LangageCoeur(7) 10/04/06 9:26 Page 113 D es besoins éducatifs particuliers Ce chapitre traite de deux thèmes abordés par les programmes pour l’école maternelle : les enfants dont la langue maternelle n’est pas le français et les enfants qui ont des difficultés avec le langage, qu’il s’agisse de retards ou de troubles spécifiques. La scolarisation à l’école maternelle concerne aussi aujourd’hui des enfants qui ont d’autres formes de besoins particuliers en matière de langage (enfants malentendants ou sourds) ou de communication (enfants autistes ou atteints de troubles envahissants du développement). Ces problématiques sont très particulières et touchent nettement moins d’enfants ; elles appellent des développements techniques d’une nature et d’une ampleur qui dépassent le cadre de ce document. Les enfants non francophones La problématique linguistique Nos élèves dont la langue maternelle n’est pas le français doivent apprendre le français comme langue seconde (pour s’insérer socialement) et langue de scolarisation. Ces élèves constituent une population très variée si on prend en compte des variables d’ordre géographique, linguistique, culturel, social, scolaire. Le statut de la langue maternelle compte énormément dans l’apprentissage ; quand la langue seconde est vécue comme langue d’oppression et quand la langue maternelle est dévalorisée, le conflit entre les deux langues peut rendre l’apprentissage beaucoup plus difficile, les motivations plus complexes. La reconnaissance de la langue maternelle, le développement des compétences de l’enfant dans cette langue ne sont pas préjudiciables à l’apprentissage du français, bien au contraire ; l’apprentissage d’une langue seconde est facilité si l’enfant possède dans sa langue maternelle ce que nous appelons le « langage d’évocation » (voir le chapitre « Le langage oral »). Il importe d’informer les familles de l’importance et de la nécessité de la communication dans la langue de la maison, et de développer par tous les moyens possibles les acquis des élèves dans leur langue première. Quelques définitions – On appelle « langue maternelle » la langue dans laquelle l’enfant baigne avant la naissance et qu’il acquiert dès le berceau par interaction avec sa famille, sa mère en particulier. C’est la « langue de la maison » ; on parle aussi de « langue d’origine ». – On appelle « langue étrangère » une langue non maternelle, acquise de manière décalée dans le temps par rapport à la langue maternelle et hors de son aire d’usage ; aujourd’hui, l’école élémentaire enseigne une première langue étrangère. Il peut se faire que cette langue étrangère (dans notre système éducatif) soit la langue maternelle de certains enfants (le portugais, l’anglais, etc.). – On appelle « langue de scolarisation » une langue apprise à l’école et qui sert de manière prépondérante, voire exclusive, dans le système éducatif fréquenté. La langue de l’école est faite d’actes de langage et d’un lexique qui peuvent ne pas être indispensables dans la vie ordinaire. Cette langue peut être dite « langue seconde » mais ce terme est ambigu car il désigne aussi une autre réalité : une langue non maternelle, acquise de manière décalée dans le temps par rapport à la langue maternelle, en usage dans le pays. Le français est ainsi langue seconde dans certains pays africains. Des situations à différencier À l’école maternelle, la situation de ces élèves est sans doute moins délicate que dans les niveaux scolaires ultérieurs où l’urgence de la maîtrise de la langue pèse encore davantage, compte tenu des apprentissages en cours, qui mobilisent l’écrit et des décalages qui se forment très vite. Il serait dommage de ne pas profiter de cette conjoncture favorable pour mettre les enfants en situation d’aborder l’école élémentaire avec des atouts réels. Ces enfants non francophones ne doivent pas être regardés comme des élèves en difficulté ; ils ont des capacités et des acquis équivalents à ceux de leurs camarades, il leur reste à apprendre la langue de l’école pour les faire reconnaître. Si cette différence ne peut être réduite, alors il faudra voir ce qui fait obstacle et où peuvent être les sources de difficulté. Des besoins éducatifs particuliers 113 LangageCoeur(7) 10/04/06 9:26 Page 114 Deux situations sont à distinguer même si, dans les deux cas, les enseignants ne comprennent pas leurs élèves. Ils ne comprennent pas plus certains petits ou tout-petits dont le français est la langue maternelle mais ils se sentent plus démunis avec les enfants non francophones pour leur permettre d’apprendre vite le français. Souvent, ils ne comprennent pas non plus les parents et ne peuvent donc pas parler avec eux de l’enfant accueilli. apprendre. S’ajoute à cela l’absence de compréhension de la langue de l’école. En dehors de la sphère langagière, on ne saurait négliger l’absence de familiarité avec des jeux, des jouets et des objets culturels (livres, outils d’écriture, matériel de peinture ou autre par exemple), mais aussi avec des manières de faire dans les actes de la vie quotidienne (sieste, repas). Les enfants nés en France dont la langue maternelle n’est pas le français Des principes et des pistes Ils ont beaucoup de choses en commun avec leurs camarades francophones, et des choses essentielles : la non-connaissance du monde scolaire, des compétences langagières développées à travers les pratiques langagières propres à leur âge et une capacité à comprendre les situations vécues à travers des compétences identiques. Ils n’ont pas la même langue, ce qui a certaines conséquences : ils ont acquis des codes différents, tant culturels que linguistiques et la compréhension de la langue des adultes de l’école leur est moins aisée. S’ils ont entendu du français (environnement, télévision), souvent ils n’ont pas bénéficié d’un discours adressé à eux individuellement dans cette langue qui n’est donc pas pour eux une langue d’échanges ; la situation est très différente si les enfants ont fréquenté des dispositifs d’accueil en milieu francophone. Accueillir l’enfant avec ses codes pour aider à son intégration Les enfants qui arrivent en France en cours de scolarisation Ce qui peut faire obstacle au moment de les accueillir à l’école maternelle n’est pas seulement linguistique. Pour un certain nombre de familles, les conditions de l’arrivée en France sont difficiles, les projets sont confus ; la scolarisation de leurs enfants, surtout des petits, n’est pas pensée comme par les familles françaises : elle est parfois subie plus que souhaitée, la séparation d’avec les petits enfants n’étant pas valorisée par certaines cultures. La transplantation n’est pas comprise par les enfants, qui vivent un bouleversement total de cadre, de climat, de rythme, d’alimentation (toutes choses qui font partie de la sécurité d’un petit). Ces enfants arrivent dans un lieu dont ils ignorent tout, la fonction comme l’organisation, et parfois leurs parents aussi qui n’ont jamais été scolarisés. Même avec un accueil bienveillant, il ne peut leur être épargné d’avoir à faire des découvertes qui remettent en cause les fondements de la communication qu’ils ont déjà construits : on ne s’adresse pas aux adultes de la même manière que dans (l’école de) leur pays d’origine ; les pratiques culturellement intégrées sont souvent différentes; en France, l’enfant peut s’exprimer, dire ce qu’il pense, est sollicité, n’est pas sommé de toujours imiter ou répéter pour 114 Le langage à l’école maternelle L’objectif premier est que l’enfant trouve sa place dans le groupe et dans ce lieu, qu’il trouve du sens à sa situation nouvelle, qu’il fasse sien ce nouveau milieu. Pour une arrivée en début de petite section, l’immersion totale est la meilleure solution, sans aucune distinction dans l’accueil si ce n’est des précautions accrues quant à la langue et aux échanges. Pour une arrivée en cours de scolarisation, l’accueil est préparé, si possible, avec les autres élèves; on choisit la place de ce nouvel élève dans la classe et on trouve des «tuteurs» qui vont l’entraîner dans les activités de la classe et de la récréation, par imitation et grâce à la communication non verbale accompagnant le langage. L’enseignant veille à mettre des mots sur tout, emploie le « parler professionnel » adapté à des plus petits ; il parle dans un langage construit même s’il pense que l’enfant ne comprend pas ou pas tout. L’entrée en activité doit être facilitée par le contexte et le matériel autant que par les consignes verbales. Les acquisitions peuvent être très rapides, mais il faut tolérer des phases d’observation parfois longues, des silences compte tenu des sollicitations importantes que présentent l’ambiance et le bain de langage de la classe. Chaque fois que possible, la culture d’origine est valorisée (musiques, histoires) mais on se gardera d’accorder d’emblée trop d’importance à des supports écrits et aux formes écrites ; l’ancrage prioritaire des apprentissages est dans le vécu, les jeux, les manipulations, les échanges en situation. Les objectifs de l’école, les habitudes et règles scolaires (régularité, soin, interdits, possibilités…) sont dites à l’enfant et à la famille – y compris avec l’aide d’un médiateur linguistique à l’arrivée et pour quelques rendez-vous dans l’année. Donner la priorité à l’oral et à la compréhension Cette priorité est plus naturelle à l’école maternelle où les enfants acceptent par ailleurs très bien certaines situations ou supports ludiques utiles aux entraînements. Dans la situation d’immersion où se trouvent les enfants, l’enseignant doit veiller particulièrement à la compréhension sans jamais se priver des moyens LangageCoeur(7) 10/04/06 9:26 Page 115 non verbaux (gestes, images, etc.), insister sur la prononciation, vérifier encore plus souvent qu’avec les autres enfants l’intégration du lexique. L’enseignant est attentif aux signes qui manifestent : – que l’enfant a repéré les signaux en usage dans la classe pour indiquer tel moment (conte, rassemblement, récréation, départ en salle de motricité, passage aux toilettes, sortie) ; – qu’il comprend, du fait de l’intonation, de la posture du maître ou d’autres signes, les situations de consignes ou d’ordres, les questions, les explications; – qu’il peut exprimer, même de façon non verbale, un besoin, une émotion ; il met des mots sur ces situations : « tu ne veux pas monter sur la poutre ? tu as peur ? je te donne la main » ; « tu es contente, tu danses bien, continue, encore, encore », il fait répéter certaines formules (« j’ai envie de faire pipi » ; « est-ce que je peux aller faire pipi ? »). S’il y a des problèmes, il mime, montre un autre élève qui fait ce qui est attendu, il demande à un autre élève de démontrer, etc. Il ne contraint pas l’enfant à répéter devant les autres . Pour les situations de rencontre avec l’écrit, les moments de lecture sont préparés (voir au chapitre « Une première culture littéraire » la partie : « Préparation de la compréhension ») ; les textes sont lus et relus, la mise en mémoire étant plus délicate et plus lente. Veiller à la dimension sonore du langage Le français a des caractéristiques sonores nouvelles pour l’enfant qui arrive1 (phonologie, prosodie, rythme, accentuation) ; la perception auditive et les capacités articulatoires de l’enfant doivent s’adapter. Il n’y a pas lieu de tout focaliser sur « la bonne prononciation » car il est plus important que l’enfant acquière vite des conduites discursives diversifiées, mais l’enseignant doit veiller à renvoyer en écho de bonnes formulations, à articuler, même exagérément, certains mots. Les enfants n’ont pas acquis la conscience phonologique dans leur langue maternelle; toute solution qui pourrait permettre d’engager les enfants dans des activités favorables à cette acquisition dans leur première langue est bienvenue. Les parents doivent être incités à dire des comptines, à raconter. Toutes les activités prévues sur les dimensions sonores de la langue ont pour ces enfants une importance cruciale; il n’est pas nécessaire d’en inventer de spéciales mais il faut se soucier de leur participation active. Réserver de courts moments à ces enfants Sauf cas particuliers, ils n’ont pas besoin de rééducation ou d’activités spécifiques avec des maîtres spécialisés mais il leur faut de petits moments de langage avec le maître. Celui-ci y est sensible lors des temps «sociaux» (accueil, habillage, déshabillage, collation, récréation) où il ne manque pas d’échanger en situation. Il accorde cinq minutes par jour à un échange particulier avec chaque enfant non francophone de la classe, dans une des activités de la classe. Deux fois par semaine, un atelier particulier d’un quart d’heure permet de revenir, avec un tout petit groupe, sur des apprentissages langagiers spécifiques (échanges sur un livre, relecture avant échanges, jeu sur les syllabes ou les sons, dictée à l’adulte) ou de préparer une activité (compréhension d’une histoire). Il ne s’agit pas de faire autre chose mais de créer des conditions de renforcement par une relation et un étayage plus « serrés » que dans un groupe plus large. Faire une place aux diverses langues maternelles dans la classe Ce parti pris est une forme de valorisation des cultures d’origine qui rassure les enfants sur le statut de leur langue, mais il a aussi d’autres dimensions non négligeables, liées à la citoyenneté (ouverture à la différence qui est ouverture au monde et incitation à la décentration, reconnaissance des différences culturelles comme valorisation de l’altérité) et à l’apprentissage : les comparaisons entre langues, même à un niveau accessible en maternelle, aident à l’analyse. Aussi, l’enseignant adopte-t-il quelques règles constantes quand il a des élèves dont la langue première n’est pas le français : – à l’oral, il les laisse s’exprimer dans leur langue et communiquer entre eux s’ils sont plusieurs ; il les invite à « enseigner » à leurs camarades des salutations et formules de politesse (bonjour, merci, pardon, s’il te plaît, bon anniversaire , etc.), des mots usuels (jours de la semaine, nombres, etc.) ; il les invite aussi à dire des comptines ou à chanter des chansons ; quand ils ont les mots pour le faire (plutôt en section de grands), il pousse à des comparaisons entre la langue première et le français ; – à l’écrit, il n’oublie pas de faire une place aux contes et à la littérature des pays d’origine, à choisir des documentaires qui en parlent, à introduire des ouvrages bilingues s’il en existe, à valoriser les supports divers (cartes, journaux, emballages, etc.) ; – dans les activités artistiques, dans les activités décoratives à dominante graphique ou les jeux, il intègre des éléments intéressants pour tous venus des cultures premières de tous ses élèves. 1. Les personnels des centres académiques pour la scolarisation des nouveaux arrivants et des enfants du voyage (CASNAV) peuvent apporter des informations sur les comparaisons entre le français et les langues d’origine ; ils disposent d’outils permettant des évaluations des acquis des élèves dans certaines langues. Des besoins éducatifs particuliers 115 LangageCoeur(7) 10/04/06 9:26 Page 116 Si malgré des précautions et une attention spécifique, l’enseignant observe des blocages, des écarts qui grandissent, il met en place avec ces enfants les mêmes dispositifs de vigilance et d’intervention qu’avec les autres enfants et sollicite des aides auprès des CASNAV et/ou des réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté (RASED). Les difficultés ou les troubles spécifiques du langage L’enseignant n’est pas en priorité centré sur les difficultés : son rôle premier est de suivre les progrès de ses élèves et de créer les conditions pour les susciter. Ce faisant, il note des piétinements, des décalages qui s’installent ou s’accroissent ; alors il se donne les moyens d’affiner les observations. Le repérage des difficultés L’école maternelle est un lieu privilégié du repérage des « difficultés » dans les conduites langagières et de communication, dans le langage produit et les premiers actes d’analyse. Ce repérage le plus précoce possible, en petite section de maternelle, alors que les enfants sont âgés de trois ans et demi en moyenne, permet d’intervenir à une période très sensible du développement du langage et empêche que les problèmes ne prennent des proportions importantes qui affectent d’autres aspects du développement. L’observation, première forme d’évaluation en classe L’enseignant qui s’interroge sur un enfant qui semble ne pas comprendre ou qui se montre silencieux ou très sélectif dans son activité langagière, qui s’inquiète pour un enfant qui parle mais qu’il ne comprend pas doit se donner les moyens d’affiner sa connaissance de ce dont l’enfant est capable. Les repères donnés dans le premier chapitre (documents 1 et 2) doivent permettre de préciser cette observation. Il existe des questionnaires, élaborés par des orthophonistes ou autres spécialistes du développement du langage, qui précisent les zones d’interrogation. Le tableau ci-après résume et rassemble des éléments sur lesquels on peut inviter à la vigilance, aussi bien en classe que dans des moments plus informels (dans la cour, à la cantine, etc.) durant lesquels un enfant peut se montrer plus performant. Ces éléments permettent aux enseignants – d’affiner leur regard quant aux comportements langagiers de l’enfant, sans se placer en situation formelle d’évaluation ; – de disposer d’un profil de compétences qui peut servir de base de travail pour un accompagnement personnalisé. Des relevés de parole sont difficiles à établir pour l’enseignant mais il peut utiliser un magnétophone et réécouter le langage produit pour mieux en percevoir les composantes. Il peut aussi donner à entendre l’enregistrement à un de ses collègues spécialisés qui pourra l’aider à situer des « petits problèmes » auxquels il peut remédier ou juger qu’une investigation plus approfondie est nécessaire. Indicateurs de vigilance (enfants normalement scolarisés) Enfants de 3 à 4 ans Premiers indicateurs : – Les enfants ne paraissent pas comprendre. – Ils ne posent pas de questions et ne donnent que peu de signes d’intérêt. – Ils n’utilisent que des mots phrases et montrent peu ou pas d’évolution dans le courant de l’année. – Ils n’utilisent pas le « je », ni le « tu ». – Ils ne sont pas intelligibles, ne disent pas de mots reconnaissables. Pour compléter, on essaiera de voir si : – Ces enfants réagissent aux bruits, à la musique. – Le volume de leur voix est normal. – Ils cherchent à communiquer par d’autres moyens que le langage (mimiques, gestualité mais aussi formes agressives : coups de pied, morsures, griffures…). – Ils regardent leur interlocuteur. – Ils essaient de dire des comptines, de chanter ; ils prennent du plaisir dans les moments dédiés à ces activités même s’ils ne participent pas activement. ddd 116 Le langage à l’école maternelle LangageCoeur(7) 10/04/06 9:26 Page 117 ddd Enfants de 4 à 5 ans Premiers indicateurs : – Les enfants comprennent moins bien qu’ils ne parlent. – Ils produisent des phrases sans verbes. – Ils ne parlent qu’en situation. – Ils n’utilisent pas le « je » ni les autres pronoms sujets usuels. – Ils cherchent fréquemment leurs mots ; leur vocabulaire est réduit à des noms. – Ils sont peu intelligibles (articulation). – Ils évoluent peu ou pas malgré un guidage et une aide de l’enseignant. Observations complémentaires : les mêmes que précédemment, en particulier pour ce qui est de la communication. Enfants de 5 à 6 ans Premiers indicateurs : – Les enfants comprennent mal ou difficilement (ils ont besoin de reformulations, de simplifications). – Ils sont peu intelligibles ou déforment des mots de manière importante et régulière. – Ils ne remplacent pas un nom par « il » / « elle » quand ils racontent. – Ils ne produisent pas de formes conjuguées pour exprimer le futur ou le passé. – Ils produisent essentiellement des énoncés réduits (inférieurs à quatre mots) ou des phrases longues mais agrammaticales. – Ils ne parviennent pas à raconter. – Ils n’expriment pas de notions de temps et d’espace. – Ils ne parviennent pas à « jouer » avec les syllabes, encore moins avec les sons. – Ils ont des difficultés à mémoriser des comptines, des chants, des poèmes, une histoire. – Ils ne reconnaissent que très peu de lettres de l’alphabet, voire aucune. – Ils évoluent peu ou pas sur l’année malgré des aides. Pour compléter, on essaiera de voir si les problèmes notés affectent de la même façon d’autres domaines que le langage : – Mémorisent-ils la suite des nombres, des itinéraires, des connaissances sur le monde, etc. ? – Dessinent-ils ? représentent-ils des « scènes » ? – Discriminent-ils des formes graphiques ? – Réagissent-ils de manière adaptée à la musique (jeux vocaux, activités instrumentales, danse) ? Les évaluations en classe Des outils d’évaluation ont été produits et diffusés par le ministère pour la section de grands et le cours préparatoire; il en existe également pour les niveaux antérieurs sous forme de banques d’outils 2. Ce dispositif permet une estimation des compétences des élèves. Son utilisation systématique est une occasion supplémentaire de repérer les élèves «un peu en retrait», en annulant les dangers d’une observation trop peu précise. Il n’y a aucune obligation à faire passer toutes les épreuves, et surtout pas toutes au même moment. Chaque enseignant choisit en fonction de ses premières observations, de son projet de classe, du projet d’école. Les résultats sont analysés en conseil de cycle et éventuellement avec les membres du RASED. Elle permet d’organiser de façon plus précise avec le RASED un dispositif d’observation en classe puis un dispositif d’aide. De telles actions de prévention concourent à des ajustements pédagogiques favorisant une meilleure compréhension des difficultés mises en évidence chez des élèves. Cette évaluation qui fournit des indicateurs contribue à l’élaboration du projet d’école sur la base d’indicateurs objectivés. Elle doit aussi servir concrètement, à partir d’échanges de points de vue et de pratiques, à l’articulation entre l’école maternelle et l’école élémentaire au sein du cycle des apprentissages fondamentaux. Des échanges avec les familles Dès que l’enseignant s’interroge sur le langage de l’enfant, il convient qu’il alerte la famille sans l’alarmer 2. Ces outils sont tous accessibles à l’adresse suivante : www.banquoutils.education.gouv.fr ; pour les outils spécifiques à la grande section et au cours préparatoire, ils ont été présentés dans la circulaire n° 2001-148 du 27-7-2001 publiée au BOEN n° 31 du 30 août 2001. Des besoins éducatifs particuliers 117 LangageCoeur(7) 10/04/06 9:26 Page 118 pour autant. Un entretien permet d’éclairer le comportement langagier hors contexte scolaire : comment s’exprime l’enfant à la maison ? Parle-t-il volontiers ? Cherche-t-il à conserver un langage de tout-petit? Estil compréhensible par d’autres personnes que les parents dans le contexte familial ?… Il s’agit d’abord d’obtenir le concours des parents pour aider l’enfant à progresser, en attirant leur vigilance sur l’importance du langage qui s’échange entre eux et leurs enfants (voir au chapitre «Favoriser la communication», «Les autres tuteurs de langage»). À la suite des observations et entretiens avec la famille, si les difficultés persistent, on discutera à nouveau avec elle pour mettre en place une démarche d’aide particulière, éventuellement avec le RASED. Retards et troubles La confusion entre trouble et retard est entretenue par le fait que les premiers signes du trouble du langage peuvent s’apparenter à ceux qui manifestent un retard d’acquisition. Mais, à l’inverse d’un retard simple qui va régresser avec le temps et un étayage bien construit, le trouble se manifeste également par des formes déviantes du langage, une bizarrerie de construction des mots ou des phrases, le non-respect des phases de l’acquisition, et une absence de progrès notables dans le temps, malgré les stimulations apportées. Le diagnostic différentiel entre retard simple de langage et trouble spécifique du langage est d’une importance cruciale, étant donné les différences de pronostic et de prise en charge. Il ne relève pas de la compétence des enseignants. Le repérage est de la responsabilité des enseignants dans leur classe en collaboration étroite avec les familles. La participation de l’équipe éducative, enseignants, direction d’école, réseau d’aides spécialisées aux enfants en difficulté, médecin scolaire et intervenants extérieurs, constitue un apport complémentaire mais n’est que seconde. Le dépistage systématique de problèmes particuliers relève des compétences des services médicaux (protection maternelle et infantile – PMI – pour les enfants de trois ou quatre ans, santé scolaire dès cinq ans). Le dépistage, qui vise à découvrir des problèmes avant qu’ils ne soient apparents, repose sur une formation spécifique et l’utilisation d’outils validés et étalonnés pour identifier les enfants en difficultés langagières. Le diagnostic d’un trouble ou d’une déficience spécifique en matière de langage relève d’une démarche pluridisciplinaire comprenant au minimum un bilan de langage, un examen médical et un examen psychologique. On ne peut exclure que l’école maternelle permette de diagnostiquer d’autres formes de troubles qui touchent davantage la communication que le langage. 118 Le langage à l’école maternelle Le retard de langage On parle de retard transitoire chez des enfants qui se développent plus lentement au plan linguistique, mais suivent le même profil d’évolution que les enfants plus jeunes. Le retard est un décalage chronologique dans l’acquisition d’une fonction, par rapport à des références attendues pour l’âge. Retard sous-entend rattrapage et évolution vers la normalisation. Le retard de langage « simple », se résolvant avec l’âge, ne devrait pas persister après six ans. On distingue diverses formes de retard de langage. Les difficultés articulatoires ou élocutoires L’enfant prononce mal un ou plusieurs phonèmes. Souvent, ces difficultés sont en rapport avec un problème mécanique de l’appareil bucco-phonatoire. Les difficultés langagières isolées se résolvent généralement spontanément vers six ans. Seulement 10 à 20 % d’entre elles nécessitent une rééducation orthophonique mais elles ne mettent pas l’enfant en difficulté scolaire. Le retard de parole Le problème se situe au niveau du mot qui est déformé. L’enfant prononce bien les phonèmes isolément mais déforme les mots au point que son langage peut être parfois peu intelligible (« tacalogue » pour «catalogue», «cocholat» pour «chocolat»). En moyenne section, malgré cela, l’enfant maîtrise les structures fondamentales du langage. Un ou quelques mots complexes mal produits ne sont pas inquiétants, mais une déformation des mots systématique ou partielle qui se prolonge au-delà de trois ans et demi doit donner lieu à un bilan orthophonique. Le retard de langage Il s’agit d’une altération portant sur la structure de la phrase et qui rend l’enfant peu ou pas intelligible. Ce retard de langage peut s’accompagner d’un retard de parole (exemple : « pri a bro a tab moi » pour « j’ai pris la brosse sur la table » ; la syntaxe n’est pas respectée et les sons sont déformés dans les mots) ou ne pas s’accompagner d’un retard de parole (exemple : « la brosse moi va prendre » ; la prononciation est correcte mais la syntaxe ne l’est pas). Les troubles spécifiques du langage On parle de troubles spécifiques du langage chez des enfants qui présentent une forme particulière de retard dans les composantes du langage, retard que l’on ne peut attribuer ni à un trouble auditif, ni à une déficience intellectuelle, ni à une pathologie psychopathologique ou neurologique, ni à une carence majeure de stimulation environnementale. Le trouble se définit comme la non-installation ou la désorganisation d’une fonction. Dans le cours du développement, la mise en place de cette fonction est perturbée et peut le rester définitivement. LangageCoeur(7) 10/04/06 9:26 Page 119 On distingue deux grandes familles de troubles spécifiques du langage 3 : La dysphasie Contrairement aux retards simples de parole et de langage, les dysphasies développementales constituent des troubles significatifs, sévères et durables de l’évolution du langage oral. Ces dysphasies se manifestent par un retard de langage et des altérations déviantes des composantes phonologiques (sons des mots), syntaxiques (structure des phrases), sémantiques (sens donné aux mots et aux phrases) ou pragmatiques (utilisation du langage selon le contexte). On distingue plusieurs formes de dysphasies selon que les troubles dominants affectent l’expression ou l’expression et la réception du langage, la formulation. La dyslexie L’explication du dysfonctionnement cognitif constitutif de la dyslexie, admise par le plus grand nombre de spécialistes, reste la théorie phonologique : l’enfant a de très grandes difficultés pour traiter les sons de la langue, ne parvient pas à les identifier et à les manipuler de manière intentionnelle, qu’il s’agisse de syllabes ou de phonèmes. Il a beaucoup de difficultés à automatiser la stratégie alphabétique constitutive de la voie de lecture dite d’« assemblage » (ou de « déchiffrage »). Une autre théorie met en évidence le dysfonctionnement visuel et perceptif : l’enfant a de grandes difficultés à appréhender les mots dans leur totalité, à en fixer l’image orthographique (image à la fois globale et précise) ; ce sont alors les aspects perceptifs de la lecture qui sont affectés, et donc la voie dite d’adressage, ou de reconnaissance immédiate du mot. Cependant tous les spécialistes insistent aujourd’hui sur l’importance d’un repérage précoce de signes, dont on sait qu’ils peuvent être associés à une dyslexie. La grande section semble le moment particulièrement adapté à ce repérage, même si l’attention doit être attirée antérieurement par des perturbations du langage oral qui en affectent ou en altèrent l’intelligibilité ou la structuration, et par des problèmes de la compréhension. En grande section, il semble important que les enseignants ciblent leur observation sur les domaines dans lesquels s’exprime le dysfonctionnement. Il convient d’être sensible à plusieurs signes d’alerte : – de faibles capacités de conscience phonologique, qui se marquent dans des difficultés à identifier les composantes phonologiques des unités linguistiques et à les manipuler correctement. On peut en faire l’observation dans des situations de dénombrement de syllabes orales, de suppression de syllabes, de fusion de syllabes, de recherche Le diagnostic d’intrus (mots dans lesquels on n’entend de dyslexie pas une syllabe qui s’entend dans une série ne peut être d’autres), de production de rimes. Ce qui posé avant est vrai avec les syllabes l’est aussi avec les un certain temps phonèmes… ; d’apprentissage – l’existence de perturbations du langage de la lecture oral dans la fluidité et la rapidité articula- (dix-huit mois, toire : réduction du débit avec pauses trop admet-on fréquentes, accélération excessive altérant le plus souvent). la réception du message ; – des perturbations de la mémoire verbale (difficultés à répéter des mots ou des chiffres, à conserver une information verbale pendant la réalisation d’une autre tâche…) ; – des difficultés à discriminer des formes dessinées ; – des difficultés à reconnaître et identifier des lettres. Ces éléments sont directement associés aux composantes des programmes. L’attention que l’on doit y porter vaut pour tous les élèves et le repérage de difficultés ne procède donc pas de procédures extrascolaires d’évaluation ou de test. Quand il y a troubles spécifiques du langage 4, le dépistage, le bilan diagnostique et l’élaboration d’un projet thérapeutique relèvent du champ de la santé. Le projet pédagogique individualisé doit s’articuler avec ce projet thérapeutique. La prise en charge des difficultés La différenciation pédagogique qui inclut la prise en charge des difficultés s’inscrit dans un cadre collectif; les objectifs peuvent être différenciés pour les élèves mais le collectif peut travailler dans le même domaine d’activités et sur un même objet. Les activités proposées ainsi que l’organisation de la classe nécessitent : – que les élèves aient intégré un fonctionnement de classe en ateliers permettant au maître de se consacrer à un groupe : chacun doit savoir ce qu’il a à faire, mais également ce que font les autres (les ateliers sont présentés en grand groupe) ; – qu’ils aient bien compris les consignes : elles sont formulées clairement par l’enseignant et reformulées par les enfants ; l’enseignant s’assure de la bonne compréhension de mots clés tels que « trier, classer, ranger ». Une telle organisation permet à l’enseignant d’intervenir auprès d’un groupe d’élèves ayant les mêmes besoins ; un membre du réseau d’aide spécialisé aux enfants en difficulté (RASED) peut 3. Ces sujets sont très complexes ; il ne s’agit ici que d’une première information. 4. Voir la circulaire n° 2002-024 du 31 janvier 2002 publiée au BOEN n° 6 du 7 février 2002 relative à la mise en œuvre d’un plan d’action pour les enfants atteints d’un trouble spécifique. Des besoins éducatifs particuliers 119 LangageCoeur(7) 10/04/06 9:26 Page 120 aussi y trouver sa place pour animer un groupe afin d’affiner des observations ou de développer un projet d’aide plus spécialisée. Si les progrès s’avèrent insuffisants, après affinement de l’analyse, une intervention plus dense du RASED peut être envisagée selon un projet qui définit les objectifs, les adaptations et les modalités de mise en œuvre (aide au sein de la classe et intervention spécialisée). Ce projet est élaboré par l’ensemble de l’équipe éducative, évalué régulièrement ; la famille et l’enfant sont parties prenantes. Si des difficultés persistent, des évaluations et des bilans spécifiques doivent être conduits. Les médecins de l’Éducation nationale et/ou le médecin de la protection maternelle et infantile (PMI) sont sollicités avec les psychologues scolaires pour proposer des investigations qui permettront des prises en charge complémentaires à l’action de l’école. L’orthophonie dans les troubles spécifiques du développement du langage oral chez l’enfant de trois à six ans D’après un document de l’agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé 5, daté de mai 2001. La prescription d’un bilan orthophonique chez les enfants entre trois et six ans doit être envisagée différemment chez les enfants les plus jeunes et les enfants les plus âgés de cette tranche d’âge. Une proportion élevée d’enfants présentant des retards du développement de leur langage entre trois et cinq ans ne présentent plus de retard quelques mois ou quelques années plus tard, même en l’absence de prise en charge particulière, et sans qu’il soit possible de prédire cliniquement l’évolution du langage. L’indication du bilan orthophonique dépend de la sévérité, de la spécificité et de la persistance du retard de langage. Le bilan orthophonique précise le trouble du langage et sa gravité, en évaluant à la fois l’aspect expressif (phonologie, vocabulaire, morphosyntaxe et récit), réceptif (perception et compréhension) et pragmatique (emploi du langage dans les interactions sociales et familiales). Il permet de préciser les déficits et leurs domaines, les potentialités conservées, la répercussion du trouble du langage et les potentialités d’évolution de l’enfant. Il précise les indications et modalités du traitement orthophonique et fait l’objet d’un compte rendu écrit. La prise en charge orthophonique vise des objectifs adaptés à l’âge et aux potentialités de l’enfant, pour remédier aux différents aspects déficitaires du langage, améliorer la communication de l’enfant et faciliter l’acquisition des apprentissages scolaires, en particulier du langage écrit. Les objectifs et les techniques de rééducation sont précisés et communiqués à l’ensemble des acteurs. Les contacts et les interactions entre les parents, le médecin de l’enfant, l’orthophoniste et l’équipe enseignante doivent toujours être développés. La coordination de tous les acteurs de la prise en charge est particulièrement importante en cas de répercussions sur l’intégration scolaire et sociale. 5. L’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé (ANAES) a notamment pour mission de promouvoir la démarche d’évaluation dans le domaine des techniques et des stratégies de prise en charge des malades, en particulier en élaborant des recommandations professionnelles. 120 Le langage à l’école maternelle 10/04/06 9:26 Page 121 Document 13 – aider des élèves s’exprimant peu dans un groupe et ayant un lexique réduit 6 Ce travail se situe en section de moyens – pendant la dernière partie de l’année. Un projet d’apprentissage de la classe centré, pendant la période, sur les règles de l’alimentation (domaine « découverte du monde ») : un travail auquel les parents ont été associés a été conduit sur « l’équilibre » de l’alimentation à partir des menus de la cantine et de la collation. Du vocabulaire a été apporté. Séance 1 Groupe 1 (à aider) – Objectif langagier : oser prendre la parole au sein d’un groupe réduit, en réutilisant des connaissances notionnelles (équilibre des repas : variété, complémentarité) et du vocabulaire. – Matériel : des photographies ou autres images d’aliments permettant de reconstituer des menus. – Tâche : chacun pense à un menu qu’il aime beaucoup et qui doit être équilibré, que l’on peut constituer ou non à partir des images données (qui sont là comme amorces et non comme contraintes). À tour de rôle, chacun dit ce qu’il choisit ; un autre montre les images correspondantes (si c’est possible, ou dit si ça ne l’est pas). Les autres élèves disent si le menu est équilibré ou non, pourquoi et proposent le cas échéant des aides pour la correction (en sélectionnant des plats possibles). Groupe 2 – Objectif langagier : se mettre d’accord / négocier avec un partenaire ; justifier des choix face à des interlocuteurs. – Élèves concernés : ceux qui n’ont pas de difficultés de prise de parole, mais écoutant peu les autres et s’exprimant de manière peu précise (vocabulaire approximatif, attention superficielle). – Matériel : pour chaque sous-groupe de deux élèves (trois sous-groupes en tout), des images représentant différentes catégories d’aliments choisies pour permettre et rendre stimulante la tâche proposée. – Tâche : chaque sous-groupe doit composer deux menus comportant chacun une entrée, un plat de viande ou de poisson avec des légumes, un dessert, en respectant des contrainte particulières : allergie au lait dans un cas, allergie à l’œuf dans un autre cas, interdiction de consommer des légumes ou des fruits crus dans le troisième cas (la question des « aliments cachés » dans des préparations a déjà été abordée). Les élèves sont informés qu’ils auront à présenter leur travail et à se justifier ultérieurement devant des camarades. Groupe 3 – Objectif : copier des mots à l’ordinateur. – Épeler (activer la connaissance des lettres de l’alphabet). – Élèves concernés : ceux n’ayant pas de problèmes d’expression, ni de vocabulaire Travail par deux : menus de la semaine donnés sous forme de textes à trous à compléter (modèles disponibles) ; l’un tape, l’autre dicte/épelle (permutation des rôles). (Contrôle a posteriori.) Groupe 4 – Objectif : repérer des écrits et se repérer dans des écrits : • repérer des écrits informatifs sur le lait, ce que l’on peut faire et comment avec du lait ; • repérer les mots « lait » et « œuf » dans des écrits divers (emballages, recettes). – Élèves concernés : ceux n’ayant pas de problèmes d’expression ni de vocabulaire. Travail dans coin livres, approvisionné en fonction de ce projet, ou en BCD (tri utilisé ultérieurement en classe pour un moment de lecture documentaire et pour répondre aux questions qui peuvent se poser dans la deuxième séance pour les groupes 1 et 2). 6. Les deux cas développés (documents 13 et 14) présentent des exemples d’organisation de la classe permettant des interventions ciblées avec un ou deux groupes d’élèves, soit pour les aider à dépasser des faiblesses repérées, soit pour affiner l’observation. Des besoins éducatifs particuliers 121 Documents LangageCoeur(7) Documents LangageCoeur(7) 10/04/06 9:26 Page 122 Séance 2 Groupe 1 et 2 rassemblés Même objectif pour chacun des groupes qu’à la première séance mais mise en œuvre à une échelle plus « large », avec plus de complexité. – Matériel : le travail effectué à la séance précédente par le groupe 2. – Tâche : les élèves du groupe 2 montrent leur travail, sous-groupe après sous-groupe ; ils rappellent ce qu’ils devaient faire ; le maître les invite à préciser le cas échéant. Les autres observent, discutent, valident ou critiquent et corrigent. Le premier sous-groupe dévoile son travail. Les élèves du groupe 1 sont invités à nommer les plats pour s’assurer que tout le monde reconnaît bien la même chose. Le maître pilote l’examen critique : est-ce que le menu comprend bien les plats obligatoires ? est-ce que la contrainte est respectée ? Il sollicite des justifications, questionne éventuellement (comment fait-on une quiche ? comment pourrait-on le savoir ?) ; sur un tel sujet, il sollicite soit des souvenirs de ce qui a été fait ou dit en classe, soit des expériences familiales, soit des idées (où trouver la réponse ?). Si la proposition est faite, il autorise un enfant à aller demander à un autre adulte de l’école, à chercher dans un livre de cuisine, etc. ; il reporte éventuellement à plus tard le moment de répondre (exploitation du tri de documents par les groupes 3 et 4). Les trois sous-groupes présentent successivement leur travail ; la parole est donnée plutôt aux élèves du groupe 1 d’abord et des interactions sont suscitées avec le groupe 2. Le maître stimule les moins hardis et cadre la participation des plus actifs (parler à son tour, écouter, ne pas couper la parole). Groupe 3 et 4 122 Ces deux groupes sont permutés. Le langage à l’école maternelle 10/04/06 9:26 Page 123 Document 14 – aider des élèves en difficulté pour identifier et « manipuler » des syllabes Section de grands – première partie de l’année. L’enseignant de la classe a constaté qu’un petit nombre d’enfants a des difficultés à isoler une syllabe, dans diverses situations de manipulations à l’oral. Il s’interroge sur certains autres enfants qui ont des difficultés aussi, mais ne sait s’il s’agit d’un problème langagier ou de difficultés d’un autre ordre (méthodologie, compréhension de consignes, investissement de cette activité); il a sollicité un membre du RASED pour l’aider à comprendre. Deux ateliers sont conduits par des adultes, les deux autres travaillent seuls. Schéma d’une séance de travail 7 Groupe 1 (avec le maître) – Tâches : identifier une syllabe ; reconstituer des mots. – Matériel : • des cartes (plaques de jeux de loto) sur lesquelles figurent plusieurs images avec le mot correspondant écrit dessous ; • petits cartons sur lesquels une syllabe est écrite (toutes les syllabes qui constituent les mots inscrits sur les plaques, parfois en plusieurs exemplaires) ; ces petits cartons sont contenus dans un sac. – Déroulement : • L’enseignant distribue les cartes (une à chaque enfant). Chaque enfant dit quelles images se trouvent sur son carton ; il scande les syllabes (frappe en disant). • L’enseignant sort du sac, au hasard, un carton qu’il ne montre pas et dit la syllabe. Les enfants doivent retrouver sur leur carton s’ils ont une image (ou plus) dont le nom comporte la syllabe. Si oui, ils demandent le carton et justifient. Les autres valident ou non ; le maître aide à repérer des erreurs (par exemple, en soulignant les écarts minimes entre deux syllabes telles que « mou » et « nou » ou « mou » et « mu ».) • Lorsqu’il ne reste plus que quelques trous, ce sont les enfants qui demandent les syllabes qui « manquent » à l’enseignant. Groupe 2 (avec le maître spécialisé) – Tâches : identifier une syllabe ; trouver des mots qui contiennent cette syllabe ; la distinguer de syllabes « voisines » (discrimination fine). – Matériel : des images reprises de matériels didactiques existants ; des images découpées ou des photographies collées sur des cartons qui ont été ensuite plastifiées (matériel construit pour ces activités issu de manipulations et de découpages effectués en classe). – Déroulement : • L’enseignant éparpille le stock d’images sur une table de telle façon qu’elles soient visibles de tous. • Chaque enfant prend une image qui correspond à un descriptif donné par l’enseignant (exemples : un mot de deux syllabes où on entend « to » ; un mot de trois syllabes qui commence par « é »…). L’enfant cherche, dit le nom de l’image qu’il prend en faisant bien entendre la syllabe qu’il devait repérer ; les autres valident ou corrigent. • Chaque enfant ayant une image en main, on essaie de faire des paires ; pour cela, chacun demande à son tour : « Je cherche un mot qui finit par… » ou « qui commence par… » Si personne ne pense avoir une image qui satisfait à ce critère, on vérifie en faisant prononcer les mots et en scandant les syllabes puis on cherche dans le stock sur la table. On pose les paires constituées. • Une fois cet assemblage effectué, on reprend ce matériau et on redit pourquoi les deux mots vont ensemble. L’enseignant propose alors trois mots en demandant lequel pourrait aller avec la paire initiale ; il veille à choisir des mots contenant des syllabes proches (exemple : paire initiale constituée de « éventail » et « portail » ; il propose « fauteuil », « bataille » et « chandail »). Il laisse un temps de réflexion, invite les enfants à se dire les mots dans leur tête puis interroge un enfant. • Les enfants sont invités à leur tour à produire des propositions : dire un mot et interroger un camarade qui doit lui trouver la paire qui sera ainsi complétée, etc. ddd 7. Cette séance pourrait être renouvelée : tous les groupes ont des tâches liées à la même compétence (manipuler des syllabes). Des besoins éducatifs particuliers 123 Documents LangageCoeur(7) Documents LangageCoeur(7) 10/04/06 9:26 Page 124 ddd Groupe 3 – Tâches : classer des images correspondant à des mots qui commencent ou finissent par une même syllabe ; faire des séries de trois au moins. – Déroulement : un stock d’images est donné. Travail individuel contrôlé a posteriori par le maître. Groupe 4 Tâches : trouver le critère de regroupement des mots donnés en série (syllabe commune) ; coder pour chaque mot la place de cette syllabe commune. Cette activité pourrait se dérouler sur ordinateur. La convention a été travaillée antérieurement avec l’enseignant : on trace des petits carrés pour « coder » les syllabes et on marque avec une croix quelle est la syllabe qui est concernée dans le tri en cours ; exemple : le mot « parapluie » est codé avec trois carrés et le deuxième reçoit une croix si la syllabe concernée est « ra ». Travail par groupes de deux contrôlé a posteriori par le maître. 124 Le langage à l’école maternelle