hiérarchisée. C’est ce système qui va s’imposer avec la conquête de Sargon d’Agadé en
2340 av. J.-C.
Cependant, le morcellement politique n’empêche pas les cités de s’associer sur le plan
économique en gérant ensemble un réseau de comptoirs en pays d’Akkad, en Susiane, dans
le Haut Djézireh et en Syrie.
c. Les dynasties archaïques (2800-2350)
Dans l’ensemble des cités sumériennes, la plus importante est la cité d’Uruk qui a une
enceinte de 9,5 km et une surface de 5 km2. Selon d’anciennes traditions sumériennes,
l’existence de cette cité est attribuée à la volonté de Gilgamesh, héros de plusieurs récits
épiques, dont l’existence n’est pas strictement avérée même si son nom apparaît dans de
nombreuses inscriptions, reprenant d’anciennes traditions sumériennes. Gilgamesh porte le
titre d’« En » qui signifie « seigneur » alors que le titre de « Lugal », que l’on peut traduire
par « roi », est plus tardif, sauf pour Mebaragesi, roi de Kish, adversaire de Gilgamesh dans
de multiples épopées. Il convient d’être prudent sur la nomenclature royale : le titre d’« En »
semble être le plus ancien, puisqu’il existerait dès l’époque d’Uruk, et il aurait été remplacé
par celui d’« Ensi », très employé, que l’on traduit généralement par « gouverneur »,
marquant ainsi la subordination du souverain au dieu. Quant au titre de « Lugal » qui signifie
littéralement « homme grand » est plus tardif et il suppose une autorité supérieure aux ensi
locaux et donc un pouvoir qui couvre l’ensemble du territoire de Sumer.
C’est à l’époque de la vie supposée de Gilgamesh et de Mebaragesi que fut construit à Kish
le premier palais royal, indépendant du Temple. C’est la naissance d’une monarchie militaire
à une époque de multiples luttes entre les cités pour l’hégémonie du pays de Sumer où la
« royauté » d’une cité est, après plusieurs générations, remplacée par une autre.
On peut noter cependant trois dominations :
- celle de Kish (2700-2600 av. J.-C.) qui conquiert le pays d’Elam. Cette domination de Kish
reste pour le moins théorique, mais sa prééminence est plusieurs fois attestée ce dont peut
témoigner le titre de Lugal (roi). Trois souverains marquent cette période dont il est difficile
parfois de discerner la part d’historicité et la part de légende. Le premier est Etana, héros
d’un mythe sumérien ; le deuxième est Enmebaragesi, attesté par des sources
épigraphiques et qui aurait remporté une guerre contre l’Elam et enfin, le troisième est Agga,
présent aussi dans l’épopée de Gilgamesh, roi des 23 souverains de Kish mentionnés pour
cette cité. Ce dernier semble être le dernier roi de Kish, sur la liste des 23 souverains qu’elle
contient. Après lui s’achève la domination de Kish, supplantée par Uruk. Même si d’autres
dynasties semblent avoir régné, leur rôle apparaît moindre. Cependant, le titre de «roi de
Kish » est repris par des souverains d'autres cités en raison de son prestige, puisqu'il paraît
signifier que celui qui le porte exerce la domination sur la Basse Mésopotamie. Ainsi, encore
aux XXVIe, XXVe et XXIVe siècles av. J.-C., la prééminence de Kish sur les autres cités de la
région persiste dans le domaine symbolique, voire même dans le domaine politique.
- celle d’Ur (2600-2500 av. J.-C.). Deux dynasties ont dominé la basse Mésopotamie depuis
Ur : la première, fondée par Mesannepada, serait à situer vers le XXVe siècle. Le souverain
fondateur est attesté par des inscriptions à Mari, qui font de lui le fils de Meskalamdug. Il
porte le titre de « roi de Kish », ce qui indique qu'il exerce l'hégémonie sur la basse
Mésopotamie. Aennepada, son fils et successeur, est attesté par une inscription mentionnant
la construction d’un temple de Ninhursag à El Obeïd sous son règne. La deuxième dynastie
d’Ur, qui compte quatre rois, daterait du siècle suivant, mais ces souverains ne sont pas
attestés autrement que par la Liste royale.
- celle de Lagash (2500-2350 av. J.-C.). Le roi Ur-Nanshe est vers 2520 av. J.-C. le
fondateur d'une nouvelle «dynastie» à Lagash. En réalité, il s’agit d’une série de rois qui ne
sont pas forcément liés par des liens familiaux. C'est avec lui et ses successeurs que l'on est
pour la première fois bien renseigné sur l'histoire du pays de Sumer, grâce aux nombreuses
archives retrouvées à Girsu pour cette période. Lagash est alors apparemment l'une des