jeunes catholiques, formés sur un mode aléatoire, pourront répondre à ces questions ?
- Enfin, je suis fasciné par le contraste qui existe actuellement entre les religions sur ce plan de la formation. Comment se fait-il que les juifs, en premier lieu,
les musulmans ensuite, parviennent à transmettre leur croyance et que l'Église catholique soit en panne à ce sujet ? Cela serait passionnant à étudier de près.
Un dernier mot. Pour suivre ces questions depuis des dizaines d'années, je m'aperçois que la politique des "bon sentiments" dans le domaine de la catéchèse pour
ne pas, disait-on, décourager les milliers de bénévoles qui donnent du temps pour faire le catéchisme, a conduit à l'épuisement du système.
Bons sentiments, en clair : ne jamais faire de bilan de résultats ou d'efficacité ; ne tester aucune connaissance (ce que l'on admet pourtant dans les études de
théologie et dans les autres religions ) ;
ne plus publier aucun chiffre national (en chute libre) sur la fréquentation du catéchisme depuis ... 1994 ; surtout ne rien dire quand cela ne marche pas.
Mais il y a, surtout, en arrière fond, une forte division des évêques, sur la notion même d'Église catholique et sur son identité. Ce différent théologique et
idéologique explique largement la situation actuelle.
Mais, tout de même, comment cette Église catholique qui vit dans un des pays les plus rationnels du monde, la France, a pu laisser la question cruciale de la
transmission, dans un tel état ? Les catholiques allemands, italiens, américains, auraient, de ce point de vue, beaucoup de leçons à donner.
III – LES COMMENTAIRES DE PAIX LITURGIQUE
1) « Sans la liturgie et les sacrements, la profession de foi n’aurait pas d’efficacité, parce qu’elle manquerait de la grâce qui soutient le témoignage des
chrétiens. De la même manière, l’enseignement du Catéchisme sur la vie morale acquiert toute sa signification s’il est mis en relation avec la foi, la liturgie et
la prière. » Par ces phrases, le Saint Père résume bien le lien fort qui unit foi, prière, liturgie et catéchisme et nous indique, par là-même, que la réforme qu'il
promeut ne saurait se limiter à un seul de ces champs, d'où notre intérêt pour la question du catéchisme.
2) Dans l'article 12, Benoît XVI donne une définition simple et exemplaire de ce qu'est le catéchisme : « un véritable instrument pour soutenir la foi », au service
de ceux « qui ont à cœur la formation des chrétiens ». En ce sens, le Souverain Pontife légitime la bataille de Jean Madiran pour la réintroduction d'un
catéchisme pour enfants dans l'appareil pédagogique, pléthorique mais inefficace, à disposition des catéchistes. Jean-Marie Guénois ne dit pas autre chose
quand il plaide pour un document de 20 pages, exprimant « le noyau de base, synthétique, de (la) foi chrétienne catholique ».
3) En phase avec une certaine politique qui veut que pour ne pas mesurer la fièvre on casse le thermomètre, bien des hommes d’Église n’ont cessé, depuis 1994,
de communiquer les statistiques nationales d'enfants effectivement inscrits au catéchisme. Toutefois, lors de la conférence de presse de la CEF, il était indiqué
que le taux moyen de catéchisation (comparaison du nombre d'enfants scolarisés avec les enfants catéchisés) dans les trois diocèses de Saint-Claude, Créteil, Aire
et Dax était de 16,5%. Soit un enfant sur 6 qui assiste au catéchisme. Mais, dans un article du Figaro, Jean-Marie Guénois précise que ce taux est “uniquement
calculé sur des concentrations urbaines, car l'intégration de zones rurales plomberait ce pourcentage au-dessous des 10%”. On lira avec profit, à ce propos, le
dossier consacré par L’Homme nouveau du 8 octobre 2011 à : « Des pistes pour un catéchisme rénové ». L’auteur, l’abbé Laurent Jestin, relève lui aussi les
statistiques catastrophiques : « en 1994, quand la conférence épiscopale de France fit une évaluation systématique, il apparaissait qu’environ 40% des enfants de
Cours moyen suivaient une initiation catholique ; aujourd’hui, sont catéchisés 25% à 30% des enfants d’une classe d’âge scolaire, la décroissance étant de 0,5%
par an ». De 2000 à 2007, le nombre des enfants catéchisés, déjà faible, a chuté de 70%. Font exception les Communautés et les traditionalistes.
4) En fait, tout le monde sait désormais que ce domaine est sans doute le plus sinistré du catholicisme contemporain : aux chiffres sur l’effondrement continu de
la fréquentation du catéchisme, il faut ajouter que, dans la majorité des cas, ce qui reste de catéchisme ne transmet qu’un sous-produit d’enseignement.
Autrement dit, la transmission de la foi catholique, en France et en bien d’autres pays, n’est pratiquement aujourd’hui plus assurée.
De tels résultats, après 40 ans d'expériences catéchétiques plus audacieuses les unes que les autres, nourries à l'aune de la communication, du marketing et de la
sociologie, ne devraient-ils pas inciter les évêques à remettre les choses à plat en faisant appel aux méthodes éprouvées qui font toujours le succès des écoles
hors contrat et des chapelles Summorum Pontificum ? Sauf que, ce constat global provoque une foule de réactions vitales « à la base » de prêtres, de laïcs, de
parents, initiatives dont le présent dossier, prétendant bien moins encore que les précédents être exhaustif, donne une idée. Le temps de tirer La Miche de Pain
et bien d’autres instruments des oubliettes n'est-il pas venu (voir dans le dossier ci-dessus indiqué de L’Homme nouveau, un article, « Des solutions alternatives »,
qui indique des revues, catéchismes par correspondance, sites Internet et autres nombreuses possibilités aujourd’hui actives pour pallier les carences de la
catéchèse en faillite) ? De la même façon que le Missel de 1962 a vocation à enrichir celui de Paul VI, n'est-il pas temps que les petits catéchismes de nos