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1 Introduction
« La douleur est la moins bien comprise des expériences sensorielles » écrit le Professeur V.S.
Ramachandran [1]. Elle est l’ennemi des patients et le combat des soignants. « Principe infra-
douloureux », « objectif antalgique », elle est au centre de nos préoccupations. Moins on la
comprend, plus il semble difficile d’avoir une action sur celle-ci. La douleur fantôme et le
Syndrome Douloureux Régional Complexe (SDRC) ont intéressé et intéressent encore bon
nombre de soignants et chercheurs. Ces syndromes sont teintés de croyances et de folklore.
Comment une douleur peut-elle persister dans une partie du corps qui n’existe plus ? D’où
viennent tous les symptômes du SDRC, dont la clinique varie d’un individu à l’autre, et qui
apparaissent parfois sans cause anatomique précise ? De nombreuses explications ont été
données, mais sans consensus. Face à ces syndromes, le soignant peut se trouver démuni. Les
possibilités thérapeutiques sont variées, et leur évaluation difficile.
C’est en entendant parler d’une de ces possibilités, la thérapie miroir, que les questions sont
apparues. Le miroir, lui-aussi, fascine. Sa symbolique est très forte dans de nombreuses
cultures. On le retrouve dans la mythologie, la poésie, les contes, les superstitions… Mais au-
delà des croyances, et dans une profession qui nécessite aujourd’hui des pratiques validées,
que savons-nous réellement de la thérapie-miroir ? Elle cherche à créer l’illusion d’un
membre (droit par exemple) à partir du reflet du membre opposé (gauche), en positionnant un
miroir vertical médialement. Cet outil est utilisé dans différentes pathologies, nous nous
concentrerons ici sur son action sur la douleur dans le SDRC et l’algohallucinose. Pourquoi
l’utiliser dans ces deux cas de figure ? Son efficacité a-t-elle été prouvée ? Comment agit-il ?
A-t-il son intérêt en kinésithérapie ? Difficile, étant donné le peu de recul, de trancher. Ce
travail tente de réunir les informations tirées de recherches bibliographiques, autour d’une
réflexion personnelle sur le sujet.
Voici un bref rappel des différents types d'études. Le « Case Report » est un rapport de cas
cliniques, son niveau de preuve est faible (IV). La « Comparative Study », étude comparative,
compare le traitement avec un autre, montrant ainsi la supériorité de l'un sur l'autre. Le
« Randomized Controlled Trial », étude randomisée contrôlée a un niveau de preuve plus
élevé (I ou II), le nombre de sujets est plus élevé, le protocole scientifique précis. La
« Review » ou revue de littérature reprend toutes les études déjà réalisées sur un sujet, et les
analyse.