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Les paysages agricoles sont des mosaïques d’éléments cultivés et non cultivés, dont la
quantité, la qualité (composition paysagère) et l’arrangement spatial (la structure du paysage)
sont gérés selon les objectifs agricoles à des échelles différentes conduisant à une grande
hétérogénéité (Ouin et al., 2002). Les paysages hétérogènes, incluent une grande proportion
d’habitats non cultivés, abritent une plus grande biodiversité que les paysages simples et
assurent plus efficacement la fonction de contrôle naturel des ravageurs à travers de multiples
mécanismes (Bianchi et al., 2006). La composition, la structure et la dynamique spatio-
temporelle de la mosaïque paysagère influencent directement le fonctionnement et la
dynamique des populations de ravageur. Les effets peuvent être aussi indirects par leur
influence sur l’abondance et l’activité des ennemis naturels qui maintiennent les populations
de ravageurs herbivores en-dessous des densités économiquement dommageables.
Même s’il est largement admis et fréquemment démontré que les paysages complexes abritent
une plus grande biodiversité, notamment d’ennemis naturels, son rôle dans le contrôle naturel
des populations de ravageurs reste controversé (Bianchi et al., 2006).
La première partie du rapport concernera les effets directs du paysage sur la
dynamique des populations des ravageurs, les effets indirects seront abordés dans la seconde
partie. Enfin, les perspectives pour le contrôle biologique dans le cadre d’une gestion durable
des paysages agricoles feront objet de la troisième partie.
II. Effets directs du paysage sur le fonctionnement des populations de ravageurs
1. Influence de la composition et de la structure
La structure et la composition du paysage peuvent influencer à la fois l’écologie et
l’évolution des arthropodes ravageurs des cultures.
Le terme de ravageur n’a pas de signification écologique et caractérise le potentiel de
nuisance d’un organisme vis-à-vis des activités humaines, principalement agricoles. Un
organisme est habituellement considéré comme un ravageur lorsqu’il rentre en compétition
avec les humains pour une ressource, et quand il est présent en grand nombre.
Les ravageurs phytophages peuvent se spécialiser, en fonction de l’hétérogénéité et la
stabilité du paysage, sur une plante hôte particulière ou exploiter successivement ou
simultanément une large gamme d’hôtes (Kennedy & Storer, 2000). Compte tenu du caractère
fréquemment éphémère des zones cultivées, les ravageurs sont forcés de migrer vers d’autres
hôtes favorables (Vialatte et al., 2006). En conséquence, ils ont des cycles complexes qui
peuvent impliquer l’exploitation d’espèces de plantes différentes plus ou moins proches