les quatre grandes verrières de didron installées dans la cathédrale

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LES QUATRE GRANDES VERRIÈRES DE DIDRON INSTALLÉES DANS LA CATHÉDRALE DE 1858 A 1866
1 LA COLLABORATION ENTRE LA MAITRE VERRIER DIDRON ET L’ARCHEVÊQUE MGR CHALANDON
Du matin jusqu’au soir, de l’Orient à l’Occident, la cathédrale est illuminée de la lumière colorée des
vitraux du maître-verrier DIDRON. La VERRIERE DE L’ABSIDE (ref.3) s’enflamme au soleil levant. Dans la matinée
ce sont LE VITRAIL DE L’ESPERANCE DU TRANSEPT SUD (ref.4) et dans la chapelle du Sacré Cœur de la nef
romane le VITRAIL DES ANGES MUSICIENS ET DES SAINTS DE PROVENCE (ref.5) qui s’éclairent. De midi jusqu’à la
tombée du jour LE VITRAIL DU TRIOMPHE DE LA FOI inonde la nef gothique de sa lumière multicolore.
En 1857, lorsque Mgr Chalandon est nommé archevêque d’Aix, le bâtiment de la cathédrale est en fort
mauvais état. Il obtient d’une Administration des Cultes bienveillante la mise en place d’un plan pluriannuel de
travaux. Toutes les grandes fenêtres sauf celle du transept Nord sont à remettre en vitraux. ( ref.13)
En 1858, Une collaboration exemplaire s’est alors nouée entre le maître verrier DIDRON et l’archevêque
Mgr CHALANDON qui ne cessera qu’à la mort de Didron en 1866. Le VITRAIL DU TRIOMPHE DE LA FOI au tympan
de la nef gothique est installé en 1858, la VERRIERE DE L’ABSIDE.en 1860, le VITRAIL DE L’ESPÉRANCE au transept
Sud en 1863 et, LE VITRAIL DES ANGES MUSICIENS ET DES SAINTS DE PROVENCE. en 1866.
LE
VITRAIL DE LA CHARITÉ DE L’ EGLISE NOTRE DAME DU VŒU A CHERBOURG (ref. 8)
ARCHÉTYPE DU VITRAIL DU TRIOMPHE DE LA FOI ET DU VITRAIL DE L’ESPÉRANCE D’AIX.
En 1854, l’Empereur NAPOLEON III souhaite faire
de Cherbourg le plus important port militaire de
l’Empire. Des terrains de l’ancienne abbaye de N.D. du
Vœu ont été expropriés pour agrandir l’arsenal. La ville
se développe pour tenir compte des projets de
l’administration
impériale
qui
encourage
et
subventionne la construction de l’église de Notre Dame
du Vœu dans ce nouveau quartier.
VIOLLET LE DUC, Inspecteur général du Ministère de
l’Instruction publique et des Cultes, en approuve les
plans en 1855.
Au début de 1858, le vitrail de la première des
grandes fenêtres de la nouvelle église est commandé à
l’atelier DIDRON de Paris. Son thème est celui de la plus
grande des vertus théologales : la CHARITĖ. Il est
installé dans l’église au cours de l’année 1858.
Il est l’archétype du vitrail du TRIOMPHE DE LA FOI
d’Aix, et du vitrail de l’ESPÉRANCE d’Aix, en ce qui
concerne la disposition et l’ornementation
Un second vitrail ayant pour thème la deuxième
vertu est commandé pour Cherbourg au milieu de
l’année 1858. Il sera payé en partie par une collecte
faite parmi les officiers de l’escadre, cette même
année, à l’occasion de la réception somptueuse faite à
la reine VICTORIA à Cherbourg. Cette visite est
l’apogée de la politique de réconciliation de la France
avec l’Angleterre menée par Napoléon III, quarante
er
années après la chute du 1 Empire provoquée par
l’Angleterre.
En 1858, DIDRON ayant livré à Cherbourg
le
vitrail de la CHARITĖ et ayant la commande de celui de
l’ESPĖRANCE pouvait espérer que la Fabrique de Notre
Dame du Vœu lui commanderait ultérieurement le
vitrail du 1er volet de la trilogie, celui de la FOI. Ce
vitrail ne fut finalement jamais installé à Cherbourg.
Mais il fut réalisé par DIDRON, en 1858, sous la
dénomination du TRIOMPHE DE LA FOI, sous le contrôle
religieux de Mgr CHALANDON.
.
Photo VITRAIL DE LA CHARITÉ
EGLISE NOTRE DAME DU VŒU Ŕ CHERBOURG OCTEVILLE
1
ADOLPHE DIDRON (1806-1866) MAITRE VERRIER - LE VITRAIL ARCHÉOLOGIQUE
ième
ième
Les 17
et 18
siècles ont été une période de déclin pour l’art du vitrail en France. C’est la période où
les chanoines d’Aix remplacent les vitraux historiés de l’abside par des verres blancs pour disposer de plus de
lumière pour lire l’office dans le choeur. Après la Révolution, le savoir faire du vitrail n’existait pratiquement
plus en France. (ref.5)
La renaissance du vitrail débute dans les années 1830. Deux écoles principales proposent des approches
complémentaires : le vitrail tableau où les sujets sont traités à la manière d’une peinture sur toile, école dont
un des représentants les plus actifs est Laurent Charles MARÉCHAL, maitre verrier à Metz (1801-1876) et le
vitrail archéologique, école dont le représentant le plus cité est le maitre-verrier Adolphe DIDRON (1806-1866)
de Paris.
DIDRON commence la publication en 1844 les Annales archéologiques (ref . 6) dont VIOLLET LE DUC fut
un des plus notables collaborateurs et en 1849 il fonde une manufacture de vitraux. Pour lui le vitrail doit être
une mosaïque et non un tableau, la perspective est refusée, les personnages sont hiératiques, les modèles
sont puisés dans les vitraux depuis le XIII ième siècle jusqu’à la Renaissance. La théorie de DIDRON oriente
alors le choix de nombreux ecclésiastiques et architectes. Il exerce une sorte de magistère artistique.
MGR CHALANDON, ÉVÊQUE DE BELLEY, DE 1851 à 1857 Ŕ UN ÉVÊQUE BATISSEUR
SES RELATIONS AVEC L’ADMINISTRATION IMPÉRIALE
En 1854, la construction du chemin de fer de Bourg-en-Bresse à Genève est décidée. Un
embranchement près de la gare de Culoz permettra de relier la France à la Savoie, alors province du
Royaume de Piémont-Sardaigne. Culoz est situé à 10 km de la ville de Belley, siège épiscopal de Mgr
CHALANDON. Des tractations internationales et locales délicates s’ouvrent concernant les importants travaux
liés à la construction d’un pont international sur le Rhône, frontière naturelle entre les 2 Etats, qui sera appelé
pont VICTOR EMMANUEL en l’honneur du Roi. En 1856, Mgr CHALANDON est nommé Commandeur de l’ordre
de Saint Maurice et Saint Lazare de Sardaigne (ref.10), décoration surprenante pour un évêque qui la reçoit
du Roi de Piémont-Sardaigne - qui n’était pas encore l’Italie - alors que le Royaume a des relations
extrêmement tendues avec le Pape dont il occupe en grande partie les Etats.
La première culée du pont est bénie en 1857 par Mgr BILLET, archevêque de Chambéry, en présence
du Roi et du prince JÉROME BONAPARTE, représentant l’Empereur. Cette décoration ne peut être qu’un
témoignage de reconnaissance pour les talents de diplomate de l’évêque de Belley dans le rôle officieux qu’il
tenait dans l’environnement géographique et politique local. (ref. 8). La Savoie deviendra française en 1860.
Mgr CHALANDON avait été décoré de la Légion d’Honneur en 1854, car il était un évêque entreprenant
et bâtisseur d’églises, d’écoles, d’hôpitaux, d’institutions caritatives et à ce titre très apprécié du pouvoir
impérial. (ref. 9)
Dans le contexte politique de l’Empire autoritaire et du Concordat, Mgr CHALANDON, évêque de Belley,
ouvre alors des relations confiantes avec le Ministère de la Justice et avec l’Administration des Cultes qu’il
maintiendra lors de son transfert au Siège d’Aix et Arles.
Sous le pontificat de Mgr CHALANDON à Belley, VIOLLET LE DUC, par ailleurs collaborateur éminent des
Annales archéologiques de DIDRON, est venu inspecter les Monuments du département de l’Ain et il en a
visité le plus remarquable, l’Eglise de Brou, chef d’œuvre de l’Art gothique flamboyant et nécropole de la
première dynastie de Savoie.
Ainsi, le nouvel archevêque d’Aix, évêque émérite de Belley, et le maître-verrier étaient faits pour
collaborer, en 1858, dans une période où leurs motivations étaient complémentaires. Mgr CHALANDON, invité
par l’Administration des Cultes, à présenter rapidement un projet comportant un devis, (ref. 12) a alors
retenu comme thème, celui du TRIOMPHE DE LA FOI de la frise du grand vitrail du COURONNEMENT DE LA VIERGE
DE LA BASILIQUE DE BROU. (ref. 10 &11)
LES VITRAUX DE
DIDRON DANS LA CATHÉDRALE SAINT SAUVEUR, de 1858 à 1866
Ainsi le premier vitrail de DIDRON A AIX, celui du TRIOMPHE DE LA FOI, sera installé à la fin de l’année
1858. (ref. 1).
Deux ans plus tard, en 1860, la réalisation de la VERRIERE DE L’ABSIDE, est confiée à DIDRON dont c’est
la seconde réalisation dans la cathédrale (ref.2).
ième
Après ouverture d’une nouvelle fenêtre, le 3
grand vitrail de DIDRON, sur le modèle du VITRAIL DE
L’ESPĖRANCE de Cherbourg est fini d’installer à Aix en 1863 au tympan du transept Sud. (ref.3).
ième
Le 4
et dernier grand vitrail de DIDRON, le VITRAIL DES ANGES MUSICIENS ET DES SAINTS DE PROVENCE
est installé dans la chapelle du Sacré Cœur en 1866. (ref. 4)
La mort de DIDRON, en 1866, mettra fin à cette collaboration exemplaire entre le prélat et le verrier.
Celle-ci avait concerné également le modeste VITRAIL DE LA RESURRECTION DE LAZARE, installé en 1858 dans la
2
chapelle éponyme. Ce vitrail a été déposé en 2009 pour permettre l’implantation du triptyque du Buisson
Ardent. Un nouvel emplacement est actuellement recherché pour l’installer.
A la fin du pontificat CHALANDON, des vitraux non historiés, de surface plus limitée et de moindre
conséquence et intérêt, seront commandés à des artisans locaux pour les chapelles du « Corpus Domini », de
Notre Dame de Grâce et des Archevêques ou de Saint Maximin.
RÉFÉRENCES
LES QUATRES GRANDES VERRIÈRES DE DIDRON INSTALLÉES DE 1858 A 1866 J.P ROULLIER SEPT. 2011
1 LA COLLABORATION ENTRE LA MAITRE VERRIER DIDRON ET L’ARCHEVÊQUE MGR CHALANDON
2 LE VITRAIL DU TRIOMPHE DE LA FOI ( 1858)
3 LA VERRIÈRE DE L’ABSIDE (1860-1863)
4 LE VITRAIL DE L’ESPERANCE (1863)
5 LE VITRAIL DES ANGES MUSICIENS ET DES SAINTS DE PROVENCE (1866)
LE VITRAIL Catherine Brisac CERF 1990
ANNALES ARCHEOLOGIQUES dirigées par Didron ainé Librairie archéologique Victor Didron
Paris (1844 - )
er
(8) REVUE ART DE BASSE-NORMANDIE N° 130- 1 trimestre 2004
Eglises et Chapelles de Cherbourg- Octeville - Eglise Notre Dame du Vœu pp. 44 - 51
(9) Informations communiquées par le père Michel Comtet, curé émérite de Culoz
ième
(10) LA FRANCE PONTIFICAL E- M.H. Fisquet 2
Edition 1867- Librairie Repos 70 rue Bonaparte
Paris
(11) HISTOIRE DE DIEU Didron Paris Imprimerie Royale 1843 p. 291
(12) UN VITRAIL DE L’ĖGLISE DE BROU TITIEN ET ALBERT DURER pp. 8 &9 Victor Naudet
Gazette des Beaux Arts tome xxxv 1906
(13) ARCHIVES NATIONALES CARAN Fonds F/19/7583 [1857-1870] Travaux cathédrale d’Aix
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CREDIT PHOTO
N.D. du Voeu Cherbourg- Octeville
VITRAIL DE LA CHARITE Inventaire du Patrimoine Basse Normandie
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