ADOLPHE DIDRON (1806-1866) MAITRE VERRIER - LE VITRAIL ARCHÉOLOGIQUE
Les 17ième et 18ième siècles ont été une période de déclin pour l’art du vitrail en France. C’est la période où
les chanoines d’Aix remplacent les vitraux historiés de l’abside par des verres blancs pour disposer de plus de
lumière pour lire l’office dans le choeur. Après la Révolution, le savoir faire du vitrail n’existait pratiquement
plus en France. (ref.5)
La renaissance du vitrail débute dans les années 1830. Deux écoles principales proposent des approches
complémentaires : le vitrail tableau où les sujets sont traités à la manière d’une peinture sur toile, école dont
un des représentants les plus actifs est Laurent Charles MARÉCHAL, maitre verrier à Metz (1801-1876) et le
vitrail archéologique, école dont le représentant le plus cité est le maitre-verrier Adolphe DIDRON (1806-1866)
de Paris.
DIDRON commence la publication en 1844 les Annales archéologiques (ref . 6) dont VIOLLET LE DUC fut
un des plus notables collaborateurs et en 1849 il fonde une manufacture de vitraux. Pour lui le vitrail doit être
une mosaïque et non un tableau, la perspective est refusée, les personnages sont hiératiques, les modèles
sont puisés dans les vitraux depuis le XIII ième siècle jusqu’à la Renaissance. La théorie de DIDRON oriente
alors le choix de nombreux ecclésiastiques et architectes. Il exerce une sorte de magistère artistique.
MGR CHALANDON, ÉVÊQUE DE BELLEY, DE 1851 à 1857 Ŕ UN ÉVÊQUE BATISSEUR
SES RELATIONS AVEC L’ADMINISTRATION IMPÉRIALE
En 1854, la construction du chemin de fer de Bourg-en-Bresse à Genève est décidée. Un
embranchement près de la gare de Culoz permettra de relier la France à la Savoie, alors province du
Royaume de Piémont-Sardaigne. Culoz est situé à 10 km de la ville de Belley, siège épiscopal de Mgr
CHALANDON. Des tractations internationales et locales délicates s’ouvrent concernant les importants travaux
liés à la construction d’un pont international sur le Rhône, frontière naturelle entre les 2 Etats, qui sera appelé
pont VICTOR EMMANUEL en l’honneur du Roi. En 1856, Mgr CHALANDON est nommé Commandeur de l’ordre
de Saint Maurice et Saint Lazare de Sardaigne (ref.10), décoration surprenante pour un évêque qui la reçoit
du Roi de Piémont-Sardaigne - qui n’était pas encore l’Italie - alors que le Royaume a des relations
extrêmement tendues avec le Pape dont il occupe en grande partie les Etats.
La première culée du pont est bénie en 1857 par Mgr BILLET, archevêque de Chambéry, en présence
du Roi et du prince JÉROME BONAPARTE, représentant l’Empereur. Cette décoration ne peut être qu’un
témoignage de reconnaissance pour les talents de diplomate de l’évêque de Belley dans le rôle officieux qu’il
tenait dans l’environnement géographique et politique local. (ref. 8). La Savoie deviendra française en 1860.
Mgr CHALANDON avait été décoré de la Légion d’Honneur en 1854, car il était un évêque entreprenant
et bâtisseur d’églises, d’écoles, d’hôpitaux, d’institutions caritatives et à ce titre très apprécié du pouvoir
impérial. (ref. 9)
Dans le contexte politique de l’Empire autoritaire et du Concordat, Mgr CHALANDON, évêque de Belley,
ouvre alors des relations confiantes avec le Ministère de la Justice et avec l’Administration des Cultes qu’il
maintiendra lors de son transfert au Siège d’Aix et Arles.
Sous le pontificat de Mgr CHALANDON à Belley, VIOLLET LE DUC, par ailleurs collaborateur éminent des
Annales archéologiques de DIDRON, est venu inspecter les Monuments du département de l’Ain et il en a
visité le plus remarquable, l’Eglise de Brou, chef d’œuvre de l’Art gothique flamboyant et nécropole de la
première dynastie de Savoie.
Ainsi, le nouvel archevêque d’Aix, évêque émérite de Belley, et le maître-verrier étaient faits pour
collaborer, en 1858, dans une période où leurs motivations étaient complémentaires. Mgr CHALANDON, invité
par l’Administration des Cultes, à présenter rapidement un projet comportant un devis, (ref. 12) a alors
retenu comme thème, celui du TRIOMPHE DE LA FOI de la frise du grand vitrail du COURONNEMENT DE LA VIERGE
DE LA BASILIQUE DE BROU. (ref. 10 &11)
LES VITRAUX DE DIDRON DANS LA CATHÉDRALE SAINT SAUVEUR, de 1858 à 1866
Ainsi le premier vitrail de DIDRON A AIX, celui du TRIOMPHE DE LA FOI, sera installé à la fin de l’année
1858. (ref. 1).
Deux ans plus tard, en 1860, la réalisation de la VERRIERE DE L’ABSIDE, est confiée à DIDRON dont c’est
la seconde réalisation dans la cathédrale (ref.2).
Après ouverture d’une nouvelle fenêtre, le 3ième grand vitrail de DIDRON, sur le modèle du VITRAIL DE
L’ESPĖRANCE de Cherbourg est fini d’installer à Aix en 1863 au tympan du transept Sud. (ref.3).
Le 4ième et dernier grand vitrail de DIDRON, le VITRAIL DES ANGES MUSICIENS ET DES SAINTS DE PROVENCE
est installé dans la chapelle du Sacré Cœur en 1866. (ref. 4)
La mort de DIDRON, en 1866, mettra fin à cette collaboration exemplaire entre le prélat et le verrier.
Celle-ci avait concerné également le modeste VITRAIL DE LA RESURRECTION DE LAZARE, installé en 1858 dans la