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© Université de Liège - http://reflexions.ulg.ac.be/ - 20 April 2017
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est attendu que les sous-clades issus de cette radiation présentent une diversité écologique et phénotypique
variée.
Mais d'autres types de radiation évolutive sont possibles telles que des radiations répétées induisant
des convergences évolutives. Ce mécanisme évolutif explique les ressemblances morphologiques, parfois
comportementales, entre des espèces soumises aux mêmes contraintes environnementales. Ces espèces
présentent des caractères analogues mais qui n'ont pas été hérités d'un ancêtre commun. Dans certains cas,
les différences entre deux espèces convergentes peuvent être assez faibles à première vue, et conduire à des
erreurs de classification phylogénétique. Ainsi, ce n'est qu'en 1693, que le naturaliste John Ray établit que les
cétacés appartiennent bien à la classe des mammifères malgré une forte ressemblance avec les poissons due
à des évolutions convergentes ayant mené, dans les deux cas, à une adaptation au milieu aquatique. Selon
le scénario de radiations répétées, il est attendu que l'on n'observe pas de pic précoce dans la diversification
des espèces, et une diminution de celle-ci au cours du temps, contrairement aux modèles avec un seul et
unique événement de radiation adaptative.
Les théories actuelles de l'évolution tentent d'intégrer ces deux types de modèles : les systèmes qui présentent
peu de contraintes (ceux pour lesquels de nombreuses niches écologiques sont disponibles, caractérisés
par une diversification rapide et précoce) et les systèmes dominés par les contraintes (ceux pour lesquels
un nombre bien défini de niches écologiques est disponible, induisant des convergences). La description de
signatures permettant leur distinction serait bien utile aux biologistes comparatifs qui étudient la dynamique
de diversification des clades.
C'est dans ce cadre que s'inscrivent les travaux de Bruno Frédérich, du Laboratoire de morphologie
fonctionnelle et évolutive de l'Université de Liège, sur les poissons demoiselles (1). L'originalité de l'étude
réside dans le fait que diverses techniques ont été intégrées. Ces techniques alliant écologie, morphologie
et phylogénie (génétique) permettent de distinguer les modes de diversification possibles : unique radiation
adaptative (« early burst ») ou radiations adaptatives répétées (convergence). « L'idée, déclare le chercheur,
c'était d'étudier le mode de diversification, à la fois écologique et morphologique, des poissons de récifs au
sens large au cours de leur évolution. Produire des arbres phylogénétiques, beaucoup de gens le font. Mais
cette approche multiple est propre au laboratoire de l'ULg ! ».
La famille des Pomacentridae, avec ses 386 espèces, représente le troisième groupe de poissons le plus grand
dans les écosystèmes coralliens après les Gobiidae et les Labridae. Elle est divisée en cinq sous-familles:
Stegastinae, Lepidozyginae (monospécifique), Chrominae, Abudefdufinae et Pomacentrinae. Ces poissons
demoiselles se sont diversifiés en trois groupes trophiques majeurs :
(1) Les espèces zooplanctonophages qui se nourrissent de petits crustacés planctoniques, les copépodes.
(2) Les espèces brouteuses d'algues filamenteuses.
(3) Les espèces intermédiaires qui se nourrissent de zooplancton, de petits invertébrés benthiques et d'algues
en proportions variables. Lire l'encadré sur la classification de Linné