un classement intuitif pragmatique. Bizos propose un classement alphabétique (i.e. arti-
ficiel, toujours le degré zéro —car plus abstrait que rationnel— du classement)
• Mais où sont les limites de l’idiotisme'? Bizos (SG 243) indique a[nqrwpoi «'pour tra-
duire ‘au monde’, ‘du monde’'» en donnant comme exemple': Swkravth mequvonta oujdei;~
ejwvraken ajnqrwvpwn, «personne au monde n’a vu Socrate ivre». Il s’agit là d’un renforce-
ment que le français rend par une expression emphatique. Mais c’est plutôt la tournure
française qui constitue un idiotisme ; en grec la traduction directe ne pose pas problème.
• Ailleurs (TG 80) –et ne s’agit-il pas ici encore d’une façon bien spéciale que nous avons
de parler'?-, il indique que pour ‘sans’ il n’y a pas de conjonction, le grec disant ainsi pour
‘il agit sans réfléchir’ : pravttei kai;; ouj logivzetai (comme aussi': pauvsesq∆ ajei; peri; tw`n
aujtw`n bouleuovmenoi kai; plevon oujde;n poiou`nte~ ‘…sans en être plus avancés’)
• Que dire aussi des usages divers, e.g. de e[cw (+ adverbe, à l’impératif, + adverbe et géni-
tif…) dont le sens, selon les constructions, paraît éclaté'? ou de ceux de crw`mai (crw`mai
tevcnh/, crw`mai polevmw/, crw`maiv tini, ...)'; où d’un tour comme tiv maqwvn (SG 248) dans des
phrases comme': tiv maqovnte~ prosetavttomen ajpodou`nai Satuvrw/ to; grammatei`on (que"e
idée avions-nous en ordonnant de remettre l’acte à Satyros'?)'; si le dictionnaire, à l’article
manqavnw donne comme équivalent (c’est bien ça une traduction de dictionnaire) français
‘avoir une idée’, il n’y a plus d’idiotisme [hormis le fait que l’interrogatif porte sur le parti-
cipe et non le verbe]. De la même façon le verbe malcommode ojfliskavnein (être con-
damné, e.g. fovnou ‘pour meurtre’) n’est pas en soi un idiotisme'; voir in$a). Ce ‘propre à
une langue’ (impropre à une autre) signe la difficulté de la langue du traducteur à retrouver
sa langue. La polyvalence, et la polysémie sont des cas limites d’idiotismes (façon particu-
lière de lier les significations)
&Il faut admettre que l’idiotisme est un écart relatif perçu par rapport à la langue d’arrivée
(langue maternelle du traducteur), qui fait ressentir comme étrange ou inattendue la formule
de la langue étrangère. Même quand la logique et la cohérence semblent du côté de cette
dernière. D’où la qualification d’idiotisme pour des cas comme': polloi; kai; megavloi
a[nqrwpoi (‘beaucoup de grands hommes’). Les idiotismes sont donc les différences propres
(et le lexique même, à ce compte, est un idiotisme). Relevons les différences, d’abord som-
mairement pour la grammaire.
*
Inventaire significatif mais inachevé des particularités grammaticales du grec!:
Flexion nominale et système casuel (et tout ce qui s’ensuit),
voix (moyenne) supplémentaire,
mode optatif,
génitif absolu, accusatif absolu,
duel,
substantivation généralisée (avec phénomènes d’ellipse du nom, et incluant la forme arti-
cle neutre + gén. cplmt de nom ta; th`~ povlew~),
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A.Zucker. Cours de version grecque. Université de Nice. 2009-2010