plus important qu’un an plus tôt, suite à la mise en service de bâtiments achevés au printemps
1941 et à la mise en état opérationnel de nombreux autres. Le 17 mai, cette flotte comportait
96 bâtiments (dont 82 opérationnels), contre 65 (dont 37 opérationnels) un an plus tôt.
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Des bases efficaces et une modernisation rapide
La disponibilité des bases de cette nombreuse flotte était satisfaisante. Grâce aux forces de
défense aérienne, elles étaient assez bien protégées contre les bombardements. Grâce au
sacrifice des forces terrestres, elles ne risquèrent jamais de tomber aux mains des forces
allemandes, qui ne furent jamais capables d’atteindre le golfe de Finlande. Grâce… à la
diplomatie américaine, la Finlande demeura neutre et les Allemands n’eurent jamais la
possibilité d’enfermer la flotte de la Baltique au fond du golfe de Finlande. L’accès à la
Baltique resta toujours relativement facile, même l’hiver (en effet, la flottille de brise-glace
pouvait toujours opérer, au moins de nuit).
Deux des trois chantiers navals spécialisés dans la construction de sous-marins (Marti et
Ordzhonikidze) durent progressivement interrompre leur travail pour la Marine afin de
fabriquer des chars d’assaut et des canons automoteurs. Mais les autres arsenaux, chantiers
navals et laboratoires de recherche de Leningrad purent fonctionner dans des conditions assez
satisfaisantes notamment grâce aux machines-outils américaines arrivées dans le cadre du
plan Prêt-Bail permettant un entretien correct des navires et la modernisation régulière de
leurs équipements.
Le canal de la Mer Blanche (ou canal Staline) fonctionnant sans entraves, Leningrad était
reliée aux bases de la Flotte du Nord (avec laquelle la Flotte de Baltique échangea un certain
nombre de sous-marins) ainsi qu’aux chantiers navals situés loin à l’intérieur des terres
(comme Krasnoye Sormovo, à Gorki, les bâtiments commandés au titre du plan de 1940
furent achevés) et même à la Mer Caspienne (qui pouvait être utilisée sans risques pour
l’entraînement).
Parallèlement, matériel et tactiques s’amélioraient.
Fin 1942-début 1943, l’Institut de Recherche Navale de Leningrad acheva la mise au point de
la fusée de proximité magnétique pour les torpilles.
Un système de guidage acoustique passif avait été testé entre 1936 et 1939, mais il avait
d’abord été essayé sur une torpille à propulsion classique, dont le bruit empêchait le système
de guidage de fonctionner. Fin 1939, les ingénieurs soviétiques comprirent tout le potentiel de
ce système sur une torpille à propulsion électrique comme l’ET-80. A la suite de
l’introduction en grand nombre de ces torpilles et grâce aux informations fournies par les
services de renseignement sur le développement des torpilles à guidage acoustique
allemandes, la mise en service des premières torpilles électriques à guidage acoustique
soviétiques devait intervenir à la fin de l’automne 1943. Ce furent les torpilles ET-80-I, le I
signifiant Istrebitel’ny (Chasseur).
A la même époque, la coopération avec l’aviation navale, testée dès la fin de 1942, était entrée
dans les mœurs. Les forces aériennes soviétiques commencèrent au printemps 1943 à
pourchasser les navires ASM allemands opérant en mer Baltique. Ceux-ci ne furent pas tous
coulés, loin de là, mais tous durent embarquer de nombreux canons anti-aériens, au détriment
de leurs armes anti-sous-marines.
Une réelle efficacité tactique
L’effet cumulé de tous ces progrès sur le potentiel des sous-marins de la flotte de la Baltique
fut bien évidemment considérable.
La flotte put maintenir une importante activité de patrouilles offensives. Durant les douze
premiers mois de la guerre, près de 300 patrouilles furent accomplies (dont une dizaine
dévolues au renseignement, incluant le débarquement d’agents derrière les lignes ennemies).
Selon les Mémoires de l’amiral Tributs (version intégrale, Moscou, 1985), « si la guerre avait
commencé un an plus tôt, il est douteux que nous aurions pu en faire plus d’une cinquantaine
sur un an ! Et la situation aurait été encore bien pire si les Camarades de l’Armée avaient
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opposé une moins bonne résistance à l’assaut des Fascistes – la perte de la côte du golfe de
Finlande aurait pratiquement étranglé notre Flotte. »
Selon Tributs, les sous-marins soviétiques détruisirent en Baltique, du 17 mai 1942 au 30 avril
1943, pas moins de 329 transports allemands. Ce chiffre énorme est sans doute excessif, mais
après contrôle des sources des deux camps, ou du moins de ce qu’il en reste, un chiffre
compris entre 185 et 205 paraît réaliste (et ce, sans tenir compte des pertes dues aux mines et
aux attaques aériennes). Même en soustrayant les navires d’escorte et autres bâtiments de
guerre (de surface et U-boots), la flotte de sous-marins de la Baltique avait sérieusement mis à
mal le trafic naval allemand en mer Baltique.
Cette activité n’alla pas sans pertes. Du 17 mai 1942 au 30 avril 1943, 27 sous-marins furent
perdus.
En compensation, la flotte des sous-marins de la Baltique allait recevoir en renfort 29 unités
(plus un sous-marin expérimental) de l’automne 1942 à la fin 1943, dont 14 avant le 1er mai
1943. A cette date, la flotte de la Baltique comptait donc encore 69 sous-marins.
Des conséquences stratégiques considérables
Tous ces chiffres expliquent pourquoi la Kriegsmarine eut à faire face à une crise majeure
dans la Baltique en 1942-1943. Les échanges de l’Allemagne avec la Finlande étant limités en
raison de la neutralité de ce pays, les attaques soviétiques se portèrent en priorité sur le trafic
avec la Suède. Les opérations de mouillage de mines suffirent pour en réduire très
sensiblement le débit dès l’été 1942. De plus, le programme d’entraînement des U-boots de la
Kriegsmarine fut bientôt lui aussi menacé. C’était d’ailleurs ce que craignait l’état-major de la
Kriegsmarine dès le début de Barbarossa (Cf. V.Adm. F. Ruge (ed.), Die Sowjet-Russen als
Gegner zur Zee. Analyse der Deutsch-Russischen Seekriegsoperationen in 2. Weltkrieg, US
Army Europe, Historical division, Karlsruhe, 1955 Vol. IIa, Soviet Submarine Arm). Les
conséquences stratégiques furent au nombre de trois.
1 La Kriegsmarine se trouva obligée de mettre en œuvre une campagne de lutte anti-
sous-marine majeure dans la Baltique.
Au prix d’un effort désespéré (voir ci-après), les pertes dues aux sous-marins soviétiques
purent être limitées, dans une certaine proportion, jusqu’à la fin de 1943. Néanmoins, d’août
1942 à décembre 1943, le programme d’entraînement des U-boots dans le sud de la Baltique
ne dépassa jamais 50 % de son activité d’avant le déclenchement de Barbarossa. Et, du 1er
janvier 1944 à la fin de la guerre, cette activité s’effondra littéralement.
De plus, l’effort allemand en Baltique réduisit le nombre de bâtiments d’escorte disponibles
en Norvège, Mer du Nord et Manche. Et la Kriegsmarine se retrouva prise dans un étau. Elle
devait en effet assurer l’escorte de convois le long de la côte norvégienne et en Mer du Nord.
Les convois venant de Norvège jouaient notamment un grand rôle dans l’approvisionnement
de l’Allemagne en minerai de fer un rôle d’autant plus important que les convois venant de
Suède étaient très gênés par les sous-marins soviétiques. Or, dès le début de 1943, la pression
des Alliés le long des côtes de l’ouest de l’Europe se fit plus importante. Après
l’effondrement de l’Italie, une partie des sous-marins français furent transférés en Grande-
Bretagne (en dehors de ceux aptes à opérer dans le Pacifique). Les plus petits (ceux de 600 et
630 tonnes) firent du golfe de Gascogne un fructueux terrain de chasse. Au large de la
Norvège, le très efficace sous-marin mouilleur de mines Rubis reçut l’aide de trois de ses
frères, les Nautilus, Saphir et Turquoise. La Royal Navy put elle aussi redéployer certains de
ses sous-marins au large de la Norvège au printemps 1943.
Ne pouvant se permettre de transférer ses moyens matériels et humains de la Norvège à la
Baltique, la Kriegsmarine fut forcée d’augmenter fortement ses moyens ASM – ou du moins
d’essayer. Tout en escortant les convois, les forces ASM allemandes cherchèrent également à
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bloquer les sous-marins soviétiques derrière un barrage de mines et de filets allant d’Oland à
Gotland et Liepaja (Libau). Cette combinaison entre l’escorte et une barrière d’arrêt ne fut pas
vraiment efficace, mais c’était la seule solution pour mettre à l’abri des interférences
soviétiques une zone du sud de la Baltique assez vaste pour l’entraînement des sous-marins
allemands.
2 La Baltique apparut soudain à l’Amirauté britannique comme un nouveau théâtre
d’opérations d’importance stratégique.
Leurs Seigneuries comprirent vite que les opérations soviétiques dans la Baltique ouvraient la
possibilité d’une attaque contre la menace sous-marine allemande « dans son nid même »
(Dudley Pound). La perspective d’interrompre le programme d’entraînement des sous-
mariniers allemands était extrêmement attrayante, d’autant plus qu’elle pouvait se réaliser
avec un investissement direct extrêmement limité de la part de la Royal Navy. Churchill,
jamais en peine d’une formule marquante, surnomma même ces sous-marins les “Loups
Rouges” !
Le gouvernement britannique engagea alors des négociations avec Staline, lui demandant « un
effort maximum » de la Flotte du Drapeau Rouge en Mer Baltique, en lui proposant
l’assistance technique gracieuse de la Royal Navy. Les gains espérés étant plus importants
pour le Royaume-Uni que pour l’URSS, Staline pouvait négocier afin d’obtenir un maximum
en fait d’assistance technique – il ne s’en priva pas.
Dès la fin de 1942, les Anglais livrèrent de nombreuses informations sur les technologies
ASDIC et radar à la marine soviétique (les Russes leur livrèrent en échange les informations
obtenues de diverses sources sur les radars allemands). Une petite flottille de sous-marins
britanniques de la classe “S” (six unités) fut envoyée opérer en Baltique à partir de Kronstadt
et Tallin, en passant par le canal de la Mer Blanche. Quant à la collaboration de la Flotte de
Baltique avec les sous-marins de poche de la Royal Navy (X-crafts), elle est trop connue pour
s’y arrêter ici.
Cette coopération, pour assez limitée qu’elle soit finalement restée, aida la marine soviétique
à améliorer notablement ses tactiques et son efficacité, tandis que les sous-mariniers de la
Royal Navy apprenaient à opérer sous la glace. A partir de mai-juin 1943, les contacts avec
les Britanniques permirent aux Soviétiques de mieux faire face aux contre-mesures
allemandes, dont l’impact fut amoindri, préservant l’efficacité de la flotte sous-marine de la
Baltique en 1943 et 1944.
L’assistance britannique montra aussi son intérêt dans le domaine des mines. Les mines
mouillées par les avions soviétiques furent améliorées. La combinaison de ces mines avec
celles mouillées par des sous-marins accentuèrent la dangerosité des eaux de la Baltique pour
les Allemands.
Sur le plan politique, Churchill accepta de soutenir les demandes de Staline aux Américains
dans le cadre des transferts Prêt-Bail (ou du moins de ne pas leur faire obstacle). Il se serait
aussi engagé à ne pas soulever la question des Pays Baltes après la guerre mais on sait qu’il
s’en est vigoureusement défendu dans ses Mémoires de Guerre et que, de toute façon, son
successeur au 10, Downing Street ne devait pas se considérer comme lié par cet accord. Non
que cela ait finalement eu beaucoup d’importance en pratique…
3 – Ces opérations dans la Baltique eurent un impact non négligeable sur les pays
neutres de la région, en l’occurrence la Suède et la Finlande.
La Finlande était protégée dans une certaine mesure par l’influence des Etats-Unis, qui
négociaient la modération de l’Union Soviétique en échange d’une ouverture supplémentaire
des robinets du Prêt-Bail. Certains ont même affirmé que Roosevelt avait accepté
d’abandonner les Pays Baltes à leur sort si l’URSS ne touchait plus à la Finlande. En fait,
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Staline avait rapidement compris qu’en acceptant la neutralité finlandaise et en ne changeant
pas d’avis lorsque la guerre tourna définitivement en faveur de l’URSS, il pouvait obtenir des
bénéfices politiques et économiques considérables… y compris une assistance technique
discrète de la part des Suédois en métallurgie.
Du côté suédois justement, le transfert maritime de minerai de fer dans la Baltique, entre
Lulea et Lübeck étant sérieusement réduit, il fallut acheminer une partie du minerai de Kiruna
jusqu’à Narvik. La ligne maritime entre Narvik et Hambourg acquit de plus en plus
d’importance au fur et à mesure que les actions des sous-marins soviétiques gagnaient en
puissance. Dans cette situation, la Suède commença à disposer d’une plus grande marge de
manœuvre vis-à-vis de l’Allemagne qu’au début de la guerre. La perspective d’une guerre
entre la Finlande et l’Union Soviétique étant écartée, le gouvernement suédois put rechercher
un accord avec Moscou. Si une minorité de la population suédoise affichait des sentiments
pro-allemands (deux à trois mille Suédois s’engagèrent dans les Waffen-SS), ce n’était en
aucune manière le cas du gouvernement. Ce dernier finit par trouver un accord de coopération
avec l’URSS, en s’appuyant sur la bienveillance des Alliés occidentaux et en particuliers des
Britanniques et des Américains, comme le raconte dans ses Mémoires Gunnar Myrdal, qui fut
(entre autres) ministre suédois du Commerce de 1945 à 1947.
II L’arroseur arro
La lutte des Allemands contre l’offensive sous-marine soviétique
Confrontée à une brutale augmentation de ses besoins en escorteurs ASM, la Kriegsmarine fut
obligée faire feu de tout bois. Manquant d’escorteurs spécifiquement conçus pour cette tâche
(le Flottenbegleiter conçu avant-guerre avait été un échec), elle dut en effet utiliser toute une
variété de navires de petite taille, allemands ou de prise, de surface ou sous-marins. Elle
accentua aussi son effort de développement de systèmes d’armes anti-sous-marins (détection
et attaque).
Les nouveaux escorteurs : des dragueurs reconvertis aux navires innovants
1 Destroyers et torpilleurs étaient trop peu nombreux et avaient trop d’autres tâches ; c’est
pourquoi la première source de navires de lutte ASM fut la conversion de dragueurs de
mines de tous tonnages.
Le M-Boot modèle 1940 était un peu trop lent (14 réels pour 16,8 nœuds théoriques) pour
faire une bonne corvette ASM. En effet, les sous-marins soviétiques de la classe S (les
“Stalinetz” de 1 000 tonnes) pouvaient atteindre 18,5 nœuds en surface et ceux, plus
modernes, des dernières séries de la classe M (les petits “Malyoutka” côtiers de 250 tonnes)
dépassaient les 15,5 nœuds.
La Kriegsmarine fut donc obligée de remettre en production le M-Boot 1935/1939 (Mob),
qui donnait près de 18 nœuds réels (pour 18,2 nœuds théoriques). Soixante-neuf bâtiments de
ce type avaient déjà été construits. Dans le cadre de la « mobilisation industrielle intensive »,
24 exemplaires supplémentaires purent être fabriqués, malgré une complexité bien plus
grande que celle du modèle 1940. Lancé à l’automne 1942, ce programme fut par la suite
modifié afin d’augmenter l’armement anti-aérien pour tenir compte de l’activité de plus en
plus intense de l’aviation soviétique au-dessus de la Baltique.
De plus grande taille, les R-Boots étaient les meilleurs des autres candidats pour des
opérations ASM en Mer Baltique. La meilleure plate-forme était la série des R-301 (dont 12
unités avaient été construites). Le lancement d’une nouvelle série, baptisée R-501, fut décidé.
Les R-501 utilisaient une machinerie similaire à celle des R-301, mais avec trois lignes
d’arbre au lieu de deux.
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