UTILISATION DES PRODUITS PHYTOSANITAIRES On a tendance à négliger l'aide apportée par les insectes et animaux utiles qui sont de véritables auxiliaires du jardinier. On désigne par auxiliaires, tous les organismes vivants qui ont une action bénéfique sur le jardin. On distingue trois types d’auxiliaires: ● les décomposeurs: ils transforment la matière organique pour qu’elle soit assimilable par les plantes (vers de terre, cloportes, collemboles…) Il existe en France 140 espèces de vers de terre ● les pollinisateurs: permettent la reproduction des plantes qui donneront alors des fruits (abeilles, bourdons, volucelles, papillons…) ● les prédateurs et les parasitoïdes: régulent les populations de ravageurs. C’est ce dernier groupe que nous allons observer ici. Une chauve-souris peut manger jusqu’à 3000 insectes par nuit ! Tous les acariens ne sont pas nuisibles! Celui-ci (Phytoseiulus persimilis) est un prédateur spécifique des acariens tétranyques. (Taille du Phytoseiulus persimilis 0,5mm). ● Les carabes (ordre des coléoptères) : Les carabes peuvent vivre jusqu’à 3 ans. Dans la journée, ils se cachent dans les endroits sombre et humides, sous des feuilles mortes, un tas de bois ou une pierre. Les larves comme adultes, se nourrissent de limaces, d’escargots, mais aussi de pucerons, d’aleurodes, de larves de taupins et d’hannetons, de pupes de mouches, de vers ou encore de chenilles et de larves de doryphores. Ils patrouillent la nuit sur le sol des champs et des potagers et sont de véritables gardiens pour nos plantations. Malgré leur rapidité, ils échappent rarement aux crapauds et aux hérissons, et sont le mets de bien d’autres insectivores comme les chouettes et les musaraignes. Pour se défendre, les carabes sécrètent un liquide rougeâtre pouvant provoquer des irritations. ● Les staphylins (ordre des coléoptères) : Les staphylins se nourrissent d’acariens, de thrips, d’aleurodes, de mouches (œufs de mouche du chou et de la carotte), de limaces. Le staphylin Oligota est spécialiste des acariens (taille 1mm) ● Les araignées: De nombreuses espèces d’araignées vivent sur les herbes du potager. Elles consomment tous types d’insectes et permettent ainsi de limiter certaines pullulations. Araignée Epeire ● Le perce-oreille ou forficule (Forficula auricularia, ordre des Dermaptères) : Le forficule tire son nom des pinces qu’il possède en bout d’abdomen ressemblant à l’outil utilisé par les bijoutiers pour percer les oreilles. Il se nourrit de petits insectes ravageurs tels que les pucerons, les escargots, les chenilles. Il nettoie également le sol en consommant les débris végétaux et constitue une proie pour les oiseaux. Les perce-oreilles vivent dans des endroits sombres et humides (sous les pierres, les écorces, les feuilles mortes). Ils attendent la nuit pour aller chercher leur nourriture. Quand ils sont nombreux, ils peuvent provoquer des perforations sur les jeunes pousses d’aubergines. Forficule mâle (à gauche) et femelle (à droite) La femelle perce-oreille pond 50 à 70 œufs en automne sous les écorces ou dans le sol. Elle surveille ses oeufs, les nettoie pour les débarrasser des moisissures, les retourne, les regroupe et peut même les déplacer pour leur éviter des variations de température et d’humidité! Ce comportement maternel est unique chez les insectes. Les jeunes sortent à la fin de l’hiver et ont une durée de vie d’environ un an. L’adulte peut voler. ● La chrysope (Chrysopa, ordre des Névroptères) : Œufs de Chrysope (taille 2 mm) Larve de Chrysope (taille 1,3mm) Chrysope adulte (taille 2cm) La chrysope Conioptérygide est spécialiste des acariens (taille 2,5mm) Les chrysopes s'installent au sec sur des arbres, ou des haies buissonnantes, des herbes hautes, et partout où se trouvera miellat, nectar et pollen dont elles se nourrissent tout en assurant la pollinisation. Les adultes déposeront leurs oeufs sur les plantes aimées des pucerons : rosiers, noisetiers, sureaux etc. Une larve de Chrysope peut consommer jusqu’à 500 pucerons ou 10 000 acariens tétranyques durant son développement (10 à 15 jours). Il peut y avoir 3 à 4 générations par an. Les chrysopes passent l’hiver à l’état adulte. Abri pour coccinelles et chrysopes ● Les coccinelles (ordre des coléoptères) : Les larves comme les adultes de coccinelles dévorent les pucerons (elles peuvent manger plus de 100 pucerons dans la journée!) , les aleurodes, les cochenilles, les acariens et les larves de toutes sortes. Larve de coccinelle (taille 1cm) Présentes dans les jardins au printemps et en été, les coccinelles passent la mauvaise saison en se blottissant les unes contre les autres sous les feuilles mortes, les écorces d’arbres, dans les cabanes de jardin ou parfois dans nos maisons. Après ce repos hivernal, chaque femelle pond environ 800 œufs disséminés au sein de colonies de pucerons. Les œufs donnent ensuite naissance aux larves qui engloutissent à la chaîne les pucerons ou autres proies présentes sur place. Puis, après métamorphose (comme tous les insectes), les voilà devenues coccinelles ! Et si la « chance » est avec elles, elles pourront vivre un an environ. La coccinelle cryptolaemus montrouzieri est une spécialiste des cochenilles (taille 5mm) La coccinelle Stethorus punctillum est une spécialiste des acariens (taille 2mm) Coccinelle à 22 points et sa larve Attention aux coccinelles asiatiques (Harmonia axyridis) souvent vendues par correspondance ou en jardinerie. Ces coccinelles sont des espèces envahissantes et on sait aujourd’hui qu’elles dévorent les larves de nos coccinelles indigènes. Larve et adulte de coccinelle asiatique ● Les syrphes (ordre des Diptères) : Pupe de Syrphe (taille 5mm) Les syrphes adultes se nourrissent du pollen et du nectar de très nombreuses fleurs tels que le coquelicot, le pissenlit, la menthe, la phacélie, la carotte sauvage, l’achillée millefeuille, le bouton d’or, la chicorée ou la pâquerette. En volant de fleur en fleur sur de longues distances, ils répandent les grains de pollen et participent ainsi à la reproduction des végétaux au même titre que les abeilles ou les papillons. Larve de Syrphe(taille de la larve 10 à 15mm) Larve de Syrphe près d’une colonie de pucerons Ce sont uniquement les larves des syrphes qui mangent les pucerons (jusqu’à 300 pucerons en une nuit!) et à l'occasion peuvent aussi avaler de nombreux aleurodes. Syrphe Les syrphes sont petits (entre 10 et 15 mm), fins, rapides et leur remarquable vol stationnaire les caractérise. Ils sont présents dans nos jardins de février à novembre avec une pointe d’activité en juin et juillet et peuvent vivre jusqu’à 3 ans. Les larves sont précoces et actives dès le printemps. Œufs de syrphe (en blanc) pondu à proximité des pucerons (taille de l’œuf 1mm). ● Les punaises prédatrices (Anthocoris et Orius, ordre des hétéroptères): Ils sont à la fois prédateurs et phytophages, se nourrissant d'oeufs et de larves de lépidoptères, de pucerons, d'acariens, de psylles, de thrips, de cochenilles, d'altises, ainsi que du pollen et du nectar de plusieurs espèces végétales. Ce sont de petites punaises (2-4 mm) brillantes, de forme ovale, généralement brune foncée ou noire. Les anthocorides passent l'hiver à l'état d'adulte. Trois générations d'anthocorides se succèdent chaque année. Les adultes se rencontrent principalement sur les arbres à feuilles caduques et les plantes herbacées. Chaque femelle pond entre 100 et 200 oeufs qui éclosent au bout de 7 jours environ. Une larve d’anthocoride peut consommer jusqu’à 600 acariens ou 200 pucerons en 20 jours. Ils sont actifs d’avril à octobre. Orius mangeant un puceron (taille 3mm) Jeune larve d’Orius (taille 1mm) ● Le hérisson : Il se nourrit principalement de limaces et d’escargots mais ne rechigne pas à dévorer des vers de terre, des chenilles, des hannetons, des charançons et encore d’autres insectes du sol comme les mille-pattes et les perce-oreilles. Plus rarement, il peut se régaler d’oisillons, d’œufs, de campagnols, de grenouilles, de couleuvres ou d’orvets, et même de charognes. Il hiberne dans son nid douillet, sous un tas de bois, ou dans la haie, qu’il remplit de feuilles, mousses, brindilles... Il n’en sort qu’à l’arrivée de la chaleur printanière et jusqu’à la fin de l’automne. La première cause de mortalité du hérisson est l’intoxication par les pesticides : le hérisson se régale de limaces, elles même empoisonnées par les anti-limaces, que le hérisson ingère donc à son tour. ● Le crapaud : Cet amphibien se nourrit d’araignées, de vers de terre, de cloportes, de mille-pattes qu'il attrape agilement avec sa langue collante. Limaces, escargots, chenilles, fourmis ou altises constituent aussi l’essentiel de son menu ce qui lui donne un grand rôle dans la régulation des ravageurs au jardin. Crapaud commun (Bufo bufo) Il hiberne à la saison froide, d’octobre à février environ, dans son abri habituel. A la saison de reproduction, en mars et avril selon les températures et les régions, les individus se déplacent de nuit pour se rassembler dans les plans d’eau assez profonds. Les pontes forment de longs filaments, disposés sur un double rang et accrochés aux plantes aquatiques. Une petite partie seulement des milliers d’œufs donne ensuite naissance au début du printemps à des têtards friands des algues ou des débris organiques, puis à des adultes en été qui peuvent vivre jusqu’à 35 ans ! L’anecdote : Les pustules si répugnantes sont sans danger pour quiconque manipule le crapaud commun. Certaines seulement sécrètent un poison qui peut être irritant et qui constitue sa seule arme contre les prédateurs. Malgré tout, mieux vaut s’abstenir de le déranger ! Œufs de Crapaud commun ● La musaraigne: Musaraigne Avec 368 espèces dont 10 espèces en France, les musaraignes représentent la plus vaste famille d’insectivores. Les musaraignes sont des petits mammifères solitaires au museau fin et très allongé. Actives aussi bien le jour que la nuit, été comme hiver. Elles s’abritent dans des nids constitués de feuilles mortes, de mousses et d’herbes sèches ou dans des recoins naturels (herbes hautes, muret, paille, etc.). Elles vivent environ quinze mois et mettent bas quatre à cinq fois par an. À chaque portée, il y a quatre à neuf petits, malheureusement, la mortalité juvénile est importante. ● La martre: Martre ● L’orvet: L’orvet est un lézard sans pattes. Pendant l'hiver, l'orvet hiberne soit dans une cachette soit dans un terrier qu'il creuse par ses propres moyens et qu'il ferme avec de la terre et de la mousse. Les parties ombragées de jardins, les prairies à végétation haute, les haies et les forêts, dans lesquelles il dispose de nombreuses cachettes, sont les milieux favorables à l'orvet. ● Les insectes parasites des ravageurs: Les Hyménoptères sont de « micro-guêpes » qui pondent leurs œufs dans les pucerons, d’aleurodes et les larves de chenilles de papillons. Apanteles en train de pondre dans une chenille de piéride (taille 5 mm) Aphidius colemani pondant son œuf dans un puceron Pucerons parasités par A. colemani (taille 1mm) Ichneumon (Orthopelma mediator, taille 5 mm)) Ichneumon (Diadegma semiclausum, taille 7mm) Pupes d’aleurodes (en noir) parasitées par E. formosa Aphelinus abdominalis parasitant un puceron (taille 3mm) Aleurode et Encarsia formosa (taille 1 mm) Les micro-guêpes sont naturellement efficaces lorsqu’elles trouvent assez de fleurs pour s’épanouir dans le potager. Trichogrammes pondant dans des œufs de piérides du chou (taille 1 mm) Momies de pucerons parasités par A. abdominalis TOUS LES AUXILIAIRES SONT TRÈS SENSIBLES AUX PESTICIDES Comment faire pour sortir de ce cercle vicieux? Il faut utiliser les pesticides de manière précise et localisée. Utiliser de manière préventive les purins végétaux. Créer un environnement accueillant pour les auxiliaires (haies, jachères fleuries, abris à auxiliaires, tas de compost, paillages…) Bon nombre de carabes se feront de plus en plus rare si l’on ne change pas très vite nos habitudes: -l’utilisation de pesticides et autres produits chimiques est directement à l’origine du déclin des carabes. -le labour et le bêchage détruisent quant à eux les œufs et ne permettent pas la naissance d’autres individus. -sans oublier les haies et les herbes hautes qui se font de plus en plus discrètes dans notre paysage, privant d’abri ces insectes à l’activité extrêmement bénéfique. La diminution des fleurs des champs et des « mauvaises herbes » est une grave menace pour les syrphes comme pour tous les pollinisateurs qui peut avoir de lourdes conséquences sur la biodiversité et donc sur notre quotidien... Supprimer l’utilisation de pesticides Période d’activité des principaux auxiliaires J F M A M J J A S O N Coccinelles Syrphes, Forficules, Anthocorides Chrysopes, Staphylins Carabes, Hyménoptères Hérissons, Crapauds, Orvets Musaraigne, Martre Sources: ● Les auxiliaires entomophages de Jean-Noël Reboulet éditions ACTA 1999 ● Reconnaître les auxiliaires de Yannie Trottin-Caudal éditions Ctifl 2006 ● Le Truffaut du jardin écologique éditions Larousse 2008 D