Même si tous les nancements
potentiellement disponibles
sont bien mobilisés, des acti-
vités indispensables au développement
durable doivent toujours relever d’un -
nancement public. Il s’agit en particulier
de ce qui est lié à l’articulation du social
et de l’économie (santé et protection so-
ciale, éducation, transports publics, loge-
ment social, normalisation), où les mon-
tants sont trop élevés pour le nancement
solidaire et où risque et durée du retour
sur investissement sont trop importants
pour des opérateurs privés.
L’Aide Publique au Développement
(APD) reste donc essentielle pour traiter
ces besoins spéciques. Au-delà de ce
rôle direct, elle peut également servir de
catalyseur pour d’autres types de nance-
ment, en soutenant des études program-
matiques, l’évaluation des projets ren-
tables ou le renforcement des capacités.
Enn, si elle respecte l’alignement sur les
choix stratégiques et les politiques bud-
gétaires dénis par les pays bénéciaires
et obéit à la coordination, l’APD permet
de renforcer les capacités des institutions
nationales à assurer une gestion efcace
de leurs ressources et nances.
En raison de la crise économique et nan-
cière, les principaux bailleurs de fonds
traditionnels, désireux de connaître préci-
sément les ux d’aide au développement,
ont engagé sa redénition au Comité
d’aide au développement de l’OCDE, car
très peu de pays sont parvenus à atteindre
l’engagement d’y consacrer 0,7% de leur
RNB.
Puisque les membres de l’OCDE ont re-
nouvelé cet engagement, il faut donc:
• maintenir la distinction entre APD et
« soutien public total au développement
durable »;
• s’assurer que les pays à revenu inter-
médiaire de tranche inférieure continuent
à recevoir une part adéquate de ux
concessionnels après leur promotion ;
• tenir compte, dans les critères de classi-
cation, de la vulnérabilité des pays aux
chocs exogènes ainsi que des besoins so-
ciaux et environnementaux ;
• publier des statistiques de l’aide distin-
guant l’aide extérieure enregistrée dans
les budgets et mise en œuvre selon les
systèmes nationaux, an d’aider ces pays
à améliorer leur gouvernance et planier
leurs dépenses ;
• choisir le système de calcul de la
concessionnalité des prêts le plus simple
et le plus transparent possible, de préfé-
rence le système du FMI, avec un taux
d’escompte unié.
L’aide publique au développement,
parlons-en !
Puissant levier de la construction
d’un partenariat mondial ouvert,
la coopération est porteuse de progrès
économique et social. Quelle que soit la
forme qu’elle prend (technique, bilaté-
rale, triangulaire, Sud-Sud, Nord-Sud,
Nord-Nord, régionale ou interrégio-
nale), elle doit être vectrice de régula-
tion, de co-apprentissage, d’innovation,
d’accès aux savoirs et technologies et
d’attractivité dans une économie globa-
lisée.
C’est dans ce sens que la coopération
technique, conçue pour favoriser le
partage de savoirs et de savoir-faire de
nature juridique, technique ou nan-
cière indispensables au développement
durable, doit montrer son efcacité pour
renforcer les capacités humaines et insti-
tutionnelles des pays en développement.
De la même manière, en offrant une
passerelle vers des opportunités de co-
investissement et de diversication
commerciale, la coopération Sud-Sud
devrait plus que jamais être motivée par
une meilleure appropriation des proces-
sus nationaux de développement du-
rable et par la transformation même de
l’esprit et de l’approche de solidarité au-
delà des plateformes institutionnelles.
Enn, le renforcement des communau-
tés économiques régionales doit en
faire des espaces privilégiés d’échanges
de proximité, d’organisation, de coopé-
ration et de collaboration fondés sur des
mécanismes et approches innovants sus-
ceptibles d’impulser une meilleure inté-
gration régionale et de mieux affronter
les dés de la mondialisation.
Il est donc essentiel de jeter les bases
d’une coopération renforcée sous toutes
ses formes, et respectueuse de la diver-
sité des peuples et des cultures, pour
faciliter l’élargissement des marchés,
la dynamisation de l’économie et sur-
tout la création d’emplois, en particulier
pour les jeunes et les femmes. Il s’agi-
rait également de consolider des réseaux
institutionnels et professionnels devant
intensier les relations économiques et
améliorer l’environnement des affaires.
La coopération
sous toutes ses
formes
Si l’APD a un rôle crucial à jouer, ces
ux restent liés à des impératifs bud-
gétaires et politiques nationaux uctuants
et peuvent être remis en cause par le
contexte de crises économiques et nan-
cières qui affecte les principaux bailleurs
de fonds. Ces difcultés à lever des res-
sources sufsantes pour nancer le dé-
veloppement durable par des moyens
« traditionnels »
ont conduit à une quête de
nouveaux nancements.
Les nancements innovants ont su, en une
décennie, devenir un enjeu de premier
ordre. Ils constituent en effet une oppor-
tunité de combler l’écart entre les besoins
de nancements et l’offre disponible en
générant des ressources complémentaires,
publiques ou privées. Ils contribuent éga-
lement à corriger les défaillances du mar-
ché.
Il est stratégique de développer ces deux
catégories de dispositifs:
•
Des sources innovatrices de nance-
ment, plus stables et prévisibles et dont la
conception ne se rattache pas à des condi-
tions particulières d’affectations.
•
Des mécanismes innovants qui permet-
tent d’optimiser les nancements existants
en les multipliant par effet de levier et/ou
en les orientant vers des investissements à
impact sur le développement.
Les dernières années ont permis d’ex-
plorer bon nombre de ces nancements
innovants ; il est maintenant important de
tirer des leçons de ces initiatives pour les
reproduire à plus large échelle.
L’innovation au cœur du nancement