DOSSIER PÉDAGOGIQUE
PAR LIONEL CHIUCH
« Il n’y a pas de théâtre plus cruel que le théâtre du prétendu tendre Racine »
Emile Faguet
Andromaque 10 -43
Un spectacle produit par :
Cie Lézards Qui Bougent Les Hauts de Bayonne (FR)
Théâtre du Grütli à Genève (CH)
Adaptation : Lionel CHIUCH (CH) François DOUAN (FR) Kristian FRÉDRIC (FR)
D’après une idée originale de : Kristian FRÉDRIC
Édition du texte : Éditions de La Pleine Lune à Lachine (QC)
Mise en scène et Scénographie : Kristian FRÉDRIC
Distribution / Plateau
Pyrrhus : Denis LAVANT (FR)
Andromaque : Monica BUDDE (CH)
Hermione : Jeanne DE MONT (CH)
Oreste : Frédéric LANDENBERG (CH)
Astyanax : (en cours de distribution)
Distribution / Vidéo
Phoenix : Ivan MORANE (FR)
Pylade : Arnaud BINARD (FR)
Astyanax : (en cours de distribution)
Distribution / Voix
Journaliste espagnol : Michèle BELLOT (CH)
Journaliste russe: Julia BATINOVA (CH)
Journaliste coalition: Stéphane GABIOUD (CH)
Journaliste arabe : Lydia BELGHAZI (CH)
Dramaturge : Lionel CHIUCH
Assistantes à la mise en scène : Aline PIGNIER (CH) et Lison FOULOU (FR)
Conception lumière : Nicolas DESCOTEAUX (QC)
Conception vidéo et nouvelles technologies : Olivier PROULX (QC)
Conception du son et musique : Antoine BATAILLE (FR)
Conception des costumes : Anne BOTHUON (FR)
Conception effets spéciaux : Olivier PROULX
Conception des visuels afche : Richard LAILLIER (FR)
Conception de l’afche : Studio Graphisme Factory 64 (FR)
Traduction japonais : Andréa POLIER (CH)
Traduction russe : Julia BATINOVA (CH)
Traduction arabe : Djamel BELGHAZI (CH)
Traduction espagnol : Michèle BELLOT (CH)
Politologue et Anthropologue des religions : Ahmed BENANI (CH)
Directeur technique : Eric LAPOINTE (QC)
Régisseur son et vidéo : Bruno BUREL (CH)
Régisseur lumière : Loïc BRISSET (CH)
Construction décor : ACME (QC)
Construction mobilier et plan construction décor : Francis FOULOU (FR)
Tapissière : Pierrette Girodeau (FR)
Maquette décor : Marc et Anthony VIOLANTE (FR)
Participation aux recherches vidéo : BTS Audiovisuel René CASSIN (FR)
Martine CONVERT Benat LAGARDE Rita CLEMENS Anna FAURY Loretxu ETXEMENDI Baptiste PIERRE Paul ADAMCZUK Anaïs
De SOUZA Roxane DUMARAIS Justine SERIS Ophélie CALLÈDE Marie LEBRUN Emilie TORRUBIANO-MAZIN
Attachée de production (Cie Lézards Qui Bougent) : Sophie DARRICAU (FR)
Remerciements à
GEODEZIK Montréal (QC)
Coproduit par :
Scène Nationale Bayonne - Sud-Aquitain / Aquitaine (FR)
Théâtre Georges Leygues / Villeneuve-sur-Lot / Aquitaine (FR)
Théâtre Jean Vilar / Ville d’Eysines / Aquitaine (FR)
OARA (Ofce Artistique de la Région Aquitaine) (FR)
Babel 64 Productions & Diffusions (FR)
Avec le soutien nancier de :
Conseil Général des Pyrénées-Atlantiques (FR) / aide à la Résidence 2012
Conseil Régional d’Aquitaine (FR) / Programme Aquitaine Québec 2012
Théâtre Denise Pelletier / Montréal (QC)
Direction régionale des Affaires Culturelles (DRAC) - Aquitaine (FR) /
aide à la production dramatique 2013
Loterie Romande (CH)
Fondation Ernst Göhner Stiftung (CH)
Résidences d’écritures :
Scène Nationale Bayonne - Sud-Aquitain / Aquitaine (FR) 2012
Chalet Mauriac Saint-Symphorien / Conseil Régional d’Aquitaine (FR) 2013
Lieux accueillant le spectacle :
L’Esplanade du Lac Divonne-les-Bains / Jura (FR)
Maison Des Arts Thônon-Evian/ Rhône Alpes (FR)
Scène Nationale Bayonne - Sud-Aquitain / Aquitaine (FR)
Théâtre Toursky / Marseille / Provence Côte d’Azur (FR)
Théâtre Georges Leygues / Villeneuve-sur-Lot / Aquitaine (FR)
Théâtre de Cahors / Midi-Pyrénées (FR)
Théâtre d’Aurillac / Auvergne (FR)
Théâtre Jean Vilar / Eysines / Aquitaine (FR)
Théâtre Olympia / Arcachon / Aquitaine (FR)
Théâtre de l’Archipel Scène nationale / Perpignan / Languedoc-Roussillon (FR)
Théâtre Denise Pelletier / Montréal (QC)
Théâtre Le Bouscat / Aquitaine (FR)
Dôme théâtre / Albertville / Rhône Alpes (FR)
Théâtre Bourg-en-Bresse / Rhône Alpes (FR)
Théâtre du Jorat / Mézières (CH)
ANDROMAQUE :
D’HIER À AUJOURD’HUI
I) L’HISTOIRE
a) Les personnages
Andromaque, veuve d’Hector, mère d’Astyanax et captive de Pyrrhus
Pyrrhus, ls d’Achille, roi d’Epire
Oreste, ls d’Agamemnon
Hermione, lle d’Hélène et de Ménélas, promise à Pyrrhus
Pylade, ami d’Oreste
Phoenix, conseiller d’Achille puis de Pyrrhus
Astyanax, ls d’Andromaque et d’Hector
b) L’intrigue
Déant les années qui passent, la guerre laisse des traces. Il y a dix ans, déjà, que Troie est tombée. Les héros
d’hier sont fatigués. Trop de haine, de violence, de rêves de vengeance. Malgré la lassitude, tapi dans les salles
obscures de son palais, Pyrrhus n’en a pas ni avec le destin.
Envoyé par les Grecs, qui veulent récupérer Astyanax (le ls d’Hector et d’Andromaque), Oreste débarque
à Buthrote. Il est déchiré entre son devoir et son amour pour Hermione, la lle d’Hélène, qui est promise
à Pyrrhus. Ce dernier, amoureux d’Andromaque, hésite à livrer l’enfant à ses alliés. Des atermoiements qui
mettent Hermione en rage.
Partagée entre sa délité à la mémoire d’Hector, chef troyen tué par Achille, et son désir de sauver son ls,
Andromaque nit par accepter la proposition de Pyrrhus de l’épouser. Elle a toutefois l’intention de se don-
ner la mort dès la cérémonie achevée. Furieuse de se voir ainsi humiliée par une captive, Hermione demande
à Oreste de lui prouver son amour en tuant Pyrrhus. Le crime accompli, Hermione reproche vivement son
geste à Oreste avant de se donner la mort sur le corps de Pyrrhus. Ayant tout perdu, jusqu’à la raison, Oreste
sombre dans la folie tandis qu’Andromaque devient reine.
Voilà l’essentiel de l’intrigue d’Andromaque, tragédie de Jean Racine créée le 17 novembre 1667. Un chef-
d’oeuvre de la tragédie classique que l’on résume quelquefois par cette formule : A aime B qui aime C qui
aime D – Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui chérit le souvenir de son mari,
Hector. Déchiré entre la passion et le devoir, le héros racinien est voué à un sort funeste. Si les passions l’ani-
ment, c’est toutefois son environnement historique qui le contraint au malheur.
c) L’adaptation
Andromaque 10-43 déplace la tragédie à notre époque et met ce nouvel environnement historique en lumière.
Dans sa fameuse collection Petits Classiques, Larousse rappelle ainsi que « la guerre et la paix, la morale et le
mal, le désir et l’amour, la folie et la mort hantent notre monde, comme ils hantaient celui des Grecs et des
gens du XVIIe siècle ». La permanence de la condition humaine, celle des rivalités géopolitiques et l’impuis-
sance des individus face à des mécanismes qui les dépassent gurent parmi les enjeux de cette adaptation.
Avec une pointe de culot, nous sommes donc allés chercher Andromaque sous les ors de son 17e siècle
pour la placer sous les projecteurs de notre XXIe siècle. Racine n’a pas agi autrement à l’égard d’Euripide et
de Virgile, procédant selon son bon vouloir à un réaménagement de l’Histoire an d’actualiser les faits et les
caractères en fonction de son temps.
Nous voulions voir Andromaque à la lumière d’aujourd’hui. L’habiller selon les canons actuels. Nous avons
donc transposer l’intrigue à notre époque, en déplaçant par la même occasion quelques repères géogra-
Logo du Royaume de l’Épire…
phiques. Notre Troie exhale des parfums orientaux, qui expriment moins l’agitation d’Istanbul que les déa-
grations de Bagdad. Quant à Buthrote, la ville où se noue la tragédie et que l’on peut localiser dans l’Albanie
actuelle, nous l’avons imaginée plus à l’Est an qu’elle aussi bénécie des efuves épicées de l’Orient.
Grâce à ce tour de passe-passe, totalement assumé, Pyrrhus peut revendiquer les mêmes racines culturelles
que sa captive. Comme elle, ses origines sont arabes. Il devient celui qui a trahi en s’alliant avec les forces
impérialistes occidentales, représentées par la Grèce. Mais il hérite ainsi de la même langue que celle prati-
quée par Andromaque et tente, par ce biais, de se concilier ses faveurs.
Ces « réajustements » ne relèvent en rien du sacrilège. Au contraire, ils perpétuent l’une des règles de la tra-
gédie, analysée par Jovan Hristic dans Réexions sur la tragédie (L’Age d’Homme) : « Pour leurs tragédies, les
poètes grecs choisissaient non seulement les histoires les plus sanglantes, mais également celles qui auraient
des répercussions contemporaines /.../ Les Athéniens n’allaient pas au théâtre pour assister à des drames
métaphysiques abstraits sur la destinée humaine, mais pour voir des pièces qui leur parlaient des choses qui
les émouvaient au quotidien ».
Très anciennes, les règles de la guerre ne varient pour ainsi dire jamais. De la Guerre de Troie aux récentes
interventions en Afghanistan et en Irak, on assiste toujours à la mise en place d’alliances entre puissances
dont les intérêts sont les mêmes, du moins le temps que dure le conit. On pourra ainsi comparer ce qui
caractérise ces différents conits et surtout pointer en quoi ils sont similaires.
d) Les sources
« Celui qui n’a étudié que les Anciens blessera infailliblement le goût de son siècle dans bien des choses, celui
qui n’a consulté que le goût de son siècle s’attachera aux beautés passagères et négligera les beautés durables.
C’est de ces deux études réunies que résultent le goût solide et la sûreté des procédés de l’Art »
Marmontel La poétique française
Au Ve siècle avant Jésus-Christ, Euripide signe une première pièce autour du personnage d’Andromaque. Sa
version s’articule essentiellement autour du conit qui oppose Hermione à Andromaque, la première étant
stérile tandis que la seconde a un enfant.
S’il s’inspire de cet auteur, Racine n’hésite pas, en guise de préface, a emprunter une vingtaine de vers à Virgile.
Il ne cache pas, d’ailleurs, avoir puisé dans L’Enéide, tant pour le lieu de l’action que pour les personnages et
l’action elle-même. Il s’inspire également d’Homère, du moins de L’Illiade, à laquelle il emprunte notamment
l’épisode des adieux d’Hector.
Racine doit non seulement s’approprier ses modèles mais aussi veiller à ne pas dénaturer la fable. Le non
respect de la tradition pouvant à l’époque conduire à un échec irrévocable.
Extrait de L’Enéide (livre III - traduction de l’Abbé Delille (1834) :
« De l’Epire déjà nous côtoyons les bords ;
La ville de Chaon nous reçoit dans ses ports ;
Et, de loin dominant sur la plaine profonde,
Buthrote a réparé les fatigues de l’onde.
Là d’incroyables bruits, jusqu’à nous parvenus,
Etonnent notre oreille : on nous dit qu’Hélénus,
Enfant du dernier roi de la triste Pergame,
Possède de Pyrrhos et le sceptre et la femme ;
Qu’il commande à des Grecs, et qu’un dernier lien
Met la veuve d’Hector dans les bras d’un Troyen.
Un désir curieux de mon âme s’empare ;
Je brille d’admirer un destin si bizarre,
De voir, d’entretenir le successeur d’Hector.
Ce jour même, sa veuve, inconsolable encor,
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